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18 octobre 2015 7 18 /10 /octobre /2015 13:50
Pour écouter la musique des mots...

 

 


Les mots assemblés dans les phrases produisent une sorte de musique, une véritable mélodie, grâce à leurs sonorités. La poésie fait intervenir des effets de sonorités et a été, elle-même, souvent mise en musique : Brassens, Léo Ferré ont repris des poèmes d'Aragon ou de Victor Hugo. La musique des mots nous permet de mieux apprécier un texte, d'en savourer, aussi, tout le sens.

Les sons produisent des effets très différents et divers : doux ou durs, ils sont souvent en adéquation avec les idées exprimées dans un texte...

La phonétique permet de distinguer les sonorités et a pour but de classer les phonèmes, en fonction de leur articulation et de leur prononciation.

Les consonnes, tout d’abord, donnent lieu à des effets variés :

On distingue les gutturales, prononcées avec le fond de la gorge : les sons "gue, que, re". La gutturale est considérée comme une consonne assez dure, pleine d’âpreté, sans doute, parce que son articulation part du fond de la gorge… La langue allemande comporte de nombreuses gutturales, elle est réputée pour être pleine de rudesse.

On peut, aussi, évoquer les dentales, prononcées la langue contre les dents : les sons "d et  t". Les dentales sont, dit-on, assez éclatantes.

Les labiales "b, p, m" sont articulées avec les deux lèvres rapprochées et représentent donc l’image même du baiser et de la sensualité, dans la poésie amoureuse.

Les sifflantes "s, z "sont des phonèmes pleins de douceur et d’harmonie… La fricative "f " donne, aussi, une impression de tendresse.

Les chuintantes "ch, ge" apparaissent, également, très légères et douces.

Quant aux voyelles, elles sont, parfois, associées à certaines idées : la voyelle "i", assez aiguë, peut faire songer à un cri.

Les voyelles nasalisées, les sons "on, in, an" ont pour effet de ralentir le rythme des phrases et donnent, parfois, une impression de rêverie, de doux balancement…

On voit que les sons peuvent faire naître des émotions, des sentiments bien distincts, les écrivains, notamment les poètes, les utilisent pour créer une certaine musicalité, une certaine harmonie.


On peut, ainsi, observer ce vers de Victor Hugo :

"Le soleil s'est couché, ce soir, dans les nuées..."

Cet alexandrin qui ouvre le poème intitulé Soleils couchants est particulièrement doux : on repère, à 4 reprises, l'emploi de la sifflante "s": c'est une allitération. La chuintante "ch", utilisée au milieu du vers renforce cette impression.

Victor Hugo, dès ce premier vers, décrit la beauté d'un coucher de soleil, grâce à une harmonie de sonorités : le lecteur perçoit d'autant mieux le calme de ce tableau, plein de charmes, de sérénité ....


La Fontaine dans la fable, Les animaux malades de la peste, évoque, au début du texte, cette terrible maladie :


"Un mal qui répand la terreur

Mal que le Ciel en sa fureur

Inventa pour punir les crimes de la terre,

La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)

Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,

Faisait aux animaux la guerre.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés..."


On remarque, dans cet extrait, l'emploi récurrent de la consonne gutturale "r": La Fontaine traduit, ainsi, la violence de l'épidémie et la peur qu'elle suscite.

Nous sommes indéniablement sensibles à la musique des mots et nous percevons la dureté ou la douceur de certaines notes consonantiques ou vocaliques.

Ainsi, les mots constituent une sorte de mélodie et leur enchaînement peut nous emporter dans des univers teintés de nuances variées : rêve, émotion, peur, angoisse, harmonie...


 

 

 

 

 

Pour écouter la musique des mots...
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15 octobre 2015 4 15 /10 /octobre /2015 08:42
Les cimes neigeuses étaient immobiles à l'horizon...

 



 
"Puis il tourna autour d'un château médiéval, perché en haut d'une colline de sapins noirs ; de la brume blanche encerclait le burg sinistre, et les cimes neigeuses étaient immobiles à l'horizon, une muraille rose et grise."

C'est ainsi que JMG Le Clézio décrit un château assez effrayant, entouré de hauteurs, de cimes vertigineuses, dans son recueil de nouvelles, intitulé La fièvre.


Le mot "cime" suggère tant d'images !


La cime, le sommet des arbres, d'une montagne, d'un rocher, nous élève vers des hauteurs célestes, elle nous enivre de visions aériennes, d'envolées de bleu, elle nous fait regarder le ciel, ses parures diverses, des nuées qui s'étirent à l'infini, des bleus d'azur, des soleils éblouissants...


Le mot lui-même nous montre un infini avec sa voyelle "i", pleine d'acuité, sa douce sifflante initiale, la labiale "m" pleine de promesses...

On est ébloui par des images : les cimes des arbres qui forment des ballets, sous les vents tempétueux de l'hiver, vagues déferlantes d'écumes de branches dénudées, houles d'entrelacs qui bruissent et s'agitent, suivant le rythme du vent.

On admire des sommets de colline et de montagnes abruptes, on respire un air de liberté, on se délecte de ces vertiges de hauteurs.

 

On est séduit par des teintes de neige qui reflètent la lumière, des embruns étincelants, des miroirs aux pentes vertigineuses.

La cime s'enfle comme une vague, elle domine et envahit le paysage.

La cime, c'est le flot qui gonfle, c'est le bourgeon qui pousse...

Tant d'images contenues dans ce mot ancien !

Issu du grec "kuma", "la vague", d'un verbe "kuo" qui signifie "enfler", le nom "cime" suggère la vie, le mouvement, un débordement sinueux, plein de charmes.


La cime des arbres ! Tout un paysage, tout un univers qui frémit, parle, bruisse, virevolte et touche l'infini du ciel ! Verdures frémissantes, chaloupes de verts !

La cime des montagnes nous raconte toutes les beautés du monde : escarpements rocheux, dégringolades de pins sur les ravines, étagements de cyprès sur les pentes !

Vertiges de paysages aux rochers tumultueux, pins qui s'accrochent sur les pentes, falaises calcaires, calanques abruptes de pierres blanches.

La cime des montagnes, joli bevédère éblouissant de lumières, nous offre des paysages infinis, des rivières, des plaines apaisées, des toitures aux teintes variées, des champs, des ciels, des jardins...


La cime nous fait voir, aussi, des roulis de vagues, des écumes ondoyantes, des flots qui s'emportent et se soulèvent, les crêtes acérées des ondes en fureur, des tempêtes, des embruns éclatants !

La cime embrasse le monde et le contient... Elle est onde, rocher, arbres, ciels, elle est et rassemble l'univers.

 

Ce mot si ancien qui nous fait remonter aux origines de notre langue, qui nous relie à une culture millénaire, à un passé prestigieux, nous entraîne vers des vertiges et des abîmes éblouissants....

 

 

 

 

 

Les cimes neigeuses étaient immobiles à l'horizon...
Les cimes neigeuses étaient immobiles à l'horizon...
Les cimes neigeuses étaient immobiles à l'horizon...
Les cimes neigeuses étaient immobiles à l'horizon...
Les cimes neigeuses étaient immobiles à l'horizon...
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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 11:46
Le monde est une ampoule suspendue dans le noir...

 

 


"Le monde est une ampoule suspendue dans le noir, avec sept milliards de mouches posées dessus. Demande-t-on à une mouche si elle est pour ou contre l’ampoule qui l’attire ? Non. Elle s’accroche et attend de mourir au contact de ce qui est, malgré tout, chaud et lumineux."

On doit cette description étonnante de notre monde à François d'Epenoux, dans son roman intitulé Le réveil du coeur : il y compare la terre à une ampoule peuplée de mouches.... Nous sommes, ainsi, réduits à peu de chose...
 


L'ampoule est très ancienne : ce mot est, en fait, issu du grec "ἀμφορεύς, amphoreus", "l'amphore", par l'intermédiaire du latin "ampulla"...

Le terme "ampulla" désigne, dès les origines, une petite fiole, une amphore de dimensions réduites, contenant des onguents, des parfums...

Les romains nous ont légué des recipients d'une grande finesse, admirablement ouvragés, de véritables oeuvres d'art !

Et, désormais, pour nous, l'ampoule désigne une boule de verre, servant à l'éclairage électrique...

Le mot "ampoule" nous fait percevoir des envols de lumières, grâce à sa voyelle nasalisée, "am", sa consonne labiale, sa voyelle "ou" qui semble restituer la diffusion des éclats de lueurs.

L'ampoule et ses filaments nous sont si familiers que nous n'y prêtons plus guère attention : le mot lui-même semble si moderne qu'on en a oublié les origines latines et grecques...

L'amphore antique, on peut le rappeler, possède deux anses qui servent à la transporter : c'est d'ailleurs, l'étymologie du mot : "qui se porte des deux côtés."

Le mot "ampoule", avec son suffixe de diminutif, a pris des sens nouveaux, différents. Il évoque des formes rondes, ovalisées... l'ampoule s'embellit de lumières, sous les abat-jour, qu'elle fait rayonner, elle nous apporte un confort de vision inégalée.

L'ampoule électrique ! La modernité ! Les soirs, les nuits qui deviennent comme le jour !

L'éclat des lampes qui nous permettent de lire, de nous activer comme en plein jour ! Et tout cela, grâce à une petite amphore pleine de filaments !

La forme même de l'ampoule évoque l'amphore antique pleine d'élégance, effilée et arrondie, en même temps.

Le passé et le présent se rejoignent, ainsi, dans ce simple mot, chargé d'histoires.... 

On est admiratif devant les fioles d'opaline que nous ont transmises les romains et les grecs : elles révèlent un art raffiné, un goût pour les beaux objets...

Certains mots nous permettent de traverser les siècles, de remonter dans un passé lointain, vers les sources de notre culture, vers les origines.

Les mots nous offrent, alors, des voyages dans le temps, ils sont une évasion, des repères, des jalons dans l'évolution du monde...

Ils nous font rêver à des objets anciens, aux formes pleines d'harmonie...

L'ampoule peut prendre, aussi, un sens plus négatif, quand elle désigne une cloque produite par une blessure.

Le mot peut être, également, utilisé dans un sens imagé pour décrire des formes rondes, comme le fait François d'Epenoux, pour évoquer la terre, ramenant, ainsi, notre monde à des dimensions dérisoires...

 

Un autre article sur le mot amphore : Toute la beauté d'une amphore romaine

 

http://rosemar.over-blog.com/article-toute-la-beaute-d-une-amphore-romaine-124081320.html


 

 

 

Photos : Christelle et rosemar

Le monde est une ampoule suspendue dans le noir...
Le monde est une ampoule suspendue dans le noir...
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4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 16:02
L'univers de la fable : La mort et le bûcheron...

 



Les fables de La Fontaine, pleines d’enseignements, nous révèlent les réalités de la société du 17 ème siècle, mais elles évoquent, aussi, la condition humaine et ont une valeur universelle, comme la plupart des textes de cette époque…


La fable, court récit plein de vivacité, met souvent en scène des animaux personnifiés qui représentent des catégories sociales ou des défauts humains… Ce genre littéraire correspond bien à l’idéal classique, dans la mesure où il vise à "instruire et plaire", le récit comportant une ou plusieurs morales implicites ou explicites…


On perçoit bien toute la richesse de ce genre littéraire qui parvient à joindre l’utile à l’agréable : le récit fait intervenir des portraits, des descriptions, des discours directs, dialogues ou monologues, le récit est vivant, animé, plaisant. La morale ou les morales se déduisent du récit ou peuvent être exprimées directement, au début ou à la fin de la fable.


Nul animal dans la fable intitulée : La mort et le bûcheron, La Fontaine évoque un pauvre paysan du 17ème siècle... on le voit avancer lentement, chargé d’un fagot de bois : sa démarche est pesante, lourde, on perçoit sa misère physique, morale et sociale : il est âgé, accablé par le poids de sa charge, il se dirige péniblement vers sa "chaumine enfumée".

 La Fontaine nous fait voir ce bûcheron dans son travail quotidien : les premiers vers du texte nous peignent le portrait d’un homme affaibli qui a des difficultés à avancer. Les alexandrins entrecoupés de césures, soulignent la lenteur  et la pesanteur de la marche, ainsi que les nombreuses voyelles nasalisées qui ponctuent le début du texte : "bûcheron, ans, gémissant, pas pesants, n’en pouvant plus, songe".

Les imparfaits "marchait, tâchait" viennent souligner la lourdeur de son travail.

Cette peinture, pleine de réalisme, d'un paysan accablé de fatigue ne peut que susciter la pitié du lecteur, le personnage nous émeut, dans toutes les difficultés qu'il éprouve.

L'emploi des présents de narration, "Il met bas son fagot, Il songe" permet d'actualiser la scène, comme si elle se déroulait sous nos yeux.


Dès lors, ce paysan s’arrête et s’interroge : on entend son monologue intérieur, dans un discours indirect libre, sous forme de débat et de questions, il évoque sa misère, son désarroi et se demande même s’il a accès à un quelconque plaisir en ce monde… Pauvreté, absence de nourriture et de repos… sa vie lui paraît sans intérêt, il énumère, alors, tous les soucis qui l’accablent : les" impôts, la corvée, le créancier" et, aussi, en premier lieu,"sa femme, ses enfants". On le voit : même les occasions de joie et de bonheur deviennent sources d’inquiétude et d’angoisse, pour ce paysan du 17ème siècle, car il lui faut nourrir une famille…


Les réalités sociales de l’époque sont évoquées, notamment "la corvée, les créanciers".
Devant tant de malheurs et de souffrances, l’homme appelle la Mort, la demande est faite, dans un cri spontané, presque irréfléchi, comme le montre la brièveté de la demande : "Il appelle la Mort."


La Mort ne se fait pas prier, et, aussitôt, on assiste à un revirement du paysan, il trouve un prétexte et demande simplement à la Mort de l’aider à recharger son bois sur ses épaules.


On peut remarquer l’extrême sobriété du récit dans cette évocation de la Mort : aucune description détaillée, aucun effet de terreur, la littérature classique se caractérisant par une grande pudeur dans l’expression.


La morale de cette fable aurait pu être essentiellement sociale et aurait pu souligner l’injustice du sort réservé à ce paysan, mais La Fontaine s’attache plutôt à une morale universelle et humaine : « Plutôt souffrir que mourir,/C’est la devise des hommes »
L’homme a peur de mourir, est viscéralement attaché à la vie, telle est la leçon qui est ici dégagée… C’est bien une morale qui concerne les hommes de tous les temps.

Au passage, on peut noter que la fable s’ouvre sur un singulier, "Un pauvre bûcheron" et s’achève sur un pluriel, "des hommes". On perçoit bien là une volonté de généraliser et de donner une valeur universelle au texte.


La Fontaine parvient donc, à travers cette fable, à délivrer plusieurs messages : l’extrême misère des paysans de l’époque, l’injustice qui les accable, et aussi l’attachement profond de l’homme à la vie.

Il le fait, grâce à un portrait plein de vie et de justesse d’un simple paysan qui représente, aussi, tous les hommes…
 

"Plutôt souffrir que mourir"… Ne doit-on pas voir, aussi, dans cette phrase, une forme de conservatisme propre à la société du 17ème siècle ? Une société où la révolte n’était pas encore de mise, où il fallait accepter son sort, la misère, les injustices.


C’est bien là, aussi, le message de ce texte qui nous montre une société hiérarchisée, injuste, faite d’acceptation et de soumission pour le petit peuple.


Hélas, la misère, les injustices font encore partie de ce monde et, depuis La Fontaine, la situation des pauvres gens n'a guère évolué dans nombre de pays : on peut, donc, constater toute l'actualité et la modernité de ce texte...
 
 
 

 

Le texte de La Fontaine :


http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/jean_de_la_fontaine/la_mort_et_le_bucheron.html
 

 

Illlustrations : en haut de l'article, gravure de Gustave Doré

En bas, gravure de Lecomte Hippolyte

L'univers de la fable : La mort et le bûcheron...
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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 16:37
Une mantille noire était jetée sur sa tête...

 



"Après avoir erré longtemps, sans pouvoir retrouver sa route, Aben-Hamet entendit une porte s'ouvrir. Il vit sortir une jeune femme vêtue à peu près comme un de ces reines gothiques sculptées sur les monuments de nos anciennes abbayes. Son corset noir, garni de jais, serrait sa taille élégante... une mantille également noire était jetée sur sa tête : elle tenait, avec sa main gauche, cette mantille croisée et fermée comme une guimpe au dessous de son menton, si bien que l'on n'apercevait, de tout son visage, que ses grands yeux et sa bouche rose..."

 

C'est ainsi que Chateaubriand décrit une de ses héroïnes, Blanca, à travers le regard d'Aben-Hamet, dans la nouvelle intitulée Le dernier Abencerage.

Le récit se déroule à Grenade, au 16 ème siècle, il  relate les aventures d'un survivant de la famille Abencerage, une tribu maure...

Ce personnage s'appelle Aben-Hamet : il revient sur la terre de ses ancêtres et s'éprend de Blanca, une chrétienne descendante de Rodrigue et  Chimène.

Dans cette scène de rencontre amoureuse, le héros est sensible à la beauté de la jeune femme, mise en valeur par une mantille...



Une mantille ! Le mot, en lui-même, résonne d'éclats : il évoque l'Espagne, Grenade, l'Andalousie, la Castille, l'Estramadure, des noms aux sonorités mystérieuses, exotiques et lointaines.

On entend, aussi, des airs de fandangos et séguédilles, des cliquetis de castagnettes, des guitares, des musiques entraînantes.

La mantille déroule ses dentelles sombres, elle nous fait découvrir des douceurs de tissus soyeux, des entrelacs pleins de finesse...

La mantille qui sert à voiler la tête, les épaules des espagnoles crée un mystère, elle cache, elle dissimule, tout en révélant la beauté.

Le mot "mantille" nous émeut, par ses échos de labiale, dentale et palatale finale, des consonnes emplies de douceur et d'éclats.

La voyelle nasalisée "an" suggère la légèreté, la souplesse du tissu, des évanescences de dentelles. Elle semble mimer l'élégance de ce foulard qui sert à envelopper le haut du corps.

La mantille forme des résilles, sur les longs cheveux bruns des espagnoles, parure subtile et pleine d'attraits.

Le mot semble avoir des origines lointaines, et doit être rattaché au nom "manteau", en latin "mantellus", avec un suffixe à valeur de diminutif.

"Petite couverture", la mantille cache, à peine, les cheveux qu'elle laisse entrevoir.

Parfois vaporeuse, elle s'épanouit dans des envolées de tulles, de mousselines et de dentelles.

On entrevoit des motifs légers, aériens, des transparences : la mantille sublime la beauté des espagnoles.

Un mot plein de charmes, d'élégance,de poésie, un mot qui fait rêver à des danses virevoltantes, à des parures légères et somptueuses !

Dans l'extrait de l'oeuvre de Chateaubriand, on perçoit toute la séduction de cette parure, associée à un geste de la jeune femme.

Comparée à une "guimpe", mot plein d'étrangeté, la mantille devient un véritable objet de séduction.

 

 

Le dernier Abencerage, le texte de Chateaubriand :

 

https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Dernier_Abencerage

 

 

http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/chateaubriand-francois-rene-de/les-aventures-du-dernier-abencerage,744499.aspx





 

Illustration : un tableau de Goya

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30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 09:02
Chéreau, un homme de passions...

 

 

Passions du théâtre, de la mise en scène, passions du cinéma, de la peinture, des arts, de l'opéra, de la musique, tel fut Patrice Chéreau...

 

Patrice Chéreau fut un metteur en scène de génie, un homme de théâtre passionné, un acteur, un réalisateur de talent... une exposition lui est consacrée dans la ville d'Avignon, à l'hôtel de Caumont.

Cette exposition réunit des lettres, des projets de décors, des sculptures, des peintures, des photographies représentatives de la carrière de Patrice Chéreau, homme engagé, dont on perçoit les idéaux, les valeurs, les passions.

Une exposition si riche qu'elle traverse toutes les époques et tous les arts.

Picasso, Giacometti, Georges de la Tour, Géricault, Goya, Delacroix, on peut admirer des oeuvres prêtées par différents musées, pour évoquer les différents thèmes qui ont suscité l'intérêt de Chéreau.

On est émerveillé et fasciné par ce musée imaginaire qui permet de réunir tant d'artistes d'époques différentes et tant d'oeuvres d'art.

La collection nous montre d'abord les débuts de Patrice Chéreau, sa passion pour le théâtre qui se manifeste, dès l'adolescence, au lycée Louis legrand, puis elle déroule différentes étapes de sa carrière jalonnée de mises en scène de théâtre et d'opéras, de films.

La dispute de Marivaux, Dom Juan, Phèdre, Richard II, Hamlet, Dans la solitude des champs de coton, La Fausse suivante, Les Paravents...

On peut écouter quelques interviews de Chéreau, on découvre sa façon de travailler avec les comédiens, ses expériences  au théâtre national populaire, au théâtre des Amandiers à Nanterre.

Est évoquée également la carrière cinématographique de Chéreau, avec des films célèbres, La Chair de l'orchidée, en 1975, la sanglante Reine Margot, avec Isabelle Adjani, primée par deux fois au festival de Cannes et couronnée par cinq Césars. ou encore, Ceux qui m'aiment prendront le train, en 1998.

N'oublions pas les mises en scène d' opéras célèbres : La Tétralogie de Wagner, Don Giovanni et Cosi Fan tutte de Mozart, Elektra de Richard Strauss.

L'exposition laisse une impression de foisonnement : on perçoit toute la richesse du travail de Patrice Chéreau, dessinateur, directeur d'acteurs, metteur en scène, scénariste, auteur...

Certaines oeuvres exposées suscitent plus particulièrement notre émotion : le portrait de Chéreau réalisé par un peintre chinois, Yan Pei-Ming.

L'homme qui marche de Giacometti, célèbre sculpture qui parvient à saisir l'essence de la fragilité humaine.

Un tableau de Jules-Elie Delaunay, intitulé  "Peste à Rome", peint en 1869, qui est une métaphore du massacre des Protestants par la catholique Catherine de Médicis, cette œuvre du musée d’Orsay évoque les tragiques épisodes des épidémies de pestes qui sévirent à Rome ou à Marseille... une toile de Georges De La Tour : "L’apparition de l’ange à Saint Joseph" qui date de la  1ère moitié du 17e siècle. Chef-d’œuvre du maître du clair-obscur, ce tableau nous montre un ange au visage radieux, illuminé par la flamme d'une bougie.

Une toile de Hugo Hodiener, La marche des pèlerins de Tannhäuser vient illustrer des extraits filmés de la Tétralogie, montée à Bayreuth par Chéreau en 1976.

 

Un tableau de Alexander Harrison, évoque le thème de la solitude : une barque dans l'obscurité de la nuit, dans laquelle se dresse un personnage isolé et perdu qui semble chercher une issue.

Patrice Chéreau passionné de peinture, d'oeuvres d'art, nous est, ainsi, dévoilé dans son parcours, ses obsessions, ses engagements, ses convictions...

L'amour, la mort, le sexe, les corps, la cruauté humaine, la violence, la haine, la passion, l'art, autant de thèmes qui l'ont inspiré...

 

L'hôtel de Caumont offre un cadre plein d'élégance à cette exposition : ce bâtiment, qui date du  18 ème siècle, avec ses grandes fenêtres en forme d' arcades, ses murs roses, ne peut que séduire le visiteur, amateur d'art.

 

Une exposition à voir jusqu'au 18 octobre, à l'hôtel de Caumont...

 

 

http://www.lemonde.fr/arts/portfolio/2015/07/18/la-collection-lambert-rend-hommage-a-patrice-chereau_4688423_1655012.html


 http://www.actes-sud.fr/actualites/exposition-patrice-chereau-un-musee-imaginaire-du-11-juillet-au-11-octobre-avignon

 http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00355/la-dispute-de-marivaux-par-patrice-chereau.html

 

http://lci.tf1.fr/jt-we/videos/2015/festival-d-avignon-exposition-patrice-chereau-pour-la-reouverture-8633911.html

 

Une émission consacrée à Chéreau sur France Culture :

https://www.youtube.com/watch?v=27pZ3RbDUfI

 


 

Photos : rosemar

En haut de l'article : le portait de Patrice Chéreau de Yan Pei-Ming

Chéreau, un homme de passions...
Dessin pour une mise en scène

Dessin pour une mise en scène

Chéreau, un homme de passions...
Etude de maquillage de Patrice Chéreau pour Dans la solitude des champs de coton, de Koltès

Etude de maquillage de Patrice Chéreau pour Dans la solitude des champs de coton, de Koltès

Chéreau, un homme de passions...
Georges de la Tour : Apparition de l'ange à Saint Joseph

Georges de la Tour : Apparition de l'ange à Saint Joseph

Chéreau, un homme de passions...
Sculpture de Giacometti

Sculpture de Giacometti

Marche des pèlerins de Tannhäuser de Hugo Hodiener

Marche des pèlerins de Tannhäuser de Hugo Hodiener

Chéreau, un homme de passions...
La solitude de Alexander Harrison  1893

La solitude de Alexander Harrison 1893

Peste à Rome

Peste à Rome

Portrait de Charles IX

Portrait de Charles IX

Dessin de Géricault

Dessin de Géricault

La Mort du jeune Bara est une peinture inachevée de Jacques-Louis David qui date de 1794. Le tableau représente Joseph Bara jeune tambour de l'armée républicaine, tué par des vendéens. Il est érigé en héros et martyr de la Révolution, l'œuvre de David participe à cette célébration

La Mort du jeune Bara est une peinture inachevée de Jacques-Louis David qui date de 1794. Le tableau représente Joseph Bara jeune tambour de l'armée républicaine, tué par des vendéens. Il est érigé en héros et martyr de la Révolution, l'œuvre de David participe à cette célébration

Un dessin de Picasso   Le minotaure

Un dessin de Picasso Le minotaure

Chéreau, un homme de passions...
L'art antique grec : une couronne en or

L'art antique grec : une couronne en or

Chéreau, un homme de passions...
Le cadre de l'exposition : l'hôtel de Caumont

Le cadre de l'exposition : l'hôtel de Caumont

L'aveu de Phèdre à Hippolyte mise en scène de Patrice Chéreau

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 15:15
N'oublions pas le point d'exclamation !

 

 


Le point d'exclamation, trop souvent oublié dans la ponctuation, exprime, pourtant, une variété de sentiments et d'émotions : exaltation, étonnement, admiration, colère, révolte, indignation, joie, bonheurs...

Le point d'exclamation, avec sa petite tige droite qui surmonte le point lui-même, s'élève sur la ligne, pour souligner un point de vue, une description, un récit...

L'exclamation montre que l'on n'est pas fade, neutre, que l'on aime, que l'on déteste, que l'on vitupère ou que l'on fulmine !

J'aime cette ponctuation qui traduit aussi bien la fureur que le bonheur !

Le mot vient du verbe latin "exclamare, crier fortement". L'exclamation n'est-elle pas  un cri, un chant qui s'élève et se répercute ?

Le mot lui-même claque, de ses gutturales réitérées, de sa voyelle "a" redondante, la voyelle nasalisée finale crée une envolée de la voix, les sonorités de sifflante "s" restituent une douceur, une harmonie.

S'exclamer, c'est vibrer, c'est vivre, s'emporter, ou voir la beauté des choses !

Quand un texte est écrit, le point d'exclamation est là pour l'animer, le rendre vivant, le sublimer, parfois.

N'oublions pas le point d'exclamation ! Il souligne tant d'idées, tant d'émotions, les met en vedette.

La ponctuation n'est-elle pas essentielle, dans un texte ? Non seulement, elle assure la compréhension, mais elle permet, aussi, de mettre en évidence un effet de surprise, une peur soudaine, un renversement brutal de situation, un coup de théâtre, un bouleversement, la beauté d'un paysage...

Un paysage qui nous parle, qui nous enivre de sensations, dont on perçoit toutes les harmonies, un ensemble de couleurs, de murmures, de senteurs, des collines où dégringolent des pins, en cascades, une mer aux embruns lumineux, aux vagues sinueuses...

Les couleurs de l'automne qui nimbent les paysages de splendeurs renouvelées, des embruns de roux, des teintes de cinabre !


Un coup de foudre, un élan, une envolée de feuilles, une tempête, un ouragan !

Une révolte contre un monde fait d'injustices, contre la misère, le désarroi des êtres humains, une dénonciation des horreurs de la guerre !


Et l'exclamation restitue tous ces sentiments, toutes ces émotions... Elle appartient au registre lyrique, dans lequel s'exprime la sensibilité d'un auteur. Les romantiques l'ont souvent mise à l'honneur.

Et nous sommes tous, êtres humains, faits pour ressentir toutes sortes de sensations et d'émotions.

Le point d'exclamation nous offre l'occasion de les exprimer avec vivacité et conviction...

Quelles jolies envolées ! Les points d'exclamation décorent les textes de leurs dessins rectilignes, ils dépassent les lettres sur la ligne d'écriture et nous font éprouver toutes sortes de sentiments !



 

 

Photos : rosemar

N'oublions pas le point d'exclamation !
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13 septembre 2015 7 13 /09 /septembre /2015 15:26
La tyrannie des mathématiques...

 

 

 

C'est une évidence : depuis des années, les sections scientifiques sont privilégiées dans nos sociétés, et les mathématiques permettent d'opérer une sélection dont on perçoit toute l'injustice et l'incohérence.

Dans les lycées, les classes de séries littéraires sont de moins en moins nombreuses et la plupart des bons élèves sont orientés vers les sections S, avec de nombreuses heures de mathématiques.

Quelle est cette aberration ? On peut ne pas avoir la bosse des maths et être tout à fait performant dans nombre de disciplines.

C'est, pourtant, bien une formation littéraire qui permet à l'être humain de mieux s'intégrer dans la société, de mieux comprendre le monde qui nous entoure, de mieux appréhender le présent tout en faisant référence au passé.

C'est d'ailleurs ce bagage littéraire qui fait défaut, de nos jours, à de nombreux adultes dont on repère assez vite les lacunes et les difficultés en grammaire, en orthographe, ou qui manquent de culture générale...

Oui, on peut parler d'une véritable tyrannie des mathématiques : de nombreux élèves seraient intéressés par des études littéraires, mais la pression des parents, de la société les conduit souvent à s'orienter vers des sections scientifiques jugées plus valorisantes et offrant plus de débouchés.

Il faut changer cette tendance qui conduit à appauvrir les séries littéraires, à les déprécier totalement, tendance d'autant plus dangereuse qu'elle anéantit tout un pan de notre culture.

Les lettres, la littérature, les langues anciennes ou vivantes, l'histoire sont des disciplines fondamentales et essentielles : or, elles sont de plus en plus négligées, mises au rebut.

Il suffit de voir le sort réservé au latin et au grec dans la nouvelle réforme des collèges pour comprendre que la primauté des mathématiques peut faire des ravages...

Selon le journal Le Point, "plus de 99 % des adultes n'utilisent que les notions de calcul enseignées avant le collège. Un peu d'honnêteté personnelle obligerait chacun d'entre nous à le reconnaître...", déclare le journaliste Didier Raoult.


En revanche, tout adulte a besoin de structures pour comprendre sa langue, la maîtriser, réfléchir sur le monde actuel.

Il serait temps de rétablir des équilibres perdus, depuis longtemps, dans notre enseignement : il n'est plus admissible que les classes de littéraires soient ainsi déconsidérées et méprisées.

Arrêtons de sacrifier des générations d'élèves sur l'autel des sacro-saintes mathématiques. Certes, nos sociétés font une large place à la technicité, à l'informatique, mais justement, il nous faut retrouver le sens de l'humain, des humanités que l'on a tendance à négliger.

Certains bons élèves sont même orientés vers des sections scientifiques, alors qu'ils ont du goût et des compétences pour des études littéraires : il faut encourager ces adolescents et leur donner la possibilité de s'épanouir dans une filière littéraire.



 

 L'article du journal Le Point : 

http://www.lepoint.fr/invites-du-point/didier_raoult/raoult-arretez-la-selection-par-les-maths-11-09-2015-1963909_445.php


Les enseignants se mobilisent contre la réforme des collèges :

 

https://www.snalc.fr/national/article/1642/


 


 



 

La tyrannie des mathématiques...
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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 15:02
Les deux premiers vers de l'Odyssée : tout un art de la séduction...

 

 


Pour commencer un récit, quel qu'il soit, il faut savoir intéresser le lecteur, le séduire et capter son attention : en lisant les deux premiers vers de l'Odyssée, on perçoit tout le pouvoir de séduction de l'aède qui introduit l'épopée.

Le poète raconte des aventures extraordinaires, un périple hors du commun en Méditerranée, un périple accompli par un être d'exception : le héros de l'épopée et de l'histoire...

"Muse, raconte-moi l'homme aux mille tours, qui erra très longtemps sur la mer, lorsqu'il eut détruit la citadelle sacrée de Troie."

En grec :

"Ἄνδρα μοι ἔννεπε, μοῦσα, πολύτροπον, ὃς μάλα πολλὰ

πλάγχθη, ἐπεὶ Τροίης ἱερὸν πτολίεθρον ἔπερσεν·"

(Andra moi énnépé, mousa, polutropon, os mala polla

Planchté, épei Troiès iéron ptoliéthron épersen")


D'emblée, le héros, Ulysse, nous est présenté avec la forme "andra, l'homme", c'est le premier mot du texte, une façon de valoriser le personnage, de le mettre en vedette, alors même qu'il n'est pas nommé.

Ce personnage, dès le premier vers, est associé au terme "poly", qui signifie "nombreux, abondant", dans deux mots "polutropon", "aux mille tours" et "polla", "souvent, de nombreuses fois"...

On perçoit, là, des hyperboles qui servent à magnifier et valoriser le héros de l'épopée : comment ne pas être attiré par ces exploits qui nous sont annoncés, en ce début de récit ?

En même temps, ce héros est très humain, proche de nous, puiqu'il est désigné par ce terme : "andra, l'homme".

Par ailleurs, ce personnage nous est présenté dans une temporalité, une histoire fabuleuse, à l'époque : la guerre de Toie, on apprend que le héros a participé à cette guerre et a oeuvré pour la destruction de la citadelle de Troie...

Il semblerait même qu'il soit presque le seul acteur de cette guerre à avoir vraiment fait en sorte de la gagner ! L'emploi du singulier est assez remarquable dans l'évocation du deuxième vers.

De plus, on comprend que l'invocation à la Muse, dès le premier vers, apporte une certaine solennité à cette introduction : la muse est là pour inspirer le poète, lui apporter ses ressources, son soutien...

Elle donne une dimension surnaturelle au texte, une sorte de caution divine.

L'impératif employé par l'aède : "raconte-moi, dis-moi" suggère, aussi, toute l'oralité de l'épopée primitive, faite pour être racontée, récitée, au son d'un instrument de musique, avant même d'être fixée par écrit...

On peut évoquer, aussi, l'extraordinaire poésie de la langue grecque, aux sonorités de voyelle "a" récurrente dans le premier vers, la voyelle "o" étant réitérée dans le vers deux : on entendrait presque des cris d'admiration adressés à ce héros d'exception dont l'aède va raconter l'histoire et les exploits.


Il faut rappeler, enfin, que l'épopée est écrite en vers : l'hexamètre dactylique, comportant six mesures, où alternent voyelles longues et brèves, dans des rythmes scandés par la voix.


 Pour entendre ces deux premiers vers et la suite du texte : des essais de reconstitution de la prononciation du grec ancien à écouter...

 

http://www.homeros.fr/IMG/mp3/lascouxodysse_eprologuessanswawsanscoupes.mp3

 

http://www.homeros.fr/IMG/mp3/lascouxodysse_eprologuefaibleme_lodisationdigammapulsation.mp3

 

 

http://www.homeros.fr/spip.php?rubrique3







 
 

Les deux premiers vers de l'Odyssée : tout un art de la séduction...
Les deux premiers vers de l'Odyssée : tout un art de la séduction...
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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 16:07
Un apologue à méditer... la suite...

 

 


« Ne marche pas de travers, disait une écrevisse à sa fille, et ne frotte pas tes flancs contre le roc humide. — Mère, répliqua-t-elle, toi qui veux m’instruire, marche droit ; je te regarderai et t’imiterai. »


Quand on reprend les autres, il convient qu’on vive et marche droit, avant d’en faire leçon.

On doit ce court apologue à Esope, poète grec, inventeur de ce genre littéraire qu'est la fable...

Esope a vécu entre le 7ème siècle et le 6ème avant JC et il nous donne là une leçon universelle que chacun devrait méditer...

La suite :

Notre monde n'est-il pas celui des donneurs de leçons ? Les hommes politiques ne sont-ils pas les premiers à en donner et pourtant, sont-ils eux-mêmes exemplaires ?

Mensonges, corruption, détournements de fonds, privilèges exorbitants, les hommes politiques se rendent coupables des pires abus...

Désormais, sur la toile, on trouve, aussi, des donneurs de leçons, partout : à les en croire, ils détiennent la vérité, le bon goût, ils affirment de manière péremptoire des idées douteuses, n'hésitent pas à user d' amalgames.

Les donneurs de leçons sont eux-mêmes loin d'être exemplaires : le mensonge, la fatuité, l'arrogance, la vanité fleurissent en tous lieux, sur internet et ailleurs....

L'agressivité est partout et ceux-là même qui la réprouvent haut et fort, s'y livrent avec la plus grande délectation !
L'essentiel pour ceux-là est de ne pas être la victime de cette agressivité qu'ils dénoncent hautement, par ailleurs !

Voilà bien les contradictions humaines !

Si l'on veut que les enfants, les adolescents évitent de faire des fautes d'orthographe, il est préférable que les enseignants eux-mêmes soient irréprochables dans ce domaine, si un père de famille veut que ses enfants soient honnêtes, il vaut mieux qu'il en donne lui-même l'exemple...

Or, à tous les niveaux, les donneurs de leçons ne mettent pas en pratique leurs propres idées, seuls les autres sont montrés du doigt, eux-mêmes s'exemptent de toute règle de vie et de mesure.

Cette façon de faire se généralise, et on voit toute l'actualité de la fable d'Esope : au fond, le monde n'a pas changé, les donneurs de leçons se perpétuent dans toutes les sphères de la société, et même les plus hautes !

Vous n'aimez pas être insulté gratuitement ? N'insultez donc pas les autres, avec hauteur et dédain, sans raison.
Vous n'appréciez pas les menteurs, les gens malhonnêtes ? Ne soyez pas vous-mêmes menteurs ou malhonnêtes !
Vous n'aimez pas les gens qui trichent, qui détournent de l'argent, qui ne paient pas leurs impôts ? Soyez vous-mêmes honnêtes et sincères !

Dans le cas contraire, si vous aimez mentir, tricher, invectiver, ne donnez pas de leçons aux autres !

C'est, là, le sens de la fable d'Esope : l'homme n'a, parfois, même pas conscience de son propre comportement et se permet, ainsi, de fustiger les autres, avec la plus grande décontraction.

L'inconscience humaine est terrifiante, et elle n'a plus de limites dans le monde actuel, où les gens se comportent souvent comme des êtres irresponsables, incapables de se réfréner.

Et, en plus, ce sont souvent les gens les plus retors qui donnent des leçons à autrui : ils n'hésitent pas à condamner chez les autres des comportements dont ils se rendent eux-mêmes coupables.

Je vois déjà venir des contradicteurs : on va m'accuser moi-même de donner des leçons d'honnêteté, de droiture, de sincérité, mais au moins  puis-je dire que j'applique, le plus rigoureusement possible, tous ces principes et que 
je m'abstiens de toute malhonnêteté morale et intellectuelle...


 

 

 

 

 

 

Un apologue à méditer... la suite...
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