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12 novembre 2016 6 12 /11 /novembre /2016 11:09
L 'ancien chaudron de l'Estaque...

 

 

 


Les vieux pêcheurs de l'Estaque connaissent ce lieu appelé "le chaudron de l'Estaque"...un ancien atelier qui servait à teindre les filets.

 

Autrefois, ces filets fabriqués en coton, en lin, en chanvre, moisissaient facilement sous l'effet de l'humidité et de la chaleur : il fallait donc les tremper dans des bains d'eau bouillante contenant des écorces de pins et de chênes.

Les palangres, ces petits paniers en coton qui servaient à capturer des poissons, grâce à un système de hameçons, étaient aussi plongés dans ces cuves odorantes.

 

Les chaudrons répandaient des odeurs fortes de bois, de résines, et les rues alentour étaient imprégnées de ces senteurs...

 

On imagine les pêcheurs d'autrefois poussant leurs brouettes remplies de filets pour rejoindre l'atelier, plonger leurs filets dans les cuves, puis les faire sécher... tout un cérémonial, tout un travail qui occupaient les pêcheurs, un ou deux jours de la semaine...

On imagine ce peuple grouillant de pêcheurs s'activant pour rejoindre la teinturerie...

On les entend s'interpeller avec le langage du sud, on les entend évoquer "la teinche", le "rusco"...

On entend leurs mots de pêcheurs : "un jambin, un salabre, un gobi, une esquinade, une arapède, une favouille, un estoquefiche...", des mots pleins de saveur et de pittoresque.

On perçoit leur accent du sud qui fait chanter les mots et les phrases.

 

Le bâtiment où se trouvaient ces ateliers existe toujours : une maison aux volets bleu lavande, au dessus de la grande porte d'entrée on peut lire cette inscription gravée en gros caractères : Prud'homie de pêche, teinturerie...

 

Le chaudron date du 19 ème siècle, une époque où les pêcheurs étaient nombreux à l'Estaque : le petit port vivait de cette activité, et chaque estaquéen de souche a un parent ou un ancêtre qui était pêcheur..

 

Avec l'apparition des filets de pêche en nylon, le chaudron de l'Estaque est devenu obsolète, mais il témoigne d'un temps où la pêche était une activité florissante sur la côte bleue, il montre aussi la rudesse de ce métier : les pêcheurs consacraient leur samedi et leur dimanche à cette activité de teinture, afin de préserver leurs filets qui étaient leur outil de travail...

 

Les filets étaient, aussi, sans cesse ravaudés par les pêcheurs : on les voyait sur le quai ou sur leurs pointus, en train de rafistoler et remailler leurs nasses...

Mon arrière grand-père qui était pêcheur a dû fréquenter, maintes fois, cet atelier de teinturerie au nom magique, située dans une rue appelée autrefois la Montée de la Sardine...

On le voit : à l'Estaque même les rues sont imprégnées de cette mer Méditerranée qui faisait vivre tant de petites gens...

 

Le chaudron qui permettait de rénover les filets était une véritable institution à l'Estaque, un lieu de rencontres des pêcheurs qui venaient de différents ports voisins pour profiter de ces cuves bienfaitrices.

De tels lieux qui témoignent d'une vie passée doivent être préservés : on ne visite pas le chaudron, hélas, mais le bâtiment est classé monument historique et il impose encore par sa large façade aux teintes de lumières...

 

Le chaudron de l'Estaque a perdu sa fonction ancienne mais il laisse dans les mémoires des souvenirs du temps passé, il fait revivre tout un monde d'artisans pêcheurs dont la vie a été rude et difficile...

 

 

 

 

 

 

L 'ancien chaudron de l'Estaque...
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27 juillet 2014 7 27 /07 /juillet /2014 17:25

pecheurs.jpg

 

On l'appelait pépé, comme on le faisait, autrefois : pépé Déri, diminutif de son prénom Frédéric, un beau prénom qui claque ! 

 

On le voit, sur une photo d'autrefois, assis sur sa barque de pêcheur, à l'Estaque, en train de ravauder ses filets, attentif à sa tâche, pendant que, derrière lui, enfants, nous mimons le salut militaire.

 

Tout autour, des paniers, des sacs, des jambins, des cordages, des rames, tout un attirail de pêcheur...

 

Tout autour, la mer, le port de l'Estaque, une bette dans le lointain, les replis de la mer, la jetée...

 

Le teint basané, les cheveux blancs qui dépassent d'une casquette de marin, de couleur sombre, mon grand-père s'occupe de ses filets, largement étalés sur la barque, il les ravaude, les met en ordre pour la prochaine pêche, travail attentif et patient.

 

Le filet de nylon, d'une blancheur éclatante, et son quadrillage de mailles régulières envahissent l'espace de la barque.

La mer est là, sereine, à peine ridée, tranquille, comme l'est mon grand-père, paisible, aux mouvements calculés et lents.

 

On sent l'odeur de la mer, le sel marin, les senteurs de poissons, de cordages.

 

On perçoit le dur labeur du pêcheur et aussi, le temps qui s'étire, le temps que l'on prend, un certain bonheur de profiter du temps qui passe.

On perçoit le temps d'autrefois, un certain art de vivre, sans se presser.

 

Mon frère et moi, sur le fond du bateau, nous semblons étonnés et émerveillés de ce spectacle de la mer, comme bercés par la barque.

Mon frère avec sa petite casquette de marin semble vouloir imiter mon grand-père, son salut est mal assuré, comme le mien, gestes à peine esquissés...

 

Mon grand-père apparaît comme le maître incontesté de sa barque : assis, impassible, il nous tourne le dos, pris par son travail, l'air sérieux, concentré, alors que nous sourions timidement pour la photo.

 

Le dos penché en avant, les mains rugueuses... on sent, aussi, la lassitude du pêcheur, ses soucis, ses angoisses, l'âge qui pèse, les soucis du lendemain.

 

On entrevoit le dur labeur de l'ouvrier pêcheur qui doit entretenir son bateau, ses outils.

On lit la fatigue, on voit les traits marqués du pêcheur qui travaille au grand air, dans le froid ou sous les soleils accablants de l'été.

 

Le paysage alentour est superbe : la mer redoublée, l'infini des flots, leur murmure, l'eau moirée de mille reflets, le sac et le ressac de la mer...

 

Le paysage impassible nous raconte la nature immuable et les splendeurs renouvelées de la mer...

 

http://youtu.be/P5ItNxpwChE

 

 

 

 

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Photo sous la vidéo : Jean Pierre Bazard  creative commons / Tableaux de Haquette, Maroniez et Cézanne



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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 17:35

img035

Nous gardons tous des souvenirs des lieux de notre enfance : maison d'autrefois, cuisine, chambre, terrasse...

 

La terrasse, en particulier, est un lieu de découvertes : ouverte sur l'extérieur, elle permet de s'aérer, de goûter l'air du temps, de jouer.

 

La terrasse de notre enfance était une cour rectangulaire, assez pauvre et dénudée, cernée, d'un côté, par un mur gris, couvert de dessins à la craie, de l'autre, par un grillage.

 

Une table en bois, éraflée, avec des abattants, se dressait près du mur, garnie d' un seau et d' un vieux pot de fleurs.

 

Au fond, la porte d'entrée de la maison, mi-bois, mi-vitrage, un rideau de lanières en plastique aux couleurs bariolées, un vieux mur lézardé.

Près de la porte, était disposée une caisse à jouets, sorte de caisson en bois où l'on rangeait des objets divers...

Calés sur le bord, dans un coin, on pouvait voir des rames, un salabre, un parasol... Près de la table une chaise longue en tissu rayé.

 

Aucun luxe, un certain dépouillement dans le décor, une terrasse d'autrefois animée par nos petits jeux d'enfants : la marelle, le hula hoop ou le cerceau, le diabolo, la corde à sauter, des balles, des billes.

 

Ma grande soeur excellait à lancer le diabolo, et à le rattraper, avec habileté, sur le fil en nylon... J'essayais, pour ma part, de faire tourner le hula hoop, autour de ma taille et j'ai dû acquérir, à ce jeu, une certaine souplesse.

 

Des chats peuplaient aussi la terrasse et faisaient toute notre joie : chat tigré, chat grisé et blanc, chat noir.

 

Petits, ils égayaient la terrasse de leurs jeux, de leur mines, de leurs découvertes...

Des chats aux minois inoubliables, charmeurs, tantôt attentifs, tantôt rieurs.

 

La terrasse permettait de prendre le frais, le soir, aux beaux jours, de goûter à la clarté de la lune, de paresser au soleil pendant l'été...

La terrasse nous offrait un havre de paix, à l'abri des regards extérieurs : même pauvre, c'était un luxe ! 

 

On pouvait y faire la lessive en été, étendre du linge : ma mère sortait sa vieille machine à essorer, avec un rouleau où l'on passait le linge.

 

On pouvait, à loisir, toucher l'eau et savourer le bonheur des lessives d'autrefois, en plein air...

 

En été, mes parents installaient une bassine assez grande pour que nous puissions barboter et clapoter dans l'eau.

 

On pouvait s'asseoir sur le pas de la porte, deviser,  observer la rue et ses passants.

 

La terrasse n'était pas un jardin fleuri, verdoyant, c'était, pourtant, une sorte de luxe !

 

La terrasse nous donnait une impression de liberté, d'ouverture, elle nous offrait un cadre extérieur : on y sentait les odeurs marines qui nous parvenaient du petit port de l'Estaque, on y percevait les bruits de la mer...

 

On y ressentait l'air ambré des flots de la Méditerranée toute proche...

 

http://youtu.be/-IRIqII4z_c

 

 

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15 juillet 2014 2 15 /07 /juillet /2014 17:16

twist.jpg

 

Une photo prise sur la terrasse de la maison de notre enfance...

Mon frère et moi, nous dansons le twist...

 

Petite robe légère de couleur claire, serrée à la taille, le bras tendu vers l'avant, je donne l'impression de suivre le rythme de la musique, mon frère, en short et tricot rayé, fait de même, les bras balancés, les jambes légèrement pliées.

 

En regardant cette photo en noir et blanc, on entend, aussitôt, l'air chaloupé de la musique, on revit une époque, un autre temps, celui d'une certaine envie de liberté.

 

Le soleil projette l'ombre de mon frère sur le sol, et on perçoit le mouvement du bras vers l'avant.

 

C'est l'été, et nous savourons le bonheur d'une danse improvisée, mais nous posons visiblement pour la photo...

 

Concentrés, le visage penché, nous vibrons au rythme de la musique.... Nous twistons à l'unisson, dans une harmonie de gestes.

 

C'est le temps de l'insouciance, de la liberté, du bonheur des vacances... Le décor de la terrasse est ancien, le mur lézardé, le volet en bois entrouvert laisse voir sa vétusté.

 

Nous sommes devant l'entrée de la maison, on voit les lanières du rideau en plastique qui ornent la porte.

 

Nos visages sont cachés et nous donnons vraiment l'impression d'être concentrés sur la danse et la musique...

 

Bel instant de détente et d'harmonie ! Nos gestes sont semblables, l'attitude est la même, ainsi que la posture du corps.

 

La silhouette noire de mon frère, ombre portée sur le sol est comme stylisée, sorte d'ombre chinoise qui symbolise bien le twist...

 

On vit la musique, l'instant présent.

Avec cette photo, toute une époque ressurgit... Le twist, c'était une certaine émancipation dans les mouvements, une jeunesse qui se délivrait du carcan des contraintes, un déchaînement de gestes parfois, une joie débordante... une façon de conquérir le monde...

 

C'était aussi une danse accessible à tous : tout le monde pouvait danser le twist, sans même l'avoir appris... simplicité, rythme endiablé, liberté, audace, tout favorisait le succès de cette danse.

 

Une absence de contraintes étonnante, le bonheur de bouger, gesticuler avec aisance...

Toute une époque !

 

C'était une envie de se libérer qui était, sans nul doute, bénéfique dans une société trop sclérosée, régie par des règles trop contraignantes...

Le fait est que la libération s'est poursuivie et a atteint parfois ses limites dans le monde actuel.

 

Le twist a marqué une époque, une génération, il reste comme une étape essentielle dans le déroulement du temps.

 

Et cette photo reste, bien qu'elle soit figée, comme un instantané de vie, de mouvements, de liberté, de bonheur...

 

http://youtu.be/KxQZQ86jJHg

 

http://youtu.be/BqvUkmnDVkM

 

http://youtu.be/eZkC9KC_QwQ

 

 

 

 

 twist-auteur-Nahoj-lorim.jpg

 

Photo1349

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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