Nous gardons tous des souvenirs des lieux de notre enfance : maison d'autrefois, cuisine, chambre, terrasse...
La terrasse, en particulier, est un lieu de découvertes : ouverte sur l'extérieur, elle permet de s'aérer, de goûter l'air du temps, de jouer.
La terrasse de notre enfance était une cour rectangulaire, assez pauvre et dénudée, cernée, d'un côté, par un mur gris, couvert de dessins à la craie, de l'autre, par un grillage.
Une table en bois, éraflée, avec des abattants, se dressait près du mur, garnie d' un seau et d' un vieux pot de fleurs.
Au fond, la porte d'entrée de la maison, mi-bois, mi-vitrage, un rideau de lanières en plastique aux couleurs bariolées, un vieux mur lézardé.
Près de la porte, était disposée une caisse à jouets, sorte de caisson en bois où l'on rangeait des objets divers...
Calés sur le bord, dans un coin, on pouvait voir des rames, un salabre, un parasol... Près de la table une chaise longue en tissu rayé.
Aucun luxe, un certain dépouillement dans le décor, une terrasse d'autrefois animée par nos petits jeux d'enfants : la marelle, le hula hoop ou le cerceau, le diabolo, la corde à sauter, des balles, des billes.
Ma grande soeur excellait à lancer le diabolo, et à le rattraper, avec habileté, sur le fil en nylon... J'essayais, pour ma part, de faire tourner le hula hoop, autour de ma taille et j'ai dû acquérir, à ce jeu, une certaine souplesse.
Des chats peuplaient aussi la terrasse et faisaient toute notre joie : chat tigré, chat grisé et blanc, chat noir.
Petits, ils égayaient la terrasse de leurs jeux, de leur mines, de leurs découvertes...
Des chats aux minois inoubliables, charmeurs, tantôt attentifs, tantôt rieurs.
La terrasse permettait de prendre le frais, le soir, aux beaux jours, de goûter à la clarté de la lune, de paresser au soleil pendant l'été...
La terrasse nous offrait un havre de paix, à l'abri des regards extérieurs : même pauvre, c'était un luxe !
On pouvait y faire la lessive en été, étendre du linge : ma mère sortait sa vieille machine à essorer, avec un rouleau où l'on passait le linge.
On pouvait, à loisir, toucher l'eau et savourer le bonheur des lessives d'autrefois, en plein air...
En été, mes parents installaient une bassine assez grande pour que nous puissions barboter et clapoter dans l'eau.
On pouvait s'asseoir sur le pas de la porte, deviser, observer la rue et ses passants.
La terrasse n'était pas un jardin fleuri, verdoyant, c'était, pourtant, une sorte de luxe !
La terrasse nous donnait une impression de liberté, d'ouverture, elle nous offrait un cadre extérieur : on y sentait les odeurs marines qui nous parvenaient du petit port de l'Estaque, on y percevait les bruits de la mer...
On y ressentait l'air ambré des flots de la Méditerranée toute proche...