Il s'appelle Peter Turnley, il est photo-reporter, il revient d'Ukraine : il a photographié ces hommes, ces femmes, ces enfants forcés de quitter leur pays... direction : la Pologne.
Peter est franco-américain, il veut témoigner de la vie de son époque... il a commencé à faire des photos, dès l'âge de 16 ans.
Voici son témoignage :
"J'ai un certain credo : j'envisage tous les gens de la terre comme des frères et des soeurs. J'ai l'impression que la terre entière, c'est ma famille.
Quand je suis arrivé en Ukraine, je n'étais pas prêt à voir ce que j'ai vu là-bas : c'est la plus grande crise, le plus grand exode depuis la deuxième guerre mondiale.
Imaginez qu'on perd tout de son existence : sa maison, son compte en banque, on perd ses amis, on perd son voisinage et on va vers l'inconnu. Et aujourd'hui, en Ukraine, il s'agit de presque 4 millions de personnes qui ont perdu ce sens de l'existence."
Sur une des photos prises par Turnley, on voit une femme avec peu d'affaires, une valise et toute sa vie qui vient de basculer...
Turnley a travaillé essentiellement dans deux endroits, à la frontière polonaise, puis en Ukraine à Lviv : "les scènes à la gare de Lviv étaient vraiment incroyables, il y avait des milliers de gens qui sont passés pour avoir les dernières places dans un wagon de train et j'ai eu un voyage qui a été assez extraordinaire...
Je suis rentré d'Ukraine dans un wagon débordant de réfugiés, et tous ces gens dans ce wagon avaient tout perdu.
Je regardais leur visage, les yeux glacés de beaucoup de femmes, ce qui me frappait, c'étaient les âges différents de ces gens qui venaient de tout perdre...
Souvent, je voyais de vieilles dames, (ma propre mère est morte il y a deux ans, elle avait 92 ans, elle était invalide, mais elle était entourée d'amour à la fin de sa vie.)
Et je voyais ces vieilles dames qui, tout d'un coup, avaient tout perdu, toute relation, elles n'avaient aucune idée de savoir ce qui les attendait et probablement, elles savaient qu'elles allaient mourir dans un endroit qui n'étaient pas leur propre patrie.
Lors de ce reportage en Ukraine, j'étais en voyage dans ce wagon, j'étais debout, il n'y avait pas un centimètre libre dans ce wagon de train et quand nous sommes arrivés en Pologne, on a attendu deux heures que les garde frontières ouvrent les portes de chaque wagon, mon wagon était le dernier, et quand ils ont ouvert la porte, en descendant du train, j'ai eu un sentiment énorme de culpabilité...
Moi, je savais que je pouvais partir vers une vie que je connais, vers la sécurité, vers quelque chose qui n'est pas étranger pour moi, et je savais que tous ces gens que je laissais derrière n'avaient pas du tout cette chance.
La seule chose qui restait à ces gens, c'était l'amour."
En 2000, Peter Turnley était allé en Russie en reportage : il rencontre alors Vladimir Poutine, et il réalise un cliché de son visage.
"J'étais envoyé à Moscou, c'était tout au début du régime de Poutine, il venait d'arriver au pouvoir, et je témoigne à travers mes photos aussi des grands leaders, des dirigeants de pays et c'était tout naturel que le monde entier s'intéresse à cet homme, Poutine.
Quand je photographie les gens, j'aime beaucoup les regarder dans les yeux, et je regardais dans les yeux de Poutine sur la Place Rouge, et si vous me demandez ce que j'ai vu, je n'aurai pas une réponse facile, ce que j'ai vu, c'est une énigme."
"Dans ce regard, il y a tellement de choses : il y a de l'inquiétude, la sûreté, la fragilité, il y a tout ce que l'on peut imaginer de cet homme.", commente le journaliste qui interroge Turnley.
De fait, ce cliché date de 22 ans : physiquement, Poutine a changé : il avait à l'époque un visage émacié, des poches sous les yeux, un front marqué de rides soucieuses.
Il a aujourd'hui un visage plein, épanoui... disparues les poches sous les yeux...
D'aucuns disent qu'il a eu recours à la chirurgie esthétique. De mauvaises langues ? Il est vrai que son visage apparaît figé, sans ride, malgré son âge.
Vladimir Poutine joue la carte de la virilité, mais en même temps, il y a, dans ce visage botoxé, avec des joues rondes, une forme de féminité...
Source :
https://www.france.tv/france-2/20h30-le-dimanche/3165903-emission-du-dimanche-27-mars-2022.html
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