Internet nous offre le meilleur et le pire... c'est une ouverture sur le monde, une opportunité pour se cultiver, et pour éveiller la curiosité. Mais quand un site propose à des élèves de faire des exercices à leur place, ces exercices ne perdent-ils pas tout intérêt ?
De plus en plus, les adolescents font des copiés-collés sur internet, les professeurs qui sont vigilants repèrent facilement ces usages et les sanctionnent : on demande aux élèves une réflexion et une construction personnelles, lors d'exposés par exemple.
Désormais, le site Bonnenote.fr vend des devoirs tout prêts : on peut lire sur cette application :
"Commander un devoir en 2 minutes... Bonnenote apporte un service sur-mesure et unique d’aide à la rédaction de devoirs dans toutes les matières, destiné aux étudiants francophones, du Collège au Master.".
"Un rédacteur spécialisé, un devoir sur mesure..."
Voilà ce que l'on peut appeler du "prêt à penser". Il n'est plus besoin de réfléchir, de passer du temps à faire un plan, à rédiger, le devoir est livré à domicile moyennant finance, bien sûr.
Le site propose même une réduction promotionnelle de 20 % !
On est sidéré par de telles offres : alors que de toutes parts, par tous les moyens, on lutte lors des examens contre la fraude, des sites sont autorisés à produire des corrigés de devoirs.
Où est la cohérence ? C'est ce que l'on peut appeler une tricherie organisée et une incitation scandaleuse au laisser-aller et à la paresse.
Dans nos sociétés, trop souvent, le travail n'est-il pas de plus en plus dévalorisé ? L'effort devient même suspect.
Le latin, le grec sont jugés trop difficiles : on évince ces disciplines, la grammaire, elle même, est expurgée, simplifiée, les programmes sont allégés.
Comment former les jeunes à l'effort, si on aplanit devant eux toutes les difficultés ?
Comment les inciter à la réflexion si on leur propose de faire leurs devoirs et leurs exercices ?
Tricherie, mensonge, dissimulation : ces sites Uber entraînent les élèves vers la mauvaise pente.
L'apprentissage à la réflexion personnelle disparaît, se délite : une façon de réduire à néant l'enseignement délivré par les professeurs, une façon de discréditer leur travail et le travail en général.
Une aide aux élèves doit pouvoir s'organiser de manière plus subtile : par exemple, donner des pistes de recherches, poser des questions...
Mais un tel site qui annihile toute notion d'efforts et de réflexion n' a aucun intérêt pédagogique et se révèle même dangereux pour les élèves.
Source :
http://www.lepoint.fr/societe/le-uber-des-devoirs-fait-hurler-les-profs-15-02-2017-2105184_23.php