La femme soumise à toutes sortes de malédictions, la femme encore et toujours asservie, ravalée au rang d'objet : hélas, la femme connaît, de nos jours, dans nombre de pays, toutes ces tristes réalités.
Et l'on a, encore, besoin de chanter, comme le faisait Jean Ferrat, en reprenant un texte d'Aragon : "La femme est l'avenir de l'homme..."
Dans un monde fracturé et divisé à l'extrême, la cause de la femme doit être défendue, en maintes occasions.
La femme considérée comme une mineure, dénuée de droits, esclave de l'homme, la femme insultée, battue, avilie, violée, lapidée, mariée de force, meurtrie... le monde est, encore, parcouru de toutes ces détresses.
Le poète visionnaire qu'était Aragon percevait le rôle essentiel que peut jouer la femme, et Jean Ferrat écrit, avec cette chanson, un plaidoyer plein de force pour l'égalité des sexes.
Jean Ferrat y dénonce le poids des croyances anciennes, celle de la bible, de l'ancien et du nouveau testament, où la femme, depuis la nuit des temps est "maudite".
Le vocabulaire religieux apparaît : " l'ancien et le nouveau, la bible, l'ancienne oraison, l'image d'Eve et de la pomme, vieilles malédictions..."
Et certains "décrètent encore par la bible", comme si c'était une référence intangible.
Le poète perçoit bien ce lourd héritage qui pèse encore sur la femme...
Et même si, dans nos sociétés, des progrès ont été accomplis, le fait de pouvoir "accoucher sans la souffrance, le contrôle des naissances", il reste encore tant à faire pour combler des "millénaires et des siècles d'infini servage".
Le vocabulaire est dénonciateur et virulent : on peut bien parler de "servage", d'un véritable esclavage qui anéantit, encore, les femmes, dans nombre de pays.
Le poète, lui, voudrait annoncer un renouveau, à travers cette belle image de "la floraison d'autres amours".
Un autre avenir est possible, sans doute, à condition de "remettre à l'endroit la chanson" et de redonner à la femme toute la place qu'elle mérite, elle qui "est l'avenir de l'homme."
Le poète conçoit, aussi, toute la difficulté de l'entreprise : "Il faudra réapprendre à vivre", affirme-t-il.
Il faudra réécrire "un nouveau livre", afin de balayer toutes les croyances millénaires qui accablent la femme.
Pour ce faire, "le partage" est essentiel, un partage qui doit être équitable, alors que, le plus souvent, il ne l'est pas encore, ne serait-ce que pour la répartition des tâches dans le couple.
Il faut, dès lors, envisager une reconstruction du monde, comme le suggère le préfixe "re" qui marque un renouveau dans les verbes "remettre, réapprendre, redécouvrir".
Et, de fait, il reste, encore, beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à rétablir des équilibres perdus, depuis des siècles.
"Le poète a toujours raison" , affirme Jean Ferrat, car la poésie se veut dénonciatrice et pleine de force, de résonances.
Le poète a raison, car il perçoit tant d'injustices et il les condamne, avec virulence.
La mélodie alterne une grande douceur dans le refrain, avec la vision du poète, et une certaine âpreté, dans l'évocation des douleurs, des luttes accomplies par les femmes...
Ce bel hymne à la femme, écrit et composé par Jean Ferrat en 1975, reste, encore, plus que jamais, d'actualité.
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