L'automne nous offre de magnifiques spectacles : des arbres empanachés de rousseurs et de lumières, des nuances chaleureuses... Le philosophe Henry D. Thoreau nous invite à observer cette nature automnale aux couleurs flamboyantes dans un de ses ouvrages intitulé Teintes d'automne.
Thoreau s'attache à décrire, avec une précision digne d'un peintre, les herbes, les arbres, l'érable rouge, l'orme, l'érable à sucre, le chêne écarlate...
Les couleurs, les métaphores, les comparaisons nous font percevoir une nature somptueuse.
Thoreau fait exploser sous nos yeux "un embrasement jaune, écarlate, cramoisi de toutes les couleurs."
Il dépeint les formes des arbres, des feuilles et, ce faisant, il nous invite à mieux contempler le spectacle de l'automne.
Thoreau s'émerveille, notamment, de ces juxtapositions de couleurs propres à l'automne : le vert des pins qui rehausse les teintes flamboyantes des arbres.
Grâce à l'automne, la nature nous entraîne dans une véritable fête des couleurs, un festival varié, changeant, au fil de la saison...
Les "splendeurs automnales" inspirent à Thoreau des descriptions incandescentes : on voit des "camaïeux de jaunes et de rouges", "le jaune du chrome chaud des peupliers, des airelles d'un rouge intense..." "des arbres écarlates en plein embrasement, des teintes cuivrées..."
On est sensible à la poésie de ces évocations : des images surgissent : " les futailles diffusent un éclat pareil à la pourpre du couchant..." Les frondaisons deviennent "des nuages jaunes et écarlates, volutes, après volutes"...
Voilà qu'un "arbre tout entier ressemble à un beau fruit mûr débordant de jus savoureux..."
Les descriptions de Thoreau font, ainsi, appel à tous les sens : la vue avec le chatoiement des couleurs, le toucher, le goût, l'ouie, avec le léger bruit des feuilles qui tombent, ou celles qui déjà à terre, "bruissent sous les pas"...
Thoreau perçoit même dans la nature automnale des leçons philosophiques : décrivant la chute des feuilles "résignées à se laisser décomposer au pied de l'arbre, afin de fournir la nourriture à de nouvelles générations de leur espèce", il affirme : "Elles nous apprennent à mourir."
L'ensemble de cet ouvrage très bref oscille entre science et poésie : Thoreau s'intéresse à l'ordinaire, il cherche à éduquer le regard des lecteurs.
Il parvient à poétiser ce qui nous est proche, de simples arbres, des paysages...
Photos : rosemar