L'amour qui rend fou est bien un thème littéraire de tous les temps : ne dit-on pas : "être fou d'amour "ou "aimer à la folie" ? L'amour revient souvent sous la plume des plus grands poètes. Il donne lieu à des oeuvres touchantes, émouvantes que l'on n'oublie pas.
Victor Hugo, le plus prolixe de nos poètes nous a laissé un de ces poèmes d'amour qui reste à jamais gravé dans les esprits. Ce poème intitulé "Guitare" extrait du recueil "Les rayons et les ombres" ne vous rappelle peut-être rien mais c'est un des plus connus de Victor Hugo car il a été mis en musique et adapté par Georges Brassens sous le titre "Gastibelza".
Gastibelza ! Comment oublier un tel nom aux sonorités si flamboyantes ? Le héros de l'histoire, c'est bien lui, l'homme à la carabine, brigand peut-être mais brigand amoureux !
Hugo nous fait entendre la chanson de ce brigand énamouré, qui ne peut oublier celle qu'il nomme sa "sénora", celle qui éclipse la beauté d'une reine, une femme fatale dont il perçoit les dangers mais qu'il ne peut s'empêcher d'aimer...
Le texte est ponctué par ce refrain mélancolique : "Le vent qui vient à travers la montagne/ Me rendra fou. "
La belle s'appelle "Sabine", la perfide Sabine qui dans les derniers vers du poème finit par se vendre au plus offrant, c'est une femme vénale qui donne "Tout son amour/ Pour l’anneau d’or du Comte de Saldagne /Pour un bijou ". Dès lors, le brigand qui se confond avec le poète perd la raison : "Le vent qui vient à travers la montagne m'a rendu fou" écrit-il.
Le poème est plein d'harmonie notamment grâce à l'emploi de noms propres aux sonorités espagnoles et exotiques : "le mont Falu, Antequarra,Tolède, Saldagne, Gastibelza", le nom même du héros malheureux de l'histoire...
On retrouve dans ce texte des lieux communs de la littérature : l'amour qui rend fou, la femme qui entraîne le malheur, la femme à la beauté idéale, la belle qui suscite même l'amour du roi...
La simplicité émouvante du texte sous forme de ballade avec son refrain nous touche... Le bonheur des villageois qui célèbrent l'arrivée de la nuit en chantant et dansant contraste avec la tristesse, le désarroi de l'homme amoureux trahi dans ses attentes et qui en perd la raison.
Victor Hugo alterne dans ce poème vers longs et vers courts créant ainsi un rythme régulier de chanson... Le titre prévu aurait été d'abord « Ce que m’a raconté une guitare ». La guitare symbolisait alors l’Espagne chère à V. Hugo auteur d'Hernani et Ruy Blas, l'Espagne qui est largement présente dans le poème grâce aux noms des personnages et aux lieux évoqués...
Un peu de guitare aussi :