"Alors que son téléphone portable vient d'être confisqué, un enfant menace son père avec un hachoir. La scène date de février 2023. Elle se passe en Chine...
"Rendez-moi mon téléphone !" hurle l'enfant...
Des enfants aux comportements extrêmes... Selon les autorités chinoises, c'est là le résultat d'une dépendance aux écrans, jeux vidéos et internet.
Pour le régime chinois, le monde numérique est une menace directe pour la santé de la jeunesse. Depuis 2008, c’est même une maladie mentale qui se soigne...
Dans la campagne, aux environs de Wuhan, une école, comme il en existe 400 dans le pays. L’ambiance est militaire pour la centaine d’élèves. Ici, les portables sont proscrits. Les pensionnaires sont tous d’anciens accros à internet.
"Là ce sont les dortoirs, on demande aux enfants de ranger leurs chaussures tous les jours et ils font leur lessive eux-mêmes..." explique un responsable.
Plus aucun contact avec les écrans n’est autorisé, ni les parents, pendant les trois premiers mois de traitement. Ordre et discipline...
"C'était difficile au début, mais on apprend avec le temps", témoigne un adolescent.
"Tu as mis combien de temps pour bien faire ton lit ?" demande un journaliste.
"Cela m'a pris trois mois."
Un autre adolescent, Zhang Jia Di, 16 ans, a intégré l’école il y a un an. "À l’époque, j’étais plus proche de mon téléphone que de ma famille. J’étais complètement dépendant, je communiquais très peu avec mes parents. On se disputait beaucoup. J'avais le sentiment que personne ne me comprenait", reconnaît-il.
Pour lutter contre la dépendance aux écrans, il y a ces établissements.
Mais, de façon préventive, le gouvernement chinois a également décidé de limiter à une heure par jour l’utilisation d’internet aux enfants de 8 à 16 ans, et c'est aux parents d'y veiller. Une mesure difficilement applicable, selon le directeur du pensionnat, car ce sont toujours des parents désemparés qui appellent à l'aide.
"Un jour, une maman m'a appelé au secours, elle ne savait même plus à quoi ressemblait son fils, elle ne l'avait pas vu depuis deux ans !"
Il s'enfermait dans sa chambre deux années durant à jouer à des jeux vidéos.
Quand il est arrivé à l'école, il lui a fallu un mois pour se remettre à parler, trois mois pour couper ses cheveux.
Comment est-il sorti de son obsession du jeu virtuel ?
Comme les autres, dans cet établissement privé à 10 000 euros les frais d'inscription : coupé des écrans, cours classiques, mais surtout suivi psychologique poussé pour tous les adolescents, au moins une heure par semaine et beaucoup d'exercices physiques plusieurs heures par jour.
La thérapie passe par les sports collectifs, par du travail dans les champs, le but étant de rétablir le contact avec la nature, d'apprendre à apprécier la vie.
Dans cette Chine hyperconnectée, 191 millions de mineurs utilisent internet, les autorités veulent toujours plus contrôler l'accès et la jeunesse avec tout un arsenal contre le numérique.
Mais en attendant, ce genre d'établissement de désintoxication au smartphone ne désemplit pas..."
De fait, cette tendance se généralise : nous sommes de plus en plus absorbés par les écrans, noyés dans une information constante, abreuvés d'images de toutes sortes... Ce qui se passe en Chine est en train d'advenir en France et ailleurs.
"Un Français passe désormais huit heures par jour devant un écran, en moyenne... quatre heures de télévision et quatre heures sur internet, hors temps de travail.", écrit Cyril Dion dans son Petit manuel de résistance contemporaine...
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