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23 mars 2022 3 23 /03 /mars /2022 09:54
L'exaltation de la guerre...

 

La guerre se cache souvent sous des apparences héroïques et brillantes... On se souvient de cette évocation de la guerre dans le chapitre 3 de Candide, le célèbre conte de Voltaire :

"Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque..."

Au début de ce chapitre, on ne perçoit que les aspects clinquants de la guerre : les armées en ordre de bataille, la musique... puis, peu à peu, on en découvre toutes les abominations...

 

On retrouve cette exaltation de la guerre dans les récits de la guerre menée par Poutine en Ukraine.

Poutine a même tenu un meeting rassemblant des milliers de Russes, alors que les villes ukrainiennes sont sous les bombes !

Quel cynisme ! C'est ignoble !

Près de 100.000 personnes ont acclamé le président russe Vladimir Poutine, dans un stade plein à craquer, à l'occasion d'un meeting du maître du Kremlin. Un rassemblement festif organisé en pleine guerre en Ukraine, officiellement pour célébrer les huit ans de l'annexion de la Crimée.

Vladimir Poutine a alors fait l'éloge des soldats russes et de leur "héroïsme" !

Aucun mot sur les destructions, aucun mot sur les victimes, sur les blessés, les morts...

 

"Cette exaltation de la guerre est le signe d'une immaturité très profonde, selon Johann Chapoutot, professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne, spécialiste de l'histoire de l'Allemagne.

Une immaturité que l'on trouve au plus haut niveau de responsabilité de l'état et pas seulement dans les dictatures...

 

Vladimir Poutine, c'est le paroxysme de cette immaturité, de ce manque de réflexion, de ce manque de responsabilité, un homme qui s'est de plus en plus isolé au sommet du pouvoir, qui est habité par ses propres fantasmes, par sa paranoïa, qui est suivi par une technostructure maffieuse oligarchique.

 

Il incarne la stupidité agressive, le virilisme, comme si la perte de l'empire russe avait été une émasculation.

Lui-même met en scène cette espèce de corps sportif, de manière permanente....

 

Il est à la confluence de tout ce qui importe véritablement, en fait, actuellement, c'est à dire non pas seulement le fracas des armes qui peut susciter une fascination exaltée, mais la fin de l'état de droit, la question du nucléaire, la question du climat, parce que nous finançons sa guerre. Lorsque nous voyons que le budget de l'armée russe, c'est 56 milliards d'euros par an, il faut voir que nous lui achetons pour 59 milliards d'euros de gaz, sans compter les autres énergies fossiles et le pétrole, la question de l'évasion fiscale, la question de la corruption, tout cela est lié dans ce phénomène Poutine, ainsi que ce phénomène de guerre, et on voit à quoi cela conduit : à tuer des enfants sous les bombardements.

 

Le récit de Poutine, celui d'une certaine élite russe, aidée en cela par l'église orthodoxe, est totalement obsidional, c'est à dire que ces gens perçoivent la Russie comme une cité assiégée qui doit se défendre à tout prix, si bien que les Russes se considèrent, de manière paradoxale, comme les agressés et non pas comme les agresseurs.

Une façon de motiver les combattants qui sont envoyés sur le front...

Les citoyens russes sont les premières victimes de ce récit : ils sont soumis à un tabassage, un matraquage médiatique intensif de la part de médias qui sont totalement aux ordres.

Derrière tous ces récits,  derrière ce bruit, ce fracas, ce théâtre des opérations, il y a des enjeux massifs comme la consommation des énergies fossiles, la dégradation de notre climat encouragée par ces espèces de fascismes impériaux dont la Russie est vraiment un exemple paradigmatique. Il y a la question de la démocratie, la question de l'état de droit, la question du virilisme, de l'extractivisme, du productivisme dans lequel on est pris, parce qu'il ne faut pas s'y tromper, la Russie est, avec la Chine, un exemple de ces grands empires de constitution ou de reconstitution qui estiment qu'on peut faire fi du droit international pour laisser des empires faire ce qu'ils veulent : exploiter, détruire l'environnement, détruire le vivant, massacrer des populations."

 

 

Source :

 

https://www.franceculture.fr/emissions/sous-les-radars/quand-la-guerre-est-de-retour-dans-nos-vies

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