"Dieudonné, grand humoriste, Dieudonné, pourfendeur des pouvoirs et des autorités, Dieudonné, un génie, un artiste de talent " : certains journalistes font un éloge appuyé du personnage, et citent, à cette occasion, des sketchs de Dieudonné comme L'institutrice ou Le voile.
Ainsi, fleurissent, sur le site d'Agoravox, de nombreux articles à la gloire de Dieudonné : le sujet est traité abondamment par les rédacteurs de ce journal, un peu trop d'ailleurs.
Il n'est pas question de dénier tout talent comique à cet humoriste, il est question de dénoncer les dérives auxquelles il se livre dans ses derniers spectacles. Il est question d'observer son parcours atypique et pour le moins surprenant : voilà un homme qui a combattu les idées extrémistes de Jean Marie Le Pen et qui se retrouve maintenant à ses côtés, pour délivrer des messages qui ne laissent aucun doute sur ses dérives racistes et antisémites.
Voilà un humoriste qui s'appliquait autrefois à dénoncer le racisme et qui s'est laissé entraîner dans des propos dangereux, pleins de haine : par exemple, quand il évoque les chambres à gaz dont il semble regretter la disparition, à l'encontre du journaliste Patrick Cohen. Dans son spectacle, Dieudonné déclare aussi :"J'ai envie de m'adresser directement à Hitler. Je veux demander pardon à ce monsieur. Il était comme les autres : pas plus méchant. Je n'ai pas à prendre partie pour les juifs ou les nazis, je suis neutre dans cette affaire. Je n'étais pas né... Qui a commencé ? Qui a provoqué ? Qui a volé qui ? J'ai ma p´tite idée... " Certains termes utilisés par Dieudonné : "juiverie, juivasse" sont terribles. Si ces propos ne sont pas, pour certains, une incitation à la haine, on peut s'inquiéter de leur niveau de réflexion.
Rappelons certains faits : en mai 1997, Dieudonné se présente aux législatives à Dreux comme candidat anti-FN contre Marie-France Stirbois. Il déclare alors : "Le seul parti qui m'inquiète et contre lequel je m'engage, c'est le Front national." Il obtient 7,74 % des suffrages. Le 26 décembre 2006, Dieudonné invite le négationniste Robert Faurisson sur scène, lors d'un de ses spectacles. En 2008, Jean-Marie Le Pen devient le parrain de son quatrième enfant.
Quel retournement de situation ! Celui qui dénonçait l'extrême-droite s'en fait le porte-parole.
Un tel revirement a de quoi surprendre : le personnage est-il crédible dans ses convictions ? On a vu certains hommes politiques oublier ainsi leurs premières idées. Dans quel but ? Le plus souvent, pour servir leurs intérêts...
La provocation qu'utilise sans arrêt Dieudonné est devenu son fonds de commerce : Elie Sémoun, son ancien associé et complice, lui-même de religion juive ne peut que s'étonner de ces reniements, il condamne les excès de Dieudonné : il souligne bien les dérives extrémistes de l'humoriste.
Comment accepter cette association avec des négationnistes, comment concevoir son rapprochement avec l'ancien président du front national ?
Comment ne pas condamner certaines déclarations ? Dieudonné est-il un humoriste ou un polémiste qui se livre à un antisémitisme exacerbé ?
L'antisémitisme, le racisme restent encore bien vivants dans notre société : accepter certains propos racistes, c'est entrer dans un jeu dangereux...
Le vrai combat à mener, c'est bien celui contre le racisme, quel qu'il soit !
Quand un humoriste fonde tout un spectacle sur des déclarations antisémites, il faut s'en inquiéter !
Quand un humoriste défend des idées extrémistes et outrancières, on ne peut que le dénoncer...
D'ailleurs, Dieudonné lui-même a dû comprendre qu'il était allé trop loin, et sous les différentes pressions, après des interdictions successives, il renonce à produire son spectacle : sage décision !