Voici revenu l'automne flamboyant qui nous offre ses couleurs chaleureuses, ses parfums boisés, ses lumières adoucies, voici revenu le temps de la Toussaint.
Le temps de penser à tous ceux qui nous ont précédés, et sans lesquels nous n'existerions pas...
Ils sont une partie de nous-mêmes, même s'ils ne sont plus là, ils nous ont façonnés, ils nous ont souvent influencés.
"Nous leur devons tout, puisque sans eux nous ne serions pas...", écrit fort justement le philosophe André Comte-Sponville.
C'est si évident et pourtant, nous avons tendance à oublier cette évidence.
Le devoir de mémoire est essentiel : il est important de penser à ceux qui ont disparu, tout en laissant sur nous leur empreinte.
Les cimetières se remplissent, alors, de fleurs aux couleurs éclatantes, bouquets de chrysanthèmes aux reflets dorés.
C'est là une tradition qui ne doit pas se perdre : une façon d'honorer les morts, de leur rendre hommage, car ils nous ont tant donné.
Une tradition très ancienne : depuis longtemps, les hommes ont voué un culte aux morts.
Ainsi, le culte des dieux Lares chez les Romains est venu de ce que l'on avait coutume primitivement d'enterrer les corps dans les maisons. Le peuple s'imagina que leurs âmes y demeuraient aussi, et il les honora bientôt comme des génies favorables et propices.
Bien sûr, de nos jours, on peut ne pas se rendre au cimetière, ne pas sacrifier aux rites anciens, mais il convient au moins d'avoir une pensée pour les morts...
C'est là un devoir de mémoire essentiel.
C'est aussi un rappel de notre condition de mortel.
Alors qu'on en vient à nous promettre l'immortalité grâce à la révolution transhumaniste, soyons un peu sérieux... La mort fait partie de notre humanité. La faire disparaître ? Voilà un rêve insensé.
Notre planète est déjà surpeuplée : la surconsommation humaine l'épuise, les ressources ne sont pas infinies.
Et puis, que faire d'une vie éternelle ? La vie humaine est faite pour être limitée : elle vaut par sa finitude... C'est bien ce qui lui donne toute sa valeur et sa saveur.
C'est pourquoi, il convient d'habiter le présent, de jouir de la vie tout en gardant le souvenir de ceux qui nous ont précédés et aimés.
Ainsi, Ulysse le héros de l'Odyssée, refuse l'immortalité que lui propose la déesse Calypso : nourri au nectar et à l’ambroisie, la nourriture des dieux, Ulysse pourrait devenir immortel, insensible à la mort, à la vieillesse, à la maladie. Il pourrait échapper à tous les malheurs de l’humanité.
Mais Ulysse a compris que l'éternité bienheureuse des dieux ne lui permettrait pas de trouver le simple bonheur humain auquel il aspire : rejoindre sa terre natale, sa famille, ceux qu'il aime.
Voilà une sagesse antique qu'il convient aussi de méditer et de garder en mémoire...