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17 août 2022 3 17 /08 /août /2022 09:56
Changer de modèle ?

 

Face aux nombreux défis climatiques qui se posent à nous, peut-on ralentir ? Pour la journaliste Juliette Duquesne, spécialiste de l’écologie, les pistes tant rabâchées (voitures électriques, télétravail…) sont plus des impasses que des solutions.

 

Juliette Duquesne remet en cause la rhétorique selon laquelle il faut faire confiance à l'innovation, à l'humain, à sa capacité d'inventer pour faire face aux défis écologiques et pour apporter une solution au réchauffement climatique...

Ce point de vue scientiste, c'est la thématique de la croissance verte : Juliette Duquesne n'y croit pas.

 

"Il n'y a aucune innovation technologique qui permette de réduire la pollution. C'est après la seconde guerre mondiale, au moment où la croissance du produit intérieur brut décolle, que toutes les formes de pollutions explosent : la pollution plastique, les pesticides que l'on retrouve dans la graisse des baleines, les émissions de CO2, toutes ces pollutions explosent au moment où l'on a le plus d'innovations technologiques.

Et aujourd'hui, pour éviter d'accepter qu'il va falloir réduire notre consommation de biens, qu'il va falloir accepter la sobriété, la décroissance, on pense que des innovations technologiques vont permettre de résoudre nos problèmes.

 

Mais on se rend compte que cela ne marche pas. Il va falloir accepter la finitude de la planète et donc réduire notre consommation, parce qu'il n'y aura pas d'innovations miracles qui vont nous permettre de continuer à consommer autant d'eau, d'émettre toujours autant de CO2, de continuer à mettre autant de pesticides dans l'eau ou sur nos terres, parce que les dégâts sont considérables, en fait.

 

Il y a l'effet rebond : des innovations technologiques peuvent effectivement réduire factuellement les émissions de carbone, mais on les utilise davantage : il y a un usage qui annule l'effet positif de l'innovation.

Et c'est particulièrement vrai dans le numérique : même si on gagne en gain d'efficacité, on va augmenter l'utilisation, donc on va consommer plus d'énergie et créer plus de gaz à effet de serre.

 

Par exemple, pour le numérique, quand on va sur internet, on met beaucoup moins de temps aujourd'hui pour faire une recherche, ce n'est pas pour ça qu'on va en faire moins. La 5G va permettre de faire des gains d'efficacité, mais le trafic va augmenter. Les gains d'efficacité, c'est de l'ordre de 10, et l'augmentation va être de l'ordre de 100 !

Ce n'est pas parce que l'on va avoir des gains d'efficacité que l'on va avoir une baisse de la consommation.

 

On sait que le numérique est très polluant : on s'équipe trop, il y a énormément de consommation de métaux... tout remplacer par le numérique, ça ne fonctionnera pas. On ne peut pas remplacer tous nos déplacements par du numérique...

 

Que dire de cette machine qui va capter le CO2 ? Plusieurs études montrent que cela marche très mal de capter le CO 2 et de le stocker dans le sol. Les résultats sont mauvais parce qu'il faut de l'énergie pour stocker aussi tout ce CO2. En fait, il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre plutôt que de stocker le CO2.

 

On entend aussi beaucoup parler de ces solutions de géo ingénierie où on va aller mettre du souffre dans la stratosphère pour imiter des éruptions volcaniques et essayer de refroidir la température. Là on joue aux apprentis sorciers.

 

Que dire de la voiture électrique ? Si on remplace toutes les voitures par des voitures électriques sans réduire notre mobilité, cela ne fonctionnera pas.

Si on prend des petites voitures électriques qui sont avec une petite autonomie, pour la ville, cela peut être intéressant, parce qu'elles ne vont pas émettre et polluer la ville. Mais si on prend le cycle de vie de la voiture complète avec la fabrication, les voitures électriques peuvent être aussi polluantes que des voitures classiques.

Les voitures électriques consomment beaucoup de métaux et on sait qu'on va avoir des problèmes pour les métaux dans ces prochaines années. Le pic d'extraction du cuivre devrait être atteint en 2060, cobalt, lithium pour les batteries, il y a aussi l'indium.

Tous ces métaux, il va falloir aller les chercher de plus en plus profond dans la terre, donc cela va demander de plus en plus d'énergie.

La voiture électrique n'est pas la solution à tous les maux et cela ne va pas permettre de continuer à consommer comme on le fait aujourd'hui.

 

Dans la logique transhumaniste, certains pensent que grâce à l'intelligence artificielle, les machines vont pouvoir s'auto perfectionner et qu'on va pouvoir régler tous nos problèmes grâce aux technologies. Mais on est très loin de ces récits de science-fiction...

Le fait de nous vendre des villes intelligentes avec des capteurs partout, des voitures autonomes avec des capteurs partout, quand on regarde les chiffres des métaux, de la pollution, ce n'est pas réaliste.

 

Pour réduire l'empreinte écologique, il faut réduire la consommation d'énergie.

En fait, il ne suffit pas de faire de la sobriété, il faut changer complètement de modèle, un modèle basé sur l'augmentation du produit intérieur brut.

 

Il faut inventer un autre modèle où l'agriculture et l'alimentation seraient beaucoup plus au centre, il faut aussi réduire les inégalités.

En France, si on voulait passer complètement à l'agroécologie, (c'est ce qu'il faudrait faire parce qu'aujourd'hui, il y a des pesticides dans tous les cours d'eau, dans la totalité des nappes phréatiques, les sols sont pollués), il faudrait changer complètement notre agriculture.

Si on passe à l'agroécologie, cela veut dire qu'il y a 30% d'emplois en plus dans les campagnes, si on veut des territoires de plus en plus autonomes énergétiquement, on sait qu'il faut réduire la taille des villes, cela voudrait dire changer toutes nos aides de la politique agricole commune vers une autre agriculture.

Cela veut dire un changement total de vie, avec des vies plus centrées sur les territoires : on aurait moins de mobilité, mais peut-être plus de convivialité.

Cela passe par un consensus démocratique : il faut que les gens aient envie de cela."

 

 

Evidemment, les récents événements climatiques, sécheresse, canicules, incendies dévastateurs semblent donner raison à Juliette Duquesne. Mais les gens sont-ils prêts à changer de modèle ? 

Nous vivons tous dans un environnement qui nous incite à consommer à outrance : publicités, crédits, mode, loisirs, etc.

Et que dire des enjeux économiques, que dire des intérêts financiers des grandes multinationales ? 

 

 

 

Source :

 

https://tv.marianne.net/rencontres/defis-climatiques-comment-ralentir-avec-julie

Changer de modèle ?
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commentaires

M
Bonjour Rosemar, nous ne sommes, pour eux, que fourmis, mouche et autre insectes qu’ils écrasent sans pitié; car, depuis toujours, aucune convulsion de souffrance indique notre douleur…! Bonne journée à tous. (Seule mais voiture solaire, four solaire, etc. sont l’avenir!)
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A
Tout cela est extrêmement préoccupant (euphémisme). On voit bien que toutes les solutions apportées par la science sont mises en échec s'il n'y a pas un changement de paradigme, s'il n' y a pas une véritable révolution des mentalités.<br /> Comment parvenir à une décroissance nécessaire de manière démocratique ? On sait qu'il y aura toujours des forces politiques pour mettre partiellement en doute cette nécessité urgente, et pour remettre à demain ce qui devrait être entrepris dès maintenant. Par ailleurs les lobbys industriels très puissants sont des obstacles redoutables. Les lobbys convaincront les politiques que les énergies vertes seront la solution, et que tous les pb posés ont leur solution technique.<br /> Affronter le défi de notre survie suppose une intervention très forte de l'Etat qui devrait fixer de manière autoritaire des plafonds de consommation parfaitement contraires aux lois du marché.<br /> Bref, on risque de vivre encore pas mal de temps dans le mythe d'une fuite en avant technologique qui devrait nous tirer d'affaire...Je viens de croiser aujourd'hui un de mes anciens élèves qui vient de s'inscrire dans une école d'ingénieurs orientée vers les énergies. Je doute fort qu'on lui enseigne les préceptes préconisés par Juliette Duquesne...Duquesne, Aurélien Barreau, Jancovici,etc... sont les Cassandre de nos temps. Ils apportent une vérité que personne ne veut entendre...ou plus exactement, on les écoute quand même partiellement mais on se refuse à aller jusqu'au bout de leurs conclusions et à les admettre. <br /> Caius dit, et je suis d'accord avec lui, qu'il devrait y avoir une grande planification...dans les faits, il est probable que les planifications arriveront à postériori, une fois la catastrophe enclenchée et quand il n'existera plus de bonnes solutions...<br /> Bonne fin de journée l'amie
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A
C'est vrai que les espagnols sont sortis plus que jamais...surtout après la pandémie mais il n'empêche qu'on s'est tapé 4 vagues de chaleur qui se sont traduites pour moi, qui me refuse à utiliser l'air conditionné, par beaucoup de nuits d'insomnies...personnellement ça a été l'été le plus dur de ma vie, pas tellement pour les records de températures( pas pires que les autres années) mais pour la durée et le maintien dans le temps de ces fortes chaleurs.
R
Tu as vraiment vécu un été d'enfer, en Espagne ? Sur un autre article j'avais reçu un commentaire sur Agoravox : une personne qui passait ses étés en Espagne disait que les Espagnols s'accommodaient très bien de la chaleur, qu'ils avaient pris l'habitude de sortir le soir, que c'était festif et agréable ! Je vois que la réalité est bien différente...<br /> Je crains aussi que les planifications n'arrivent qu'après la catastrophe : ce sont les marchés qui gouvernent...<br /> <br /> Belle soirée, AJE
A
Je dis que nous réagirons seulement quand la catastrophe aura débuté mais, après l'été d'enfer que je viens de passer, on peut considérer. tout comme David Vincent dans la série LES ENVAHISSEURS, que la cauchemar a déjà commencé...
C
"Et que dire des enjeux économiques, que dire des intérêts financiers des grandes multinationales ? " En effet, ce n'est qu'une opinion personnelle mais je crois que la seule solution est une planification de la production et un rationnement de la consommation, solution dont presque persone ne veut dans les milieux économiques.
Répondre
R
Et comme l'économie dirige le monde, autant dire que cette solution ne sera pas envisagée : de toutes façons trop de secteurs seraient impactés.

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