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14 février 2018 3 14 /02 /février /2018 09:45
Quand on n'a que l'amour pour unique chanson...

 

 

L'amour a inspiré tant de poèmes et de chansons : on garde en mémoire des textes de Brel, Brassens, Cabrel, Souchon...

Et puis on ne peut oublier cette mélodie chantée par Jacques Brel : Quand on n'a que l'amour...

 

Le poème est ponctué par cette simple subordonnée de temps, répétée en début de strophe, qui fait de ce texte un magnifique hymne à l'amour.

L'amour est associé d'emblée à la notion de "partage" et d'offrande.

Il est présenté comme un "grand voyage", une expression qui suggère des découvertes, une aventure, un dépaysement, une ouverture.

 

Dans la deuxième strophe, le poète s'adresse directement à son amoureuse, désignée par les mots "mon amour"... et les deux amants sont réunis dans ce vers : "Mon amour toi et moi..."

Et bien sûr, l'amour se mue en un éclatement de bonheur et de joie, le verbe "éclater" restituant tout l'enthousiasme de la passion.

L'amour devient une sorte de profession de foi et de ferveur, ce que montre l'emploi du verbe "croire", associé à l'adverbe "toujours" qui souligne un absolu.

"Quand on n'a que l'amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d'y croire toujours."

 

L'amour a aussi cette vertu d'embellir le monde, de le magnifier, ce que révèlent bien les termes positifs et élogieux :"merveilles, soleil" qui sont mis en valeur, à la rime. Il a le pouvoir de transformer la réalité la plus ordinaire.

Il peut "meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs..."

L'amour peut aussi emplir une vie et devenir "unique raison, unique chanson
Et unique secours..."La répétition insistante, le rythme ternaire viennent souligner l'exaltation du poète.

 

Mais la suite du texte nous montre aussi que l'amour ne se réduit pas à la séduction d'une rencontre, il est une attitude envers le monde, une attention portée sur la misère, le malheur des autres.

Des images surgissent qui suggèrent une volonté de secourir les plus humbles :  "habiller matin
Pauvres et malandrins
De manteaux de velours..."

Des gestes pleins d'humanité sont ainsi évoqués...

 

L'amour devient aussi "prière" pour les "maux de la terre".... des prières offertes par un "simple troubadour", image du poète lui-même.

L'amour peut être une éclaircie pour ceux qui luttent, une réponse à la violence de la guerre symbolisée par des canons et des tambours.

Il est associé à "une chanson", expression littéraire et musicale, un genre populaire accessible à tous. 

"Quand on n'a que l'amour
Pour parler aux canons
Et rien qu'une chanson
Pour convaincre un tambour..."

La dernière strophe évoque tous les pouvoirs de l'amour par une image : "Nous aurons dans nos mains
Amis, le monde entier".

Il permet de réunir et de rassembler les hommes, il est un condensé de l'humanité.

La dernière apostrophe du texte "Amis" au pluriel permet d'élargir les perspectives : l'amour est multiple et le poète s'adresse ainsi à chacun d'entre nous...

 

La mélodie douce au début s'amplifie au fil de la chanson et gagne en puissance, comme pour évoquer tous les pouvoirs et tous les sortilèges de l'amour...

 

 

 

 

 

 

 

Photo : rosemar

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24 février 2017 5 24 /02 /février /2017 14:58
Le plat pays qui est le mien...

 


 

Comment dire la mélancolie, la beauté de sa terre natale ? Comment exprimer en même temps l'âpreté, la rudesse et le charme infini de ces paysages du Nord, chers à Jacques Brel ?

 

C'est un pays, délimité par la mer du Nord, dont Brel nous fait voir l'espace infini, à travers la répétition de ce mot "vague", tantôt nom commun, tantôt adjectif, un jeu sur le sens qui restitue l'immensité des paysages marins...

 

Tout semble, ainsi, se confondre, et se réunir... la mer, la terre, les dunes...

 

On perçoit "la mer, les dunes, quelques vagues rochers, les marées", tous les éléments qui composent ces terres du Nord : la Belgique.

Grâce à l'énumération, le poète restitue une monotonie, une harmonie.

 

Le paysage personnifié prend vie sous nos yeux : "les rochers ont à jamais le coeur à marée basse"... une façon d'évoquer la mélancolie de ces lieux, peuplés de "brumes" infinies...

 

Un pays balayé par le vent d'est que le poète nous invite à "écouter", avec cet impératif : "Ecoutez-le tenir..."

 

Le verbe "tenir" suggère une résistance, une volonté de vivre, une force.

 

L'emploi de la préposition "avec" tout au long du texte, fait du poète un peintre qui compose son tableau sous nos yeux...

 

La strophe suivante nous fait découvrir les cathédrales du Nord, avec leurs "noirs clochers" définis comme "d'uniques montagnes", belle image teintée de tristesse, avec l'évocation de la couleur noire des campaniles, seuls "mats de cocagne", dans ces paysages. Les seuls reliefs de ce pays sont des constructions humaines.

 

Et les "diables en pierre qui décrochent les nuages" semblent déverser sur ces terres une mélancolie qui n'en finit pas....

 

"Le fil des jours" qui devient sous la plume du poète, "l'unique voyage" restitue aussi l'uniformité des paysages du Nord, et "les chemins de pluie" se métamorphosent en "unique bonsoir"...

 

Les nombreux pluriels qui ponctuent le texte, renforcent, encore, cette impression d'uniformité.

 

Et le poète ajoute "le vent de l'ouest" à ces paysages, expression d'une volonté : "Ecoutez-le vouloir"... une façon de personnifier cette terre et d'en montrer toute la force.

 

L'évocation du "ciel", dans la strophe suivante, les répétitions du mot soulignent l'omniprésence du ciel dans ces terres du Nord : un ciel si bas que tout se confond, un "canal se perd", puis "se pend", symbole de tristesse.

 

Ce ciel associé à l'humilité devient une image de simplicité et on perçoit toute la tendresse du poète qui affirme : "Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner."

 

La violence, la dureté de ce pays s'expriment encore avec le "vent du Nord" qui vient "s'écarteler", un terme très fort qui semble traduire une torture. Les sonorités de gutturales soulignent cette virulence :

"Avec le vent du nord qui vient s'écarteler, 
Avec le vent du nord écoutez le craquer..."

 

Pourtant la dernière strophe, avec l'évocation de l'été, voit le triomphe de la vie, du bonheur : ce n'est plus l'uniformité qui domine mais une réunion d'éléments divers, "l'Italie qui descendrait l'Escaut, "Frida la blonde" qui devient "Margot"...

 

La gaieté prédomine, grâce à cette union du nord et du sud, grâce aux marins désignés par l'expression "les fils de novembre" qui reviennent enfin.

 

La chaleur est de retour dans les coeurs et dans les paysages : on voit "la plaine fumante qui tremble sous juillet".

Le vent du sud apporte le rire et la joie...

 

Chaque strophe s'achève sur cette expression "le plat pays qui est le mien...", ces mots simples traduisent l'attachement du poète, grâce à l'emploi du pronom possessif qui marque une appartenance très forte...

La mélodie très douce restitue émotion, sensibilité, tendresse.

 

 

 

http://www.paroles.net/jacques-brel/paroles-le-plat-pays

 

 

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28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 14:49
Et la neige sur Liège, pour neiger, met des gants...

 

 


Comment restituer le mouvement léger et doux de la neige ? Comment évoquer toute la mélancolie, la beauté et l'élégance de la neige ? Jacques Brel nous fait voir et ressentir ce lent tourbillonnement, dans une de ses chansons, Il neige sur Liège...

 

Les sonorités de chuintante "g" réitérée ainsi que la répétition de la voyelle "é" traduisent cette délicatesse, cette harmonie, ce ballet incessant des flocons.

 

La neige personnifiée "met des gants", devient une entité, l'image d'une jolie femme qui revêt une parure...

 

Et la Meuse devient "croissant noir" sur le "front d'un clown blanc"... le poète dessine des images nouvelles suscitées par la neige, nous en faisant percevoir toute la beauté dans le jeu des contrastes.

 

Le poète nous fait aussi entendre l'effacement des bruits sous la neige... Il parvient, ainsi, à nous faire ressentir une atmosphère, la présence de la neige...

"Il est brisé le cri 
Des heures et des oiseaux
Des enfants à cerceaux
Et du noir et du gris..."

 

Il mêle d'ailleurs, dans cette évocation, la sensation auditive et la sensation visuelle : tout s'estompe sous les flocons : les sons, mais aussi, toutes les couleurs sombres de la ville de Liège...

 

Ainsi, la neige semble apaiser les douleurs symbolisées par le mot "cri", par les couleurs "noir et gris".

 

Le fleuve lui-même traverse la ville "sans bruit", comme si son cheminement était soudain interrompu, tout paraît s'arrêter sous la neige..

 

Le poète joue habilement de la paronymie des mots "neige, Liège", qui riment et se ressemblent : la répétition de ces mots semble mimer la chute tourbillonnante des flocons...

 

Dans ce paysage, tout se confond, le ciel, la terre... Et cette confusion est marquée par une incertitude : "on ne sait plus..."

"Et tant tourne la neige entre le ciel et Liège
Qu'on ne sait plus s'il neige s'il neige sur Liège
Ou si c'est Liège qui neige vers le ciel"...

 

La neige qui unit le ciel et la terre est ensuite associée à l'union des amants débutants que la neige "marie"... une nouvelle harmonie qui apparaît dans cette évocation.

 

Dans la dernière phrase, l'emploi de l'adjectif possessif  de la première personne," il neige sur mes rêves", nous montre le poète isolé, à l'inverse de ces amants unis par la neige... Le moment "ce soir" évoque bien, aussi, la solitude associée souvent à la tombée du jour...

 

Les rêves semblent inaboutis, et on perçoit une sorte de blessure dans ces mots : " sur Liège Que le fleuve transperce sans bruit..."

 

La mélodie monotone traduit bien toute la mélancolie des paysages transformés par la neige...

 

https://youtu.be/dCX9n8jJiMc

 

 

 

 

 

 

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