Certaines réclament et défendent le droit d'être importunées : quelle maladresse et quelle incongruité dans le propos !
Quelle confusion dans les déclarations !
Après l'outrance de "Balance ton porc", voilà que la réplique se veut cinglante et que dans une tribune, une centaine de femmes réclame "la liberté d'importuner"...
On peut regretter la violence de l'injonction "Balance ton porc", mais on ne peut que déplorer la stupidité de ce droit à "importuner".
Parmi ces femmes, Catherine Deneuve, Elisabeth Lévy, Sarah Chiche, Catherine Millet, Catherine Robbe-Grillet, Peggy Sastre et Abnousse Shalmani défendent le "droit d'importuner", regrettant le retour à un certain puritanisme et le système de "délations" des réseaux sociaux.
Oui, la délation peut être dangereuse, irréfléchie, car elle passe par nos moyens modernes de communication qui sont instantanés.
Mais, comment ne pas voir la stupidité de certaines déclarations, celle de Brigitte Lahaie, en particulier : "On peut jouir lors d'un viol..." ?
Et comment ne pas voir le danger de cette expression : "le droit d'importuner" ?
Leïla Slimani qui connaît le problème et la difficulté d'être femme encore à notre époque, dénonce à juste titre ce droit d'importuner, elle évoque justement "celles qu'on cache sous de longs voiles noirs parce que leurs corps seraient une invitation à être importunées."
Ces femmes qui sont contraintes de vivre cachées, voilées, sous des vêtements amples, ces femmes qui n'ont pas le droit d'avoir un corps.
Ces femmes considérées comme des images de tentation, contraintes de se masquer sous des carcans vestimentaires.
Non, le droit d'importuner n'est pas admissible : la femme doit être libre de ses mouvements, de ses vêtements, dans une société moderne.
Elle ne doit pas être rendue responsable des violences qu'elle subit.
"Importuner" ?
Qu'est-ce que cela veut dire ?
L'importun est celui qui dérange, qui en vient à insulter si on ne supporte pas ses avances.
L'importun est celui qui agresse verbalement, qui se croit tout permis.
Pourquoi accepterait-on d'être importunée dans la rue ou au travail par des mots ou des gestes déplacés ?
L'importun n'a pas sa place dans une société civilisée : chacun doit respecter l'autre, et le mépris n'est pas admissible.
Il ne s'agit pas, bien sûr, de se réfugier derrière un puritanisme outrancier, il ne s'agit pas de dénoncer à tort et à travers, mais il faut condamner ce qui relève du mépris de la femme, de ce qui la rabaisse et la ravale au rang d'objet.
Le droit d'importuner, nous n'en voulons pas, nous n'en voulons plus.
Le droit au respect et à la dignité de la femme, c'est ce que nous revendiquons.
Alors, bien sûr, il faut refuser les dénonciations à outrance sur internet, les "Balance ton porc", à l'emporte-pièce, mais on ne peut admettre ce "droit d'importuner" qui peut conduire à des comportements déplacés.
Les mots ont un sens : "importuner", qui voudrait l'être ?