Voilà une romance pleine de douceur, au texte un peu suranné, une belle déclaration d'amour à la fois passionnée et teintée de retenue...
Extrait d'un opéra, que l'on doit à François Bazin, pour la musique, la romance de Maître Pathelin émeut par sa simplicité, sa poésie.
Texte lyrique, à la première personne, cette chanson, créée en 1856, évoque un amour qui n'ose pas se déclarer.
La pensée obsédante de l'amoureux se traduit par des répétitions de constructions : "quand je m'éveille, quand je sommeille"... Jour et nuit alternent, avec toujours la même idée en tête.
Les sonorités de sifflantes, de chuintantes restituent la douceur et la tendresse de cet amour secret.
Le bonheur serait de voir cet amour partagé, avec l'espoir d'un aveu...
Par l'alternance entre la première et la deuxième personne, le poète instaure un dialogue, mais la distance semble infranchissable entre les deux êtres.
L'emploi de la deuxième personne du pluriel "vous" souligne la séparation, l'éloignement.
Et curieusement, c'est la peur qui domine, marquée par l'interjection "hélas", et soulignée par l'adverbe "trop". "J'ai trop peur de vous", déclare le poète.
L'amoureux "guette" la jeune femme, espère une rencontre : il se parle à lui-même, comme pour se donner du courage " je me dis par un doux langage/ Aujourd'hui je veux l'émouvoir..."
Le verbe "vouloir", répété à trois reprises, insiste sur un désir très intense qui n'arrive pas à son terme.
A la fin du texte, la distance semble presque abolie par le passage à la deuxième personne du singulier : "Je veux, je veux, dans mon brûlant délire / Dire je t'aime en tombant à genoux."
Mais la peur réapparaît, paralysante, inexorable, interdisant, apparemment, tout espoir.
Amour intense, pudeur, exaltation caractérisent le texte de cette romance.
Quant à la mélodie, elle est conforme aux sentiments, pleine de sensibilité et d'émotions...
Cette romance emplie de tendresse évoque, en moi, des souvenirs : mon père fredonnait, autrefois, cette chanson... Pleine de simplicité, dans le texte, elle est facile à retenir, elle traduit, aussi, une émotivité, une difficulté à s'exprimer, à dire ses sentiments.
Mes parents, issus d'un milieu très modeste, étaient, ainsi, des gens qui parlaient peu, qui ne s'épanchaient pas : au fond, cette chanson restitue bien la vie de gens humbles et simples, leur difficulté à s'exprimer, à mettre en évidence des sentiments...
J'écoute, chaque fois, avec émotion, cette mélodie et cet air d'autrefois... Cette chanson familière suggère une forme de pudeur, de réserve infinies...
http://youtu.be/Fi45IhItHTA