On se souvient que la réforme des collèges initiée par la ministre Najat Vallaud-Belkacem avait annihilé l'enseignement du latin et du grec.
Ces disciplines avaient été mises au rebut puisque les horaires dédiés à ces deux langues avaient été supprimés au profit d'EPI, ou enseignements pratiques interdisciplinaires, sortes de fourre-tout où ces langues n'étaient plus vraiment enseignées.
Les humanités avaient été aussi depuis longtemps reléguées, placées dans les emplois du temps des élèves en fin de journée....
A terme, était programmée la disparition de ces disciplines, avec un recrutement toujours plus réduit d'enseignants de lettres classiques...
Ainsi, avec la réforme du collège, le nombre d'établissements situés en REP+ qui ne proposent pas de latin est passé de 40 à 160 !
Au nom de l'égalitarisme, on s'est attaqué à ces disciplines comme si elles avaient tendance à creuser les inégalités.
Mais c'est une absurdité : ce n'est pas en supprimant des enseignements exigeants et formateurs que l'on va sauver l'école.
On a prétendu que ces disciplines sont élitistes : quelle erreur !
Elles permettent, au contraire, à des élèves volontaires d'approfondir leur connaissance de la langue, d'acquérir une certaine rigueur, de s'intéresser à l'histoire, la mythologie, la littérature antique.
Comme le souligne un rapport de Pascal Charvet, ces enseignements sont bel et bien des "facteurs d'intégration scolaire".
Dans ce rapport intitulé "les humanités au cœur de l'école" qu'il vient de rendre au ministre de l'Éducation nationale, Pascal Charvet réhabilite enfin ces disciplines.
Le latin, le grec développent la curiosité des élèves qui peuvent ainsi s'intéresser à l'étymologie, l'origine des mots, leur histoire.
Les élèves ont l'occasion de traduire des textes antiques qui sont le substrat de notre culture : poésie, théâtre, comédie, tragédie, fables, discours, tous ces grands genres littéraires sont nés en Grèce...
Oui, ces disciplines sont exigeantes : elles réclament des efforts, de la volonté, de la persévérance, et en ce sens elles sont particulièrement formatrices.
Le latin et le grec ne sont pas des langues mortes, comme on le dit trop souvent : ces langues vivent à travers le français, elles sont omni-présentes, elles survivent même là où on ne le soupçonne pas, des termes très modernes sont, ainsi, empruntés au grec, "le canapé, la vidéo, la télévision, le cinéma, l'astronomie", pour ne citer que quelques exemples...
Il faut souhaiter que ces enseignements soient effectivement remis à l'honneur le plus rapidement possible, qu'ils retrouvent toute leur place dans les établissements scolaires, que soit enfin rétabli un véritable recrutement de professeurs de lettres classiques.
Dans un monde en perte de repères, comment ne pas voir que ces disciplines sont essentielles ? Elles nous relient au passé, à notre histoire, au substrat de notre culture et de notre langue.
Source : un article du journal Le Point :