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6 décembre 2024 5 06 /12 /décembre /2024 13:20
Un grillon dans ma cheminée...

 

Une merveilleuse chanson d'espoir où le poète fait appel à une métaphore : celle du grillon qui se met à chanter, au coeur de l'hiver, dans une cheminée...

Et la chanson commence justement avec une belle évocation de l'hiver personnifié :

"Quand l'hiver a pris sa besace
Que tout s'endort et tout se glace
Dans mon jardin abandonné"

L'hiver est décrit dans toute sa rigueur : météorologique, d'abord avec le froid, la glace, le vent, en l'occurrence "la burle", vent d'hiver soufflant en Ardèche et sa violence : on voit le vent qui "secoue les portes, En balayant les feuilles mortes", et aussi dans sa dimension quasi psychologique avec l'idée d'abandon, de solitude, de sommeil que connaît la nature... alors que "les fantômes envahissent" la "solitude des allées" dans le jardin du poète... soulignant une impression de mélancolie, et de tristesse...

Mais le refrain vient soudain rompre cette impression avec l'évocation du chant d'un grillon : 

"Un grillon un grillon
Un grillon dans ma cheminée
Un grillon un grillon
Un grillon se met à chanter"

Le mot "grillon" répété à six reprises, avec ses sonorités de palatale et de voyelle nasalisée "on", nous fait entendre cette chanson pleine de gaieté... une chanson qui envahit la maison du poète, car le grillon se trouve au coeur même de lu logis : "dans la cheminée." La répétition du mot grillon traduit bien aussi cet envahissement et cette présence. Ce chant est comme un message qu'il faut savoir écouter...

 

Et le poète d'insister sur le dénuement du grillon qui est humanisé et personnifié, lui qui "n'a rien dans son assiette Pas la plus petite herbe verte La plus fragile graminée" : le grillon apparaît ainsi très proche des humains.

Les superlatifs viennent souligner son indigence et la famine qu'il doit subir. Ce grillon peut être aussi l'image de toute une humanité pauvre et souffrante.

Et le poète s'interroge sur le sort de ce grillon et le considère comme son égal, capable de "rêver, de croire", d'espérer peut-être, une façon de magnifier la nature, de la respecter...

 

Le chant devenu un "cri" sous la plume du poète n'est sans doute qu'une façon pour le grillon de manifester "son refus de disparaître", une façon de lutter contre l'hiver et ses intempéries, une façon de survivre malgré tout dans "cet univers désolé", imagine l'auteur.

 

Dans les derniers vers, le poète utilise une comparaison qui l'associe et l'assimile au grillon : ainsi l'insecte devient l'image même du poète qui essaie de survivre, malgré tout, malgré les malheurs du monde :

"Pour le meilleur et pour le pire
Il chante comme je respire
Pour ne pas être asphyxié"

Et le texte s'achève sur une nouvelle image : celle de l'aube qui se lève "du coeur de la nuit noire" : message d'espoir porté par le grillon qui chante au coeur de l'hiver glacial... Belle image de l'aurore rayonnante qui naît de la nuit...

"Sait-il au fond de sa mémoire
Que c'est du cœur de la nuit noire
Qu'on peut voir l'aube se lever"

 

La mélodie entraînante, douce, chaleureuse  restitue merveilleusement cet espoir...

 

Pour mémoire : cette chanson, sortie en 1991, a été écrite, composée et bien sûr interprétée par Jean Ferrat...

 

Les paroles :

 

https://www.frmusique.ru/texts/f/ferrat_jean/grillon.htm


 

 

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commentaires

L
Je commence à aimer Ferrat grâce à tes posts, merci Rosemar. Il n'a rien à envier à Aznavour dont de fredonne les chansons dans les couloirs du bloc opératoire.
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R
Merci LH : bientôt, tu vas donc fredonner du Ferrat !
A
Merci pour ce commentaire sur cette belle chanson pleine d'espoir construite sur une merveilleuse métaphore.<br /> <br /> En naviguant sur le net je suis tombé sur un texte adressé à un être perdu dans laquelle l'auteur lui parle de ce grillon.<br /> <br /> https://sunmanitu.wordpress.com/2016/04/10/un-grillon-un-grillon-dans-ma-cheminee/<br /> <br /> "Est-ce que je vois le jour se lever ? Non. J’en suis loin. Mais Ferrat ne dit pas le jour, il dit l’aube – et l’aube précède l’aurore. On n’y voit pas encore le soleil. L’aube, c’est la promesse de l’aurore, le point du jour, le jour en devenir. C’était aussi, au moyen-âge, un genre poétique à part entière (d’où l’aubade, à l’opposé de la sérénade), où l’on narrait la séparation des amants à l’approche de l’aurore – pour ne pas que le pire se produise. Cette aube n’a rien d’une aubaine, qui vient de l’ancien terme français désignant un étranger (le droit d’aubaine étant le droit d’un seigneur à récupérer les biens d’un étranger mort sur ses terres). En revanche, elle se lie étymologiquement au désir et au désastre, qui désignent l’un comme l’autre la disparition et la nostalgie des étoiles… L’aube, c’est ce déchirement qui permet malgré tout d’éviter le pire."
Répondre
R
Merci pour ce lien et cet extrait... En effet, "l'aube, c'est juste avant l'aurore, quand la lumière commence à dissiper les ténèbres et à blanchir la voûte étoilée ; c'est l'annonce du jour qui vient." Le mot "aube" vient du latin "alba", "de couleur blanche"... même radical que l'aubépine et bien sûr l'aubade...<br /> <br /> http://rosemar.over-blog.com/2016/04/et-pourtant-quelle-poesie-dans-l-aubade.html<br /> <br />

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