Le Sud, chanson de Nino Ferrer nous transporte vers les paysages méditerranéens de villes blanches avec leurs terrasses garnies de linge ...Le texte s'ouvre sur l'évocation de la Louisiane, terre du sud des Etats Unis. Puis apparaît le nom de l'Italie, symbole même des pays du Sud et aussi terre natale de l'auteur puisque Nino Ferrer est né à Gênes...
Le vocabulaire familier nous introduit dans un univers fait de modestie, d'humilité, le monde des gens simples ...L'emploi de verbes ordinaires du vocabulaire courant :"il y a" "c'est" montre bien que les gens évoqués ici appartiennent au peuple...
L'ambiance est heureuse et paisible : on perçoit des enfants qui s'amusent à l'extérieur, des animaux banals : chien, chat, tortue, poisson rouge, tout ce bestiaire commun réuni dans l'harmonie....autour des enfants. Un paysage de paix et de bonheur est suggéré.
Le refrain avec l'emploi du conditionnel semble évoquer un pays rêvé, imaginaire fait de perfection : "On dirait le Sud", pays voué à l'éternité, à la plénitude, à l'été infini...une terre où l'on prend son temps, où le temps n'est pas compté, où l'on vit dans la joie, un décor merveilleux fait de terrasses, de linge blanc, d'enfants heureux...
Mais le dernier couplet vient rompre cette harmonie bienheureuse avec la perspective de la guerre annoncée...comme si l'homme ne pouvait vivre sans se créer des difficultés et des obstacles : l'homme accuse alors le destin de ce malheur mais n'est-il pas malgré tout responsable d'être voué à se battre, à faire la guerre ?
C'est un message bien universel que nous délivre dans cette chanson Nino Ferrer : l'homme se complaît dans les affres de la guerre, dans l'inquiétude, l'angoisse, la peur alors qu'il pourrait vivre simplement dans le bonheur et la quiétude...
Les guerres, c'est bien là tout le malheur des hommes, toutes leurs souffrances, leurs abominations aussi...
Et pourtant, elles reviennent inlassablement, irrémédiablement comme si l'homme dans ses errances et son aveuglement ne pouvait s'en passer...
On peut bien dire alors comme Nino Ferrer : on aurait pu vivre plus d'un million d'années et toujours en été...On aurait pu vivre dans la paix, dans un bonheur fait d'insouciance et de sérénité...
Cette chanson au rythme mélancolique est bien un hymne au bonheur simple mais également une dénonciation de la guerre toujours présente sur cette terre, alors que les hommes en connaissent parfaitement les douleurs et les atrocités...