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19 février 2024 1 19 /02 /février /2024 13:20
Alexeï Navalny : sa famille réclame en vain son corps...

 

"Le Kremlin ne s'est pas encore exprimé à la suite du décès d'Alexeï Navalny. Les autorités russes interdisent toujours les rassemblements en hommage au principal opposant de Vladimir Poutine.

Depuis l'annonce de la mort d'Alexeï Navalny, le vendredi 16 février, sa mère recherche son corps sans relâche. Elle s'est rendue dans la colonie pénitentiaire dans laquelle il purgeait sa peine. Sa mère repart avec un document officiel confirmant la mort de son fils mais elle n'a pas pu voir sa dépouille.

 

Les autorités carcérales l'ont renvoyée vers la morgue de la ville de Salekhard où le corps serait retenu par les enquêteurs pour analyse.

Mais là encore, devant les portes closes, l'avocat de la famille ne peut rien faire : le corps est introuvable.

"On lui a dit qu'il était le septième à appeler aujourd'hui et que le corps d'Alexeï n'était pas à la morgue." explique Kira Yarmysh, porte-parole d'Alexeï Navalny.

 

Celle-ci accuse les autorités de Moscou de mentir et de tout faire pour ne pas remettre la dépouille à la famille. "Nous demandons que le corps d'Alexeï Navalny soit immédiatement remis à sa famille", a fait savoir Kira Yarmysh.

La famille réclame en vain son corps. Et cela ajoute encore un peu plus de mystères sur les causes de sa mort...  un communiqué a été publié sur le site de la  colonie pénitentiaire, où il est indiqué qu'Alexeï Navalny est décédé après un malaise soudain.

 

La commission d'enquête promet, de son côté, qu'une autopsie est en cours et que les résultats seront divulgués la semaine prochaine.

 

En attendant, à Moscou, des centaines d'habitants se sont succédés toute la journée pour déposer des fleurs en son hommage.

Les regroupements ont été interdits avec des arrestations parfois musclées : ainsi, sur une vidéo, on voit un homme qui est maintenu de longues secondes la tête dans la neige : "Tête en bas ! Avance ! Lève-toi ! Attrape-le par les jambes !", avant d'être emmené de force.

Pas moins de 340 manifestants ont été arrêtés, samedi 17 février à Moscou, selon une ONG russe pour les droits de l'homme."

 

Une mère empêchée de voir la dépouille de son fils mort dans les geôles du Kremlin ? Voilà un traitement inhumain et indigne...

Aux dernières nouvelles, selon un média russe d’opposition, le corps d’Alexeï Navalny se trouverait à l’hôpital du district de Salekhard, en Sibérie, et porterait des ecchymoses.

 

Sources :

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/alexei-navalny/mort-d-alexei-navalny-pourquoi-les-autorites-russes-ne-s-expriment-pas_6372232.html

 

 

https://www.lepoint.fr/monde/mort-d-alexei-navalny-poutine-signifie-a-ses-opposants-qu-ils-seront-tues-17-02-2024-2552696_24.php

Alexeï Navalny : sa famille réclame en vain son corps...
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commentaires

C
"Novaya Gazeta Europe a appris que le corps d'Alexeï Navalny se trouve à la morgue de l'hôpital clinique du district de Salekhard. Samedi, aucune autopsie n'avait encore été pratiquée, ont indiqué des sources.<br /> <br /> Après la mort subite de Navalny vendredi, son corps a d’abord été transporté dans la ville de Labytnangi, à 36 kilomètres de la colonie pénitentiaire où il est décédé dans le village de Kharp, dans le district autonome de Yamalo-Nenets, à l’extrême nord de la Russie. Cependant, des sources indiquent que le corps a été transféré plus tard vendredi à l'hôpital du district de la capitale régionale de Salekhard<br /> <br /> "Habituellement, les corps des personnes décédées en prison sont transportés directement au Bureau de médecine légale de la rue Glazkova, mais dans ce cas, ils l'ont transporté à l'hôpital clinique pour une raison quelconque", a déclaré un ambulancier du service d'ambulance de Salekhard.<br /> <br /> « Ils l'ont conduit à la morgue, l'ont amené à l'intérieur, puis ont posté deux policiers devant la porte. Ils auraient tout aussi bien pu mettre une pancarte disant : « Il se passe quelque chose de mystérieux ici ! » Bien sûr, tout le monde voulait savoir ce qui s’était passé, pourquoi tout ce mystère et s’ils essayaient de cacher quelque chose de grave.<br /> <br /> Il est vite apparu que le corps livré était celui d’Alexeï Navalny et que sa mort n’était « pas de nature criminelle », terme utilisé pour indiquer qu’il n’y avait pas d’armes à feu. La rumeur s'est alors répandue selon laquelle les pathologistes de l'hôpital avaient été interdits de pratiquer l'autopsie, a ajouté la source.<br /> <br /> "À ce stade, les opinions sont divisées", a déclaré le secouriste. « Certains disaient qu'un ordre était venu de Moscou d'attendre l'arrivée de spécialistes de la capitale, tandis que d'autres disaient que les médecins légistes eux-mêmes avaient refusé de pratiquer une autopsie. L’affaire est politique et on ne sait pas exactement comment elle va se terminer. Et si vous effectuez une autopsie et recevez un ordre direct de modifier le résultat, vous ne pourrez pas vous en sortir. Et vous pouvez vous retrouver sur la sellette. … Mais s’il n’y a pas eu d’autopsie, il n’y a personne à qui s'adresser."<br /> <br /> L’ambulancier a également déclaré qu’on lui avait dit que le corps de Navalny présentait des signes d’ecchymoses et que, même si les ecchymoses ne semblaient pas provenir de coups, Navalny devait être encore en vie pour que des ecchymoses apparaissent, a-t-il ajouté.<br /> <br /> « En tant qu'ambulancier expérimenté, je peux dire que les blessures décrites par ceux qui les ont vus semblaient provenir de convulsions. … Si une personne a des convulsions et que d'autres essaient de la maintenir mais que les convulsions sont très fortes, alors des ecchymoses apparaissent. Ils ont également dit qu’il avait une ecchymose sur la poitrine – du genre de celle qui provient d’un massage cardiaque.<br /> <br /> "Ils ont donc essayé de le réanimer, et il est probablement mort d'un arrêt cardiaque", a déclaré le secouriste. "Mais personne ne dit rien sur la raison pour laquelle il a eu un arrêt cardiaque."<br /> <br /> https://novayagazeta.eu/articles/2024/02/18/navalnys-body-located-in-salekhard-hosptial-no-autopsy-yet-performed-en-news
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A
A Caius<br /> Nous nous comprenons parfaitement. De la même manière que les autorités sud-africaines avaient évité de faire de Mandela un martyre, de même que les autorités soviétiques n'ont jamais tenté d'éliminer Soljenitsyne, Poutine devait prendre grand soin d'un tel prisonnier qui était sous "sa garde et sous sa responsabilité".<br /> L'histoire est parfois tragiquement ironique. Poutine qui a les mains couvertes de sang pour d'innombrables autres crimes pourrait être étranger à cette mort-là.<br /> Dans ce cas on ne peut qu'être pris de vertige par son manque de prudence: il avait largement les moyens de s'assurer que Navalny n'ait pas à souffrir de mauvais traitements et brimades qui aujourd'hui se retournent complètement contre le maître du Kremlin.<br /> Cette mort a non seulement des conséquences absolument catastrophiques, mais elles nous rappellent à tous ce qu' a été l'histoire de Navalny. Moi, je ne la connaissais pas très bien son histoire.<br /> C'est grâce à André Markowicz que j'ai appris l'incroyable bévue du Groupe Yves Rocher dont ont profité les autorités russes.<br /> J'ai appris que l'empoisonnement dont il avait été victime devait le tuer et que c'est un miracle qu'il en soit réchappé...<br /> J'ai appris le scandale Medvedev en m'informant sur Navalny...etc..etc...<br /> Bref, cette mort réveille tous les démons de la politique russe...ces démons qui resurgissent à 1 mois des élections.<br /> PS: dans n'importe quelle démocratie une telle mort aurait provoqué des émeutes qui auraient fait vacillé le pouvoir. Le simple fait que ces émeutes n'aient pas eu lieu est un indicateur inéquivoque du degré de repression actuel.
C
Alea Jacta Est<br /> <br /> Nous sommes bien d'accord que Navalny a succombé à un délabrement prématuré de son organisme consécutif aux épreuves qu'il a enduré.<br /> Par contre j'estime hautement improbable que sa mort ait été décidée par qui que ce soit considérant que (cui bono ?) les seuls à qui son décès profite sont Biden et zelensky qui en font un argument pour tenter de convaincre les parlementaires républicains de voter les aides financières à l'Ukraine.
A
Caius<br /> Je vous parle d'autre chose. L'incroyable et invraisemblable série noire dont sont victimes les opposants du régime fait que la vérité sur la mort de Navalny n'a réellement et paradoxalement plus aucune importance. NAVALNY C'EST LE MORT DE TROP...Paradoxalement Poutine (voir ma métaphore avec le film LE PARRAIN) devait le protéger, or, il n'est pas besoin d'attendre les résultats de l'autopsie pour savoir que:<br /> 1- Navalny a été victime de mauvais traitements et de negligences.<br /> 2- il était malade<br /> 3- bien que malade il a été envoyé dans une colonie pénitentiare de l'arctique au régime très strict.<br /> Ces 3 éléments font que Poutine est directement coupable...<br /> Mis à part cette accusation directe je vous rappelle mon autre métaphore au sujet des gens qui gagnent systématiquement au loto...les gagnants systématiques au loto ça n'existe pas...
C
Si je résume l'article de la Novaya Gazeta, journal reconnu pour sa lutte en faveur de la liberté d'expression en Russie : <br /> - le corps ne peut être restitué à la famille qu'après qu'une autopsie aura été pratiquée ;<br /> - pour l'instant, tous les médecins légistes de la région se sont défilés pour ne pas pratiquer cette autopsie (attitude peu glorieuse mais que je comprends : quel que soit la teneur de son rapport le légiste sera accusé de complaisance) ;<br /> - l'infirmier à qui les ecchymoses sur le corps de Nalny ont été décrites estime qu'elles sont très probablement apparues à la suite des premiers soins qui lui ont été administrés,<br /> -on attend que des légistes soient envoyés d'une autre région.
A
2 remarques Caius.<br /> 1- vous connaissez sans doute l'histoire de ces personnes qui ont menti toute leur vie et que personne ne croit le jour où elle disent une vérité. C'est exactement la situation du pouvoir russe. Imaginons 2 secondes( juste 2 secondes) que cette mort se soit produite sans implication directe du pouvoir russe: et bien , personne n'y croirait car le nombre d'opposants disparus dans des circonstances non établies et sans connaître les vrais commanditaires (je vous épargne la longue liste) est bien trop important pour qu'il soit fortuit. <br /> Ici le nombre de victimes fait force de preuve. Poutine se trouve dans la même situation que ces fraudeurs au loto qui gagnent toujours( mais qui dans la réalité ont racheté les billlets gagnants pour blanchir de l'argent): gagner toujours au loto c'est rigoureusement et probabilistiquement impossible. Or, Poutine gagne toujours au loto de la mort et de l'assassinat politique. Donc quelles que soient les futures raisons invoquées par les autorités russes, personne (y compris moi-même) n'y croira.<br /> 2- cette mort est aussi un message, et là encore, quelle que soit les conclusions, le message de terreur et d'injustice est définitivement passé...irrémédiablement.<br /> <br /> PS. Dans le Parrain nº 1 Marlon Brando explique à tous les chefs mafieux assis à une même table que si par hasard il arrivait malheur à son fils il considérerait que le responsable est assis à la table de réunion.<br /> Poutine se devait de tout faire pour protéger la vie de Navalny qui était malade...et il l' a envoyé dans une colonie pénitentiaire du cercle arctique. C'est définitivement lui qui, une fois de plus, a du sang sur les mains. Poutine qui, pour ma part, entre déjà dans la catégorie des grands criminels contre l'humanité. Il a déjà gagné sa place historique à côté d'Hitler, de Staline, Milosevic,etc...
A
Voici ce qu'a écrit aujourd'hui André Markowicz sur sa page facebook:<br /> <br /> "L’offensive de Poutine<br /> On n’a sans doute pas fait assez attention à la synchronicité : l’assassinat de Navalny (dont, au moment où j’écris, personne n’a vu encore la dépouille, après plus de trois jours), et la prise d’Avdéïevka. Les deux ont la même raison : un effacement soudain des USA. <br /> Ce qui s’est passé à Avdéïevka dans les derniers jours, tout le monde le décrit comme quelque chose d’inoui par la violence et l’intensité – après deux ans de guerre : le déluge de feu qui est tombé sur cette ville, aujourd’hui rasée de la surface de la terre, totalement réduite à l’état de ruines, a été sans exemple. L’artillerie, l’aviation, les attaques d’infanterie, – et un rapport de 10 à 1 quant aux munitions pour les Russes, – ce qui s’était déjà produit à Sévérodonetsk et Lissichansk, mais avec moins de forces en présence. Les Russes ont perdu quelque chose comme 17000 hommes tués, et 30000 blessés (je ne connais pas les pertes ukrainiennes, mais, même avec un ratio de un Ukrainien tué pour quatre Russes (ce qui était le cas à Bakhmout), c’est totalement épouvantable. Les Russes avançaient et avançaient, ne comptaient pas les pertes – ils ne les comptent pas, en général. Et cette offensive d’Avdéïevka n’était pas unique : l’armée russe attaque sur toute la ligne de front, du nord au sud, avec la même violence, la même rage. C’est sur toute la ligne de front que le rapport de forces est le même : les Ukrainiens, à cause des républicains américains (à cause de Trump), n’ont pas le quart des munitions qu’ils devraient avoir, et ils tiennent encore, sur tout le front, même si, à Avdéïevka, ils ont dû se retirer (ce qui ouvre aux Russes la voie vers les autres villages, tant au nord, au centre qu’au sud). <br /> *<br /> Poutine a attaqué parce qu’ils le peuvent, parce qu’ils ont senti la faiblesse de l’OTAN. Ils ont tué Navalny pour la même raison, parce que, comme je l’ai dit avant-hier, il pouvait le faire. <br /> Cet assassinat, appuyé par l’acharnement de l’attaque russe, signifie une chose : ce n’est pas seulement un signe à l’intérieur, et une menace de mort pour tous les opposants (en fait, cette menace était déjà claire depuis longtemps), non, c’est un signe adressé à l’OTAN. Et, là encore, ce n’est pas seulement pour dire que « je peux le faire, je le fais ». C’est pour dire : pour vous débarrasser de moi, il faudra d’abord me tuer. C’est pour montrer qu’il y a aujourd’hui, entre les pays de l’Alliance, et la Russie (avec, derrière, ses alliés... l’Iran, et sans doute la Chine, mais pas que...), une lutte qui n’est pas une lutte, mais une guerre, et une guerre à mort. La guerre n’est pas contre l’Ukraine. C’est une guerre contre toute idée de démocratie en général. Et tout signe de faiblesse ou de peur est un appel à davantage de crimes : les tueurs ne connaissent que le langage de la force. Tous les ordres arguments sont juste nuls et non avenus. <br /> Est-ce un hasard si, dans le même temps, l’Allemagne et la France ont signé un accord de « défense mutuelle » (ou comment ça s’appelle ?) entre elles et l’Ukraine ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Que nous allons, enfin, fournir davantage d’armes ?.... Il faudrait le faire vite, très vite, et fournir les avions, que l’Allemagne a toujours refusé de livrer, comme elle a tellement tardé pour les chars, à cause de sa volonté de ménager les intérêts industriels de la Russie (qui sont aussi les siens). Je ne sais pas ce que ça veut dire. Je sais que, pour l’instant, c’est l’Ukraine qui défend la France et l’Allemagne, en se défendant elle-même, et que, cette lutte, là encore, c’est une lutte à mort : quand la Russie occupe un territoire, elle occupe des ruines, quasiment dépeuplées, elle instaure son régime de terreur. D’après ce que je peux comprendre, il n’y a des débuts de reconstruction qu’à Marioupol, – et pour une raison précise : pour effacer les traces d’un massacre qui a coûté la vie à, au minimum, 100.000 civils, aujourd’hui, officiellement, du côté russe, considérés comme « déplacés » ou « inconnus ». Tout le reste est laissé, selon la doctrine Serguéïevstev, à l’état de décombres, – juste assez pour faire entièrement dépendre les survivants, hébétés, terrorisés, des distributions russes.<br /> Nous en sommes là. C’est une guerre à mort, dans laquelle l’Ukraine paye pour la seule raison qu’elle s’est autorisée – que les Ukrainiens se sont autorisés – à vouloir être libres, non déterminés par leur proximité géographique avec ce pays de terreur qu’est, et qu’a toujours été, la Russie.<br /> Si l’Ukraine est écrasée, c’est nous qui le serons. – Et, oui, les perspectives sont là : une victoire des fascistes au Parlement européen, et une victoire de Trump. Et là, tout de suite, Rafah : et la bande de Gaza détruite dans la même proportion que Marioupol (entre 80 et 90% de tous les bâtiments). (J’y reviendrai, mais pas dans cette chronique-ci).<br /> *<br /> Et, vous savez quoi, ça ne sert à rien de désespérer, parce que le désespoir donne des armes à l’ennemi. Non, il faut voir où nous sommes, – où nous en sommes. Et déjà – pour moi, toujours – le dire.<br /> Ne dormez pas. Partagez. Juste, quoi, ne détournez pas les yeux. Lisez et regardez. Soyez conscients du prix que paient des êtres humains pour que, vous vous viviez, souvent plus mal que bien, mais sans les bombes."
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R
Merci pour ce billet d' André Markowicz...
A
Voici le billet antérieur de Markowicz qui a suivi l'assassinat:<br /> "Les assassins<br /> Les faits : Alexéï Navalny a été assassiné le vendredi 16 février 2024 par le régime de Poutine. Assassiné. Le communiqué officiel de l’administration pénitentiaire russe explique qu’il s’est senti mal pendant une promenade et serait décédé d’une thrombose. La phrase comporte deux mensonges flagrants :<br /> 1. Navalny était au cachot (il en était sorti le 11 février dernier, et y avait été replacé le 14). Le cachot se caractérise par le fait que les promenades sont interdites (mais il n’avait droit à aucune communication, il n’avait pas de linge de lit (avec des températures polaires dehors), dormait, ou essayait de dormir sur une planche. Donc, il n’a pas pu se sentir mal pendant une promenade, parce que, de promenade, il n’y en avait pas.<br /> 2. Pour savoir que tu es mort d’une thrombose, il faut faire une autopsie. Et il n’y a pas eu aucune autopsie, – du moins au moment où j’écris. Donc, l’explication de sa mort est de l’ordre de celles qui étaient données sous le régime de Staline, – elle est donnée pour montrer qu’elle n’existe pas, et que l’assassin se fiche de la vérité : il a tué, – un point, c’est tout.<br /> Cela, c’est simplement clair et net, indiscutable.<br /> A-t-il été réellement assassiné dans son cachot, empoisonné, ou est-il mort d’épuisement ? Ce qui est sûr, c’est que, la veille, pendant une séance vidéo d’un des multiples procès qu’il avait en cours contre l’administration pénitentiaire, il avait l’air en forme, on le voyait même rigoler. Il plaisantait de l’absurdité des sentences. Il est, hélas, plus que vraisemblable qu’il ait été assassiné physiquement. Mais quoiqu’il en soit, ça n’a pas d’importance. Il a été assassiné.<br /> Par qui ?<br /> Evidemment par Poutine, parce que Navalny a mis en lumière la nature mafieuse de son régime, à sa nature mafieuse à lui personnellement, et son goût du luxe (un goût, littéralement, de chiottes, – je dis ça parce que même les brosses des WC de Poutine sont plaquées or... sérieusement). C’est-à-dire qu’il a mis en lumière non seulement le fait que le dictateur de la Russie est un mafieux et un assassin, mais qu’il est fondamentalement, intimement, ridicule, obscène. Et donc, Poutine l’a fait assassiner.<br /> Mais Poutine est-il le seul assassin ? Non.<br /> *<br /> Le premier assassin de Navalny, rappelons-le, encore et encore, c’est la firme française – non, il faut dire « bretonne » – Yves Rocher, qui a porté plainte contre Navalny et son frère pour escroquerie, permettant à Poutine de condamner l’opposant russe à une peine de prison avec sursis avec obligation de contrôle judiciaire. « Yves Rocher » (la firme) a depuis assuré que l’entreprise n’avait subi aucun dommage de la part des frères Navalny, mais, après sa tentative d’assassinat au novitchok, quand Navalny est rentré à Moscou, la raison formelle de son arrestation a été le fait qu’il était soustrait à son contrôle judiciaire. Les autres condamnations, qui se sont accumulées, sont venues ensuite... – J’ai consacré à ce sujet une longue chronique écrite avec Françoise Morvan, elle est en premier commentaire. Je n’y reviendrai pas ici. Sauf pour dire ceci : la firme Yves Rocher est, aujourd’hui, présente en Biélorussie, en Ukraine et aussi en Russie. Elle possède, à ce jour, 407 « boutik » (c’est le barbarisme russe inventé par la firme pour désigner ses points de vente) et 12 spa-centers (une grande opération publicitaire est d’ailleurs lancée en Russie en février : les consommatrices ont droit à 30% de réduction dès qu’elles achètent je ne ne sais plus quoi). C’est-à-dire que, depuis 2021, Yves Rocher s’est développé très tranquillement, et a continué de faire ses affaires en Russie, malgré tous les embargos. Pendant que Poutine détruit l’Ukraine, bombarde et torture ses habitants, et impose la terreur dans l’ensemble de la Russie. Yves Rocher est donc, il faut appeler les choses par leur nom, le premier assassin d’Alexéï Navalny. Quelqu’un le rappelle-t-il, cela ? Et qui demande des comptes à cette entreprise, l’un des piliers du lobby patronal de Bretagne ?<br /> * <br /> Qui sont les autres assassins ? <br /> Comment, qui sont-ils ? Mais nous, – nous tous, Occidentaux. Parce que cet assassinat est le résultat de l’inaction criminelle et délibérée des gouvernements occidentaux contre Poutine, le résultat de leur volonté de « ne pas humilier la Russie », comme a dit qui nous savons – et comme qui nous savons l’a dit très tôt. À partir de ce moment (et ceux qui me lisent s’en souviennent peut-être), j’ai dit que Poutine allait voir s’ouvrir devant lui un grand boulevard, parce qu’il était clair qu’on ne le laisserait pas perdre. Certes, il s’agit toujours d’aider l’Ukraine, mais, encore une fois, – de l’aider pas trop. Pas au point où une défaite russe pourrait mettre en danger ce qu’on appelle « la stabilité » de la Russie... <br /> Et souvenez-vous de ce que disait Biden, à l’arrestation de Navalny. S’il venait à mourir, disait-il, les conséquences pour Poutine seraient catastrophiques. Que dit-il aujourd’hui ? Qu’il est scandalisé. Parce qu’il a compris que ce n’est plus lui qui a l’initiative. Ce qui s’est passé, c’est que, dés aujourd’hui, avec quasiment un an d’avance, le pouvoir aux USA, c’est Trump qui le détient – les Républicains. Et que les Républicains ont fait alliance avec Poutine, parce que leur programme est celui d’un isolationnisme aussi complet que possible. Et ce n’est pas un hasard, donc, si l’assassinat de Navalny survient quelques jours après l’interview de Poutine avec Tucker Carlson, âme damnée’ de Trump, – une interview qui se caractérisait par deux choses fondamentales. D’abord, l’affichage au grand jour de la complicité de Trump et de Poutine (Trump a surenchéri le lendemain en affirmant qu’il demanderait à Poutine d’attaquer l’OTAN qui, soi)-disant, ne payait pas pour les défenses militaires, – ce qui est simplement un mensonge), – Trump offrait à Poutine une plateforme médiatique, et Poutine laissait Trump jouer les matamores. La deuxième chose est encore plus sérieuse : les grandes digressions historiques de Poutine, qui étaient totalement délirantes. J’ai dit à un journaliste que ce qu’il disait la naissance d’un État russe centralisé en l’an 862 était du même ordre que d'affirmer que c’était Vercingétorix qui, chez nous, avait créé l’État. Pour toute personne un tant soit peu « civilisée », des arguments pareils seraient simplement disqualifiants, ridicules.<br /> *<br /> Ce qui s’est joué pendant cette interview est, justement, d’un ordre civilisationnel : l’Histoire, soudain, a été décrétée nulle et non avenue par le pouvoir, et, oui, c’est l’importance de la culture en tant que telle qui a été abolie. La question n’était pas que Poutine racontait des bêtises : il racontait ce qu’il voulait, parce qu’il avait le pouvoir, et la force. Et que, le pouvoir et la force, il était en train de les prendre au niveau mondial. Il n’avait pas besoin de ces vieilles lunes, l’Histoire, la « civilisation », l’humanité, l’humanisme, la réalité ou la vie des gens – il n’avait plus besoin de faire semblant que, d’une façon ou d’une autre, il s’y intéressait. – Il voulait, il prenait. Il utilisait la langue comme l’administration pénitentiaire : pour dire que la vérité ne sert à rien.<br /> Il le faisait, cela, parce que les démocraties occidentales le laissaient faire, lui demandaient d’être raisonnables, l’appelaient, lui, à la table des négociations, cherchaient, d’une façon ou d’une autre, à ne pas « aggraver les choses ». Alors que, lui, il ne comprend que la force. Et ce qu’il aime, vraiment, mais vraiment, c’est les dorures sur les brosses de WC.<br /> Il a tué Navalny quand l’Allemagne a fini par refuser d’extrader contre lui un agent de Kadyrov, un mafieux criminel en série, qu’il présentait, lui, Poutine, il y a encore quelques jours, comme un grand patriote. Il a tué Navalny parce qu’il pouvait le faire. Parce que le rapport de forces le permettait. Parce qu’il savait que nous ne ferions rien, à part nous indigner et montrer, n’est-ce pas, notre « colère ». <br /> Mais d’ici, par exemple, ne serait-ce à titre symbolique que, dans tous les pays de la coalition, on débaptise les noms des rues des ambassades de Russie, et qu’on les renomme « rue Alexéï Navalny »... ne serait-ce que ça... même Macron sera mort de vieillesse avant.<br /> Et Yves Rocher, pendant ce temps, aura continué de faire ses affaires, et de parler, accessoirement, pour les faire, ses affaires, de l’authenticité de nos terroirs bretons qui donnent à la consommatrice russe l’objet de ses désirs. Et c’est – je le dis en passant – à la Gacilly, village natal d’Yves Rocher, que s’est tenue une première « journée culture et économie » du lobby Produit en Bretagne.<br /> *<br /> La mort de Navalny marque un degré de plus de la descente dans l’horreur que nous voyons autour de nous. Elle appelle d’autres morts — en Russie, évidemment. Les autres détenus sont en dangers, tous autant qu’ils sont, Kara-Mourza, Iachine, Gorinov et les centaines de femmes et d’hommes moins connus. Tous, – oui, tous – ils sont en danger de mort. Mais beaucoup d’autres, – la terreur se renforce, encore et encore, et elle deviendra une terreur de masse. Et puis, il y aura d’autres morts, en Ukraine, et il y en aura ailleurs, parce que, maintenant, Poutine a compris que nous lui avons laissé les coudées franches. Par cet esprit munichois qui est celui de nos gouvernements – et de nos opinions publiques. <br /> Navalny comprenait ce qu’il faisait quand il rentrait. Tous les débats sur « il n’aurait pas dû » sont donc, comment dire ça ? futiles. Ce qu’il a fait, c’est que, jusque dans cette mort, dans ces tortures qui l’ont tué, il a montré qu’on pouvait vivre, qu’on devait vivre, pour ses idées, et pour ce quelque chose en nous qui nous dépasse et nous fait pressentir que même notre vie (qui est pourtant la nôtre) perdrait son sens si nous le trahissions par peur ou par indifférence, ou pour le goût du luxe. <br /> Juste quelques jours avant sa mort, quand il en avait eu le droit, il avait envoyé à un de ses amis, Serguéï Parkhomenko, une lettre depuis sa prison du cercle polaire. On l’y avait expédié sans qu’il ait eu le temps de prendre ses livres. Mais il y avait là-bas quelques livres dans la bibliothèque de la prison. Il lisait, quand il pouvait – pas souvent – les nouvelles et les pièces de Tchekhov."
A
On n'attend absolument rien qui soit digne de foi de l'enquête russe. Le système judiciaire est complètement soumis au pouvoir dictatorial meurtrier en place. La Russie connaît une forme de néo-stalinisme sans communisme puisque ce sont les mêmes moyens utilisés par l'ex-tyran qui sont employés.<br /> D'après les expertes de la Russie qui débattent sur le lien-ci-dessous il y aurait entre 20 et 30 millions de russes qui connaissaient les contenus des posts denonciateurs envoyés par le passé par Navalny et qui seraient choqués par cette élimination physique de l'opposant.<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=Ra1SzcvvAiI<br /> <br /> Si on confronte ces chiffres aux quelques centaines de manifestants ça montre l'ampleur de la peur et de la répression. <br /> C'est grâce à Navalny et à ses reportages que les russes ont été informés de l'ampleur de la corruption qui gangrénait leur pays.<br /> Poutine avance ses pions, de manière froide, et envoit un message au monde qui ne laisse aucun doute sur sa dangerosité.<br /> Le monde entier prend bonne note et se réarme...
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A
Tu noteras sur ce lien vidéo que Françoise Thom qui connaît très bien la Russie va plus loin que moi. Elle parle de haine et de vengeance personnelle de Poutine contre l'Ukraine et contre Navalny. Selon elle Poutine n'a pas pardonné ces reportages de Navalny qui le ridiculisaient et qui montraient aux Russes son train de vie princier ainsi que l'empire frauduleux que s'était construit Medvedev.
R
Merci pour le lien et cette vidéo, AJE. <br /> Navalny : un des nombreux opposants morts en prison... selon l'équipe de l'opposant russe, les enquêteurs prétendent devoir mener une expertise sur la dépouille pendant au moins 14 jours !
A
Petites précisions: <br /> 1- ce chiffre important (que je cherchais un peu partout sans le trouver) entre 20 et 30 millions de russes choqués par l'élimination de Navalny est à prendre évidemment avec des pincettes car il est tout simplement impossible de disposer de données chiffrées dans une telle dictature féroce.<br /> 2- Poutine n'a plus la possibilité de faire autre chose que les horreurs qu'il commet car toute vérité ou tout retour en arrière le fragiliserait...Il va donc jusqu'au bout de l'horreur, tant au niveau interne qu'en Ukraine...C'est la la fuite meurtrière en avant qui est en train de plonger la Russie dans une tragédie sanglante pour la n-ième fois.....et qui oblige toute la planète à se réarmer.