Le pape François, dans une interview accordée au journal La Croix, ce mardi 17 mai, a notamment déclaré : "La petite critique que j’adresserais à la France est d’exagérer la laïcité". Et il ajoute : "Si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire" .
Tout d'abord, il convient de rappeler que le voile n'est nullement interdit en France dans l'espace public.
Il convient aussi de préciser que le voile n'est qu'un signe religieux et qu'il n'accorde aucune transcendance à celle qui le porte : on peut être chrétien, sans arborer une croix, comme on peut être musulmane, sans se couvrir d'un foulard ou d'un voile.
D'ailleurs, le voile est-il vraiment un libre choix pour nombre de musulmanes ?
On peut se poser la question... Le poids des traditions, les diktats des hommes exercent une influence considérable dans ce "choix".
Dès lors, on peut rétorquer au pape François que si une femme mumsulmane ne veut pas porter le voile, elle doit pouvoir le faire, aussi.
Mais il faut craindre qu'un tel choix ne soit pas vraiment possible pour nombre de femmes.
Ainsi, à vouloir défendre tous les signes religieux, le pape se fourvoie et oublie le sort qui peut être réservé aux femmes auxquelles on impose le voile.
Certes, le pape a raison de souligner les racines multiples de l'Europe, et d'affirmer que "la coexistence entre chrétiens et musulmans est possible."
Mais quand il dit :"La France devrait faire un pas en avant à ce sujet pour accepter que l’ouverture à la transcendance soit un droit pour tous", il semble oublier que ce droit à la transcendance existe bel et bien dans notre pays.
Et la transcendance ne passe pas par des signes religieux, elle est affaire de conscience, d'intime conviction et elle peut se passer de tout ce fatras d'objets ou de symboles ostentatoires.
En se faisant le chantre de ces traditions anciennes et d'un autre âge, le pape ne défend pas la cause des femmes.
L'indépendance, la liberté, la dignité des femmes doivent être respectées, et le voile n'est, en aucun cas, le garant d'une liberté, bien au contraire : seule la femme doit le porter, l'homme, lui, en est dispensé.
Seule la femme doit se plier à ce diktat religieux. Pourquoi ?
Est-elle impure, doit-elle se cacher pour s'effacer et disparaître de l'espace public ?
Doit-elle marcher derrière l'homme, comme une ombre ?
Quand un signe religieux est discriminant, il faut s'en inquiéter, sans doute...
Le voile, qui avait tendance à régresser il y a quelques années, se voit de plus en plus dans notre espace public.
On ne peut que le regretter...