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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 11:02
Regarde-moi...

 

Dans les rues de la ville, les gens se hâtent, vaquent à leurs occupations, happés par le temps, le travail, et les autres disparaissent, s'effacent...

Les autres n'existent plus, les autres s'évanouissent...

 

Et pourtant, ils sont là, les pauvres, les sans abri, les démunis, les sans visage, ceux qu'on ne voit plus.

Ils sont là, de plus en plus nombreux, de plus en plus isolés et solitaires.

 

Les gens détournent le regard, comme saisis de honte, ils ne voient plus ceux qui sont là accroupis, assommés de fatigue, de douleurs.

Ils refusent de voir la misère, la descente aux enfers, le désarroi, la détresse de ceux qui n'ont plus rien.

 

De la même façon qu'ils refusent de voir les vieillards enfermés désormais dans des ghettos, ils ferment les yeux devant la douleur des déshérités.

 

"Regarde-moi" pourraient-ils dire tous, vieillards et pauvres...

Dans nos sociétés individualistes, le regard ne s'attarde plus sur les autres, le regard se détourne de ce qui dérange et fait peur... la vieillesse, la misère...

 

"Regarde-moi, regarde mes rides, ma souffrance, mon visage las et douloureux."

"Regarde mon humanité, derrière les rides et la détresse. Je suis un être humain, comme toi, même si mon aspect est douloureux et triste.

Il m'arrive de sourire, de pleurer comme toi".

 

Dans un monde où la beauté, la jeunesse sont magnifiées, dans un monde de consommation, d'artifices et de paillettes, comment les vieux et les pauvres pourraient-ils attirer le regard ?

Il nous faut réapprendre à voir au delà des apparences, il nous faut réapprendre à regarder les autres, les humains, nos semblables.

Et puis il nous faut aussi rétablir le contact avec les oubliés de la terre, il nous faut partager.

"Notre société est très cloisonnée et cultive l'entre-soi. Tout est fait pour que les personnes incluses, qui travaillent, qui consomment, ne rencontrent pas les exclus- ceux qui sont au bord des rues et du monde. Et c'est bien le drame, car avec ce manque de contact entre les uns et les autres, un fossé d'incompréhension s'installe..." écrit Véronique Fayet dans son ouvrage Révolution fraternelle.

"Regarde-moi... " le verbe regarder implique une attention à l'autre, une ouverture...

C'est là un message qu'il nous faut tous entendre.

 

 

 

Regarde-moi...
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commentaires

M
J’ai offert une voiture 80000 km à un SDF, voiture qu’il a préféré abandonner pour aller jouer ou que sais-je ? J’en ai hébergé d’autre qui m’ont volés en plus de me créer des problèmes. C’est du travail pour le corps médical, mais aussi les psychologues, psychiatres, psychothérapeutes. Je n’ai pas/plus assez d’imagination et d’intelligence pour dorénavant ouvrir ma porte et offrir une chambre et des repas chauds pour me retrouver encore et encore spolié et dépité. Je laisse cela aux associations et autres assistances sociales dont c’est le métier. J’ai une copine qui ici a reçue plusieurs coups de couteau avant d’etre violée par un SDF qu’elle hébergeait gratuitement.
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R
Que d'expériences négatives ! Ce tableau est bien sombre : peut-il refléter la réalité ?
L
Deux fois j'ai vu des sdf se plaindre.. <br /> L'un dormait sur le trottoir par une température polaire, lorsqu'un passant l'a interpellé... le sdf s'est mis en colère et lui a crié "je vous demande quelque chose, moi ?"<br /> L'autre, interpellé par un passant, s'est mis à pleurer et a dit "Mon avocat m'a dépouillé"...<br /> Dans les deux cas j'avais le coeur défait...
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R
On voit parfois des SDF allongés sur le trottoir, dans une attitude d'abandon total : c'est douloureux, en effet.<br /> <br />
A
Tout ce que tu dis est vrai, et en même temps, en ces temps de précarité, je crois que de plus en plus de concitoyens ont peur de voir dans ces visages exprimant de la souffrance des maux dont ils ne sont absolument pas prémunis...Une nouvelle solidarité est peut-être en train de naître aussi.<br /> Je sens notre société tiraillée entre ces deux aspects : l'un que tu dénonces à juste titre, et l'autre partie de la société qui prend conscience que l'humanité toute entière est en régression si nous ne réagissons pas et si nous ne nous indignons pas.<br /> Bonne journée l' amie
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R
De plus en plus de gens se sentent concernés par la précarité qui a tendance à se croître dans nos sociétés, c'est vrai, mais il est souvent difficile de communiquer avec des SDF : souvent, on se sent maladroit, on ne sait comment leur parler, les aider vraiment.<br /> <br /> Belle soirée, AJE
M
Bonjour Rosemar, quand on pense qu’il n’y a que 80 /100 générations qui nous séparent de Jules ou Homère, et que, donc nous sommes quasiment tous cousins. De ne voir dans l’isolé(e)(s) q’uun Étranger prouve notre infériorité, d’ailleurs, si certaine, si connue et si extraordinaire !!!. C’est vainement que les hommes remettent leur démission pour croire conserver une parcelle de Justice. Enfin, dans de t’elle situation y a-t-il beaucoup de mots à ajouter ou de virgule à retrancher pour solutionner un tableau que l’histoire inlassablement nous recrache au visage...? Bonne journée à tous.
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R
Les SDF sont bien des isolés : ils sont coupés du monde, et il est difficile souvent d'aller à leur rencontre... <br /> <br /> <br /> Bonne soirée, Michel