En Chine, la tension monte à Shanghai, après deux semaines de confinement intégral, la capitale économique chinoise fait face à sa plus plus grave flambée épidémique depuis le début de la pandémie.
La quasi-totalité des 25 millions d'habitants sont confinés depuis le début avril, avec des difficultés d'accès à la nourriture.
Des frigos vides, des manifestations d’habitants affamés réclamant d’être secourus par les autorités, des structures médicales aux abois, des animaux domestiques abattus en pleine rue parce que soupçonnés de porter le virus... Sur les réseaux sociaux et dans le récit des correspondants occidentaux sur place, le confinement de Shanghai est une épreuve terrible.
" Expliquez-moi, si tous les supermarchés sont fermés, qu'est-ce que j'achète ? Qu'est-ce que je mange ? Qu'est-ce que je bois ? Vous êtes en train d'affamer les gens !", hurle un Chinois.
Une dictature sanitaire effrayante ! On comprend que les Chinois se révoltent devant de telles mesures qui entravent toute liberté.
Comment peut-on enfermer les gens sans nourriture, sans possibilité de sortir, de respirer, de vivre ?
La colère de la population a pris une nouvelle tournure jeudi 14 avril, avec des affrontements entre policiers et habitants. Les forces de l'ordre étaient venues expulser des résidents pour transformer leurs appartements en centre d'accueil pour des personnes positives...
Mais les habitants ne se sont pas laissés faire : la tension était très forte devant l'entrée d'une résidence dans la partie nord de Shanghai, les habitants affrontaient les forces de l'ordre. Les policiers sont venus exécuter une décision des autorités qui prévoient de transformer neuf bâtiments de la résidence en centres de quarantaine pour personnes positives.
Les locataires sont sommés de quitter leurs appartements pour rejoindre d'autres logements qui leur ont été attribués... Mais certains refusent et tentent de s'opposer physiquement à la construction d'une clôture de quarantaine entre les bâtiments.
Des femmes à genoux suppliaient les policiers mais les résidents étaient finalement emmenés un à un par les forces de l'ordre.
Tout cela est la conséquence directe de la stratégie zéro Covid qui prévoit d'isoler chaque personne positive.
Mais avec plus de 20 000 nouveaux cas enregistrés chaque jour à Shanghai ces centres sont saturés et il faut donc trouver de la place coûte que coûte, quitte à expulser des locataires de leurs logements.
La Chine est l'un des derniers pays au monde à appliquer la stratégie zéro Covid, une stratégie qui lui a réussi dans un premier temps mais cela peut-il durer ?
L'objectif est d'empêcher la circulation du virus là où quelques cas ont été détectés. C'est compliqué quand il y a des dizaines de milliers de cas.
Les seuls qui peuvent se déplacer à Shanghai, ce sont évidemment les agents qui mettent en oeuvre la prévention et le contrôle des épidémies.
Le Parti Communiste chinois insistait sur le fait que 700 000 de ses membres à Shanghai ont participé au travail de prévention et de contrôle des épidémies.
Il y a un lien entre gestion sanitaire et gestion politique de l'épidémie. Les maires sont surveillés par les autorités centrales et il n'est pas rare lorsqu'il y a des flambées épidémiques même limitées que certains dirigeants locaux soient sanctionnés, en étant, par exemple démis de leurs fonctions.
Il y a une inquiétude au sein du Parti Communiste : on voit se multiplier des articles pour rappeler que la gestion qui est celle du Parti Communiste est la bonne...
Par exemple, un long article dans le Quotidien du Peuple pour rappeler l'amour de Xi Jinping pour le peuple, l'objectif étant d'expliquer le bien-fondé de la stratégie chinoise et d'expliquer que le Parti est dévoué (contrairement aux régimes politiques à l'étranger) au bien-être de la population et à la vie d'abord.
La stratégie est présentée comme un inconvénient momentané mais au service d'un avantage sur le plus long terme.
Comme le mécontentement gronde, il faut justifier la politique menée par le PC.
Sources :
https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux/les-enjeux-du-vendredi-15-avril-2022