La coupe du monde ! On ne parle que de la coupe du monde, en ce moment ! Mais, au fait, quel est ce trophée qui sera remis aux vainqueurs ? Quelle est cette palme remportée par la meilleure équipe ? En fait, on est bien loin de la simple couronne de lauriers offerte aux athlètes émérites de l'antiquité... on est bien loin de cette simplicité.
Le comble du clinquant, du bling bling se trouve condensé dans cet objet. Couleur d'or, ce trophée brille de mille feux et ne fait pas dans la discrétion.
C'est un sculpteur italien Silvio Gazzaniga qui est à l'origine de cette "Coupe du monde FIFA". Cet objet en or massif 18 carats, haut de 36 centimètres, et pesant 5 kilos représente deux athlètes, dos à dos, dont les bras s'élèvent vers le ciel et soutiennent la planète. Sa base est composée de deux disques de malachite, sur lequels on peut apposer les noms de 17 équipes... chaque vainqueur en reçoit une copie plaqué or, qu'il peut conserver.
Cette "coupe", créée en 1974, ressemble à une sorte de lingot d'or boursouflé... Image pleine d'orgueil et de démesure ! Voilà un objet qui consacre le triomphe du mauvais goût !
On vit bien dans un monde où le brillant, le clinquant s'imposent : cette coupe ne fait pas exception à la règle : elle doit se voir de loin, elle doit donner une impression de richesse.
Si l'éclat de la couleur domine, la forme de l'objet, elle, ne brille ni par la distinction, ni par la sobriété : la terre est représentée au sommet, comme si le football avait pour but de conquérir le monde...
L'objet ne vise qu'à attirer l'attention, à concentrer les regards. Cette coupe n'est même pas une vraie coupe, et elle correspond, parfaitement, à tout le battage médiatique qui entoure cette manifestation sportive.
C'est une coupe en trompe l'oeil, un symbole de la richesse, de l'argent-roi qui l'emporte sur tout, une coupe qui rapporte des sommes colossales à des sponsors, à des profiteurs sans vergogne...
Voilà un objet informe, sans relief, sans grande originalité, une coupe du conformisme triomphant, une coupe qui réunit des millions de spectateurs dans une ferveur sans limites, parfois....
Objet de vénération, d'admiration, d'enthousiasme, la coupe du monde mobilise tous les esprits : on a gagné ! On a perdu !
Avec cette fausse coupe, le clinquant est à l'honneur, l'or devient une image triomphale, l'or semble être glorifié, magnifié, comme s'il ne l'était pas assez ,dans le monde moderne.
L'or devient l'essentiel, une sorte de but à atteindre : c'est bien, là, une des représentations de nos sociétés, basées sur la possession, la consommation, l'avoir.
Cet objet cristallise, en lui, l'essence de notre monde, un monde fait de clinquant : une image superficielle, où manque une véritable transcendance, une image factice, à travers laquelle on nous fait croire que le sport doit être lié à la richesse...
Certes, les sportifs méritent d'être récompensés pour leurs efforts, leur courage... Mais, on aimerait plus de simplicité et de modestie dans ce trophée.
Certains pourront dire que "la coupe"n'est pas l'essentiel, mais c'est, pourtant, un symbole, ce devrait être une façon d'évoquer les véritables valeurs du sport.
Si on le met en scène sous la forme d'un lingot d' or, on perçoit ce que le sport est devenu : une affaire d'argent, une entreprise commerciale, à l'échelle planétaire.
Le sport est d'abord une distraction, un amusement qui permet de se dépasser... Avec ce trophée, il est, encore, présenté comme une machine commerciale douteuse et clinquante !