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5 mars 2016 6 05 /03 /mars /2016 13:53
Les couchers de soleil ont souvent inspiré les poètes romantiques...

 

 

 

Les couchers de soleil ont souvent inspiré les auteurs romantiques : symbole de déclin, de mélancolie, cette thématique est récurrente dans de nombreux poèmes du dix neuvième siècle.

Victor Hugo, dans un texte intitulé Rêverie, extrait du recueil Les Orientales, nous fait partager un de ces instants où le soleil bascule et s'évanouit,  un moment où le rêve remplace la réalité, où l'on imagine des paysages différents, sources d'évasion et de mystères. L'orientalisme très présent dans ce poème est une ouverture vers le monde de l'imagination et du rêve...

Hugo nous fait percevoir toute la beauté de ce soleil couchant, et c'est l'occasion d'un appel à une inspiration nouvelle, différente, un rêve d'une ville orientale aux teintes d'or...

 

 

Le poème s'ouvre sur deux exclamations pleines de vie, par lesquelles le poète semble réclamer une solitude propice à la rêverie : "Oh ! Laissez-moi !" L'évocation qui suit nous montre toute la beauté du spectacle observé par Victor Hugo : un coucher de soleil où les couleurs se mêlent, en une harmonie de jaunes et de rouges :"l'astre géant rougit, le grand bois jaunissant dore... la colline... le soleil et la pluie ont rouillé la forêt".

 

Ces couleurs sont estompées et comme auréolées par un "cercle de brume", ce qui permet d'embellir, un peu plus, la toile.

La vision est colorée et grandiose, comme le suggèrent les adjectifs, dans les expressions : "l'astre géant, le grand bois".

 

La nature s'anime, grâce au procédé de personnification : les éléments du paysage sont sujets de verbe d'action et semblent, ainsi, participer à la composition du tableau...

 

La saison, l'automne, accentue encore l'impression mélancolique de ce coucher de soleil finissant, et le paysage devient le reflet de l'état d'âme du poète, empli de mélancolie : on sent une aspiration vers un autre monde rêvé, idéal.

 

Le rêve se développe, dans la deuxième strophe avec ces questions :"qui fera surgir, qui fera naître..." Et c'est un rêve d'Orient qui voit le jour, avec l'évocation flamboyante "d'une ville mauresque", entourée d'éclats : comparée à "une fusée" portant des flèches d'or, elle pourrait éclairer l'avenir du poète et transpercer le brouillard environnant.

 

L'obscurité du soir qui tombe s'oppose à la clarté éblouissante de cette ville surgie de l'imagination de l'écrivain... "L'ombre du corridor" contraste avec cette vision éclatante et dorée...

 

Mêlant des sonorités emplies de force à des sons pleins de douceur, le poète suggère, à la fois, la beauté éclatante de cette ville et l'apaisement que procure cette vision nouvelle : gutturale "r" et "c" alternent avec sifflantes "s" et chuintantes "ch" dans ces trois vers : " 

"Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or !"

 

Cette ville entrevue dans un rêve pourra redonner une inspiration au poète, c'est du moins ce qu'il désire ardemment et ce que suggère l'emploi du subjonctif à valeur d'injonction et de souhait : "Qu'elle vienne, inspirer, ranimer... Mes chansons".

C'est bien un poète en mal d'inspiration qui s'exprime, ici, dans un texte lyrique, où l'on devine des sentiments de mélancolie : les chansons "rembrunies", comparées à "un ciel d'automne" nous parlent de cette tristesse.

 

Comme souvent dans la poésie romantique, le paysage devient le reflet de l'état d'âme de l'écrivain.

 

Le poète en appelle à cette rêverie pour lui insuffler une nouvelle façon d'écrire : il attend une vision emplie de rêve, d'espoir, de magie.

 

 Hugo nous laisse entrevoir tous les charmes de cette ville orientale : teintée de mystères avec ses "rumeurs étouffées", de richesses, avec "ses palais" aux "mille tours", empreinte de magie avec ses "fées", pleine de beauté, car elle se dessine "en dentelles" sur un horizon violet.

 

 

Hugo, dans ce poème, parvient à nous faire partager son rêve oriental : la dernière vision nous transporte dans un univers proche de celui des Mille et une nuits, fait de mystères et d'harmonie.

Solitude, mélancolie, magie et beauté de l'Orient... Hugo nous transmet, avec lyrisme, émotion et sensibilité, ses sentiments et ses rêves d'évasion...

 

 

Le poème :
 

 

Rêverie


Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume
Cache un front inégal sous un cercle de brume,
L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.
Le grand bois jaunissant dore seul la colline.
On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,
Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.


Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
Là-bas, - tandis que seul je rêve à la fenêtre
Et que l'ombre s'amasse au fond du corridor, -
Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or !


Qu'elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,
Mes chansons, comme un ciel d'automne r
embrunies,
Et jeter dans mes yeux son magique reflet,

Et longtemps, s'éteignant en rumeurs étouffées,
Avec les mille tours de ses palais de fées,
Brumeuse, denteler l'horizon violet !

 

 

 

 

 

Photos : rosemar

Les couchers de soleil ont souvent inspiré les poètes romantiques...
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19 décembre 2015 6 19 /12 /décembre /2015 10:53
Un étalage de Noël sulfureux... (Zola, Le ventre de Paris)

 



Dans son roman Le ventre de Paris, Zola dépeint le monde des Halles, son opulence, ses couleurs, ses bruits et ses clameurs : l'abondance de la nourriture montre le contentement des bourgeois qui peuvent se remplir le ventre, alors que les gens du peuple vivent, souvent, dans la misère.

Dans un extrait de ce roman, Claude Lantier, qui sera plus tard le peintre de L'Oeuvre, évoque une de ses "réalisations artistiques", quand il recompose l'étalage d'une charcuterie, pour les fêtes de Noël.

Ainsi, le peintre refait la devanture, comme s'il s'agissait d'une véritable oeuvre d'art,  il dénonce, à cette occasion, ce que l'on peut appeler "la goinfrerie" du réveillon de Noël, et montre que l'artiste est souvent un être à part, éloigné de la foule.

 

Voici le texte :

..." Voulez-vous que je vous dise quelle a été ma plus belle oeuvre, depuis que je travaille, celle dont le souvenir me satisfait le plus ? C'est toute une histoire... L'année dernière, la veille de la Noël, comme je me trouvais chez ma tante Lisa, le garçon de la charcuterie, Auguste, cet idiot, vous savez, était en train de faire l'étalage. Ah ! le misérable ! Il me poussa à bout par la façon molle dont il composait son ensemble. Je le priai de s'ôter de là, en lui disant que j'allais lui peindre ça, un peu proprement. Vous comprenez, j'avais tous les tons vigoureux, le rouge des langues fourrées, le jaune des jambonneaux, le bleu des rognures de papier, le rose des pièces entamées, le vert des feuilles de bruyère, surtout le noir des boudins, un noir superbe que je n'ai jamais pu retrouver sur ma palette. Naturellement, la crépine, les saucisses, les andouilles, les pieds de cochon panés, me donnaient des gris d'une grande finesse. Alors je fis une véritable oeuvre d'art. Je pris les plats, les assiettes, les terrines, les bocaux ; je posai les tons, je dressai une nature morte étonnante, où éclataient des pétards de couleur, soutenus par des gammes savantes. Les langues rouges s'allongeaient avec des gourmandises de flamme, et les boudins noirs, dans le chant clair des saucisses, mettaient les ténèbres d'une indigestion formidable. J'avais peint, n'est-ce pas ? la gloutonnerie du réveillon, l'heure de minuit donnée à la mangeaille, la goinfrerie des estomacs vidés par les cantiques. En haut, une grande dinde montrait sa poitrine blanche, marbrée, sous la peau, des taches noires des truffes. C'était barbare et superbe, quelque chose comme un ventre aperçu dans une gloire, mais avec une cruauté de touche, un emportement de raillerie tels que la foule s'attroupa devant la vitrine, inquiétée par cet étalage qui flambait si rudement... Quand ma tante Lisa revint de la cuisine, elle eut peur, s'imaginant que j'avais mis le feu aux graisses de la boutique. La dinde, surtout, lui parut si indécente qu'elle me flanqua à la porte, pendant qu'Auguste rétablissait les choses, étalant sa bêtise. Jamais ces brutes ne comprendront le langage d'une tache rouge mise à côté d'une tache grise... N'importe, c'est mon chef-d'oeuvre. Je n'ai jamais rien fait de mieux."


On perçoit toute l'actualité de cet extrait : les fêtes de Noël arrivent et on voit les magasins se remplir de victuailles, alors que certains ont des difficultés à survivre, dans un monde où règnent précarité et chômage.

L'étalage devient, d'abord, sous la main du peintre, une véritable oeuvre d'art...

Le vocabulaire pictural est particulièrement présent : "oeuvre, couleurs, nature morte, j'avais peint, peindre, tons vigoureux".

La composition du tableau permet de juxtaposer des couleurs vives et contrastées qui attirent tous les regards : "rouge, jaune, bleu, rose, vert, noir, gris". On peut percevoir des nuances d'une même teinte : "rouge et rose, noir et gris". On pense, ici, à la technique des peintres impressionnistes, faisant appel à à des touches de couleurs vives ou nuancées. Le tableau met en vedette "une grande dinde" qui apparaît au sommet de l'oeuvre.

Le peintre est lui-même satisfait de son tableau, comme le montrent les termes hyperboliques  :"ma plus belle oeuvre, c'est mon chef d'oeuvre, je n'ai jamais rien fait de mieux".

Mais l'oeuvre d'art comporte, surtout, une fonction dénonciatrice car elle délivre un message...

L'artiste fustige la "gloutonnerie" du réveillon : les mots énumérés au pluriel montrent l'abondance démesurée de la nourriture : "langues, jambonneaux, pièces, boudins, saucisses, andouilles, pieds de cochons.."

De plus, Lantier se livre à une satire acerbe de la société et de la religion : la fête religieuse de Noël se réduit à la représentation d'une consommation frénétique, le champ lexical de la nouriture est amplement développé, la dinde elle même, au centre du tableau devient une parodie des images traditonnelles des saints : la dinde est entourée comme d'une auréole, une "gloire", dans le texte...

Par des rapprochements de mots audacieux, Zola montre que la religion n'est qu'un prétexte à faire ripaille : le corps et l'esprit sont réunis dans certaines expressions : "heure de minuit donnée à la mangeaille", "goinfrerie des estomacs vidés par les cantiques", "ventre aperçu dans une gloire".

Les termes employés sont fortement péjoratifs :"mangeaille, goinfrerie"...

Enfin, la thématique du "feu" rend ce tableau particulièrement sulfureux : "cet étalage qui flambait, j'avais mis le feu..." On songe aux flammes de l'enfer où officie le diable...

Les objets semblent s'animer dans la devanture, comme pour suggérer le péché, la tentation : "Les langues rouges s'allongeaient avec des gourmandises de flamme, et les boudins noirs, dans le chant clair des saucisses, mettaient les ténèbres d'une indigestion formidable." La nourriture semble dominer les hommes, les attirer irrésistiblement.

La "dinde", elle même, qui montre "sa poitrine blanche" fait songer à des nus impudiques, peints par Manet.

Devant la force dénonciatrice de ce tableau, on perçoit l'inquiétude de la foule, et même la "peur" d'un des personnages, la tante du peintre, Lisa.

Les commentaires de Lantier sur le garçon boucher qui a composé l'étalage comportent des termes dévalorisants marquant l'incompréhension, la distance qui sépare l'artiste des gens ordinaires : "cet idiot, le misérable, la façon molle dont il composait son ensemble."

Ainsi, l'artiste apparaît comme un être isolé, éloigné de la foule, du commun des mortels : il dénonce, il fait peur, et révèle le monde...

 

Cet extrait fait songer à un tableau impressionniste : cet étalage "barbare et superbe", aux violents contrastes de couleurs, peut évoquer certaines peintures de Renoir ou de Cézanne.

On peut, aussi, constater toute la modernité de ce texte : la "goinfrerie" de Noël est de plus en plus grande, alors que cette fête religieuse célèbre, à l'origine, la naissance d'un enfant divin dans un cadre modeste et humble. 


 

 

 

 

Un étalage de Noël sulfureux... (Zola, Le ventre de Paris)
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16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 16:35
La méthode de l'explication d'un texte littéraire...

 

 

 

L'épreuve écrite anticipée de français du Baccalauréat se déroule, ce vendredi 19 juin : les candidats peuvent choisir, parmi les sujets proposés, le commentaire ou l'explication de textes, épreuve intéressante, à condition de bien connaître la méthode et de bien s'y préparer...

Expliquer un texte est un exercice parfois difficile pour les élèves, car ils n'en comprennent pas bien les enjeux : expliquer un texte, c'est, étymologiquement, "dérouler les plis" et les secrets d'un texte, donc éclairer le sens, en percevoir la signification profonde.

 


Pour ce faire, il est indispensable d'avoir une bonne maîtrise de la langue, de la grammaire, des figures de style, des différents procédés qui servent à renforcer le sens d'un texte, à lui donner du poids.

Comprendre et expliquer un texte passe par une lecture attentive et même plusieurs lectures...

Il est, d'abord, important de repérer le ou les thèmes essentiels traités par l'auteur. On peut commencer par regarder attentivement le vocabulaire, les différents champs lexicaux qui parsèment le texte.

Une analyse bien menée doit, aussi, passer par une bonne connaissance de la littérature, de ses différents genres : roman, théâtre, poésie, essai... il faut mettre en évidence le genre auquel appartient le texte, car chaque genre fait appel à des procédés distincts et spécifiques.

Il faut bien maîtriser le vocabulaire de chacun de ces genres, par exemple, pour le théâtre, les didascalies, le monologue, le dialogue, la tirade, les répliques, le procédé de stichomythie etc.

Il est utile, aussi, de préciser le type de texte : narratif, descriptif, informatif ou argumentatif, parfois ces types se combinent dans un même texte, mais on peut souvent repérer une fonction dominante.

Là encore, chaque type de texte a ses caractéristiques : la narration déroule une succession d'événements, des péripéties, la description fait souvent appel aux différentes sensations, la vue ( couleurs, formes, dimensions), l'ouie, l'odorat, le toucher et, moins souvent, le goût... L'argumentation développe des idées, une thèse, grâce à des arguments, des exemples dont il faut étudier la portée et l'efficacité, enfin le texte informatif donne des renseignements essentiels au lecteur : c'est le cas d'une première scène d'exposition au théâtre, par exemple.

Il est évident que l'auteur peut mêler, dans un même texte, narration et description, ou narration et argumentation, les différents types pouvant se combiner.

La "grammaire" du texte doit être analysée, avec précision : les temps des verbes et leurs différentes valeurs, les pronoms personnels utilisés, le singulier ou le pluriel qui dominent, l'emploi du pronom indéfini "on", etc.

Les verbes sont plus particulièrement porteurs de sens : temps, mode, voix doivent être observés avec attention. Ainsi, la voix passive récurrente permet de souligner la passivité d'un personnage, le mode impératif qui sert à donner des ordres montre une autorité, une envie de dominer, de triompher de l'autre.

Les différents temps des verbes et leurs valeurs permettent de décrypter le sens des textes : le présent peut être un présent de narration, ou de vérité générale ou de discours, l'imparfait marque la description, a une valeur itérative ou durative, à l'inverse le passé simple est utilisé pour l'enchaînement des actions dans un récit et indique une action ponctuelle, une instantanéité...

Il peut être intéressant de repérer les catégories de sens des verbes : verbes d'état, d'action, de mouvement, de perception, de déclaration.

La littérature ayant une fonction esthétique, il est essentiel de percevoir toutes les figures de style qui viennent embellir le texte, le rendre attrayant, agréable à lire...

Ces figures multiples et variées renforcent le sens, sont au service des idées : hyperboles, à valeur laudative ou dénonciatrice, périphrases, comparaisons, images, effets de sonorités ou encore énumérations, rythmes binaires ou ternaires à valeur d'insistance etc.

Le plan du texte est, parfois, habile ou original : dans ce cas, il est utile de mettre en évidence la structure de l'extrait à étudier.

Le vocabulaire lui-même est porteur de sens : mots élogieux ou péjoratifs, les niveaux de langue utilisés, familier, courant ou soutenu, enfin, la polysémie, les auteurs aimant parfois jouer de la pluralité de sens des mots.

Il faut regarder la forme des phrases : interrogatives et exclamatives permettent d'animer un texte, de le rendre plus vivant.

Le repérage du ou des registres d'un texte est, souvent, intéressant : le registre comique et ses différents procédés, le tragique et ses composantes, la fatalité, la terreur et la pitié, le pathétique qui vise à émouvoir, le texte ironique qui sert à dénoncer, le texte épique qui suscite l'effroi ou l'admiration, le fantastique qui provoque incertitude et peur.

Ainsi, on arrive à déterminer quel est le but de l'auteur : faire rire, émouvoir, provoquer la peur, éveiller la réflexion...

L'explication ou le commentaire doivent révéler les aspects les plus importants d'un texte, grâce à un plan qui peut mettre en évidence soit des thèmes essentiels, soit des registres ou encore la structure, ou la fonction du texte : informative, attractive, argumentative....

Cet exercice très formateur demande une certaine sensibilité littéraire, mais surtout une bonne maîtrise des outils de l'analyse littéraire qu'il faut mettre en oeuvre avec rigueur.


 

 

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