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27 novembre 2019 3 27 /11 /novembre /2019 12:16
Retrouver un regard d'enfant...

 

Les enfants sont curieux du monde qu'ils découvrent, ils observent avec étonnement tous ceux qu'ils rencontrent : l'enfant s'intéresse spontanément à l'autre, il porte un regard attentif sur les êtres et les choses... il a une extraordinaire capacité d'émerveillement.

 

Dans le jardin de la ville où je me promène parfois, il n'est pas rare qu'un enfant à vélo me lance un bonjour très appuyé. Le plus souvent, les adultes, eux, ne disent pas bonjour à des inconnus.

Ainsi, l'enfant a ce don du bonheur de la découverte : il est à l'affût du monde...

 

Il serait bon de retrouver ce don, cette curiosité portée sur le monde, car trop souvent, nous ne regardons plus ce qui nous entoure.

Nous avons perdu cette capacité première de nous émerveiller et d'admirer.

Nous ne savons plus observer, nous ne prenons plus le temps de le faire.

 

Accaparés par des écrans de toutes sortes, nous en oublions de regarder les autres, le monde qui nous entoure.

 

Soyons curieux, curieux de littérature, de musique, de peintures, soyons curieux de la nature, des fleurs, des arbres, des oiseaux...

Cultivons cette qualité : la curiosité...

 

Comme l'écrit Jean-Pierre Martin, " la curiosité procède d'une attention affectueuse au monde. Le curieux, c'est d'abord celui qui s'inquiète et qui a grand soin. Etre curieux, avoir cure, ce n'est pas sans rapport avec l'amour du monde."

Le mot curiosité vient en effet d'un terme latin "cura", "le soin, le souci".

La curiosité permet de s'ouvrir aux autres.

 

C'est la curiosité qui nous fait progresser et découvrir de nouveaux horizons, c'est la curiosité qui nous invite à nous élever vers plus de savoirs et de réflexion.

 

La lecture est par excellence un acte de curiosité : elle nous offre la possibilité de nous intéresser à toutes sortes de sujets.

Lire, c'est être particulièrement attentif et concentré... ouvrir un livre, c'est une ouverture sur le monde...

 

Oui, la curiosité est stimulante : elle fait plus particulièrement partie du monde de l'enfance... il est essentiel de la cultiver.

 

 

 

 

 

 

Retrouver un regard d'enfant...
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23 octobre 2019 3 23 /10 /octobre /2019 12:50
Soyez passionnés !

 

C'est la passion qui fait rêver, qui fait oublier le quotidien dérisoire, c'est la passion qui exalte les êtres, les rend beaux...

Tant de passions accessibles à tous ! Le sport, la danse, la peinture, le jardinage, l'histoire, la lecture, la littérature, l'écriture...

Soyez passionnés ! C'est le sel de la vie !

 

Les êtres passionnés suscitent notre intérêt, notre curiosité et notre admiration : la passion qui les anime les fait vibrer de sensibilité, d'émotions...

Les passionnés sont des êtres curieux, avides de connaissances, et de découvertes...

 

On songe à Sylvain Tesson, à sa passion des voyages, de l'aventure, à sa soif de connaissances... Sylvain Tesson qui nous fait partager sa passion par l'écriture.

 

Mais il est des passions plus accessibles à tout un chacun.

Une de mes amies est passionnée de danse, une autre passionnée de peinture, un autre passionné de musique et de chant choral.

On perçoit l'enthousiasme de cet amateur de musique : il connaît le répertoire classique, maîtrise des connaissances techniques très pointues, est capable de commenter toutes sortes d'oeuvres musicales...

Les musiciens sont des passionnés de leur art : ils nous émeuvent par leur sensibilité, leur capacité à transmettre des émotions.

 

C'est la passion qui éveille la curiosité, qui donne envie de progresser, la passion est source d'émerveillements...

Soyez passionnés ! Je vous conjure de l'être...

Soyez passionnés et vous serez plus épanoui et heureux !

 

J'ai lu récemment ce bel éloge de la passion, sous la plume de Jean-Claude Guillebaud...

"C'est le feu qui compte. La passion, quand elle est sincère, donne à la vie ses couleurs, son bruit, sa folie, sa beauté. Elle nous éloigne de la tiédeur et du calcul chipoteur. Les êtres passionnés portent en eux je ne sais quel principe de séisme. Ce sont autant de bateaux ivres rimbaldiens : "oh! que ma quille éclate ! Oh ! que j'aille à la mer !"

 

Vive les passions ! Elles nous aident à vivre, à aimer, elles nous font avancer...

 

 

 

 

 

Soyez passionnés !
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27 septembre 2019 5 27 /09 /septembre /2019 12:29
Un spectacle empli d'émotions : Victor Hugo, un géant dans son siècle...

 

Ecouter la voix de Victor Hugo, l'écouter raconter son parcours, l'entendre dire ses poèmes : c'est là le sujet d'un spectacle plein d'émotions qui évoque la vie et l'oeuvre d'un des plus grands poètes que la France ait connu.

  A la fin de sa vie, le poète se raconte. Né en 1802, il mourra en 1885, embrassant à lui seul ce XIXe siècle à la fois corseté moralement et génial sur le plan culturel. 

 

Le spectacle est ponctué par des extraits de poèmes et des airs d'accordéon qui viennent souligner les événements de la vie de l'écrivain.

"Je m'appelle Hugo Victor-Marie, je suis né le 26 février 1802 à Besançon..." c'est ainsi que se présente l'écrivain...

 

"Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l'empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole,
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu'il fut, ainsi qu'une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n'avait pas même un lendemain à vivre,
C'est moi. "

 

"Mon père alors capitaine sera plus tard général et Comte de l'empire, il épouse en 1797 Sophie Trébuchet à Paris, mes parents auront deux autres fils, Abel et Eugène..."

 

Et le père entraîne toute sa famille sur les routes de France  et d'Europe et l'emmène dans ses campagnes, en Italie, en Espagne...

Le jeune Hugo n'aura que des contacts épisodiques avec son père dont la séparation avec sa mère a été difficile à vivre, même si ce père restera à jamais pour Victor un héros...

 

On entend alors ce poème célèbre :

"Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit.
C’était un Espagnol de l’armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié.
Et qui disait:  » A boire! à boire par pitié !  »
Mon père, ému, tendit à son housard fidèle
Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,
Et dit: « Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé.  »
Tout à coup, au moment où le housard baissé
Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de maure,
Saisit un pistolet qu’il étreignait encore,
Et vise au front mon père en criant: « Caramba!  »
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
« Donne-lui tout de même à boire », dit mon père."

 

Victor Hugo passe aussi une partie de son enfance à Paris au 8 rue des Feuillantines dans cet ancien couvent vendu comme bien national à la Révolution.

 

Et c'est aux Feuillantines que le jeune Hugo découvre avec ses frères les merveilles de la lecture :

"Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants.
Notre mère disait: jouez, mais je défends
Qu'on marche dans les fleurs et qu'on monte aux échelles.

Abel était l'aîné, j'étais le plus petit.
Nous mangions notre pain de si bon appétit,
Que les femmes riaient quand nous passions près d'elles.

Nous montions pour jouer au grenier du couvent.
Et là, tout en jouant, nous regardions souvent
Sur le haut d'une armoire un livre inaccessible.

Nous grimpâmes un jour jusqu'à ce livre noir ;
Je ne sais pas comment nous fîmes pour l'avoir,
Mais je me souviens bien que c'était une Bible.

Ce vieux livre sentait une odeur d'encensoir.
Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Des estampes partout ! quel bonheur ! quel délire!

Nous l'ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Et dès le premier mot il nous parut si doux
Qu'oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire.

Nous lûmes tous les trois ainsi, tout le matin,
Joseph, Ruth et Booz, le bon Samaritain,
Et, toujours plus charmés, le soir nous le relûmes.

Tels des enfants, s'ils ont pris un oiseau des cieux,
S'appellent en riant et s'étonnent, joyeux,
De sentir dans leur main la douceur de ses plumes."

 

Le poète évoque aussi ses débuts littéraires, son mariage avec Adèle Foucher qu'il avait rencontrée aux Feuillantines alors qu'il avait huit ans. Cinq enfants naîtront de cette union : Léopold, Léopoldine, Charles, François-Victor et Adèle.

 

Puis, c'est le récit détaillé et haut en couleurs de la bataille d'Hernani... en 1830, les représentations de la pièce resteront célèbres comme terrain d'affrontement entre classiques et la nouvelle génération des romantiques qui aspirent à une révolution de l'art...

 

Bien sûr, Hugo raconte aussi sa rencontre avec Juliette Drouet, le début d'une merveilleuse histoire d'amour...

Puis, les romans Bug-Jargal, Claude Gueux, Le dernier jour d'un condamné, Notre Dame de Paris, Les Misérables, l'Homme qui rit...

 

1843 : une année terrible, Léopoldine meurt tragiquement dans la Seine à Villequiers, noyée avec son mari, Charles Vacquerie.

Et on est ému par un des plus célèbres poèmes de Victor Hugo : Demain, dès l'aube...

 

Cette même année, Hugo tombe éperdument amoureux de Léonie d'Auney, avec qui il va avoir une liaison de 7 ans.

 

Puis, Hugo commence à s'intéresser à la politique et aux questions sociales, nommé maire du huitième arrondissement de Paris et député de la deuxième république en 1848, en 1849, il est élu à l'assemblée législative.

C'est là qu'il prononce le magnifique discours sur la misère :

 

"Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde, la souffrance est une loi divine, mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère.

Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ;  car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas le fait, le devoir n’est pas rempli. 

La misère, Messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au moyen-âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?"

 

 

Le poète raconte aussi l'exil, la fuite à Bruxelles, à Jersey, Guernesey... la dénonciation de la tyrannie de Napoléon III dans les Châtiments...

Puis, les derniers recueils de poèmes : Les Contemplations, La légende des siècles, L'art d'être grand-père...

 

Ce spectacle écrit et interprété par Pierre Jouvencel fait revivre un des plus grands écrivains français : poète, romancier, dramaturge, pamphlétaire, Hugo a excellé dans tous les genres littéraires.

Pierre Jouvencel incarne à merveille le poète, il nous fait partager toutes sortes d'émotions, on est particulièrement ému par le discours sur la misère qui reste, hélas, par bien des aspects encore d'actualité...

 

 

 

Discours sur la misère :

 

https://fr.wikisource.org/wiki/D%C3%A9truire_la_mis%C3%A8re,_Discours_%C3%A0_l%27Assembl%C3%A9e_nationale_l%C3%A9gislative_9_juillet_1849_(extrait)

 

 

 

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2 septembre 2019 1 02 /09 /septembre /2019 12:08
L'art perdu de la description...

 

 

L'attention n'est plus au coeur de l'école : elle se disperse, elle se délite de plus en plus. Les élèves ne savent plus se concentrer, écouter, être attentifs. 

Or, "la formation de la faculté d'attention est le but véritable et presque l'unique intérêt des études..." a fort justement écrit Simone Veil.

 

Quand on n'écoute pas l'autre, quand on ne porte plus attention au monde, on perd le contact, on perd l'essence du monde.

"On ne peut pas conserver la nature, sans l'identifier, sans la décrire... il est inconcevable de pouvoir conserver quelque chose que l'on ne nomme pas, que l'on ne connaît pas..."

 

Et pour décrire, il convient d'être particulièrement attentif...

Dans un monde de l'action, de la performance, la description n'est plus à la mode...

 

Qui connaît les noms des oiseaux, des arbres, des fleurs, des insectes innombrables qui peuplent encore notre terre ? peut-être pour peu de temps encore...

Des mots qui se perdent, du vocabulaire qui disparaît...

 

Pourtant, il fut un temps où des scientifiques, des naturalistes, des écrivains, des poètes s'attachaient à faire des descriptions très fines et très belles des êtres de la nature.

Bernardin de Saint-Pierre, Humboldt, Wallace, Ponge savaient décrire dans le détail l'arbre, la plante, l'oiseau.

La liane, le papillon, le coléoptère, l'oiseau, l'abeille... qui les décrit, dorénavant ?

 

"Le syrphe, la prêle, le chabot nous sont devenus étrangers..." écrit Romain Bertrand, dans son ouvrage intitulé Le détail du Monde...

Il est vrai que pour la plupart, nous vivons dans des villes où la nature s'efface.

 

"Le syrphe" ! Vous connaissez ? "Le chabot" ? Mais qu'est-ce que c'est ?

Voilà des noms étranges dont on a perdu l'usage...

Ces espèces vont peut-être disparaître et nous n'en garderons plus que le nom.

 

Prendre soin du monde, c'est d'abord le connaître et le nommer...

 

Il nous faut réapprendre à porter attention au monde, à écouter le chant des oiseaux, à observer les couleurs des paysages, les formes des arbres, des herbes, des fleurs...

L'apprentissage de l'attention devrait être une priorité dès le plus jeune âge : apprendre à voir, à observer, à écouter.

 

 

 

 

Source : 

 

https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/le-chant-du-monde

 

 

L'art perdu de la description...
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5 août 2019 1 05 /08 /août /2019 11:14
N'oublions pas la sensibilité !

 

 

Au pays de Descartes, où la raison est triomphante, nous oublions trop souvent l'importance de la sensibilité...

"Ne méprisez la sensibilité de personne ; la sensibilité de chacun, c’est son génie.", a écrit Charles Baudelaire.

La sensibilité c'est la faculté de sentir, c'est aussi un sentiment d'humanité, de tendresse envers les autres.

 

Dans nos sociétés vouées à la technicité, la sensibilité n'est plus à l'honneur : on la méprise, on la considère comme un signe de faiblesse.

Dans une société vouée à la consommation et au chiffre, la sensibilité n'a plus sa place.

Il faut être efficace, performant, on en oublie toute l'importance et toute la valeur de la sensibilité.

 

Les artistes font preuve d'une grande sensibilité, les peintres, les écrivains, les musiciens développent cette qualité grâce à l'exercice de leur art.

Que serions-nous sans les arts, sans la musique, la littérature, la poésie, la peinture ? Des êtres sans âme...

 

Nous oublions trop souvent dans le monde moderne de  faire appel à nos 5 sens.

Voir, contempler, toucher, sentir, entendre, écouter, goûter, nous ne prenons plus le temps de le faire...

Et pourtant, c'est ce qui fait notre humanité. 

Nous sommes souvent comme aveugles, sourds, dépourvus d'odorat, de goût, de sensation tactile...

 

La sensibilité est en fait "une connaissance profonde, unique et définitive."

C'est un savoir précieux, elle est même ce qui nous permet de nous orienter dans la vie, de savoir ce que nous aimons, ce qui nous déplaît, ce qui nous motive.

Et il est vrai que notre sensibilité n'est pas vraiment éduquée : ainsi, les médecins sont recrutés sur leurs performances physico-mathématiques.

Les qualités sensibles ne sont pas prises en compte : elles sont pourtant essentielles, pour un médecin.

Un médecin ne doit-il pas écouter ses patients, avoir le sens de la personne ?

Or, souvent, les médecins deviennent de purs techniciens dénués d'humanité.

Il importe ainsi de redonner une place à la sensibilité dans de nombreux domaines, il importe pour chacun d'entre nous de retrouver une sensibilité.

 

 

 

Source :

 

https://www.franceculture.fr/emissions/3-minutes-de-philosophie-pour-redevenir-humain/baudelaire-ne-meprisez-la-sensibilite-de-personne-la-sensibilite-de-chacun-cest-son-genie

 

 

N'oublions pas la sensibilité !
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31 juillet 2019 3 31 /07 /juillet /2019 10:18
L'aphorisme me plaît...

 

Formule brève, ramassée, l'aphorisme dit l'essentiel en si peu de mots...

Econome du verbe, l'aphorisme révèle pourtant bien des choses...

 

Le mot est ancien et d'autant plus précieux, il vient d'un verbe grec "aphorizein" qui signifie "délimiter".

 

L'aphorisme me plaît, me séduit : je n'aime pas les logorrhées, les longs discours interminables et amphigouriques qui tournent autour du pot...

Comme le haïku japonais, l'aphorisme est un condensé de réflexion sur le monde.

Formule frappante, percutante, l'aphorisme fait souvent appel à l'humour, à la dérision, à la poésie, à des jeux de mots.

 

Difficile de se livrer à cet exercice où le mot doit faire mouche... difficile de rédiger en peu de mots l'essence du monde...

 

Sylvain Tesson, géographe, grand voyageur, écrivain, excelle dans la maîtrise de l'aphorisme...

Il écrit notamment : "L'aphorisme s'accorde bien à la vie d'aventure. Sur la route, il faut de la légèreté : un sac vide et des projets réduits au seul et beau souci d'avancer. L'aphorisme participe au dégraissage de la vie, à la diététique de l'âme et du corps- vertus nomades."

Propos sur la nature, sur la mort, sur l'homme et ses penchants, ces aphorismes surprennent, émerveillent, font sourire, rire, parfois d'un rire désespéré...

La mélancolie affleure souvent : l'amour qui déçoit, l'homme qui détruit la nature, le tourisme mal pensé...

Il faut lire "Les aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages" de Sylvain Tesson.

 

Quelques mots pour décrire la beauté du monde, le plaisir de la marche, la mélancolie des crépuscules...

Quelques mots pour dénoncer la bêtise, l'inconscience des hommes...

 

Par exemple :

 

"La neige : les éclats brisés du silence céleste..."

"Neige : la poudre aux yeux de l'hiver..."

"Lueur d'espoir : une petite mousse dans la fissure d'un mur."

"Sapin de Noël : on aura même réussi à rendre les arbres ridicules."

"Pâquerettes : taches de douceur sur la joue du gazon."

 

Ou encore :

"L'amour est cet intervalle de déception entre le chagrin de la vie solitaire et le désespoir de la séparation."

"Amour : jeu de jupes puis jeu de dupes."

 

"Dans une vie, il nous arrive davantage rien que quelque chose."

" Je suis sûr que Jésus préférerait une soirée avec des danseuses du ventre qu'avec des carmélites."

"Vivre, c'est attendre de regretter la jeunesse au cours de laquelle on s'ennuyait tant."

 

"Plages de la Méditerranée : champs de bataille couverts de corps morts de chaud."

" Le tourisme à Rome : preuve que, effectivement, les barbares ont gagné."

 

Etc.

 

 

 

L'aphorisme me plaît...
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15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 09:35
Le temps des vacances : le temps de la lecture...

 

L'été, les vacances sont l'occasion de lire, on peut prendre le temps d'aller à la librairie, de choisir...

Tant de livres à lire ! Tant d'oeuvres diverses, tant d'auteurs à découvrir !

 

Romans, nouvelles, essais, ouvrages philosophiques... toutes sortes d'ouvrages sont accessibles et nous offrent une ouverture sur les autres et sur le monde.

 

Pour ma part, j'aime lire : c'est là une façon de découvrir toutes sortes de pensées et d'expériences...

Une façon de s'enrichir de la pensée d'autrui... et de plus en plus, je suis attirée par des textes philosophiques.

 

De nombreuses oeuvres philosophiques sont difficiles, rebutantes, mais il existe, désormais, de bons livres de vulgarisation dans ce domaine.

Toutes sortes de problèmes y sont abordés : la liberté, le bonheur, l'être, l'univers, le bien et le mal, la pensée...

 

On y gagne en lucidité, tolérance, amour, beauté, liberté, amitié etc.

On y gagne aussi en sérénité : on oublie les écrans du monde moderne, pour se concentrer enfin vraiment sur la pensée d'un auteur.

On y gagne en réflexion, en concentration et en attention...

 

Certains textes philosophiques sont aussi des oeuvres littéraires à part entière.

On y découvre un style, un univers de poésie, de sensibilité.

 

On peut lire ainsi dans Cosmos de Michel Onfray cette magnifique description du jardin botanique de Medellin en Colombie :

"Fleurs tropicales jaunes, généreuses, pistils solaires dans des corolles rouge vif, trompettes des anges silencieuses alors que l'orage grondait au-dessus du grand parc, palmiers aux cimes perdues dans le ciel bleu sombre et violet, papillons colorés, portant parfois sur leurs grandes ailes des paires d'yeux qui ne regardaient rien, étranges insectes en vol géostationnaire la trompe butinant dans le coeur d'une fleur extravagante violine et jaune... orchidées voluptueuses comme des plissés de tissus rares, longs colliers de fleurs comme des fruits rouges aux extrémités jaunes, sidérants agencements de pétales orange à la façon d'une rose ancienne, mais avec des velours capiteux, longues palmes en efflorescence giclant vers le ciel comme une offrande, racines tombées du ciel à la recherche de la terre, gingembres à fleurs de sang, hibiscus dépliés..."

 

Comment ne pas être séduit, subjugué par cette évocation ? Couleurs somptueuses, formes étranges et mystérieuses, beauté des fleurs et des fruits...

 

Voici venu le temps des vacances, celui du temps retrouvé, celui où l'on peut enfin s'adonner à la lecture... Profitons-en !

 

Mes conseils de lecture :

En tout premier lieu, bien sûr : Cosmos de Michel Onfray

Sagesse de Michel Onfray

 

Et aussi :

André Comte-Sponville :

Le goût de vivre et cent autres propos

L'inconsolable et autres impromptus

Le bonheur, désespérément

 

Et encore Sylvain Tesson :

Un été avec Homère

Géographie de l'instant

Une très légère oscillation

 

 

 

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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 10:30
Destination : arbre, un poème signé Andrée Chedid... un sujet du bac Français trop difficile ?

 

Bac de français "trop difficile", une pétition recueille plus de 25.000 signatures ! L'épreuve de français 2019 aura donné matière à converser sur les réseaux sociaux pour les élèves de première en série S et ES. 

Les candidats ont été invités à composer sur le thème de la poésie à partir d'un corpus de quatre poèmes d'Alphonse de Lamartine, Anna de Noailles, Yves Bonnefoy et enfin Andrée Chedid.

Et le commentaire portait sur le texte de la poétesse Andrée Chedid, intitulé Destination : arbre.

Ce poème a été jugé trop complexe par nombre d'élèves : et, pourtant, même si le texte n'est pas de facture classique, il fait intervenir un thème traditionnel, un lieu commun de la littérature : le lien entre le poète et la nature.

 

Voici l'analyse qu'on pouvait en faire :

 

La nature est un sujet d'inspiration inépuisable pour les poètes : on songe ainsi à tous les auteurs romantiques pour qui le spectacle de la Nature est souvent un reflet de leur état d'âme : mélancolie, tristesse, sentiment de la fuite du temps...

 

On retrouve ce thème de la nature dans un poème de Andrée Chedid intitulé Destination : arbre... mais ce n'est pas de mélancolie dont il est question dans ce texte, bien au contraire : la nature semble donner des leçons de vie et de vitalité.

 

L'auteur nous livre ici un magnifique hommage, elle évoque une fusion possible entre l'homme et la nature, et nous montre que l'arbre peut représenter notre humanité.

 

 

Andrée Chedid fait d'abord un éloge de l'arbre : le mot est mis en vedette dans le titre du poème, où l'arbre devient "une destination", un pays, un monde à découvrir...  il s'agit ainsi de "parcourir l'Arbre..."belle image d'un voyage qui conduit l'être humain vers la nature. Ce thème du voyage est d'ailleurs repris à la fin du texte avec les verbes "cheminer, explorer."

 

L'Arbre est aussi magnifié, dès le premier vers, grâce à l'emploi de la majuscule... Le mot employé au singulier lui confère une sorte d'individualité.

 

Dans la suite du poème, les différentes parties de l'arbre sont évoquées et détaillées, les "racines, le fût, la charpente, les branchages, les feuilles, l'écorce, les sèves, les bourgeons".... , avec une progression dans le vocabulaire, comme si on pénétrait, au fil du texte, l'intimité de l'arbre.

 

De nombreuses expressions sont valorisantes : "l'éclat des feuilles" qui permet "d"embrasser l'espace", de "résister aux orages", de "déchiffrer les soleils". L'arbre semble ainsi doté d'une force, d'un pouvoir mystérieux...

N'est-il pas à la fois symbole de "l'éphémère et de la durée" ? Suivant le cycle des saisons, il perd ses feuilles en hiver et les retrouve immuablement au printemps... L'arbre semble donner des leçons de persévérance et de courage permettant "d'affronter jour et nuit" ou encore de "résister aux orages."

 

 

Andrée Chedid suggère aussi dans le poème une fusion possible et une union de l'homme et de la nature...

Le vocabulaire de l'union est particulièrement présent, dès le début du texte : "se mêler, se lier, plonger", et plus loin "s'unir, rejoindre". On remarque que les verbes sont à l'infinitif, traduisant une sorte de recette pour retrouver une harmonie perdue avec la nature.

Au fil du texte, l'union se fait fusion au point de :

"Sentir sous l'écorce 
Captives mais invincibles 
La montée des sèves 
La pression des bourgeons..."

 

Et cette fusion permettra de "renaître"...

Ainsi, la nature apparaît comme une force bienveillante, à laquelle l'homme doit s'unir, et qu'il doit protéger. Ce poème exprime la simplicité du rapport qui unit l’homme et l’arbre, une envie de fusion, une sensualité, comme le montre l'emploi des verbes "embrasser, écouter, sentir."

 

L'arbre ne peut-il pas aussi représenter notre humanité ?

C'est un condensé de vie : il est associé à des verbes de mouvement et d'action : "gravir, envahir, se greffer, embrasser..." L'arbre est personnifié...

Comme l'être humain, il a besoin de contacts, son environnement naturel est essentiel : il est, dès le début du poème, associé à des "jardins, des forêts".

Et lorsqu'il est transplanté "au coeur d'une métropole, éloigné des jardins", il devient "orphelin", prisonnier, comme le suggère l'expression "enclos dans l'asphalte."

Il perd alors sa vitalité, "son tronc est rêche, ses branches taries, ses feuilles longuement éteintes."

De la même façon, l'homme qui vit dans les villes se retrouve souvent seul, il perd le contact avec la nature, avec la terre, et même avec les autres hommes.

 

Ce poème nous invite à mieux regarder ces êtres encore si étranges pour nous : les arbres. Ils semblent inertes, et pourtant, en eux, bouillonnent la vie, le renouveau. Les arbres sont bien un monde à découvrir, ils nous donnent des leçons de vie et il convient de les préserver.

 

Le poème :


Parcourir l'Arbre 
Se lier aux jardins 
Se mêler aux forêts 
Plonger au fond des terres 
Pour renaître de l'argile

Peu à peu

S'affranchir des sols et des racines

Gravir lentement le fût

Envahir la charpente

Se greffer aux branchages

Puis dans un éclat de feuilles 
Embrasser l'espace 
Résister aux orages 
Déchiffrer les soleils 
Affronter jour et nuit

Evoquer ensuite 
Au cœur d'une métropole 
Un arbre un seul 
Enclos dans l'asphalte Éloigné des jardins 
Orphelin des forêts

Un arbre

Au tronc rêche

Aux branches taries

Aux feuilles longuement éteintes

S'unir à cette soif 
Rejoindre cette retraite 
Ecouter ces appels

Sentir sous l'écorce 
Captives mais invincibles 
La montée des sèves 
La pression des bourgeons 
Semblables aux rêves tenaces 
Qui fortifient nos vies

Cheminer d'arbre en arbre 
Explorant l'éphémère 
Aller d'arbre en arbre 
Dépistant la durée.

 

 

Destination : arbre, un poème signé Andrée Chedid... un sujet du bac Français trop difficile ?
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31 mai 2019 5 31 /05 /mai /2019 10:35
La poésie pour échapper au conformisme de notre époque...

 

 

Nous vivons cernés par toutes sortes d' images et d' écrans, nous sommes abreuvés de vidéos, de photos, de films, de publicités...

Dès lors, notre imagination s'émousse, se délite...

Or, la poésie est à même de susciter et d'éveiller notre imaginaire, elle fait appel à des métaphores, à des associations de mots, elle vivifie le langage, le renouvelle à l'infini.

La poésie met aussi en oeuvre des sensations, et les met en valeur. 

"D'une certaine façon, la poésie est un sensualisme qui rappelle l'homme à l'ordre de sa condition naturelle...", écrit fort justement Jean-Pierre Siméon dans son ouvrage intitulé La poésie sauvera le monde.

Or, nous avons tendance à perdre cette relation aux sens : saturés d'images et d'informations, nous ne savons plus vraiment regarder, écouter...

Nos sens sont anesthésiés, paralysés...


Et bien souvent, nous l'oublions : nous ne percevons plus nos propres sens, nous ne nous en servons plus, nous sommes comme aveugles, sourds, dépourvus d'odorat, de goût, de sensation tactile...

 Ces sens nous permettent pourtant de mieux appréhender le monde, de mieux en saisir les composantes.

Ainsi, le goût disparaît avec la mode des fast-food, on nous interdit même par mesure d'hygiène de serrer des mains, ou d'embrasser quiconque.

 

La poésie nous révèle aussi toute l'importance du langage.

Notre langue est de plus en plus uniformisée, polluée par des anglicismes.

La poésie faite de subtilités, de nuances s'oppose à la "logorrhée médiatique, au discours technocratique"qui sont envahissants.

 

Dans un monde où règne le divertissement, où tout est érigé en spectacle, la poésie a tendance à s'effacer, à disparaître, c'est bien elle justement qui exige une lecture attentive, lente, et même une relecture qui permettent d'en découvrir toutes les beautés et toutes les nuances.

C'est la poésie qui nous fait redécouvrir le monde, ses beautés, son harmonie.

C'est la poésie qui nous apprend la lenteur, le sens de l'effort, elle s'oppose à la paresse intellectuelle de notre monde voué au divertissement.

 

"L'insurrection poétique" n'est-elle pas, comme l'écrit Jean-Pierre Siméon, une arme contre les discours médiatiques qui nous submergent ?

"Parce que son terrain d'action est la langue et que la langue est le medium universel où tout se joue, le pire et le meilleur. Le mensonge, la censure, la manipulation, l'aplatissement ou le détournement de la réalité pour le pire, le lien social, l'émancipation de la conscience, l'expression de la singularité, le creusement et l'invention (au sens premier de "découverte") du réel pour le meilleur".

 

 

Source : La poésie sauvera le monde de Jean-Pierre Siméon

 

 

 

La poésie pour échapper au conformisme de notre époque...
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19 avril 2019 5 19 /04 /avril /2019 11:06
"Notre époque ne serait-elle pas digne des flèches ?" Sylvain Tesson...

 

 

La flèche de Notre Dame qui s'effondre sous l'effet d'un incendie.... Faut-il voir là un signe, un symbole ?

"Comme si notre époque n'était pas digne des flèches", déclare Sylvain Tesson.... comme si notre époque trop préoccupée de matérialisme et d'efficacité à court terme, avait perdu de vue l'essentiel : le sens de la beauté, la force d'un héritage culturel qui nous réunit...

Notre Dame oubliée, que nous ne voyions plus, s'est affaissée sous nos yeux...

 

Oui, le patrimoine est important : c'est une part de notre histoire, de notre littérature, de nos arts...

C'est une part de nous-mêmes...

 

Qui ignore dans le monde le nom de Quasimodo, la figure d'Esméralda ? Qui ne connaît le nom même de Notre Dame de Paris ?

Le roman de Victor Hugo a célébré cette cathédrale devenue un symbole de la ville de Paris... une référence.

 

Dans un monde où prime l'économie, où s'impose le règne de l'argent, nous devons retrouver de vraies valeurs : celles qui nous relient au passé, à nos ancêtres, à tous ceux qui nous ont précédés et qui nous ont transmis une culture, des monuments uniques, exceptionnels.

Nous devons préserver ces monuments, nous devons les sauver : ils appartiennent à notre histoire...


Une oeuvre d'art qui disparaît, c'est une défaite de la réflexion et de la pensée, c'est nier le geste d'un artiste, d'un artisan, leur travail, leur génie, c'est nier l'être humain...

Comme le déclare Alain Finkielkraut, il ne s'agit pas de sauver Notre Dame en vue des Jeux Olympiques, non, il s'agit de sauver un monument qui est une partie de nous-mêmes, qui nous structure.

Car nous avons tous besoin de nous inscrire dans une histoire, nous avons tous besoin de repères, de phares pour nous éclairer.

 

Que d'oeuvres ont été consacrées à Notre Dame ! Romans, poésies, tableaux... quelle diversité, et que d'hommages rendus à cette cathédrale !

Un monument qui a inspiré tant de chefs d'oeuvre ne peut pas disparaître.

 

Et les Parisiens ne se sont pas trompés, eux qui se sont attroupés et réunis autour de Notre Dame incendiée, eux qui se sont émus de cette catastrophe.

La vision de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris s’effondrant lundi 15 avril, sous l’effet d’un violent incendie parti des combles, a en fait bouleversé le monde entier.

 

 

Source : La grande librairie

 

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/la-grande-librairie-saison-11/973355-notre-dame-histoire-et-litterature.html

 

 

 

 

"Notre époque ne serait-elle pas digne des flèches ?" Sylvain Tesson...
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