ROSEMAR
Au sommet des colonnes, des forêts somptueuses de feuilles d'acanthe se hérissent, se dressent, et retombent en corolles.
Issu du grec ancien, "ανθός, anthos", la "fleur", le mot "acanthe" désigne une plante, aux feuilles épineuses et acérées...
Les feuilles d'acanthe composent de véritables motifs, en volutes, sur les chapiteaux corinthiens : des retombées de feuilles, pleines d'élégance, s'épanouissent, en haut des colonnes.
Le mot résonne de sa voyelle "a" reprise sous une forme nasalisée, "an", comme un écho sonore, il retentit de ses consonnes, gutturale et dentale.
Ce mot rappelle d'autres noms de fleurs : anthémis, chrysanthe, chrysanthéme, amaranthe, aux sonorités éblouissantes.
Les feuilles d'acanthe nous font voir des formes voluptueuses, des enroulements, des vagues, des motifs délicats.
Sur les hautes colonnes élancées, on admire des encorbellements, des subtilités de feuilles, celles-ci débordent sur la colonne, elles s'épanchent, formant des embruns, des dentelles finement ouvragées.
L'acanthe orne les colonnes, les sublime, en fait des oeuvres d'art lumineuses, l'acanthe dessine des fleurs d'élégance, des corolles épanouies, des basquines légères.
Les colonnes se parent de ces souplesses de feuilles, de ces friselis, de ces frémissements subtils.
Les feuilles découpées forment des réseaux et les colonnes se drapent de tissus, de mailles, d'étoffes dentelées d'une blancheur étonnante...
Les éclats de feuilles se multiplient en haut des colonnes, ils composent des motifs en relief, des arabesques, des épis de lumières.
Belle harmonie de formes pour ces oeuvres sculptées par des artistes d'autrefois, grecs ou romains...
Belle pureté dans les lignes qui se croisent et s'entrecroisent !
Des forêts de motifs, de nervures se dessinent...
Certaines feuilles semblent se mouvoir, chavirer, s'enrouler sur elles mêmes, comme agitées par des souffles d'air.
Photos : 1-2-3 : rosemar / 4 : Meneerke Bloem / 5 : Sony Mavica créative commons
L'amphore, comme nous le dit l'étymologie du mot, est un récipient que l'on tient des deux côtés : c'est l'origine même de ce nom, venu de deux termes grecs : "amphis, des deux côtés" et "phoreo, porter"...
Ce grand vase à deux anses dans lequel on conservait du vin, du miel, de l'huile, du garum, révèle des formes épurées.
La simplicité, la pureté de ce récipient utilitaire étonnent : on perçoit, là, de véritables oeuvres d'art.
La couleur claire, comme marbrée, le col évasé, la base arrondie, ovalisée donnent un aspect décoratif à ces objets.
Les amphores, par leurs formes allongées, font songer à des colonnes de temples... Elles s'élancent en hauteur, avec une base très étroite.
Le col évasé se termine par un rebord ourlé qui évoque le haut d'une colonne.
Des deux côtés, les anses symétriques dessinent des arabesques, et contribuent à une sorte d'harmonie.
L'amphore est, souvent, irisée de couleurs de roses, atténuées.
C'est bien l'harmonie qui préside à l'ensemble : on perçoit le geste habile du potier qui a fabriqué l'objet, on perçoit une sensibilité pleine de simplicité.
Comment ne pas admirer tant de clarté, de pureté, de naturel, d'élégance ?
Cet objet modeste, reproduit à des milliers d'exemplaires, semble, pourtant, avoir une valeur d'exception.
Il existe, aussi, des amphores de petites dimensions appelées "amphorisques" : sortes de modèles réduits, elles étaient utilisées pour y placer des onguents, des parfums.
Le raffinement, la sobriété de l'amphore nous éblouissent : formes, teintes, silhouette allurée.
Ces objets qui nous sont parvenus par delà les siècles, nous émeuvent par leur histoire : on en a retrouvé dans nombre de bateaux naufragés, car les amphores ont été transportées et diffusées à travers toute la Méditerranée : amphores phéniciennes, grecques, égyptiennes, gauloises, amphores romaines...
Les amphores empilées dans les navires romains, à fond de cale, permettaient le transport de nombreux produits.
Ces vases, purement utilitaires, semblent être, pourtant, l'oeuvre d'artistes pleins de savoir-faire et de talent.
L'amphore, aux formes élancées et aériennes n'est-elle pas un symbole même de simplicité, de finesse, d'harmonie ?
Photos : Christophe F. et rosemar