Faut-il supprimer les mauvaises notes ? A quoi servent, donc, les notes ? Après tout, ce serait sympa si les profs ne mettaient que de bonnes notes, à tous leurs élèves...
La moyenne pour tous, quels que soient le contenu, les fautes d'orthographe, les erreurs de raisonnement ! Il s'agit, selon les textes officiels de pratiquer "l'évaluation positive".
Il faut positiver ! L'essentiel est de ne pas traumatiser les jeunes, de leur éviter des déceptions trop dures...
Par ailleurs, la note est un repère qui permet de voir une progression, ou, à l'inverse, des difficultés croissantes : faut-il simplement se contenter de préciser : telle compétence est atteinte, telle autre ne l'est pas ?
Comment l'élève pourra-t-il percevoir son niveau ?
Nos sociétés ont tendance, dans le domaine éducatif, à vouloir aplanir toutes les difficultés : on a allégé, pendant des années, les cours de grammaire et d'orthographe, jugeant que ces disciplines étaient trop rebutantes.
Or, les résultats sont là : à force de raboter certains cours, de nombreux élèves se retrouvent en difficulté...
Certains ne maîtrisent plus les conjugaisons, notamment les emplois du passé simple, ne savent plus reconnaître les différentes valeurs des subordonnées, ou encore ont des hésitations sur la voix active, la voix passive, notions pourtant essentielles.
Peut-on ainsi sacrifier des disciplines qui permettent de mieux s'exprimer, de mieux réfléchir, de mieux organiser ses idées ?
Cette année, au cours de la session 2014 du baccalauréat, les correcteurs ont été invités à noter généreusement les épreuves de mathématiques et de physique, les sujets ayant été jugés trop difficiles !
Après une pétition lancée par les élèves, l'inspection générale a demandé aux correcteurs de remonter les notes de l'épreuve de physique-chimie du bac S !
Quand les élèves, eux-mêmes, interfèrent sur la notation, quelle crédibilité peut-on accorder aux résultats ? A force de lénification, le baccalauréat est en train de perdre toute sa valeur.
Quand tous les élèves auront obtenu le bac, quand ils auront tous de bonnes notes, on pourra se poser cette question : quelle est la crédibilité des enseignants ? Quel est leur rôle ? Valoriser, sans vraiment mettre en évidence les carences et les difficultés, relève de la pure démagogie.
Le redoublement a, déjà, été supprimé : sauf exception, la plupart des élèves passent dans la classe supérieure, cet enjeu, pourtant essentiel, a disparu....
Quels repères donnons-nous aux élèves, si nous éliminons, devant eux, tous les obstacles ?
L'effort, la persévérance, la volonté, le mérite sont des vertus essentielles : en faisant disparaître les notes, le redoublement, en voulant aplanir les difficultés, on en vient à nier ces vertus...
D'ailleurs, nos sociétés ont tendance à magnifier d'autres valeurs : l'argent-roi, les apparences, le clinquant...
Dans tous les cas, la sélection se fait et se fera de plus en plus dans les universités où arrivent des élèves qui n'ont, parfois, pas les compétences requises.