"Mieux vaut tard que jamais", pourra-t-on dire de cette grâce présidentielle qui permet, enfin, à Jacqueline Sauvage de sortir de prison.
Après une grâce partielle, rejetée par les juges, François Hollande a accordé une grâce totale à cette femme, victime pendant des années de violences conjugales, elle qui avait tué son mari, afin de se libérer de son emprise.
Rappelons les faits : le 10 septembre 2012, Jacqueline Sauvage avait tué son mari de trois coups de fusil dans le dos, à leur domicile près de Montargis, dans le Loiret. L'homme lui faisait vivre un enfer depuis 47 ans : coups, abus sexuels, sur elle mais aussi sur ses filles. La veille du meurtre, le fils, battu par son père, s'était suicidé par pendaison.
Face à de telles ignominies, quel pouvait donc être le recours de cette femme ?
La condamnation qui lui avait été infligée, 10 ans de prison était une injustice totale.
Une femme battue, insultée, pendant des années, ayant subi un tel calvaire, ne pouvait que se révolter contre son bourreau.
C'est un fait : les violences faites aux femmes sont, trop souvent, minimisées. Le verdict qui pesait sur Jacqueline Sauvage tendait à cautionner et justifier ces violences.
Ainsi, il a fallu une pétition, une mobilisation importante, pour que sa grâce soit enfin obtenue, des personnalités ont oeuvré pour sa libération : le 10 décembre, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées, place du Trocadéro, à Paris, pour réclamer la grâce totale de Jacqueline Sauvage, en présence de plusieurs personnalités comme les actrices Eva Darlan (présidente du comité de soutien), Anny Duperey et Danièle Evenou.
La détermination de ces soutiens a porté ses fruits.
La justice est souvent rigide dans ses institutions, et, en l'occurrence, elle s'est montrée particulièrement figée dans ses décisions.
On aurait aimé que la grâce accordée par François Hollande intervienne avant Noël, mais elle vient redonner de l'espoir à toute une famille meurtrie, juste avant les fêtes de fin d'année.
Symbole de toutes les violences que subissent les femmes, Jacqueline Sauvage a pu, enfin, sortir de prison : il lui reste un long parcours pour se reconstruire.
Elle mérite de retrouver un peu de calme et de sérénité, après toutes les souffrances qu'elle a vécues...
On aurait aimé que la justice lui épargne un nouveau calvaire, avec cette condamnation d'une sévérité injustifiée.
Les femmes battues sont, hélas, encore trop nombreuses dans notre pays : souvent, elles éprouvent de la honte, hésitent à en parler et restent murées dans leur statut de victimes.
Le cas de Jacqueline Sauvage est particulièrement révélateur et caractéristique de cet enfer que vivent les femmes battues, dans le huis-clos de leur foyer.