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12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 08:34
Bien sûr, il faut commémorer !

 

Bien sûr, il faut commémorer le bicentenaire de la mort de Napoléon ! Il est important de se souvenir de notre histoire. Il ne faut pas réduire le personnage de Napoléon au seul rétablissement de l'esclavage...

Il faut regarder en face notre passé, en voir le côté obscur, et aussi les aspects positifs.

A cette occasion, on peut lire ou relire l'ouvrage de Dimitri Casali, "Napoléon sur le Divan".

Cet auteur était venu présenter son ouvrage, lors du Festival de la Biographie, à Nîmes.

Voici l'article que j'avais rédigé alors :

Une première psychanalyse de l’Empereur comme s’il s’allongeait sur le divan… avec toutes ses facettes : les plus obscures comme les plus lumineuses, bref l’homme comme vous ne l’avez jamais vu...

 

Dimitri Casali rappelle d'abord qu'il a été professeur d'histoire en Zone d'éducation prioritaire, pendant 10 ans :

"J'ai cette envie de transmettre l'histoire au plus grand nombre et surtout aux jeunes qui n'y ont pas accès.... vous savez, aujourd'hui, l'histoire tombe en désuétude... il y a une véritable répulsion que les moins de 18 ans éprouvent envers l'histoire, et mon âme de professeur d'histoire en ZEP est complètement scandalisé par ce fait...

 

J'ai écrit aussi de nombreux manuels scolaires, et ce livre "Napoléon sur le divan" présente ma façon d'apprendre l'histoire, c'est à dire comme disait Hérodote, l'histoire, c'est avant tout des histoires... c'est raconter des histoires..."

 

Dimitri Casali rappelle à l'occasion qu'il a été l'élève de Jean Tulard, le plus grand spécialiste napoléonien :

"Il a toujours su raconter l'histoire... Je me souviens de ses cours à la Sorbonne : c'était extraordinaire quand il nous faisait Robespierre, il n'hésitait pas à monter sur sa chaise et à déclamer les discours de Robespierre, d'une manière unique... et hélas, cette manière d'enseigner l'histoire part en lambeaux, a disparu aujourd'hui.

La plupart des historiens sont des spécialistes et l'histoire est devenue ennuyeuse et poussiéreuse."

 

"Comment écrit-on un ouvrage de vulgarisation ?", interroge alors le journaliste qui mène l'interview.

"Je suis un vulgarisateur dans le sens noble... le mot n'est pas très beau mais je le revendique et je l'accepte, parce qu'aujourd'hui, il faut savoir passer la transmission de notre histoire aux nouvelles générations."

"Napoléon était un insaisissable caméléon,  quel homme Napoléon était-il vraiment ? Était-il raciste ? Homophobe ? Mégalomane ? Pillard ? Islamophile ? Anglophobe ? Restaurateur de l'esclavage ?" 

"200 ans après sa mort, ce livre passe au crible toutes les facettes du personnage."

 

"Napoléon est le français le plus populaire au monde, encore aujourd'hui. Le seul pays où il n'est pas en odeur de sainteté, c'est la France, alors que les Chinois, les Coréens, les Américains sont fous de notre Napoléon... seule la France le boude.

76 000 livres ont été écrits depuis 1821 date de sa mort, un livre par jour !

C'est un personnage qui fascine le monde entier.

 

J'ai décidé d'écrire ce livre pour essayer de mieux le comprendre, de mieux le cerner, avec toutes ses faces sombres, tous ses défauts et il  en a beaucoup, mais aussi toutes ses faces lumineuses et géniales, et il en a beaucoup aussi.

Tous les grands hommes ont ainsi une face sombre et une face lumineuse."

Dimitri Casali évoque ensuite une scène drôle et rigolote : "Napoléon arrive à son mariage avec Joséphine à la mairie du 2ème arrondissement, il arrive avec 4 heures de retard, le maire s'est endormi, le chandelier est sur le point de s'éteindre, tout le monde en a marre, il arrive comme une furie, comme il est toujours extrêmement dynamique, il réveille tout le monde, il dit au maire : "Réveillez-vous, mon brave !"

Le maire sursaute, se réveille et va marier Napoléon.

Il s'est vieilli pour que sa femme Joséphine qui a 7 ans de plus que lui ne paraisse pas si vieille, il a rajeuni Joséphine dans l'acte de mariage et il s'est vieilli..."

Dimitri Casali évoque aussi le traumatisme de son divorce avec Joséphine, cette femme qu'il a tant aimée.

"Il a aimé deux femmes dans sa vie Joséphine et Marie Walewska, il a dû se séparer de Joséphine parce qu'elle ne pouvait pas lui donner l'héritier qu'il espérait tant. Il fallait absolument un héritier pour lui succéder sur le trône impérial.

Et, pendant longtemps, Joséphine a fait croire que c'était lui qui était stérile. Elle disait parfois : "Le sperme de l'empereur, c'est de l'eau." Elle avait cette formule assassine, pour essayer de conserver son rang d'impératrice.

Napoléon se laissait un peu embobiner par Joséphine, il a fini par le croire.

Mais, un beau jour d'octobre 1806, une de ses nombreuses maîtresses (car le pouvoir agit comme un aphrodisiaque... au début, Napoléon ne s'intéressait pas au sexe, et à la fin de sa vie, il était pratiquement obsédé par le sexe...) une de ses maîtresses Eléonore Denuelle lui a donné un fils, le comte Léon, c'est le fils de la chanson :

"Napoléon est mort à Sainte Hélène,
Son fils Léon lui a crevé l'bidon.
On l'a r'trouvé, assis sur une baleine,
En train d'bouffer les fils de son caleçon."

 

Il a compris alors qu'il n'était pas stérile et là, le sort de Joséphine fut scellé.

Napoléon fut bien sûr un grand génie militaire, mais ce qui compte le plus, ce sont les institutions qu'il va donner à la France, les institutions dont  la République va se saisir : le conseil d'état, les préfets, la légion d'honneur, le code du commerce, le code civil...

On ne réalise pas tout ce que Napoléon a apporté à l'Europe, à la France.

C'est aussi Napoléon III son neveu qui a instauré le droit de grève..."

Dimitri Casali rappelle enfin que l'iconographie qui accompagne son livre est capitale : il a utilisé des tableaux, des oeuvres de Picasso, de Salvador Dali, de Magritte, de Turner... Napoléon est ainsi le personnage le plus représenté dans les arts, après le Christ...

 

 

https://editions.flammarion.com/napoleon-sur-le-divan/9782081444690

 

 

 

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commentaires

M
Mais combien de fois ai-je lu que le premier était très complexé à propos de sa petite, toute petite taille...! Par contre, il faut avouer que la sottise du pape qui le couronne empereur avec la sienne est à lire avec lenteur pour nous faire Comprendre que les grands de ce monde sont des petits qu’il convient comme Molière l’explique souvent dans ses œuvres d’en rire avec allégresse; car même si le rire ne remplit pas le ventre, il ne manquera jamais d’améliorer le moral.
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R
C'est ce qu'on appelle "le complexe de Napoléon"... dont aurait été aussi atteint Nicolas Sarkozy...<br /> <br /> "Lors de la visite de l'usine Faurecia en Normandie en septembre 2009, des ouvriers, interrogés par le journaliste de la RTBF Jean-Philippe Schaller, lui auraient répondu avoir été sélectionnés pour leur petite taille pour être filmés aux côtés du président Nicolas Sarkozy, afin que « personne ne soit plus grand que le Président »"
M
Bonsoir Rosemar, Victor Hugo disait “Napoléon le petit”. Il à fait le malheur de nombreux pays et le bonheur de grands banquiers qui lui fourniront l’or pour ses armées de canons et d’entretenir et équiper ses troupes. Le code Napoléon, avec de grands juristes, qui descend directement du droit romain aurait très bien pût se nommer autrement ! Tout comme Hitler, ce n’est pas l’hiver russe qui est la véritable cause de sa débâcle, trop de mauvaises décisions et d’énergie mal gérée. Bonne soirée à tous.
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R
En fait, Victor Hugo utilise cette expression "Napoléon le petit" pour désigner Napoléon III... Napoléon le Petit est un pamphlet, écrit par Victor Hugo en 1852, à Bruxelles, à la suite du coup d'État du 2 décembre 1851 où Napoléon III s'empare du pouvoir.<br /> Quant à Napoléon 1er, oui, il a aussi ses côtés obscurs qu'il importe de dénoncer.<br /> <br /> https://www.herodote.net/Ombres_et_lumieres_d_un_destin_d_exception-synthese-72.php<br /> <br /> Bonne soirée, Michel
A
Je pense aussi qu'un personnage aussi unique et singulier qui a laissé une telle empreinte nationale et internationale doit être commémoré.Tout le monde a entendu parler de Napoléon, partout sur la planète ! Je vis en Espagne, dans un pays qui a été envahi par les troupes napoléoniennes et dans lequel l'empereur a provoqué de profonds changements administratifs...<br /> En fait il faut se mettre d'accord sur le concept de commémoration, mais si une commémoration permet de mieux comprendre, de mieux connaître, de mieux saisir certaines implications historiques et ne sert pas uniquement à alimenter un mythe je suis en faveur.<br /> Bonne fin de soirée l'amie
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R
C'est aussi le sens que je donne au mot "commémoration", une façon de revisiter l'histoire, de s'y intéresser, d'approfondir certains sujets, et de susciter la curiosité...<br /> <br /> Belle soirée, AJE
J
hello Rosemar,<br /> <br /> pourquoi ce titre : "bien sûr il faut". Si ce genre de certitude existait, il n'y aurait pas de discussion. Il est plutôt sain d'avoir ce genre de débat, d'autant plus que au fil des générations les sensibilités évoluent, et les façons de voir les choses aussi. Ce n'est pas parce que l'on ne commémore plus le Maréchal Pétain qu'on a oublié qu'il existait par exemple. On ne commémore quasiment aucun roi de France ou de Navarre sans pour cela avoir occulté de notre mémoire collective le fait que la royauté a fait partie de notre histoire. Les "il faut" ont un peu trop tendance à faire passer l'avis général pour une absolue nécessité. Napoléon est un personnage incontournable de notre histoire. On ne l'oubliera pas, même si on ne commémore plus ses dates de mort et de naissance. A-t-on oublié Louis XI, François Ier... Ce qui est bien plus important à mon avis, c'est de "discuter" l'histoire officielle, lire les historiens , et l'on s'aperçoit alors que l'Histoire elle-même est passionnante, et que ses héros sont aussi des constructions que l'on a souvent élevées à la gloire de notre pays, mais que la vérité historique est beaucoup plus complexe. Alors, commémorons, pourquoi pas, mais acceptons de discuter à cette occasion de la pertinence de le faire. Et voyons aussi si d'autres personnages restés dans l'ombre ne mériteraient pas aussi un peu de lumière.<br /> <br /> à bientôt.
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R
Mon titre est elliptique : je l'explicite dès la première phrase, il s'agit de commémorer Napoléon, une façon de recréer l'histoire, de susciter de l'intérêt pour cette discipline... et c'est important. Bien sûr, le nom de Napoléon est bien connu, mais connaît-on vraiment tous les détails de son parcours ? Commémorer, c'est aussi l'occasion de discuter et de s'informer encore plus !<br /> <br /> Bonne soirée