"Comment se fait-il que ce qui fasse le plus défaut en médecine aujourd’hui soit l’humanité, la bienveillance et l’écoute ? En un mot l’empathie." Ce n’est pas un patient mais un médecin qui pose la question.
Dans un livre intitulé Médecin, lève-toi !, le Dr Philippe Baudon lance un véritable cri d’alerte auprès de ses confrères et les invite à renouer avec les valeurs du serment d’Hippocrate qu’il estime "quotidiennement bafoué, voire ignoré, par des médecins qui se placent au-dessus des fondamentaux de la médecine."
Philippe Baudon, médecin à la retraite, a vu sa femme mourir d’une tumeur cérébrale. Choqué par le traitement qui lui a été réservé à l’hôpital, il a décidé de relater ce tragique événement dans son livre.
"L'auteur médecin diagnostique un jour chez son épouse une tumeur cérébrale particulièrement agressive.
C'est là que sa vie va basculer, passant soudainement de la confrérie des médecins au monde des malades en souffrance et de leurs aidants. Une véritable descente aux enfers s'opère, non pas à cause de la maladie mais face à l'inhumanité de la nouvelle médecine. Une médecine qui considère l'empathie comme une pure perte de temps."
Alors, c'est certain : les médecins sont surchargés de travail, ils font un métier difficile, complexe, ils subissent la pression de la rentabilité dans une société où l'argent est roi, une société du veau d'or. La médecine hospitalière est devenue ainsi une industrie comme une autre, sauf que, financièrement, elle est la plus rentable !
Mais trop souvent, les médecins deviennent de purs techniciens, ils ignorent la plus élémentaire politesse, ils ne savent plus être à l'écoute, ils deviennent des robots sans âme.
Paradoxalement, dans une société où les moyens de communication se multiplient, ces médecins ne savent plus communiquer... certaines visites sont bâclées, expéditives.
Le patient n'est plus une personne, il devient une pathologie...
Le travail d'un médecin est aussi un métier de contact, et certains médecins perdent totalement le contact.
Et c'est grave quand on sait le rôle capital de la psychologie dans la guérison du patient...
Autoritaires, hautains, arrogants, dépourvus d'humilité, certains médecins en imposent, mais en deviennent toxiques pour le malade.
Comment sortir de ce cercle vicieux ? interroge le docteur Baudon...
"En positionnant l’humilité et l’écoute au sommet de la médecine", répond le Dr Baudon qui milite pour un enseignement de l’empathie au cours des études de médecine. Il faut "réapprendre à communiquer avec nos patients", écrit le généraliste qui prône une plus grande place pour l’interrogatoire et pour l’examen clinique qui doit être réalisé "avec la plus grande précision".
"Cette séquence immuable depuis la nuit des temps est aujourd’hui souvent négligée par les praticiens, trop prompts à se réfugier derrière des examens techniques qui ne devraient que valider un diagnostic."
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