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14 juin 2024 5 14 /06 /juin /2024 11:54
Où sont les roses ?

 

En hommage à Françoise Hardy qui vient de nous quitter, une chanson de son répertoire, intitulée La Maison où j'ai grandi... une chanson pleine de douceur et de mélancolie. C'est Françoise Hardy qui aimait, elle-même, rappeler ce vers d'Alfred de Musset : "Les plus désespérés sont les chants les plus beaux..."

 

La maison de notre enfance reste souvent gravée dans l'esprit de chacun d'entre nous : tel est le thème de cette chanson interprétée par Françoise Hardy : La maison où j'ai grandi...

 

Le texte à la première personne traduit des sentiments que nous avons tous pu éprouver... un décor simple, des "roses, un jardin, des arbres" : ces souvenirs restent vivaces, comme le suggère l'emploi du présent de l'indicatif : " je revois, je vois..."

En contraste, les imparfaits : "là où vivaient des arbres, les fleurs que j'aimais tant" évoquent un passé révolu.

 

Les arbres personnifiés, associés au verbe "vivre" sont comme magnifiés.

Le rire, l'amitié, le partage font, aussi, partie de ce passé perdu : d'ailleurs, le thème des larmes souligne le déchirement : il a fallu, un jour, partir... certes, la découverte du monde était présentée comme un espoir, un renouveau : l'univers de la ville paraissait merveilleux, dans les lumières de la nuit.

L'espoir du retour était, pourtant, bien présent, comme le montre le discours :" je reviendrai, je prendrai le train du souvenir..."

L'emploi des différents temps : présent, imparfait, futur suggère l'écoulement inexorable du temps.

Ce temps a fui : la maison a disparu, et les interrogations montrent bien le désarroi : "Où sont les pierres et où sont les roses
Toutes ces choses auxquelles je tenais ? Et la maison, où est-elle, la maison
Où j´ai grandi ?"

On perçoit un attachement viscéral à un monde simple fait de pierres, de roses.

Le verbe "voler", très fort, souligne un vide terrible, dans l'expression : "D'autres gens, d'autres maisons ont volé leurs places..." La ville a remplacé le décor de l'enfance, associé au bonheur, aux rires.

L'adjectif possessif "ma" répété devant le mot "maison" insiste sur l'importance de ce lieu de l'enfance : "je ne sais pas où est ma maison..."

La mélodie douce et tendre accentue la nostalgie, la beauté, la simplicité des souvenirs évoqués... Elle s'anime à l'évocation du passé, des amis, du bonheur d'autrefois.

Le thème de l'enfance traité dans cette chanson est universel : le regret associé à cette période de la vie, la mélancolie du temps qui passe... la maison qui nous a vus grandir et qui, souvent, n'existe plus que dans des souvenirs. On perçoit aussi une ville envahissante qui a remplacé le modeste décor d'autrefois.


La fin de la chanson, grâce à des questions réitérées et insistantes, à la répétition du mot "maison", révèle un bouleversement, un désarroi.


Simplicité, émotion, poésie, tendresse sont réunies dans cette chanson, parue en 1966. Les paroles ont été écrites par Eddy Marnay et la musique composée par Adriano Celentano.

 

 

 


 

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commentaires

L
Paix à son âme, femme magnifique !!!❤️
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R
Une personnalité attachante : discrétion, timidité, élégance...
P
Ah ! La nostalgie de l'enfance qui ne la ressent pas un jour !
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A
Je me joins aux propos de Willy qui identifie Françoise Hardy avec l'âge des premiers amours.<br /> Qui n'est pas tombé amoureux platoniquement de Françoise Hardy ?<br /> Beauté, élegance, discrétion...intégrité absolue et exigence artistique... absence de toute forme de prosaïsme et de vulgarité...<br /> Une classe incroyable qui avait largement dépassé les frontières hexagonales (j'en sais quelque chose car les espagnols de mon âge l'appréciaient énormément comme j'ai pu m'en rendre compte cette semaine...sans même parler de sa grande popularité en Grande-Bretagne).<br /> Alors, bien évidemment sa disparition remue plein de choses qui nous ont touchées de manière intime.<br /> <br /> Françoise, c'est celle qui savait chuchoter au coeur des hommes.<br /> <br /> En ces temps actuels de féminisme haineux et agressif, Françoise savait nous remettre en cause, nous les hommes, avec tact et amour.
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R
Jamais écouté de chanson de Françoise Hardy, Piro ? Est-ce possible ?<br /> <br /> <br /> En voici une autre très connue :<br /> <br /> <br /> https://youtu.be/qlDJt3No86E?si=QM9nSOByBEc-sywb<br /> <br /> <br />
P
Perso, je n'ai jamais écouté une chanson de Françoise Hardy avant ce jour. Je dois avouer que c'est une belle chanson.
A
On dit souvent à juste titre qu'on est nostalgique des années soixante. Le paradoxe c'est que cette chanson était elle-même nostalgique. Donc on est nostalgique d'une époque qui cultivait elle-même la nostalgie...<br /> C'était une époque où les poètes nous avertissaient déjà qu'il y avait des épines aux roses de la modernité, notamment avec la ville où l'on finit par perdre son âme...C'est finalement aussi un thème intemporel qui vaut pour toutes les époques. François Villon clamait déjà "Où sont les neiges d'antan".<br /> J'aime beaucoup cette chanson de Françoise Hardy que tu as choisie. Je l'avais moi-même postée sur mon mur facebook cette semaine quand j'ai appris sa disparition. Il y a une autre chanson qui m'est immédiatemment venue à l'esprit et que j'ai postée également sur FB.<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=2ICFtXx546A<br /> <br /> C'est une chanson que j'aime chantonner moi-même, mis à part le fait que cette semaine elle est de circonstance...<br /> <br /> "On est bien peu de chose, et mon amie la rose me l'a dit ce matin..."<br /> <br /> PS: Un peu hors-sujet. Je suis tombé par hasard cette semaine sur une citation de Frédéric Dard qui était un écrivain qui ne se faisait pas beaucoup d'illusions sur sa petite éternité. Voici cet extrait de son livre intitulé JE LE JURE<br /> <br /> "Je suis un vieux foetus blasé. Ma vie m'aura servi de leçon. Je ne recommencerai jamais plus...."<br /> <br /> Quelle confession hallucinante !
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R
On est souvent nostalgique de notre enfance, des lieux qu'on a connus autrefois... et en effet, le thème de la ville qui perturbe la nature était déjà bien présent.<br /> <br /> Merci pour la chanson Mon amie la rose : un thème éternel, le temps qui passe inexorablement.<br /> <br /> Etonnante confession de Frédéric Dard !<br /> <br /> Belle soirée, AJE
A
Rectification....le poème de Goethe est en vers et donc ce n'est pas de la "prose" comme je l'ai écrit...V'la que je fais du monsieur Jourdain moi aussi...-)))
A
Merci WILLY pour ce très beau poème de Goethe que je ne connaissais pas. Bien que n'ayant que des notions élémentaires d'allemand je suis allée relire ce poème dans sa prose originale allemande pour mieux en savourer sa musique...Merci !
W
ALEA<br /> <br /> Jeune garçon vit une rose<br /> <br /> Rose sur la lande éclose ;<br /> <br /> L’était belle comme un matin,<br /> <br /> Pour la mieux voir, vite il s’en vint,<br /> <br /> La vit à grande joie.<br /> <br /> Rose, rose, rouge rose,<br /> <br /> Rose sur la lande éclose.<br /> <br /> <br /> <br /> Garçon dit : Je te cueille,<br /> <br /> Rose sur la lande éclose !<br /> <br /> Rose dit : Je te pique,<br /> <br /> Pour qu’à jamais tu penses à moi,<br /> <br /> Je ne serai pas ta proie !<br /> <br /> Rose, rose, rouge rose,<br /> <br /> Rose sur la lande éclose.<br /> <br /> <br /> <br /> Et le garçon brutal cueillit<br /> <br /> Rose sur la lande éclose ;<br /> <br /> Et la rose se défendit,<br /> <br /> Piqua, blessa, las ! rien n’y fit,<br /> <br /> L’était déjà sa proie !<br /> <br /> Rose, rose, rouge rose,<br /> <br /> Rose sur la lande éclose.<br /> <br /> (Goethe)
W
J'ai voulu récemment revenir sur les lieux de mon enfance et revoir la maison où j'ai grandi . J'ai été très déçu car comme le dit Proust " on est toujours déçu lorsqu'on revient longtemps après sur les lieux de notre enfance car ces lieux ne sont pas situés dans l'espace , mais dans le Temps " <br /> c'est formidablement vrai.<br /> <br /> Ceci dit pour en revenir à la mort de Françoise Hardy, c'est toute ma jeunesse qui vole en éclat et qui me saute au visage , Françoise , , c'était la douce violence de nos jeunes amours , la tendre insouciance de nos premiers beaux jours , quand le temps nous fait face au ciel de nos 16 ans . C'est notre enfance qui meurt doucement .
Répondre
R
Merci pour ce témoignage, willy et pour la citation de Proust...<br /> Et merci pour ces paroles de la chanson Douce violence que j'avais oubliées.