Le travail, en France, accule certains à la désespérance et les suicides d'ouvriers, de salariés se multiplient sous la pression constante des plans de restructuration visant à la performance, à la croissance des entreprises : au nom du profit, que de vies humaines sont sacrifiées !
Un salarié de Renault s'est ainsi donné la mort dans la nuit de dimanche à lundi sur son lieu de travail à l'usine de Cléon en Seine-Maritime, laissant une lettre dans laquelle il dénonce "pression" et "chantage" de la part du groupe...
Il faut rappeler que trois salariés de l'usine Renault se sont suicidés sur leur lieu de travail entre 2006 et 2007. En octobre 2006, un ingénieur de 39 ans s'était donné la mort en se jetant d'une passerelle du Technocentre de Renault à Guyancourt, dans les Yvelines. Ce suicide avait été suivi d'un second en janvier 2007, puis d'un troisième le mois suivant.
Le monde du travail devient parfois inhumain et absurde : il pousse les salariés au pire, à l'inéluctable, à l'irréversible... La hiérarchie se fait de plus en plus pesante et lointaine surtout dans de grands groupes où les différents rouages font pression les uns sur les autres.
C'est Boris Vian qui évoque dans L'écume des jours, roman prémonitoire publié en 1947 l'univers des usines effrayant et terrible... un univers qui écrase et annihile les individus : d'ailleurs dans ce monde froid et glacé, l'individu n'existe plus : il devient un rouage de l'immense machine... il disparaît et s'efface devant le Dieu de la compétitivité et du profit !
Le travail a-t-il pour but d'anéantir les hommes ? Ne devrait-il pas procurer épanouissement et bonheur ? Alors que certains sont privés de ce précieux travail et connaissent le chômage, d'autres meurent de leur travail et de leurs conditions de vie dans des usines...
On perçoit bien les incohérences de notre monde : les hommes ont besoin de travailler pour vivre et ce travail leur enlève la vie ! Ce travail ne leur offre aucun avenir, aucune perspective : de plus en plus de salariés vivent dans des conditions inadmissibles... Et les nouveaux accords sur l'emploi, l'ANI, risquent fort d'aggraver la situation : on a de plus en plus l'impression de régresser et de retourner dans une époque révolue où l'ouvrier était soumis au bon vouloir et aux caprices d'une hiérarchie impitoyable...