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7 avril 2023 5 07 /04 /avril /2023 11:58
Pour étudier un conte : Barbe Bleue de Charles Perrault...

 

Le conte est issu de la tradition populaire. Il est conforme à l'idéal classique du 17ème siècle : "Instruire et plaire", en latin "docere et placere". On y trouve un récit plaisant, animé, assez bref et une ou des morales. Le conte a donc, comme la fable, une valeur argumentative...

I Le texte a toutes les caractéristiques du conte : 


1° Un récit bref, avec enchaînement d'actions, des péripéties... on y trouve les caractéristiques du récit : alternance imparfait / passé simple...
Le récit est vivant avec des scènes très théâtrales : recours au dialogue, au discours direct avec tous les indices du discours : présent, première et deuxième personne, interrogations, impératif etc.


2° Une formule initiale : "il était une fois", ni le lieu, ni l'époque ne sont précisées : un univers mythique et lointain... ce qui donne au conte une valeur universelle.


3° Le conte fait intervenir le merveilleux : ici, la clé tachée de sang indélébile : la clé est "fée", les objets sont dotés d'une vie propre, ils sont ensorcelés...
Rappel : étymologie du mot "fée" : issu de "fatum", le destin, en latin, la fée étant celle qui prédit le destin... "fatum" signifie "ce qui a été dit d'avance".
Les fées ont de nombreux pouvoirs, par exemple, celui de se métamorphoser, de prendre des identités différentes...
Autre indice du merveilleux : Barbe bleue, une couleur impossible dans la réalité.


4° Des formules faciles à retenir : ici "Anne, ma soeur, Anne.."


5° Les personnages ne sont pas nommés : ce sont des stéréotypes, plus que des personnages réels...
Au début : "Il était une fois un homme"... avec l'article indéfini "un". Il est  ensuite désigné par une caractéristique physique "barbe bleue".
Les personnages sont évoqués à travers leurs liens de parenté : "deux filles, la cadette", la mère", ou leur classe sociale : "un homme riche"...
Les personnages sont des stéréotypes : certains représentent le bien, d'autres, le mal : on trouve une schématisation, un manichéisme : une opposition simpliste entre le bien et le mal.
Ici Barbe bleue : le méchant...


II Le récit est attractif : 
1° Un schéma simple : les personnages subissent une série d'épreuves qui forment une sorte d'apprentissage : exemple : le petit Poucet affronte l'abandon.
Ici, la femme de Barbe Bleue est confrontée à l'interdit, puis à la peur de la mort.
Les personnages bienveillants sont récompensés à l'issue de ces épreuves : dignes d'être aimés et heureux. A l'inverse, les méchants sont punis : la mort frappe Barbe Bleue.


2° Un personnage effrayant est mis en scène, ce qui crée un suspense, une émotion. Le personnage de Barbe Bleue est terrifiant et redoutable, son nom connote la peur, selon l'expression "une peur bleue".
Barbe Bleue apparaît comme une variante de l'ogre : il tend des pièges à l'épouse pour vérifier sa fidélité à la parole donnée.
Il est cruel, il a un rôle d'interdicteur, il menace sa femme...


3° Un crescendo dans l'émotion
-Début : mystère des femmes disparues : emploi de la négation répétée : "on ne savait pas"
-La curiosité de l'épouse soulignée par des adverbes d'intensité "si, tant".
-L'épouse qui découvre un spectacle macabre
-Le retour imprévu de Barbe Bleue
-La clé tachée, qu'on ne peut nettoyer
-L'époux impitoyable
-La soeur Anne qui guette un secours avec des formules répétées qui créent un suspense : "ANNE, ma soeur.."


4° Le thème de la curiosité au coeur de ce conte : l'épouse de Barbe Bleue est curieuse, et le lecteur, aussi : il a envie de connaître la suite de l'histoire. une sorte de mise en abime...
La peur qui la saisit, saisit aussi le lecteur, d'autant que la victime est fragile et sans défense...


III Le récit a une valeur morale et contient des messages plus ou moins explicites...

 
1° Il reflète la société du 17 ème siècle : l'homme qui domine dans le couple, il donne des ordres, comme le montre l'emploi d'impératifs... la femme doit obéir... une vision patriarcale.


On trouve souvent dans les contes une société hiérarchisée : des rois, des princes, des riches, des paysans, des humbles.


2° Les contes sont oeuvres de sagesse, avec des leçons diverses...
Quels sont les indices de la morale ?  -le présent de vérité générale,- les formules à valeur universelle : des adverbes « souvent, toujours », le pluriel « tous les jours, mille exemples », ou encore, l’emploi du pronom indéfini « on ».

Ici, deux morales explicites : la première centrée sur la curiosité, un défaut présenté comme typiquement féminin, on retrouve là des mythes anciens : Eve dans la bible, avide de curiosité, ou encore Pandore qui ouvre la fameuse boîte contenant tous les malheurs de l'humanité : ainsi la femme est souvent représentée, dans ces mythes, comme responsable du malheur des hommes : une certaine misogynie, donc...


La deuxième morale semble presque annuler le récit : les monstres n'existent plus, il ne faut pas craindre le mariage : l'épouse change de statut : c'est, de fait, elle qui domine souvent dans le couple : voilà une lecture plus légère et plus amusante... Expression amusante et familière, concernant le mari : « on le voit filer doux ».


3° des morales plus implicites : le récit nous montre les dangers de la curiosité, de la désobéissance, et de la transgression.
Mais le message est ambigu car la curiosité a aussi aidé la femme de Barbe Bleue à mieux connaître son mari, sa véritable nature.

 


Le récit peut nous montrer aussi le danger des apparences  : la femme se laisse séduire par la richesse, les divertissements, le fait qu'il a l'air d'être "un fort honnête homme". L 'honnête homme est au 17ème siècle, celui qui a toutes les qualités de sociabilité, de raison... ici, ce n'est qu'une apparence...

 

Conclusion : les contes ont une valeur morale,  le récit est plaisant, agréable à lire.
L’humour est parfois présent, avec des grossissements, des exagérations dans les caractères… 

 

Le texte :

 

http://clpav.fr/lecture-barbe.htm

     

Pour approfondir :


https://www.radiofrance.fr/franceculture/barbe-bleue-le-feminicide-dans-la-culture-populaire-4437280

 

 

https://webtv.univ-lille.fr/video/10216/de-quoi-nous-parle-le-conte-de-fees-l%E2%80%99exemple-de-barbe-bleue

 

 

Pour étudier un conte : Barbe Bleue de Charles Perrault...
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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 13:58
L'univers du conte : l'histoire de Yule...

 

Un spectacle qui met à l'honneur l'univers du conte : bien sûr, on y croise un loup, une mère-grand, Pégase, Peter Pan, etc.

On y trouve tous les ingrédients du conte : un héros confronté à des obstacles, des difficultés, des épreuves, à la peur... on y trouve du merveilleux, de l'étrange, un personnage malveillant...

Un spectacle dans un cadre somptueux : les Arènes de Nîmes...

On y fait la connaissance d'un héros : Yule... Mais d'où vient ce nom ?

 

"En Islande, la fête de Noël existait bien avant l'adoption du christianisme en l'an 1000. Elle portait le nom de Jol (ou Yule) et les vikings y célébraient le solstice d'hiver et l'inversion de la course du soleil augurant le rallongement des journées. La fête durait plusieurs jours remplis de ripailles, de beuverie, de danse, de jeux et de joutes sportives...

Avec l'arrivée de l'hiver, curieusement, on fête la renaissance du Dieu Soleil : les jours s’allongent de nouveau, grignotant la nuit de quelques minutes chaque jour…

Le solstice d’Hiver marque ce point de bascule où renaît l’espoir des jours meilleurs… Dehors le froid se fait plus mordant et la nature semble morte mais il n’en est rien ! Dans le sein de la Terre, à l’abri des regards comme dans le ventre de la mère, la magie de la vie opère !"

 

"Traditionnellement, en Écosse, les membres du clan partaient dans la forêt dans le but de trouver la plus grosse et la plus belle bûche ou souche, la bûche de Yule : il fallait qu’elle soit assez grande pour fournir chaleur et lumière pendant douze jours. La bûche était décorée avec des végétaux et elle était positionnée sur un tison prélevé sur la bûche de l’année précédente, qui servait à embraser la nouvelle bûche afin de symboliser la continuité de la vie et de la lumière. Le bois de Chêne était favorisé pour sa robustesse et sa densité, et parce qu’il a l’avantage de se consumer lentement. On versait une libation de cidre, de vin cuit, d’huile ou de bière avant d’allumer le feu nouveau. La soirée était alors rythmée par des chants, des contes, des devinettes. La bûche solsticiale recevait la plus grande attention, elle était bénie et lustrée avec un rameau de Buis et accompagnée par les souhaits pour l’année à venir. Les cendres de la bûche consumée, étaient répandues dans les champs et les jardins pour assurer des récoltes abondantes."

 

Laissons Yule nous raconter l'univers des contes :

Il était une fois, moi Yule : mes parents étaient très pauvres et par une froide nuit de Noël, ils m'envoient porter son repas à mère-grand... Ce soir-là, il y avait des milliers d'étoiles !

Au bout de quelques kilomètres, je suis perdu et épuisé..."Allez Pégase ! Emmène moi chez mère-grand !"

"Salut Peter Pan ! Oh doucement ! J'ai pas le permis, moi, Pégase !"

Puis Pégase s'évanouit soudain dans l'obscurité...

 

Yule se retrouve seul dans la forêt...

"Je n'aime pas cette forêt... Maman ! Le loup ! Maman ! Aidez-moi ! Oh ça suffit, il y en a marre d'avoir peur !"

Yule doit affronter le froid, le gel, puis la pluie, la peur...

 

"Oh ça sent le pain d'épices, la crème !" "J'ai une faim de loup !" Yule se met à dévorer le monument...

 

"Avec tout ça, j'ai failli oublier mère-grand..."

 

"Bonsoir mère-grand, ne bouge pas, j'ai tout apporté pour le repas."

On met alors la table...

"Mère-grand, vous allez vous régaler ce soir ! Mais...  mère-grand, vous avez de drôles de mains ! Haut les mains,  loup !"

 

"On est où, là ?" Yule se retrouve prisonnier... "Sésame, ouvre-toi ! non c'est pas ça ! Abracadabra ! Décroche-toi ! Ah non pas plus ! Ah je sais ! Arène, ouvre-toi !"

Et les murs du monument s'ouvrent comme par magie...

 

Le conte s'achève avec cette idée géniale de Yule :

"Et si j'inventais quelque chose ou quelqu'un qui fasse plaisir à tout le monde ?"

 

Et peu à peu, prend forme, sur l'édifice, l'image du Père Noël...

 

Voilà un joli spectacle qui contribue à la magie de Noël !

 

 

 

 

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29 mai 2019 3 29 /05 /mai /2019 09:04
Un conte celte : les trois chevaux de la princesse Rigantona...

 

 

Un barde qui ponctue son récit d'une lyre, de percussions, d'instruments de musique antiques, sistre, auloï, voilà de quoi nous faire voyager vers des temps anciens et nous faire rêver... Le récit met en scène une princesse celte, nommée Rigantona...

Le barde chante, accompagné de sa lyre, à la façon antique, il évoque la richesse et la puissance de la princesse...

"Sa plus grande richesse était ses trois chevaux blancs qui pouvaient galoper aussi vite que le vent !

A une trentaine de lieues de la citadelle de la princesse, quelque part plus au sud, vivait un vieil homme, il avait élevé ses trois neveux devenus orphelins.

Un soir, alors que le vieillard dormait déjà, les trois garçons se mirent à discuter : l'aîné prit la parole, il rêvait de quitter ses montagnes, et de parcourir le monde... "pour cela, il te faudrait les trois chevaux de la princesse Rigantona...", dit Rémos son frère... Aussitôt,  germa l'idée folle de voler les trois chevaux.

Le cadet évoqua alors la difficulté de l'entreprise. Mais l'aîné téméraire se dit prêt pour l'aventure.

 

Les voilà partis pour s'emparer des chevaux, ils descendirent dans la vallée, se mêlant aux marchands gaulois, grecs, étrusques, égyptiens...

Là, ils ont monté leur étal... A la fin de la journée, les trois frères avaient vendu une grande partie de leurs fourrures et avaient en mains une bourse bien remplie de potins gaulois, et de quelques drachmes grecs.

Le soir, comme des ombres, les trois neveux se sont faufilés dans la nuit entre les tentes des marchands, ils ont traversé à la nage la rivière Mosella, ils se sont retrouvés au pied des murailles de la citadelle.

Avec un crochet de fer et une corde, ils se sont hissés au dessus des parois de la citadelle, assommant une première sentinelle, ils sont descendus à l'intérieur de la cour.

 

Là, ils ont vu un grand bâtiment orné de têtes de chevaux, c'étaient les écuries de la princesse.

Ils ont poussé la porte et sont entrés... dans la pénombre, ils ont vu les trois chevaux de la princesse.

Ils étaient magnifiques ! On aurait dit comme des joyaux d'argent scintillant sous la lune...

"Regardez comme ils sont beaux !" dit l'aîné.

Mais l'alerte était donné"...

On assiste alors à la fuite effrénée des trois voleurs : récit haletant, ponctué du rythme d'un tambour.

 

Tout l'art du conteur est de nous faire vivre cette fuite éperdue : on perçoit l'angoisse, la précipitation, l'espoir d'échapper aux poursuivants.

Mais les trois fuyards sont finalement capturés et traduits devant la princesse Rigantona...

Les trois voleurs sauront-ils se tirer de ce mauvais pas ?

 

La suite du conte met en valeur la puissance et l'impact de la parole : le logos, "le caractère magique"du verbe dans les anciennes sociétés celtiques...

C'est par le verbe que les trois neveux pourront sortir vivants de cette aventure.

Belle leçon de ce conte qui célèbre les pouvoirs de la parole.

Belle mise en abîme, puisque le barde lui-même a su captiver l'attention du public venu nombreux pour l'écouter !

A lui tout seul, il a su mettre en scène différents personnages qu'il a fait vivre sous nos yeux...

Poésie, musique, action,  rythme haletant, le récit a captivé tous les spectateurs, petits et grands.

Ce spectacle se déroulait dans un cadre somptueux : les Jardins de la Fontaine, à Nîmes, devant l'antique temple de Diane.

 

 

 

Avec dans le rôle du barde : Pascal Minne

 

 

http://www.galliamusica.com/pages/spectacles/page-1.html

 

 

Photo : Pixabay,  vidéos : rosemar

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25 mai 2017 4 25 /05 /mai /2017 16:09
Albionix, le barde celte ou le pouvoir de la parole...

 

 

 

Des récits venus du passé, une évocation des dieux gaulois que nous connaissons si peu, la conquête romaine et ses conséquences, les druides et leur enseignement : Albionix, le barde celte fait revivre une civilisation, une mythologie magique, peuplée d'êtres mystérieux et étranges...

 

Tout l'art du récit est mis en oeuvre par le conteur : des rebondissements, des coups de théâtre, des histoires enchâssées, des personnages ordinaires qui rencontrent des êtres d'exception, des divinités aux noms exotiques, aux pouvoirs exceptionnels.

 

Albionix raconte son enfance, ses origines : né près du Mont Ventoux, il est choisi par les druides afin de devenir barde, son initiation dure 15 ans, et il part s'installer à Nemausus, près de la fontaine du Dieu...

 

Puis, il égrène des contes, où apparaissent successivement Epona, déesse des chevaux, et son poulain blessé, Eporétos, le chasseur valeureux qui poursuit un grand cerf blanc, en fait, le Dieu Cernunos, qui préside aux forêts et aux moissons, puis l'ingénieux dieu Lug, petit fils de Balor, le géant à l'oeil unique.

 

Des monstres surgissent : querelleurs, violents, prompts à la guerre, des êtres inhumains qui ne pensent qu'à la destruction et la mort.

 

L'histoire de Lug, fils d'un magicien, abandonné dans le courant d'un fleuve, sauvé par un pêcheur, nous emmène dans l'univers des contes merveilleux de notre enfance...

Sa mère, enfermée dans une tour, isolée du monde, seduite par le fils d'un magicien qui prend la forme d'un corbeau pour la rejoindre... tous les ingrédients sont réunis pour faire rêver l'auditoire.

On apprend comment Lug, le plus important des dieux gaulois donna son nom à la ville de Lugdunum...

 

Taranis, dieu du tonnerre et de l'orage, Teutatès, dieu des morts, surgissent, dans le récit du barde, des noms exotiques et lointains, aux sonorités étranges.

 

Et comment ne pas être séduits par le druide Bérénos qui veut révéler à ses disciples les secrets de sa connaissance ?

Comment ne pas être curieux de ses révélations ?

 

Puis, Ogmios, le dieu de la parole est évoqué...

Ogmios raconte ce combat qui a opposé deux peuples gaulois, par le passé... les guerriers sont prêts à s'affronter, dans une lutte fratricide.

Soudain, les guerriers entendent des chants, de la musique : ce sont les bardes des deux peuples qui s'approchent entre les deux armées... alors, les guerriers baissent leurs armes, ils baissent la tête, ils reculent et retournent dans leur cité, dans leur village... plus tard, ils négocient, parlent pour régler leurs querelles...

 

Tant est grand le pouvoir de la parole, celui de la musique, de la poésie...

Tant est grand le pouvoir du barde qui raconte le monde, les dieux et les hommes...

 

Dans ce spectacle, on savoure tout l'art du conteur qui parvient à faire revivre, sous nos yeux, différents personnages, les incarner, en mimer les expressions.

Le public subjugué écoute les paroles du vieux barde, s'imprègne de sa sagesse...

 

Fabien Bages qui joue le rôle du barde Albionix, tour à tour enjoué, émouvant, grognant, interprète toutes sortes de personnages, des dieux, des déesses, des hommes.

Il met en scène des caractères, et souligne l'importance de l'ingéniosité, de la générosité, du partage, de la poésie, des leçons de vie essentielles...

 


 

 

 

 

 

 

 

Photo et vidéos : rosemar

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3 août 2016 3 03 /08 /août /2016 12:03
Un conte fantastique à découvrir et à méditer : Le chevalier double...

 

 



Combattre ses propres démons, vaincre le mal que chacun peut avoir en soi, parvenir à faire triompher le bien, c'est, là, le thème de cette nouvelle fantastique, intitulée Le chevalier double, dont l'auteur est Théophile Gautier.


Nous sommes, tous, plus ou moins, soumis à une dualité, le bien, le mal, et nous avons tous eu la tentation du mal.

Dans ce conte de Théophile Gautier, une jeune châtelaine, prénommée Edwige, mariée au comte de Lodbrog, s'est laissé envoûter par un étranger "beau comme un ange", au sourire glaçant, un chanteur, accompagné d'un corbeau noir.

L'histoire se déroule dans un pays du Nord qui n'est pas nommé, comme le suggèrent les noms des personnages aux consonances scandinaves.

Venu se réfugier dans le château de la dame, par une nuit d'orages et de tempête, cet inconnu est double : un sourire d'ange et un regard terrifiant.

On retrouve au début de ce récit, de nombreux ingrédients du conte fantastique... le lieu : il s'agit d'un château, le moment : l'histoire se déroule la nuit. L'évocation de la tempête est particulièrement inquiétante : "Il faisait un terrible temps cette nuit-là : les tours tremblaient dans leur charpente, les girouettes piaulaient, le feu rampait dans la cheminée, et le vent frappait à la vitre comme un importun qui veut entrer."

Dans cette description, on perçoit, comme souvent, dans le registre fantastique, le procédé de personnification de certains éléments du décor, ce qui accroît le mystère et la peur.

Après le départ du mystérieux inconnu, la châtelaine donne naissance à un fils, prénommé Oluf... mais elle perçoit en lui, le "regard noir de l'étranger".

Un "mire", une sorte de médecin ou de mage est consulté : il déclare, aussitôt, que le petit "Oluf" a une étoile double, une verte, une rouge, une verte comme l'espérance, une rouge comme l'enfer..."

L'enfant grandit, tantôt "bon comme un ange", tantôt "méchant comme un diable".

Choisira-t-il le bien ou le mal ?

Quel sera son destin ? Qu'est-ce qui pourra le sauver du mal ?

Il devra combattre, de toutes ses forces, le mal qui est en lui, dans une lutte héroïque et féroce, il devra vaincre ses mauvais démons.

Ce combat est mis en scène, quand Oluf rencontre son double maléfique : un choc violent entre deux chevaliers, un choc dont l'issue semble incertaine...

Ainsi, chacun d'entre nous doit lutter contre des pulsions de haine, de jalousie, de rancoeur, chacun d'entre nous a une part d'ombre.

Ce récit fantastique a valeur de message : il nous montre toutes les difficultés de vaincre les forces du mal : le mensonge, l'hypocrisie, la méchanceté, le désir de soumettre, la violence.

Ne sommes-nous pas tous doubles ?

Il nous faut souvent affronter ces forces du mal, les vaincre, essayer de dépasser le désir de vengeance, la haine.

C'est ce qui fonde l'humanité : cette lutte passe par la réflexion, par l'effort, par des conflits internes qu'il nous faut résoudre et comment les résoudre ?

Comment affronter ses propres démons ?


Ce récit bref, fascinant, facile à lire, écrit dans un style original et vivant, nous entraîne dans un univers fantastique, tout en nous incitant à la réflexion : une lecture de vacances accessible à tous !






Le texte :

 

https://fr.wikisource.org/wiki/Romans_et_Contes_de_Th%C3%A9ophile_Gautier/Le_Chevalier_double

 

Un conte fantastique à découvrir et à méditer : Le chevalier double...
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25 mai 2016 3 25 /05 /mai /2016 12:26
Léo, le voleur de nuages...

 

 

 

 

Regarder les nuages ! En percevoir les nuances, les éclats dorés, les teintes variées, c'était, là, le bonheur de Léo : il passait des heures à observer la voûte céleste pour en capter toutes les formes, tous les embruns...

 

Des nuages ondoyants, vaporeux, d'autres compacts, aux contours lumineux, des nuages irisés de roses, des nuages traversés de rayons solaires, d'autres rougeoyants ou dorés... 

 

Léo rêvait de capturer les nuages : il commença par les photographier, en faire une collection d'images, et plus il collectionnait des images, plus il voulait les posséder.

 

Un jour, alors que Léo venait d'avoir 14 ans, il rencontra un magicien doté de pouvoirs extraordinaires... il espérait, ainsi, pouvoir réaliser son rêve : capturer les nuages, toucher du doigt leur douceur, percer leurs mystères...

 

Il demanda au mage s'il était possible de s'emparer de ce trésor qui paraissait inaccessible au commun des mortels.

 

Le magicien lui donna le moyen de réaliser son rêve, mais il le mit en garde : "l'être humain doit rester dans son rôle, il ne peut outrepasser ses droits"... capturer trois ou quatre nuages, c'était possible, mais pas plus...

Le mage confia à Léo une formule secrète pour attirer les nuages sur terre.

Une formule remplie d'échos sonores que Léo s'empressa de retenir....

 

Léo partit, alors, à la conquête des nuages : au soleil couchant, il s'empara d'un nuage doré, un des plus beaux nuages qu'il eût jamais vu, le nuage lui obéit, descendit sur le sol du jardin de Léo, mais aussitôt, il perdit ses couleurs de pourpre et d'or...

 

Léo était déçu : un nuage sans couleur, un nuage blanc grisé gisait à ses pieds et il avait perdu toute sa magnificence.

 

Le garçon voulut tenter une autre expérience : au petit matin, il aperçut des petits nuages d'un rose tendre, il décida de les accumuler dans son jardin.

 

Mais quelle ne fut pas sa déception, quand les nuages atterrirent sur le sol ! Ils étaient devenus gris et maussades, ils avaient perdu toutes leurs teintes adoucies par le soleil levant...

 

Pourtant, Léo ne se découragea pas : un jour de pluie, il vit un de ces nuages chargés d'averses, lourd, menaçant, il le fit descendre près de lui, mais, aussitôt, le nuage déversa un flot impétueux sur les fleurs du jardin qui périrent sous ce torrent d'eau.

 

Léo commença à douter : les nuages n'avaient apparemment pas leur place sur la terre, à même le sol... les nuages étaient faits pour régner dans le ciel, pour être caressés par les rayons du soleil, pour susciter la curiosité, le rêve et l'imagination des enfants...

 

Les nuages étaient merveilleux, justement parce qu'ils étaient inaccessibles et lointains...

 

Les nuages devaient rester à leur place, et les êtres humains ne devaient pas perturber l'ordre du monde et de la nature.

 

Léo comprit, alors, que la beauté des nuages leur venait de leur environnement, de leur place dans le ciel, du soleil qui les magnifiait...

 

Dès lors, Léo se contenta d'observer les nuages, de garder en mémoire leurs formes, leurs couleurs douces ou éclatantes.

 

Il continua à les admirer de loin, et il commença à les dessiner : il fit de somptueux tableaux, aux couleurs de nuages, il devint peintre des nuées et acquit une renommée si grande que tout le monde se mit à l'appeler : "Léo, le voleur de nuages..."

 

 

 

 

 

 

 

Léo, le voleur de nuages...
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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 15:59
L'incroyable destin de Bata l'Egyptien...

 

 

 

 

 

Le plaisir de raconter des histoires inspirées de l'antiquité égyptienne, le bonheur de dire, de faire vibrer les spectateurs, de les étonner, de les amuser... c'est tout ce que l'on trouve dans ce spectacle musical....

 

Un guitariste ponctue le récit de quelques interludes chantés, accompagné d'un joueur de triangle.

 

L'histoire nous emmène au bord du Nil, dans un monde lointain, où l'on retrouve tous les travers de l'humanité : jalousie, convoitise, mensonges, vengeances, haines...

 

Deux frères que tout réunit sont mis en scène, deux frères qui semblent vivre dans la plus parfaite harmonie : Bata et Anoup.

 

Mais l'épouse d'Anoup succombe aux charmes irrésistibles de Bata...

 

C'est le début d'un récit riche en rebondissements de toutes sortes qui nous conduisent au coeur des croyances égyptiennes : divinités qui interviennent dans le destin humain, mort, résurrections, réincarnations...

 

Le conteur montre une virtuosité étonnante, faisant vivre les personnages, maîtrisant parfaitement cette histoire aux mille replis et rebondissements...

 

Il jongle avec les multiples personnages, leur caractère, il se fond dans leur personnalité, parvient à maintenir l'intérêt et l'attention du spectateur, pendant plus d'une heure...

 

Le guitariste qui l'accompagne reprend certains motifs de l'histoire, avec entrain et vivacité.

 

L'émotion est au rendez-vous : on rit des jeux de mots du conteur qui mêle habilement les réalités modernes à ce conte d'un autre temps, on frémit devant les malheurs du héros, on s'apitoie devant ses mésaventures.

Le récit nous plonge dans l'histoire de l'Egypte antique, avec sa magie, ses divinités solaires, animales, ses croyances...

 

Des noms pleins de poésie : Sinouhé, Sobek, Minnéa, Râ, Hathor, Néfer, Osiris, Toth, Anubis....

On s'imprègne des croyances égyptiennes, avec l'évocation de l'au-delà, la pesée des destins, le sort réservé aux damnés de la terre...

On entrevoit aussi la morale de ce récit : un destin qui semble tracé d'avance n'est pas inéluctable.

 

L'espoir, le courage peuvent transformer le monde et changer le cours d'une vie.

 

L'histoire nous donne, ainsi, une leçon de vie : ne pas perdre espoir, faire face aux difficultés et aux multiples obstacles que l'on rencontre, persévérer dans les efforts, aller de l'avant, pour vaincre toutes ces embûches.

De plus, le récit met en scène la cruauté des puissants qui s'ennuient et se plaisent à torturer les plus humbles.

 

On admire tout le travail de mémorisation du comédien qui arrive à retenir les méandres d'une histoire si complexe...

 

L'évocation de l'Egypte moderne n'est pas oubliée : Le Caire, avec ses souks, les épices aux teintes dorées, la misère du peuple, le Nil, fleuve sacré...

 

 

 

 

Ce spectacle créé par la Compagnie du Capitaine est inspiré d'un récit antique : Le conte des deux frères...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Conte_des_deux_fr%C3%A8res

 

 

 

 

 

 

L'incroyable destin de Bata l'Egyptien...
L'incroyable destin de Bata l'Egyptien...
L'incroyable destin de Bata l'Egyptien...
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3 décembre 2015 4 03 /12 /décembre /2015 17:37
Un de ces miroirs était une psyché à l'antique...

 

 


Il est des pays où l'on peut croire encore en la magie, où règnent encore des croyances anciennes, où l'on peut être ébloui par des miroirs magiques...

Un de ces miroirs était une psyché à l'antique, avec son support de bois ouvragé, il avait une particularité étonnante, car il reflétait l'âme de ceux qui s'y contemplaient : à une belle âme, le miroir renvoyait un beau visage, empreint d'harmonie. A une âme pervertie, il était donné de voir un visage infâme, couvert de plaies et de bosses.

Ainsi, le miroir était comme le révélateur de l'âme de chacun : il parvenait à percer le mystère des âmes les plus sombres.

Un seigneur des environs, nommé Langolfe, passant par là, ayant entendu parler de ce trésor, voulut s'emparer du miroir, afin de percer les secrets de tous ceux qu'il côtoyait...

Il convoitait l'objet et décida de le voler, et comme le miroir n'était pas surveillé, il parvint facilement à le dérober.

Il fit, ensuite, défiler chacun de ses voisins et amis devant le miroir magique : il découvrit, ainsi, toute la noirceur humaine, la méchanceté, la bêtise, la veulerie de ceux qui l'entouraient.

Il fit, aussi, l'expérience de la bonté, de la délicatesse et de l'amabilité pleine de tendresse de certains.

Il eut bien des surprises, car de vils courtisans se cachaient sous des apparences trompeuses, et le miroir dévoilait leur duplicité : des visages déformés, hideux apparaissaient dans la lucarne de la psyché.

Par ailleurs, des gens qui lui avaient paru antipathiques et lointains révélaient des visages pleins de bonhommie et de charmes.

Ainsi, il tria le bon grain de l'ivraie, il n'accepta dans son cercle d'amis que les gens dont le miroir renvoyait une image sympathique et accueillante.

Il se fit bien des ennemis, car ceux qui avaient été écartés lui vouaient, dès lors, une haine farouche. Certains rêvaient, déjà, de lui dérober le miroir magique.

Le seigneur Langolfe prit des précautions infinies, afin de protéger son miroir d'une quelconque avidité. Il posta des gardes devant la chambre où était enfermé le miroir, il leur imposa de veiller sur ce trésor, pendant de longues nuits, il les menaçait de mort, si l'objet était dérobé.

Une nuit, une tentative d'effraction se produisit : un rôdeur essaya de pénétrer dans la chambre, il avait réussi à assommer un des gardes, tandis que l'autre s'était absenté pour un besoin pressant...

Mais, par miracle, le garde revint à son poste, pour faire fuir le voleur et empêcher le vol de l'objet précieux.

Quand il apprit cet incident, le seigneur Langolfe entra dans une colère noire contre ces gardes qui avaient presque failli à leur mission... Il décida, même, de les punir, l'un pour avoir été assommé si facilement et l'autre pour s'être absenté au mauvais moment.

Le châtiment fut terrible : des coups de fouet leur furent infligés, si violemment qu'ils en gardèrent des cicatrices pendant une année entière.

Mais le miroir avait fait son oeuvre : le seigneur Langolfe eut la malencontreuse idée de regarder son image dans le miroir : il y vit un monstre aux traits déformés, hideux, il y vit la colère, la méchanceté, la jalousie, la haine !

Pris à son propre piège, le seigneur Langolfe comprit, alors la leçon : il était allé trop loin dans son désir de possession du miroir, il s'était perdu lui-même, avait rêvé d'une sorte de pouvoir absolu que lui conférait cet objet...

Il revint, alors, à des moeurs plus pacifiques, il fit amende honorable, demanda pardon aux deux gardes et se jura de se montrer, dorénavant, plus humble dans son comportement.


 

Illustrations : Tableaux de Berthe Morisot et de Jacques Emile Blanche

 

 

 

Un de ces miroirs était une psyché à l'antique...
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31 octobre 2015 6 31 /10 /octobre /2015 14:29
Célébrons la citrouille !

 


Les citrouilles sont revenues ! Dans les rayons des magasins, elles tiennent une place de choix et imposent leurs formes volumineuses, leurs couleurs de rouilles, des arrondis superbes, des brillances orangées...

Les citrouilles sont de retour pour fêter le coeur de l'automne, elles se parent de teintes vives et étonnent tous les regards !

Associée à la fête de Samonios, aux origines celtes, la citrouille s'embellit de lumières, elle devient même lampe magique...

Ce mot nous fait entendre des sonorités lumineuses, sifflante initiale, emplie de douceur, dentale "t" éclatante, gutturale "r" qui restitue la dureté du fruit, palatale qui prolonge le son "ou" pour suggérer des couleurs rayonnantes...

La citrouille aux teintes de soleil, aux formes volumineuses est un fruit de contrastes étonnants : beauté des couleurs, ampleur et volume exorbitant des cucurbitacées...

Le mot venu du latin "citrium, le cédrat, le citron", par analogie de couleurs, est à la fois plein de charmes et de dérision.

" Tu n'as rien dans la citrouille, j'ai la tête comme une citrouille" ! On perçoit, à travers ces expressions toute l'ironie que peut contenir ce terme.

La "cucurbite" a de quoi séduire, mais elle peut aussi marquer une forme de moquerie.

Voilà encore un mot plein de saveurs, par ses sonorités redondantes, ses échos, ses consonnes variées, gutturales, labiale, dentale...


Les cucurbitacées sont multiples : coloquinte, concombre, courge, melon, pastèque, potiron.... Une variété de mots tous si expressifs !


La citrouille, aux formes généreuses, aux tranches bien marquées, est aussi, une plante volubile : elle nous parle des teintes de l'automne, elle nous raconte des légendes, des contes dans lesquels des citrouilles se transforment en carrosses, elle nous montre, à travers une fable, que la nature est souvent bien faite et qu'il vaut mieux l'accepter telle qu'elle est...

La citrouille nous parle, aussi, de traditions venues d'ailleurs : Halloween et ses peurs ancestrales, des fantômes, des sorcières, des monstres de la nuit, elle nous fait voir des feux de joie, elle évoque un temps où l'on communiquait avec l'autre monde, des démons, des dieux, le mois de Samonios qui va s'ouvrir....

Fêtons Samonios, célébrons les citrouilles !

Rendons hommage aux citrouilles, coloquintes, courges, potirons ! Ces beaux fruits de l'automne nous montrent toute la diversité de la nature, des merveilles de formes, de couleurs, des embruns étonnants d'éclats...


 

 

 

Une fable de La Fontaine : Le gland et la citrouille 

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/jean_de_la_fontaine/le_gland_et_la_citrouille.html

 

Le conte de Perrault : Cendrillon

 

https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_de_Perrault_(%C3%A9d._1902)/Cendrillon_ou_la_petite_Pantoufle_de_verre

 

 

Photos : Creative commons

En haut de l'article  auteur : Joe Mabel

Sous l'article   auteur : Juliancolto

Célébrons la citrouille !
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