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10 février 2025 1 10 /02 /février /2025 13:19
Les Etats-Unis, une superpuissance face à l'Europe...

Hélène Harter est une historienne française spécialiste de l'Amérique du Nord. Elle est professeur des universités en histoire contemporaine à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, et directrice du Centre de recherches d'histoire nord-américaine (CRHNA) et du Centre de recherches d'études canadiennes.

Elle était invitée lors du Festival de la Biographie, à Nîmes où elle a présenté un de ses ouvrages : Très brève histoire des Etats-Unis, chez Calype. Elle était interrogée par le journaliste Patrice Zehr.

Résumé :
"En 250 ans d'existence, les États-Unis ont dépassé les 330 millions d'habitants, conquis un territoire presque vingt fois plus étendu que la France, inventé un régime démocratique d'une exceptionnelle stabilité et se sont imposés comme une superpuissance incontournable dans le monde. Leurs adversaires dénoncent une civilisation basée sur la violence, l'oppression des Noirs et des Indiens, le messianisme et le matérialisme. Les divisions plus importantes que jamais qui traversent le pays aujourd'hui sont l'occasion pour cette exceptionnelle synthèse d'interroger deux points cruciaux de l'histoire américaine : le rapport du pays à la démocratie et à l'État; son positionnement international et son rapport à la puissance. Aujourd'hui, entre isolationnisme et impérialisme, attachement à leurs valeurs et remise en cause de leurs institutions, les États-Unis sont à la croisée des chemins."

Hélène Harter présente d'abord la collection Calype qui est très originale : "L'idée, c'est d'avoir des ouvrages d'un format resserré, un peu comme les Que Sais-je ? mais qui soient en même temps abordables. Sur chaque volume, on fait appel à un spécialiste, donc ce n'est pas de la vulgarisation tout venant... deux approches : une approche biographique sur les premiers volumes, et puis, depuis cet automne, de nouveaux titres qui tournant autour de l'histoire d'un pays... le but, c'est de faire court, d'essayer de dire des choses originales sans être dans la simplification.

La première idée, c'est d'avoir une question qui va structurer le propos, moi, ce qui m'a intéressée, c'est de me dire : quelle est la culture politique américaine ? Parce que finalement, c'est une démocratie, il y a des parallèles avec la France, il y a des différences. Et donc, qu'est-ce qui fait l'originalité propre du système politiqua américain, qui fait que ce n'est pas la France ?

Autre question que je me suis posée, c'est de me dire : finalement, les Etats-Unis d'aujourd'hui, ils nous interrogent, ils nous surprennent, parfois, ils nous choquent, parfois, ils nous enthousiasment, ils ne nous laissent pas indifférents, en tout état de cause. Comment on va essayer de comprendre, à partir de l'histoire, le monde où on est aujourd'hui... et donc essayer de voir ce qu'il y a de particulièrement original aujourd'hui, mais surtout qu'est ce qui explique dans le passé la situation qu'on connaît aujourd'hui. Donc se dire : l'histoire est intéressante en soi, mais elle nous parle aussi du présent..."

"Les Etats-Unis se sont créés par une vague de migrations assez religieuses venues d'Europe, ça a toujours été une démocratie ? parce qu'on aurait pu penser que cela devienne très vite une théocratie ?", interroge le journaliste.

"Aujourd'hui, de plus en plus, on considère qu'aux Etats-Unis dans l'histoire, il y a des influences différentes, c'est à dire que, vous le disiez très justement, on a tous en tête les puritains, ces hommes qui arrivent au début du 17ème siècle et qui vont colorer la société américaine, mais on se rend compte qu'il y a aussi d'autres influences, par exemple, l'influence des New-Yorkais, le New-Yorkais, lui, n'est pas puritain, il est très cosmopolite, il est porté sur le commerce, sur l'international... Vous avez l'influence des gens de Virginie qui, eux, sont plutôt les héritiers de la gentry britannique, et puis, vous avez ce phénomène qu'on voit de plus en plus, c'est l'importance des hispaniques. Aujourd'hui, ils sont à peu près 20% de la population, et en fait, les premiers à avoir peuplé les Etats-Unis, chez les Européens, ce sont les Espagnols. Cette migration est intrinsèque de cette histoire américaine, elle en fait l'originalité.

Quand vous regardez aujourd'hui : le président des Etats-Unis a une épouse qui finalement a obtenu la nationalité américaine, il y a très peu de temps. L'épouse du vice-président a des parents qui sont nés en Inde. Et donc on voit bien combien cette question migratoire fait partie de cette histoire...

"Il y a eu une partie des Etats-Unis qui a été très française, pas longuement, mais ce qu'on appelle La Louisiane, c'était gigantesque quand ça été vendu par Napoléon.", intervient le journaliste.

"C'est aussi une autre dimension de la culture politique, cette région de la Nouvelle Orléans, dit Hélène Harter... l'empreinte française est allée très loin jusqu'au Dakota, jusqu'en Arkansas, donc, il y a eu une empreinte très importante de la culture française dans certaines régions des Etats-Unis... alors, cela va sur des choses assez anecdotiques : vous allez à Saint-Louis, vous le savez bien, c'est un hommage à un souverain français, Chicago a été fondée par des Français, et puis toujours cette prégnance de cette langue française dans une partie de la Louisiane où ces Américains d'origine française très lointaine sont toujours très attachés au français et notamment à l'enseignement du français à l'école."

"Est-ce que les Etats-Unis, dès le départ, étaient un pays de commerçants ou plutôt un pays isolationniste ?" interroge le journaliste.

Réponse : "Quand j'étais jeune au 20ème siècle, j'ai appris que les Etats-Unis avaient une forte empreinte puritaine, ces puritains étaient préoccupés de religion quasi exclusivement, ce qui est vrai, mais ce qu'on sait aujourd'hui, c'est qu'à côté d'un projet religieux, dès le départ, il y avait un projet économique, une ambition économique... notamment, ces puritains vont investir dans la pêche à la morue, les bénéfices qu'ils vont tirer, ils vont les réinvestir notamment dans la construction, dans le commerce. Et on pourrait généraliser à l'ensemble des colonies américaines qui pensent l'économie et qui la mettent au centre de leur développement, avec là aussi des visions assez différentes qu'on retrouve aujourd'hui encore... une partie de ces Américains considèrent que pour prospérer il faut commercer avec tout le monde... et puis, il y a toute une partie des Etats-Unis qui pense que les produits qui viennent de l'étranger menacent l'économie américaine et qu'il faut protéger cette économie par des droits de douane. Il y a une partition entre les partisans du protectionnisme et ceux qui disent : mais non, il faut être mondialisé et il faut, au contraire, baisser les droits de douane.

Au sud, on veut un commerce mondial qui soit ouvert, on vend du coton et on veut qu'il soit acheté par le plus de pays possible, et avec l'argent que l'on gagne, on va acheter des produits notamment en Europe, donc il faut que le commerce soit ouvert.

Et les gens du nord, eux à l'inverse, sont en train de développer leur industrie, et ils considèrent qu'ils vont protéger cette industrie... il y a alors un débat très vif au congrès pour savoir quelle voie choisir et la voie qui va triompher, c'est celle d'un protectionnisme, et c'est une défaite de ceux qui sont pour l'ouverture.....

Les Etats-Unis sont un état fédéral et cet état fédéral se pose la question : Comment on perçoit Washington ? Est-ce que c'est un lieu où on va prendre les politiques publiques qui vont concourir au bien commun, des politiques sociales, par exemple, ou est-ce qu'à l'inverse c'est un lieu où des politiciens déconnectés vont prendre des décisions qui vont à l'encontre des libertés individuelles et des droits des états ?

Et voyez que c'est une question qui se rejoue périodiquement : on voit très bien aujourd'hui, entre les démocrates qui disent : il faut un gouvernement central, il faut des politiques sociales, on a besoin d'état, il faut investir dans de grands équipements financés par l'état, il faut une politique commune autour du Covid, et puis ceux qui disent : non, l'état central est une menace pour ma liberté, moi je crois à l'initiative individuelle, je crois à mon libre arbitre et je dois me débrouiller tout seul, donc, je ne veux pas de Sécurité Sociale, je ne veux pas que l'état me dise ce que j'ai à faire et je crois plus à la libre entreprise, au rôle des hommes d'affaires...

Donald Trump n'a pas oublié un président : il a décidé de renommer une montagne américaine, la plus élevée du nom de Mc Kinley, un nom qui évoque peu de choses en France, mais aux Etats-Unis, c'est un président qui a marqué l'histoire : il a été élu en 1896 et il porte une politique d'internationalisation, de puissance, de grandeur, il veut que son pays soit une grande puissance économique et que son pays compte dans le concert des nations. C'est lui qui va dire : On abandonne la politique de l'isolationnisme, et on fait une politique de la puissance. Il va ainsi entraîner son pays dans la guerre contre l'Espagne, à propos de Cuba, et c'est de cette guerre que les Américains vont gagner le contrôle de Cuba, des Philippines, et qu'ils vont devenir une puissance des Caraïbes et qu'ils vont aussi devenir une puissance du Pacifique.

Beaucoup d'Américains considèrent qu'il y a une sorte d'exceptionnalisme de leur pays, et que cet exceptionnalisme fait qu'en fait ils se suffisent à eux-mêmes.

André Kaspi a une phrase qui résume tout : "Les Etats-Unis, c'est grand !" Une façon de dire qu'il y a tellement de richesses à l'intérieur qu'on n'a pas besoin des autres, le contact avec les autres, cela dénature, d'une certaine manière, l'expérience américaine qui serait faite d'une pureté, d'une différence, cette idée très américaine qu'on ne veut pas être les Européens.

Et donc, vous avez de manière récurrente, des Américains qui vont se retrouver derrière l'isolationnisme et considérer qu'on n'a pas besoin des autres, qu'on n'a pas besoin de se lier avec les Européens, notamment. Je précise et je nuance : politiquement et militairement, c'est à dire, ils ne disent pas : je ne veux pas faire de commerce mais ils disent qu'ils ne peuvent pas être liés par des alliances politiques contraignantes, par des alliances militaires, je pense évidemment à l'OTAN, ils ne veulent pas être membres de l'OMS, des accords sur le climat, parce qu'ils estiment que ces accords limitent leur liberté d'action.

Trump est donc là dans la continuité d'une certaine vision américaine...

"Est-ce que vous avez été surprise par la victoire de Trump ?" interroge le journaliste.

"Non" répond Hélène Harter, car l'Amérique est très diverse et on la connaît mal.

Autre question : "Est-ce que vous avez été surprise par le ralliement de la Tech ?"

"Marc Zuckerberg, lui, est un rallié de la dernière heure, par intérêt. Ce qui est très intéressant, c'est quand même le ralliement d'Elon Musk. Je laisse de côté son côté libertarien qui explique son ralliement, mais je crois fondamentalement que cela renvoie à cette question qui est le rôle et la centralité des hommes d'affaires dans la société et la culture américaine... en France, un homme ou une femme d'affaires, surtout s'il réussit, s'il gagne de l'argent, c'est toujours un peu suspect... l'argent, on n'en parle pas, on n'étale pas sa richesse...

Aux Etats-Unis, c'est l'inverse : c'est vraiment un modèle sociétal et cette réussite, c'est quelque chose qui parle à beaucoup d'Américains : la plupart des entreprises américaines sont des TPE, c'est à dire très souvent un homme ou une femme qui a fondé une petite entreprise, qui a un employé, parfois c'est le conjoint et cela ne va pas plus loin.

Lui, c'est un homme d'affaires, il n'est pas dans le salariat, et il rêve de réussir. Et les réussites à la Elon Musk, c'est cela qui est extrêmement porteur, de se dire : aujourd'hui, je gagne peut-être 3000 dollars, mais demain, je peux être millionnaire ou milliardaire.

Et c'est aussi la dimension de la recherche, de la technologie, cette croyance dans le progrès... le fait qu'on puisse aller sur Mars, la conquête spatiale : tout cela, ça parle à beaucoup d'Américains.

Pour un certain nombre d'Américains, qui peut d'ailleurs déplorer les outrances de ces deux personnages, on est dans le rêve américain.

"Alors, ce monde américain que vous connaissez bien, quel regard il a sur l'Europe ?" interroge encore le journaliste.

"Déjà , l'Asie et la Chine, c'est la priorité, dit Hélène Harter, l'Europe intéresse peu, elle intéresse de moins en moins parce qu'il faut reconnaître aussi : économiquement, nous sommes moins dynamiques que nous l'avons été, parce que l'immigration est de moins en moins européenne, aussi. Elle est surtout asiatique, je pense à l'Inde, c'est quand même remarquable : je l'ai citée, l'épouse du vice-président, mais aussi Kamala Harris a des origines indiennes... les grandes vagues migratoires, c'est aussi le monde latino américain.

Mais il y a des Américains pour qui l'Europe, c'est toujours quelque chose d'inspirant, les élites, en particulier, les intellectuels. Faire un voyage en Europe, venir à Paris, c'est un fantasme, toujours... On voit bien l'intérêt que les Américains ont porté à Notre-Dame, au delà de la question religieuse... le fait que Donald Trump vienne pour la réouverture. Donc, on voit bien qu'il y a une séduction toujours de cette Europe, mais ce n'est pas forcément un partenaire qu'ils considèrent à égalité, économiquement et politiquement, et j'ai envie de dire, depuis fort longtemps. Déjà au temps d'Eisenhower, on voit bien qu'il y a une super puissance et puis une puissance secondaire. Au temps de Richard Nixon, c'est exactement pareil, donc finalement ce n'est pas quelque chose de nouveau, c'est une chose que nous autres Français nous découvrons avec retard mais pour un Américain, depuis 1945, il y a les super puissances et il y a les puissances secondaires."

"Quelle attitude il faudrait avoir pour les Européens avec Trump ?", telle est la dernière question posée par le journaliste.

"Comprendre la culture politique américaine, c'est à dire ne pas plaquer nos schémas français sur une réalité américaine et considérer que lui est dans une logique de la négociation commerciale permanente et que c'est son mode d'action. Il nous faut devenir une puissance..." répond Hélène Harter.

De fait, on le découvre tous les jours : Trump se livre à une guerre commerciale tous azimuts, il fait du chantage aux droits de douane... quels seront les résultats ? Trump ne court-il pas le risque de créer des instabilités économiques graves ?

 

 

 

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commentaires

L
Pour la première fois de ma vie, j'ai repondu ceci à un farouche anti américain qui me reproche souvent mon pro-americanisme :<br /> Je ne suis plus pro-americain !
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R
Trump inquiète : le pouvoir de l'argent, des multinationales, la domination du plus fort...
A
En ce qui concerne l'évolution de la démocratie américaine et de l'état du monde, voici les derniers commentaires particulièrement pessimistes d'André Markowicz sur sa page facebook.<br /> J'espère que l'avenir ne lui donnera pas raison et que d'autres éléments viendront faire obstacle à ses appréhensions....<br /> <br /> https://www.facebook.com/andre.markowicz<br /> <br /> "Puisque nous ne pourrons pas y échapper.<br /> <br /> Les choses se dégradent si vite qu’on n’arrive pas à suivre, – je le disais dans ma dernière chronique. Ce n’est pas que nous assistons à l’instauration d’une dictature fasciste aux USA, c’est qu’elle est instaurée, – elle s’est instaurée en l’espace de deux semaines, et même si des juges fédéraux annulent tel ou tel décret lancé, on pourrait croire, en dépit du bon sens, le résultat ne fait quand même pas le moindre doute, parce que la Cour suprême des USA a été modelée par Trump, lors de son précédent mandat, et que, donc, il est hautement probable que, d’instance en instance, d’appel en appel, les décrets finiront quand même par être appliqués. Et puis, ce qui frappe aussi, c’est le nombre de fonctionnaires qui, tout de suite, collaborent avec ces décrets, – qui confisquent, par exemple, les papiers d’une personne trans, au prétexte qu’elle n’est pas une femme, puisqu’elle a été un homme, et la personne se retrouve sans papiers, – visiblement, ce genre de cas se multiplient. Sans parler, évidemment, de la mainmise par Musk en personne sur le budget des USA, sur l’arrêt (disons, le gel) de tous les programmes d’aide humanitaire à travers le monde, mais, surtout, la violation, réelle ou potentielle (mais donc réelle) de toutes les transactions financières de l’État vis à vie des individus, – j’écris ça dans le désordre, et l’effacement, concret, réel, dans tous les textes officiels, d’un certain nombre de mots comme, par exemple, « réchauffement climatique ». – Ce qui se met en place est une dictature, à la fois informatique et policière, et religieuse (puisque, maintenant,« on n’est pas avec Dieu si on n’est pas avec Trump »). Et, ce qui laisse tétanisé, ce sont deux sensations simultanées : d’abord, de voir qu’un pays qui avait des institutions démocratiques, un pays dans lequel, théoriquement, les pouvoirs sont séparés, bascule – et bascule si facilement – dans une dictature véritable, violente, agressive, globale, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de sphère de la vie qui ne soit pas concernée par cette dictature ; et puis, ensuite, de comprendre que c’est exactement ce qui s’était passé en Allemagne en 1933, c’est-à-dire de comprendre, concrètement, là, sous nos yeux, à quel point, oui, de telles choses peuvent arriver. Et d’en comprendre les conséquences.<br /> Les conséquences, elles sont très claires. Nous allons, d’une façon ou d’une autre, vers de nouvelles guerres – pas seulement vers l’approfondissement et le durcissement des guerres actuelles. Parce qu’il est clair comme le jour que cette histoire de « Gaza Plage », elle se fera, – et le peuple de Gaza, pris qu’il est entre les monstres du Hamas et les monstres du gouvernement actuel d’Israel, qu’est-ce qu’il pourra bien faire ? Trump le dit tranquillement : non, on les fera partir, sans droit de retour, mais, de toute façon, ils ne voudront pas rentrer, puisqu’ils ne rentreraient que dans des ruines, alors que, pour pas très chers, on leur construira des lieux de vie ailleurs (il ne dit jamais où) – mais pourquoi pas, de fait, selon l’idée de Leonid Nevzlin, en Malaisie ou en Indonésie, finalement – l’Indonésie a besoin de main d’œuvre pas cher pour son développement...<br /> Ce qui m’accable autant, c’est le silence du monde après les sanctions prises contre le Tribunal international. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de défendre Nétanyahou, mais aussi Poutine. Il ne s’agit pas seulement du fait que les USA n’ont jamais accepté l’idée même de justice internationale, mais que, désormais, c’est toute idée de communauté internationale qui est, d’un trait de plume, mise en suspens. Et... est-ce que j’ai entendu une seule voix qui protestait, ou qui proposait quelque chose pour contrer ces sanctions ?... <br /> Nous entendons les dirigeants européens (pas tous) dire qu’il faudrait que nous fassions quelque chose, parce que, n’est-ce pas, nous devons nous préparer à une guerre économique, – alors que non seulement la guerre économique est déjà là (et depuis, finalement, bien plus longtemps que l’existence de Trump, parce que, pour dire les choses, ce sont les USA qui se comportent en prédateurs, – que toutes les accusations de Trump sont vraies si on comprend qu’elles sont inversées) mais que c’est la guerre réelle qui risque d’arriver partout, – pour peu que l’horreur du Proche-Orient s’approfondisse (ce qu’elle ne peut que faire) et que l’Ukraine soit soumise à une paix forcée, qui laisse Poutine libre, pendant quelques courtes années, de se réarmer, d'accroître encore le contrôle de sa propre population, d'instaurer réellement une terreur de masse, et de repartir à l’assaut de Kiev, puis des pays voisins.<br /> Ce qui est sidérant est de voir à quelle vitesse les USA s’affaiblissent, sur le plan intérieur et sur le plan international, et s’affaiblissent uniquement à cause de la politique de Trump, et à quel point le seul vainqueur de la tempête aujourd’hui déclenchée est bien Poutine (et, derrière lui, évidemment, Xi jinping). <br /> Je hais les mois de février. <br /> Je me souviens comment je voyais monter le bruit des bottes en Russie pendant toute l’année 21 (et bien avant !), et comment, le 24 février 2022, à travers les brouillards du Covid qui m’accablaient à ce momen-là, je n’arrivais pas à croire que Poutine avait déclenché la catastrophe. Comme je n’arrive pas à croire, là, en ce moment, qu’une catastrophe encore plus forte est en train de se dérouler sous nos yeux, celle de voir un pays immense comme les USA, sombrer, corps et biens, en si peu de temps (on dirait le Titanic) – et ce naufrage envoie un tsunami planétaire, et la seule chose que nous puissions faire, c’est de la regarder venir.<br /> La question n’est pas d’y survivre, mais de comprendre à quel point ce que nous pensons évident de notre vie quotidienne est fragile, peut disparaître d’un coup, et d’essayer de comprendre comment y résister, dès lors qu’y échapper est impossible."
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R
Merci pour ce lien et ces infos, AJE : c'est terrifiant, en effet.<br /> <br /> Ce soir sur la 6, un documentaire de Yann Arthus Bertrand : "Nature : pour une réconciliation"... les mécanismes qui assurent aujourd'hui la robustesse du monde vivant sont mis à mal par les activités humaines. En moins de 200 ans, celles-ci ont bouleversé des équilibres fragiles construits sur des milliards d'années. Avec gravité, ce documetaire dénonce cette sixième extinction de masse, causée par une quête de performance, de profit et de domination.
A
Merci pour cette présentation d'ouvrage et merci également à Caius pour les autres références qu'il indique.<br /> J'aimerais revenir sur un thème dont on ne parle plus. J'ai entendu parler depuis la fin des années 70 du déclin de l'empire américain. Là, on est en 2025, et on peut considérer que pour un empire qui est en déclin depuis plus de 50 ans il ne se porte pas si mal malgré les émergences d'autres puissances.<br /> <br /> Pire. Avec l'avènement de Trump, on peut légitimement se demander s'il ne faudrait pas s'inquiéter davantage du déclin de l'Europe avant de ne le faire pour les USA...<br /> <br /> Bonne fin de journée à tous<br /> <br /> PS: En ce qui concerne les USA et la mentalité du peuple américain je suis toujours frappé par le passage le plus célèbre de leur Déclaration d’indépendance qui cite parmi les droits inaliénables:<br /> “La vie, la liberté et la poursuite du bonheur”.<br /> Cet appel au bonheur, par ailleurs très réjouissant, est d'autant plus étonnant que les philosophes ont souvent bien du mal à donner une définition claire du bonheur.<br /> <br /> https://www.village-justice.com/articles/droit-bonheur-constitution-interpretation-des-tribunaux,46767.html
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R
Voici un article sur le déclin des Etats-Unis :<br /> <br /> https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9clin_des_%C3%89tats-Unis<br /> <br /> <br /> Ce pays connaît quand même quelques problèmes, par exemple, des inégalités importantes, un système de santé inaccessible pour certains...<br /> <br /> Mais l'UE est à la traîne...<br /> <br /> Oui, le bonheur, vaste question ! Merci pour le lien.<br /> <br /> Belle soirée, AJE
P
Très intéressant entretien, quant à Trump il continue de viser un prix Nobel de la paix qu'il a manqué lors de son précédent mandant avec la Corée du Nord, maintenant c'est avec Israël et le Hamas.<br /> Wait and see !
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R
Mais la trêve entre Israël et le Hamas semble compromise avec les dernières déclarations de Trump concernant la bande de Gaza, et la "déportation" des Palestiniens...
C
Intéressant, pour l'histoire des USA je recommande "Une Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours" de Howard Zinn<br /> https://www.babelio.com/livres/Zinn-Une-Histoire-populaire-des-Etats-Unis-de-1492-a-no/15629<br /> <br /> <br /> Sinon, voici un intéressant article publié sur Unherd sur la situation de l'UE par rapport aux USA et aux autre nations comme l'Inde, la Russie et la Chine :<br /> <br /> L'EUROPE PEUT DIRE ADIEU À L'AVENIR <br /> L'Union européenne est enfermée dans une prison néolibérale<br /> Par Thomas Fazi<br /> <br /> Il y a plus de vingt ans, l'UE a dévoilé sa stratégie de Lisbonne, qui visait à faire de l'Union « l'économie de la connaissance la plus dynamique, la plus compétitive et la plus durable du monde, caractérisée par le plein emploi et une cohésion économique et sociale renforcée ».<br /> <br /> On sait ce qu'il en est advenu. Peu dynamique et certainement pas compétitive, l'UE a toujours été à la traîne des autres nations sur pratiquement tous les indicateurs économiques clés. Alors que les États-Unis et la Chine intensifient leur course à la suprématie technologique du XXIe siècle, l'Europe reste à la traîne, en proie à la stagnation économique, aux coûts élevés de l'énergie, aux bouleversements politiques et à l'inertie bureaucratique.<br /> <br /> Et maintenant, elle panique face à la menace des droits de douane de Donald Trump. Mais un rééquilibrage de l'économie européenne, qui enregistre actuellement un excédent commercial massif par rapport aux États-Unis, serait-il vraiment une mauvaise chose ?<br /> <br /> En réalité, la croissance des exportations n'est pas le signe d'une économie prospère. Bien au contraire, il suffit de regarder l'Allemagne. L'UE a toujours été une puissance exportatrice, précisément en raison de la faiblesse de son économie, due à un manque de consommation intérieure et d'investissement.<br /> <br /> Les États-Unis expriment depuis longtemps leur inquiétude face aux politiques mercantilistes de l'UE, bien avant que Trump n'apparaisse sur la scène politique. Il y a plus de dix ans, le département du Trésor américain a reproché aux autorités européennes de tirer l'économie mondiale vers le bas. « L'ajustement global de l'Europe repose essentiellement sur la demande émanant de l'extérieur de l'Europe plutôt que sur la prise en compte des déficits de la demande qui existent en Europe », écrivaient-ils. Depuis, rien n'a changé.<br /> <br /> En d'autres termes, la guerre commerciale de Trump a été longue à venir. Et ses tarifs douaniers pourraient en fait s'avérer être une bénédiction pour l'UE, s'ils forcent le bloc à s'éloigner de son modèle défaillant axé sur les exportations, qui est fondamentalement basé sur la suppression de la demande intérieure et des investissements en faveur de la demande de l'étranger : principalement les États-Unis.<br /> <br /> En effet, la menace trumpienne a déjà suscité un mouvement au sein de l'UE pour remédier à ses faiblesses structurelles. L'une de ces initiatives a été annoncée l'autre jour par la présidente de la Commission, Mme von der Leyen. Son nouveau « plan » promet d'entreprendre ce rééquilibrage et de faire de l'Europe « le lieu où les technologies, les services et les produits propres de demain sont inventés, fabriqués et mis sur le marché » - et tout cela « en étant le premier continent à devenir neutre sur le plan climatique ». Ce projet, baptisé « Competitiveness Compass », s'appuie largement sur les recommandations du rapport Draghi de l'année dernière. Bruxelles considère qu'il s'agit d'une avancée significative pour remettre l'économie de l'UE sur les rails.<br /> <br /> Toutefois, à y regarder de plus près, le plan de la Commission n'est guère plus qu'un mélange familier de mots à la mode - IA, matériaux avancés, informatique quantique, biotechnologie, robotique - associé à des images déroutantes, dont une boussole qui, de manière révélatrice, pointe dans huit directions différentes à la fois. Il s'agit d'une présentation PowerPoint déguisée en stratégie, comme l'a si bien décrit Wolfgang Münchau.<br /> <br /> L' « effort de simplification sans précédent » prévu, qui commencera par une révision majeure des rapports sur le développement durable et du devoir de diligence, offrirait aux entreprises européennes, s'il est mené à bien, un peu de répit dans le cadre réglementaire omniprésent et sans cesse croissant de l'UE, qui est devenu un obstacle étouffant à la croissance et à l'innovation, en particulier dans le secteur des technologies.<br /> <br /> Mais cela ne résoudra pas les problèmes économiques sous-jacents de l'Union : son manque chronique d'investissements productifs, en particulier dans le domaine de la R&D ; ses faibles niveaux de consommation ; son parti pris bien ancré contre la politique industrielle ; les coûts élevés de l'énergie ; et la nature fondamentalement bureaucratique et à plusieurs niveaux du régime de gouvernance de l'Union. Sur ces questions, il n'existe que de vagues engagements en faveur de stratégies et de propositions futures, qui mettront probablement des années à se frayer un chemin à travers le processus législatif byzantin de l'UE.<br /> <br /> En réalité, bon nombre des problèmes fondamentaux de l'UE ne découlent pas de simples « erreurs politiques » ou, encore moins, de la nature prétendument « incomplète » de l'Union. Au contraire, ces problèmes sont profondément ancrés dans la conception supranationale de l'UE. En d'autres termes, la seule façon de s'attaquer véritablement aux défis économiques de l'UE est de reconnaître que le problème central est l'UE elle-même.<br /> <br /> L'euro est l'une des contraintes les plus importantes - et les plus souvent négligées - qui pèsent sur l'économie de l'UE. La perte de souveraineté monétaire qu'entraîne la monnaie, associée aux règles strictes en matière de déficit et de dette inscrites dans les traités de l'UE, reste l'un des plus grands obstacles à la croissance en Europe, entravant la capacité des États membres à stimuler leurs économies par des investissements publics et des politiques industrielles actives.<br /> <br /> De plus, l'UE n'a pas réussi à compenser cet abandon de souveraineté par des outils fiscaux et d'investissement adéquats au niveau européen, se limitant à des mesures temporaires telles que le fonds de relance Covid-19. Cette limitation structurelle est l'une des principales raisons pour lesquelles les investissements du secteur public dans l'UE ont toujours été inférieurs à ceux des États-Unis et d'autres économies avancées.<br /> <br /> En outre, même si l'UE parvenait à étendre sa capacité fiscale et d'investissement « fédérale », comme l'envisage le Competitiveness Compass, cela ne ferait que créer plus de problèmes que cela n'en résoudrait. Plutôt que de s'attaquer aux problèmes structurels de l'UE, une telle démarche ne ferait que renforcer le pouvoir de ses institutions supranationales, en particulier de la Commission, et aggraverait la gouvernance technocratique et non démocratique de l'Union.<br /> <br /> Un autre problème est le parti pris historique de l'UE à l'encontre d'une politique industrielle solide. Depuis sa création, l'UE a été profondément influencée par les doctrines économiques néolibérales qui mettent l'accent sur la nature prétendument « distorsive » des politiques industrielles. Des règles strictes en matière d'aides d'État interdisent de manière générale toute aide accordée par les États membres qui pourrait favoriser certaines entreprises ou industries, à moins qu'elle ne soit explicitement autorisée dans le cadre d'exceptions spécifiques. L'idée est que le fait de permettre aux États membres de soutenir leurs industries nationales pourrait conduire à des conditions de concurrence inégales, créant des conditions dans lesquelles les entreprises bénéficiant du soutien de l'État seraient avantagées par rapport aux autres. <br /> <br /> L'Europe est donc très mal préparée à rivaliser avec des pays comme la Chine et les États-Unis, qui s'appuient fortement sur des politiques industrielles menées par l'État, telles que le CHIPS and Science Act et l'Inflation Reduction Act (IRA), pour obtenir un avantage concurrentiel, en particulier au cours des dernières années.<br /> <br /> En réponse, les dirigeants de l'UE ont davantage parlé de la nécessité d'une stratégie « Made in Europe » pour contrebalancer les impacts économiques potentiels des politiques « America First ». Mais en réalité, le cadre institutionnel de l'UE ne lui permet pas de faire face au nouveau paysage géopolitique du XXIe siècle, caractérisé par une renationalisation de l'économie menée par les États. Dans ce contexte, même si le Competitiveness Compass reconnaît l'importance de stimuler la souveraineté technologique ou de renforcer l'industrie manufacturière européenne, les États membres auront du mal à mettre en œuvre le type de mesures ciblées et spécifiques à l'industrie qui pourraient réellement stimuler l'innovation ou ancrer les chaînes d'approvisionnement.<br /> <br /> Le cadre de gouvernance complexe de l'UE constitue un défi supplémentaire. Le bloc fonctionne à travers de multiples niveaux de prise de décision, impliquant non seulement les États membres mais aussi plusieurs institutions clés. Cet appareil hautement bureaucratique à plusieurs niveaux se traduit par un processus décisionnel lent et alambiqué, qui débouche souvent sur des réponses politiques fragmentées et incohérentes. C'est pourquoi, par exemple, les investissements limités et les politiques industrielles qui ont lieu restent fragmentés et divisés selon les lignes nationales, ainsi qu'entre les États membres et l'UE.<br /> <br /> En outre, lorsque l'UE met en place une nouvelle politique telle que le compas de compétitivité, elle doit naviguer entre de multiples points de veto institutionnels, chacun ayant ses propres priorités et contraintes. La politique qui en résulte est inévitablement édulcorée ou déconnectée des besoins locaux, ce qui dilue son impact et ne permet pas de répondre aux besoins réels des citoyens et des États membres. En outre, les processus législatifs et de mise en œuvre peuvent s'étendre sur des années, ce qui fait que l'action politique est en retard sur la réalité.<br /> <br /> Face à ces défis systémiques, les limites du compas de compétitivité deviennent évidentes. Bien qu'il puisse fixer des objectifs pour stimuler l'investissement, encourager l'innovation et améliorer les compétences, la réalité est que tous ces efforts s'inscrivent dans le carcan de l'euro, des contraintes de l'UE en matière de stratégie industrielle et d'un modèle de gouvernance encombrant. En outre, toute solution visant à centraliser davantage la politique industrielle, comme indiqué, ne ferait que renforcer les institutions qui exacerbent souvent ces problèmes structurels par des politiques erronées. Un exemple évident est l'augmentation des prix de l'énergie causée par la décision mal pensée de l'Union, sous la forte pression de la Commission, de se découpler du gaz russe. Le rapport Draghi et le Competitiveness Compass soulignent tous deux qu'il s'agit de l'une des principales raisons de la perte de compétitivité de l'UE.<br /> <br /> En fin de compte, pour faire face aux difficultés économiques de l'UE, il faut reconnaître qu'elles sont enracinées dans les contraintes économiques et politiques du modèle supranational lui-même. Alors que l'industrie et l'économie européennes tournent de plus en plus au ralenti, il devient de plus en plus évident que ni les réformes cosmétiques ni les initiatives étroitement ciblées ne peuvent remédier aux problèmes fondamentaux en jeu. L'Europe a sans aucun doute besoin d'une nouvelle boussole, mais la solution réside dans une révision radicale de la collaboration intra-européenne. Si Trump souhaite réellement rééquilibrer les relations commerciales transatlantiques, l'approche la plus efficace consisterait à soutenir le démantèlement de l'UE.
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R
Merci, caius, pour le lien et le conseil de lecture. Et merci pour l'article... le démantèlement de l'UE serait la solution ? Voilà qui me paraît dangereux ? !

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