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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 12:29
Pourtant que la montagne est belle !

 



Jean Ferrat est l'auteur de chansons magnifiques qui restent gravées dans nos esprits à jamais. Ferrat chante l'amour, la vie, la nature, les bonheurs simples, le monde de la campagne...


Il évoque dans une de ses chansons les plus célèbres, intitulée La montagne, l'exode des paysans loin de leur pays vers la ville qui attise les convoitises, la ville avec "ses secrets, le formica", la modernité, mais la ville qui est décrite comme un monde frelaté et vicié, avec ses "HLM, son poulet aux hormones".

Cet exode est restitué par des verbes de mouvement : "ils quittent, pour s'en aller gagner leur vie", et par l'emploi du pronom personnel au pluriel "ils", qui traduit une foule nombreuse.

Ces paysans partent "loin de la terre où ils sont nés"... on perçoit comme une trahison dans cette fuite loin de la terre natale, une sorte d'abandon de l'essentiel : les racines, le pays d'origine...


Ferrat célèbre  la beauté de la nature, la dureté et la simplicité de la vie paysanne, la nourriture du terroir, "la caille, le perdreau, la tomme de chèvre" ...un monde où l'on a l'âme bien né, où le travail est rude, où la vie est difficile mais où règne la liberté...

Il nous fait voir "les vieux" du pays en train de "s'essuyer d'un revers de manche les lèvres...", des gestes quotidiens, simples.


Le refrain décrit les splendeurs de la montagne, ses merveilles, les hirondelles et leur vol dans le ciel... L'exclamation et l'interrogation soulignent bien cet émerveillement devant la nature :

"Pourtant que la montagne est belle !

Comment peut-on s'imaginer

En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?"

 

Ferrat nous montre, aussi, ces paysans à l'ouvrage et célèbre leur courage, en magnifiant leur travail manuel... 

"Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline..."


Les vignes, le vin sont chantés, un vin qui produisait "des centenaires", même si c'était aussi "une horrible piquette"... mais les vignes ne sont plus cultivées, comme le suggère cette image : "elles courent dans la forêt".

La vie rurale est évoquée, avec ses aléas et ses difficultés :

"Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties..."


La ville, elle , symbole d'emprisonnement et d'enfermement offre des emplois de "flics et de fonctionnaires" à ceux qui quittent leur terre natale.

Notre monde qui oublie trop souvent de rendre hommage à la nature, qui vante le "formica", les plaisirs frelatés a besoin de ce retour aux sources...

Oui, "que la montagne est belle" ! Et qu'elle nous manque, souvent, dans nos villes de béton et de violences ! Que d'artifices autour de nous ! Que d'écrans qui s'interposent ! Que de bonheurs oubliés et perdus !

Ferrat nous fait prendre conscience de toute l'importance d'une nature que nous méprisons souvent ou que nous ne voyons plus... Ferrat chante un monde intact, la liberté, les oiseaux qui virevoltent dans le ciel, l'hirondelle, symbole du printemps et du renouveau...

Au passage, Ferrat compare les âmes des paysans à des "vignes noueuses" et dures à la tâche... et cet hymne au monde des paysans est empreint d'émotions !

 

Ferrat, le poète, met en évidence, avec ses mots, toute l'importance du monde qui nous entoure et que nous sacrifions à une modernité faite de plaisirs souvent factices. La mélodie limpide traduit bien ce bonheur de l'homme qui vit près de la nature...

 

 

 

 

 

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commentaires

M
Oui ! je n'ose pas trop vous parlez de l'exode du paysan Breton ou Normands et de sa famille vers la capitale Paris. Paysans qui crevaient de faim avec leurs femmes et enfants dans ces mêmes années. La France des campagnes rurales des années 60 n'était pas très souriante pour tous, par endroit même cela en devenait lamentable et affligeant... Bonne soirée a tous.
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R
Merci pour ce témoignage, Michel : le monde paysan est rude, soumis à tant d'aléas, mais on peut regretter cette désertification des campagnes, et surtout le dévoiement de l'agriculture devenue une industrie polluante pour tous...<br /> <br /> Bonne journée, Michel
F
Malheureusement, ce que dénonçait Ferrat dans les années 60,( la mal bouffe, la désertification des campagnes, les problèmes écologiques), n'ont fait que s'accentuer depuis.<br /> A quoi bon dénoncer les choses comme le fait Ferrat ici ou d'autres artistes par ailleurs, mais aussi des médias, puisque de toute manière on ne peut rien changer à la marche en avant du monde.<br /> On se dit, oui ce qu'il dit est juste, c'est fait de belle manière, mais après l'avoir écouté on se réinstalle dans notre petit confort dont nous aurions bien du mal à nous passer.<br /> Nous sommes tous coupables à des échelles différentes.<br /> Bises et belle soirée Rosemar
Répondre
R
Tous coupables, parce que nous sommes emportés par une société de surconsommation, mais on peut tout de même essayer de privilégier une alimentation plus saine : fruits et légumes bio, éviter les produits tout préparés qui contiennent des additifs, par exemple... Ferrat nous montre toutes les splendeurs d'une nature que nous devons essayer de préserver...<br /> <br /> Bises du sud
A
C' était tellement évident que la politique de la ville des années 60 était une monstruosité, et pourtant les gens ont préféré aller s' entasser dans des villes clapiers...là, on pouvait trouver du boulot.<br /> Pareil, pour l' alimentation.L' élevage concentrationnaire en batteries a commencé durant ces années.Ferrat avait tout pressenti.Le poète voyait effectivement plus loin que l'horizon...<br /> Aujourd' hui quand je vois certaines cités, je continue de me poser la même question très simple: " comment peut-on y vivre ? "<br /> Dans quelques années quand viendra la grande crise écologique, aussi prévisible que 2 et 2 font 4, on peut penser que les seuls qui auront de vraies possibilités de survivre correctement seront les riches et ceux qui possèderont un petit lopin de terre qu' ils pourront exploiter pour faire face à leurs besoins.<br /> Si on avait la possibilité de revenir en arrière et de ne pas commettre les erreurs du passé, je suis convaincu qu' on les referait quand même.La logique industrielle dans une société de marché est implacable.<br /> Bonne fin d' après-midi l' amie
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R
Certains bâtiments où les gens sont entassés font bien penser à des clapiers. Et le poulet aux hormones élevé dans les batteries sont vendus encore dans nos supermarchés...<br /> Bien sûr, on assiste à un retour vers la nature, avec les produits bio, mais c'est encore l'exception...<br /> La société de consommation nous emporte vers des dérives dangereuses, oui.<br /> <br /> Belle soirée, AJE
L
En effet une très belle chanson au paroles magnifiques. <br /> Merci rosemar et bises du WE
Répondre
R
Merci pour cette évocation des vignes de Montmartre, LH : je ne connaissais pas...
R
Une des plus belles de Jean Ferrat, avec un thème fort : l'exode des paysans, et l'évocation des splendeurs de la nature, auxquelles on ne prête plus suffisamment attention...<br /> <br /> Bises, LH
L
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Vigne_de_Montmartre
L
A Paris, notre montagne c'est la colline de Montmartre où il y a des vignes à vin...
M
Bof... Le jus de la treille est toujours piquette mais laboratoire OBST est passer par là...
Répondre
R
Qu'est ce que ce laboratoire OBST ? Je ne connais pas...
R
Bonjour Rosemar,<br /> C'est certain :"La Montagne" est une des plus belles chansons françaises de tous les temps.<br /> Je regrette de ne pas avoir pu prendre connaissance de votre article sur les BD de Christophe (j'ai été, pour la dernière fois, je l'espère,en observation)... Vous avez le don, Rosemar, de ressusciter de très vieux souvenirs : Christophe, grand savant et pédagogue, est aussi le père du Savant Cosinus, du Sapeur Camembert et de la Famille Fenouillard - dont on a fait un film un peu décevant, avec Jean Richard, en 1961. Si on y ajoute les Pieds Nickelés et Bibi Fricotin, la BD française, avant d'être submergée par les "Comic's", ne se défendait pas mal, non ?<br /> Bonne journée.
Répondre
R
Une chanson qui est, sans doute, la plus connue de Ferrat, une chanson qui célèbre la nature, un certain bonheur de vivre...<br /> Merci pour ces souvenirs de BD et cette évocation de l'auteur : Christophe qu'on a un peu oublié.<br /> <br /> Bonne soirée, Richard

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