Le jardin, encerclé de nuées sombres, est soudain solitaire... Une pluie fine a chassé les promeneurs. Seules deux ou trois silhouettes lointaines, fugitives, sous de larges parapluies, déambulent sous le ciel gris de nuages....
Le jardin, dès lors, m'appartient : seule, dans les allées du parc déserté, je peux admirer, à loisir, les grands arbres déchiquetés de l'hiver... ils se peuplent de teintes moirées sous la pluie : bruns, noirs, verts de mousse.
Les bancs de marbre, délaissés, étalent des moires d'eaux... sur le sol, des flaques s'animent de fines gouttelettes.
L'herbe resplendit de verdeurs, et semble, soudain, revivre sous la pluie.
Sur le plan d'eau, près des grands cygnes blancs, flottent des vapeurs mystérieuses qui s'enroulent et se déroulent, créant un tableau irréel, comme si ces brumes venaient, à dessein, embellir et envelopper, de leurs volutes majestueuses, les somptueux volatiles...
Le jardin est à moi, il m'appartient tout entier, il m'offre un cadre champêtre digne d'un conte de fée : les grilles dorées de l'entrée, les bancs de marbre, le manège pour enfants, avec son carrosse et ses chevaux.
La pluie, sur le plan d'eau clapote, fait des ronds, elle encercle le paysage et le sublime de ses lueurs moirées.
La pluie exacerbe les teintes des arbres : plus noirs, plus dorés, plus verts...
Des éclats d'eau scintillent sur les fumerolles noires des branches, contraste étonnant de teintes !
Une statue de Diane semble pleurer les larmes de l'hiver, tandis que les arbres déploient leurs ombres brunes sur le ciel gris...
Photos : rosemar