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30 janvier 2023 1 30 /01 /janvier /2023 13:14
Ce jour-là, au supermarché...

Ce jour-là, c'est grande foule au supermarché... jour de soldes, les gens se pressent pour faire de bonnes affaires...

 

Sur le parking, je récupère un caddie : là, un homme tout sourire s'avance vers moi et me dit : "J'ai perdu ma voiture, je ne sais plus où elle est !" et je le vois ensuite chercher activement dans les allées son véhicule...

Face à l'immensité du parking, si on ne repère pas bien sa place, on peut ne plus savoir où on a garé sa voiture...

C'est là un inconvénient de la modernité...

 

Aussitôt, me revient en mémoire un extrait de l'incipit du roman de Michel Houellebecq Extension du domaine de la lutte : le personnage narrateur ne retrouve plus sa voiture, il ne sait plus dans quelle rue il a pu la garer : 

"Le surlendemain était un dimanche. Je suis retourné dans le quartier, mais ma voiture est restée introuvable. En fait, je ne me souvenais plus où je l'avais garée ; toutes les rues me paraissaient convenir, aussi bien. La rue Marcel-Sembat, Marcel Dassault... beaucoup de Marcel. Des immeubles rectangulaires, où vivent les gens. Violente impression d'identité. Mais où était ma voiture ?
Déambulant entre ces Marcel, je fus progressivement envahi par une certaine lassitude à l'égard des voitures, et des choses de ce monde. Depuis son achat, ma Peugeot 104 ne m'avait causé que des tracas : réparations multiples et peu compréhensibles, accrochages légers... Bien sûr les conducteurs adverses feignent la décontraction, sortent leur formulaire de constat amiable, disent : « OK d'accord » ; mais au fond ils vous jettent des regards pleins de haine ; c'est très déplaisant."

Ainsi, la voiture, à l'origine instrument de liberté, est devenue un vecteur d'aliénation et de soucis dans le monde moderne.
 

Je fais donc mes courses et je me présente à une caisse : devant moi, une jeune femme qui déballe sa marchandise, puis sort de son sac une multitude de petits papiers, ce sont des bons de réduction... bons de 60 centimes, de 50 centimes, de 30 centimes, et aussi un bon de 10 euros...

 

Face à l'inflation galopante, ces bons sont vraiment bienvenus... chacun essaie de s'adapter à l'augmentation des prix alimentaires... les gens ont des difficultés à se nourrir, à assurer leurs dépenses les plus ordinaires... et le recours à ces bons peut être une solution.

Encore un souci de notre monde : comment survivre dans une société où les prix s'affolent ?

 

C'est mon tour de déballer mes courses et de payer, mais la caissière repère une boîte de sardines qui s'est ouverte. Je lui demande alors si je peux aller en chercher une autre dans les rayons, elle accepte aimablement.

Je me précipite dans le supermarché pour remplacer la boîte, je cherche dans les rayons et je trouve enfin mon bonheur...

 

Je retourne à la caisse et là, je fais face à des critiques, des regards de colère de la part de deux autres clientes qui attendent à la caisse, après moi... elles me fusillent du regard et montrent leur impatience.

Elles sont furieuses de devoir attendre un peu plus leur tour...

 

Voilà encore un effet de la modernité : tout doit aller vite ! Et on en perd même toute courtoisie et toute sociabilité...

 

 

 

Ce jour-là, au supermarché...
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7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 12:35
"Des mouroirs ignobles..."

 

"Des mouroirs ignobles...", telle est l'expression utilisée par un des personnages du roman de Houellebecq Anéantir, pour évoquer les EHPAD.

Et qui est ce personnage ? Il s'agit d'une femme médecin chef de l'hôpital où se trouve le père du héros de l'histoire, Paul Raison.

Et que dit-elle exactement à ce sujet ? "Les EHPAD ont une mauvaise réputation et c'est loin d'être injustifié, il est vrai que dans l'ensemble ce sont des mouroirs ignobles, je ne devrais pas dire ça, mais à mon avis les EHPAD sont l'une des plus grandes hontes du système médical français."

Une expression qui fustige et dénonce un système dans lequel les maisons de retraite sont gérées comme de véritables usines qui doivent être rentabilisées. Mais que reste-t-il d'humain dans ce management ?

De plus, cet avis est exprimé par un médecin, quelqu'un qui connaît bien le problème dont elle parle.

 

Encore une fois, Houellebecq décrit bien les réalités de notre temps : le scandale des EHPAD ORPEA vient de le souligner.

Un livre, "Les Fossoyeurs", paru le mercredi 26 janvier chez Fayard, fait trembler cette chaîne de maisons de retraite. L'auteur et journaliste, Victor Castanet, accuse le leader européen des maisons de retraite de maltraitances sur des résidents d'EHPAD.

Dans ce livre, il décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont "rationnés" pour améliorer la rentabilité du groupe.

C'est scandaleux ! Mais ce business de la vieillesse existe depuis longtemps : j'avais écrit un article à ce sujet en 2017.

On feint de découvrir une réalité qui n'est pas nouvelle !

Assez d'hypocrisie ! 

Depuis des années, ce scandale perdure et rien n'a été fait pour améliorer la situation des EHPAD par les gouvernements successifs... RIEN !

Voici ce que j'écrivais en 2017 :

 

Les grands groupes du business de la vieillesse affichent des taux de croissance considérables, 15 % par an. Le groupe Korian a fait 3 milliards d'euros de chiffre d'affaire en 2016 !

L'équipe de Pièces à conviction n'a pas reçu l'autorisation de filmer, mais en caméra cachée, un journaliste a pu visiter un établissement de cette "chaîne".

Les tarifs sont prohibitifs : un hébergement coûte entre 3464 euros et 4443 euros par mois !

Dans les publicités pour ce groupe, on peut voir des résidents heureux, des personnels contents de travailler.

Mais ce tableau idyllique est bien éloigné de la réalité : certains salariés révèlent des manques... des résidents qui restent 6 ou 7 heures dans des couches souillées... des couches inadaptées pour des personnes âgées, qui sont en plus rationnées afin de faire des économies, des résidents livrés à eux-mêmes dans les couloirs, complètement désorientés.

Des repas qui sont préparés au moindre coût : 4, 35 euros par jour et par pensionnaire ! Comment ne pas parler, alors, de restriction alimentaire ? 

De telles conditions de vie sont indignes : en France, le pays des droits de l'homme, comment peut-on admettre que des personnes âgées, sans défense, soient traitées ainsi ?

 

 

http://rosemar.over-blog.com/2017/10/le-scandaleux-business-de-la-vieillesse.html

 

 

https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/dans-l-enfer-des-maisons-de-retraite

"Des mouroirs ignobles..."
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8 avril 2021 4 08 /04 /avril /2021 12:54
Michel Houellebecq et l'euthanasie...

 

J'apprécie l'oeuvre de Michel Houellebecq, sa clairvoyance, sa vision sombre mais non dénuée de romantisme de la modernité... pourtant, en se déclarant farouchement opposé à l'euthanasie, il se fourvoie et se livre à des déclarations pour le moins douteuses.

L'écrivain prend la plume dans les colonnes du Figaro pour s'opposer à une mesure revenue au centre du débat public : le droit au suicide assisté.

 

"Personne n’a envie de mourir, dit Houellebecq. On préfère en général une vie amoindrie à pas de vie du tout ; parce qu’il reste de petites joies. La vie n’est-elle pas de toute façon, par définition presque, un processus d’amoindrissement ?"

Voilà une affirmation qui va à l'encontre du désir de certaines personnes très amoindries, en souffrance, de recourir au suicide assisté : d'ailleurs ces personnes se rendent, quand elles en ont les moyens, dans des pays où cette possibilité existe, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas, l'Espagne.

 

Selon Michel Houellebecq, on peut supprimer la souffrance grâce à certains médicaments comme la morphine.

Sur ce point, Michel Houellebecq argumente : "Début du XIXe siècle : découverte de la morphine ; un grand nombre de molécules apparentées sont apparues depuis lors. Fin du XIXe siècle : redécouverte de l'hypnose ; demeure peu utilisée en France."

Mais, c'est méconnaître les méfaits de la morphine sur le corps et le psychisme.

 

Quant à l'hypnose, elle ne permet pas d'éliminer toutes les souffrances.

 

«Une civilisation qui légalise l’euthanasie perd tout droit au respect», affirme-t-il.

Mais que dire d'une civilisation qui ignore la souffrance de l'autre, qui fait comme si elle n'existait pas, comme si on pouvait vraiment la supprimer ?

Et que dire de la souffrance morale ?

La médecine a fait des progrès, c'est indéniable, mais en même temps, elle maintient parfois en vie des gens qui ont atteint la limite du supportable.

De plus, une vie végétative est-elle encore une vie ?  

Quant à la souffrance physique, si elle peut être atténuée par des sédatifs, elle reste parfois difficile à supporter. En ce domaine, la médecine ne peut pas tout.

 

Enfin, un écrivain est-il à même de donner un avis personnel sur un sujet aussi grave ? A-t-il lui-même connu l'expérience de la souffrance ? 

L'euthanasie bien encadrée est nécessaire : n'est-il pas inhumain de laisser les gens souffrir moralement et physiquement ?

 

Hélas, en France, beaucoup de gens meurent encore très mal, dans des souffrances atroces... La mort lente est inadmissible, quand on peut apaiser et abréger des douleurs physiques, morales.

 
Arrêtons d'agiter le vieux spectre de la religion, la science a évolué : elle permet à tous de s'épargner une fin de vie douloureuse.


 On voit bien aussi que les motifs religieux ne tiennent pas, n'ont aucune raison d'être : assez d'hypocrisie ! Quand il s'agit de couper court à la douleur, c'est bien la compassion religieuse qui intervient, c'est elle qui nous relie et nous unit aux autres : on ne peut souhaiter la douleur des autres, de ceux que l'on aime...

 

 

 

 

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/michel-houellebecq-une-civilisation-qui-legalise-l-euthanasie-perd-tout-droit-au-respect-20210405

 

https://www.liberation.fr/debats/2020/02/13/on-meurt-mal-en-france-en-2020_1778317/

Michel Houellebecq et l'euthanasie...
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