ROSEMAR
La datte, rêves de soleils, de lumières, de pays du sud, aux déserts de sables ! La datte nous fait admirer, au coeur de l'hiver, des paysages exotiques et lointains, aux charmes orientaux... L'Egypte, ses oasis au bord du Nil, la Tunisie, ses caravansérails, ses marchés...
Des mosquées, des hérissements de minarets, des coupoles, des palais, des dunes, des barcanes, des oasis, du sable à perte de vue...
Fruit oblong aux couleurs d'ambre et de miel, la datte gorgée de soleil, de douceurs, de lumières, nous éblouit de ses teintes nuancées...
Sa texture moelleuse, ses éclats dorés et brillants ravissent tous les sens.
Le mot lui-même, très simple, avec ses deux dentales éclatantes "d" et "t" suscite la curiosité...
L'homonymie avec cet autre mot, "date" nous intrigue, aussi.
La datte, fruit du soleil semble reproduire les couleurs mêmes de l'astre du jour : elle est parfois mate, mais, aussi, brillante, comme brunie par le soleil !
Parcouru de vaguelettes, le fruit semble simuler des embruns de sillons sur les dunes...
L'intérieur fait rayonner des fibres plus claires, aux saveurs de lumières.
D'où vient ce mot, "datte" ? Quelle est son étymologie ? Curieusement, ce terme est issu directement du grec "dactylos", qui désigne le "doigt". C'est la forme allongée du fruit qui lui a donné son nom...
Cette origine est bien lointaine, d'autant que le mot a perdu sa forme initiale, et que la dernière syllabe s'est effacée.
On connaît d'autres dérivés plus facilement reconnaissables : "dactylographie, dactyle, ptérodactyle"...
La datte, doigt solaire, effilée, élancée suggère, encore, par ses stries, la surface de la peau.
Ce simple mot nous permet de remonter aux origines de notre langue : le grec... et l'on est étonné de découvrir le sens premier de ce terme.
La datte nous emmène, aussi, vers l'Orient, vers l'univers des Contes des mille et une nuits : elle nous raconte les douceurs orientales, un monde raffiné, lointain et mystérieux, un monde secret...
Celui des sultans et des califes, celui de Sindbad, le marin, celui de Shéhérazade.... Des villes orientales surgissent dans nos mémoires : Bagdad, Bassora, Babylone, noms aux sonorités étranges et remplies d'exotisme...
Symbole de fertilité, de prospérité, de bonheur, le palmier dattier est un arbre sacré dans la tradition orientale.
Selon cette tradition, il faut manger sept dattes, le matin, au petit déjeuner, pour profiter de tous les bienfaits de ce fruit divin...
La datte fait, aussi, partie des treize desserts provençaux de Noël : ce fruit venu d'Orient symbolise donc le partage, les dattes pourraient représenter les présents apportés par les rois mages à l'enfant Jésus...
Photos de dattes : creative commons en haut de l'article : auteur : Madhif
Sous l'article photo 1 auteur : Madhif photo 3 : Med Dhifallah
Autres : illustrations des Contes des Mille et une nuits
Le mot "papillote" évoque la fête de Noël : les enfants se voient offrir, en cette occasion, des papillotes, ces friandises entourées de papier brillant, aux éclats d'argent...
Les papillotes font miroiter leurs teintes vives, des étoiles lumineuses, des volutes et des dentelles...
Avec sa labiale"p" redoublée, sa dentale finale "t", ses éclats de voyelles variées, son suffixe de diminutif, ce mot fait rayonner des lumières...
Des rayons de rouges, de verts, de bleu, de jaune explosent, sous nos yeux...
Emerveillements des enfants, les papillotes sont une référence aux ailes chatoyantes des papillons.
Le papier découpé en petites lamelles offre des friselis dorés ou argentés, et entoure la friandise de ses reflets ondoyants.
Le mot "papillote" est issu de l'ancien français "papillot" qui désigne le petit papillon...
Le nom "papillon" pourrait, lui-même, provenir d'un verbe grec, "pallo", palpiter, agiter vivement, mouvoir légèrement et rapidement.
On voit aussitôt le vol léger du papillon, ses envolées palpitantes, ses couleurs d'ocre, de rouille...
Avec les papillotes, on entre dans une ambiance de fêtes, on est ébloui par des dorures, des brillances.
Traditionnellement, la papillote contient, aussi, une devinette, une blague, une citation amusante, parfois, un pétard.
La légende veut que les papillotes soient nées à Lyon à la fin du XVIIIe siècle, quand le jeune commis d'un confiseur eut l'idée, pour séduire une jeune fille, de lui envoyer des petits mots d'amour, enveloppés autour d'une confiserie.
Voilà une jolie légende qui fait de la papillote un message de tendresse, qui lui confère une part de séduction supplémentaire...
Enfants, nous avons tous rêvé de papillotes : les couleurs, la surprise du contenu, les papiers étincelants nous promettaient tous les bonheurs du monde !
Voilà un mot d'enfance qui nous rappelle des Noëls d'autrefois, qui éveille, en nous, des souvenirs colorés et brillants !
"Dans les galeries du Muséum, ils passèrent avec ébahissement, devant les quadrupèdes empaillés, avec plaisir devant les papillons, avec indifférence devant les métaux ; les fossiles les firent rêver, la conchyliologie les ennuya. Ils examinèrent les serres chaudes par les vitres, et frémirent en songeant que tous ces feuillages distillaient des poisons."
Dans cet extrait du roman de Flaubert, Bouvard et Pécuchet, les fossiles suscitent, plus particulièrement, l'intérêt des deux héros de l'histoire.
Comment ne pas être fasciné par ces restes très anciens d’organismes pétrifiés dans une roche sédimentaire ? Poissons, coquillages gravés dans la pierre, comme sculptés par la nature, les fossiles sont des merveilles qui attirent tous les regards.
Les couleurs rosées, pastels de ces pierres venues du fond des âges, les formes parfois incomplètes, incertaines, les brisures les transforment en objets précieux, rares.
Venu d'un verbe latin, "fodio", "creuser, fouir", le fossile est souvent enfoui dans la terre : il demande une recherche attentive et minutieuse...
Et chaque découverte est comme un émerveillement : on admire, alors, les formes, les enroulements, les stries, les volutes de ces galets qui ont porté la vie.
On devine des coquilles, des incrustations de plantes et d'herbes, des insectes, des poissons, des ammonites, des étoiles de mer, des oursins... toute une peinture de la vie d'autrefois...
Gravées dans la pierre, ces formes diverses fascinent : on y voyait autrefois des talismans, des objets magiques et mystérieux.
Les mondes minéral, animal et végétal se côtoient dans ces pierres incrustées.
On peut, aussi, y percevoir de lointains vestiges du passé : traces de pas, morceaux de bois, galeries, dents, graines...
Tirés des entrailles de la terre, les fossiles révèlent la vie d'autrefois : on est ému, devant ces objets dont les formes paraissent familières et dont les origines sont si anciennes.
Découvrir un fossile est un véritable éblouissement : chacun est unique dans ses formes, ses reliefs, ses teintes nuancées.
Troncs fossilisés, feuilles de fougères, enroulements de coquilles : quelle diversité et quelle beauté dans les motifs !
Certaines formes intriguent, sont à peine reconnaissables, et laissent libre cours à notre imagination...
Le mot lui-même est plein de poésie : fricative initiale, double sifflante confèrent à ce terme une extrême douceur, comme une atténuation et une marque d'un lointain passé.
Ce nom peut être utilisé, aussi, de manière ironique, pour désigner une personne qui vit dans le passé, quelqu'un d'arriéré.
Le fossile tiré de la terre est un vrai retour aux sources : c'est comme si on touchait du doigt un passé révolu, mais si proche de nous, par la familiarité et la beauté des formes...
Photo : en haut de l'article : wikipédia / creative commons
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"Source limpide et murmurante
Qui de la fente du rocher
Jaillis en nappe transparente
Sur l'herbe que tu vas coucher."
Ces vers de Lamartine, extraits des Harmonies poétiques et religieuses sont un véritable hymne à la nature, aux ondes limpides des sources...
La source, symbole de pureté surgit des profondeurs de la terre... Ce mot, issu d'un ancien participe passé substantivé du verbe "sourdre", vient du latin "surgere", surgir.
On évoque souvent le murmure des sources, leur chant plein de douceur... bruissement de l'eau qui jaillit, qui se fait un chemin dans l'antre de la terre.
Fraîcheur, transparence des ondes, mousses des bois qui envahissent les bords : tant d'images surgissent à l'évocation de la source !
Sifflante redoublée, gutturale "r", le mot résonne d'éclats contrastés : douceur et âpreté se côtoient dans ce mot harmonieux...
La douceur de l'eau qui s'écoule, l'âpreté du cheminement sous la terre et du surgissement de l'onde.
Ce mot nous fait voir des paysages de montagne escarpés, entourés de verdure, pleins de transparence et de limpidité.
La source a, souvent, inspiré les poètes : elle est l'image d'une nature accueillante, généreuse, pleine de beautés.
Aréthuse, Callirhoée, Cyané, Mélité, Praxithéa, doux noms de Naiades qui peuplent les sources dans la mythologie !
Callirhoé, le beau ruisseau, Cyané, à l'onde bleue comme la mer, Praxithéa, à l'action divine, des noms évocateurs leur sont associés...
Images de féminité, d'harmonie, les nymphes des eaux sont souvent bénéfiques et bienveillantes.
L'eau, symbole de vie nous étonne par ses transparences, sa fluidité... la magie de l'eau qui fascine et attire tous les regards !
La magie des eaux qui surgissent des entrailles de la terre, le mystère des sources jaillies du monde souterrain !
La source, c'est, aussi, de manière imagée, l'évocation des origines, le retour à des textes anciens qui nous ont abreuvés et nourris...
Nous sommes façonnés de sources diverses, d'une culture, d'un patrimoine qui fait notre richesse.
Sans ces sources essentielles, sans ces repères, nous serions perdus... Peinture, arts, littérature, musique sont dans nos mémoires et sont l'essence même de l'humanité : des connaissances, des bases, une envie de progresser, de s'enrichir.
Sans ces racines, nous serions désorientés, les sources nous font percevoir toute l'importance de la culture, de ce passé si riche...
On voit bien tous les symboles que représente la source : c'est elle qui nous abreuve, qui nous permet de rêver, de nous ancrer dans le passé, de vivre en harmonie avec l'univers, d'aimer et d'apprécier le monde !
Photos : rosemar