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28 mars 2025 5 28 /03 /mars /2025 12:44
Mon chant est un ruisseau...

 

Une chanson de Jean Ferrat qui, dès les premiers vers, fait le pari d'une utopie : 

"Quand le monde sera une étable comblée
Quand les guerres seront finies"

L'emploi du futur de l'indicatif marque une forme de certitude heureuse : un jour, le monde connaîtra l'abondance symbolisée par une belle image, celle d'une "étable comblée", un jour, le monde connaîtra la paix...

 

Dès lors, le poète invite les auditeurs avec un impératif : "buvez mon chant" comparé à "du thé au lait", donc à une boisson apaisante, réconfortante... et le récipient "des tasses myosotis" évoque un monde de beauté, d'harmonie...

 

Le poète s'adresse dans le refrain aux gens les plus humbles, les plus démunis : "Vous affamés d'hier ombres maigres et dures", leur apportant un peu d'espoir par son chant... l'esquisse qui est faite de ces pauvres gens est saisissante, elle se réduit à des "ombres maigres et dures"... comme s'ils n'avaient déjà plus d'existence, bien qu'étant endurcis par leur vie de labeur. Et le chant du poète est là pour leur apporter un réconfort.

Ce chant devient ainsi "un ruisseau", "une mûre", de belles images poétiques empruntées au monde de la nature, qui sont destinées à étancher la soif et la faim de ceux qui souffrent.

 

Dans le deuxième couplet, on retrouve l'emploi du futur :

"Quand le choeur des humains fera sonner le monde
Comme un atelier de potier"

Le poète imagine les humains réunis dans un choeur harmonieux, tout en étant au travail, un travail créatif qui leur permet de s'épanouir, comme dans "un atelier de potier"...

Et il invite les humains à "manger son chant", avec un impératif, une belle image suggérant que son oeuvre peut être un soutien pour tous ceux qui souffrent en ce monde.

L'image se développe avec cette précision : "dans une assiette ronde Ornée d'un motif d'oignon bleu..." ce qui évoque encore un monde de beauté...

 

Dans le couplet suivant, le poète compare le monde à une "barque qui penche", pour en suggérer toute l'incertitude, et c'est l'occasion d'une nouvelle injonction grâce à un impératif " Mordez dans mon chant travailleurs". Ce chant est assimilé à du "pain blanc à la fraîche odeur.", magnifique comparaison qui suggère une nourriture essentielle... 

 

Le dernier couplet s'ouvre sur une invocation solennelle : "O ma patrie de monts et de rivières vertes", et le poète se présente alors "comme le coq dressant au ciel sa crête", le coq symbole de la France, affirmant "Je chante et chante tout le temps..." Le verbe "chanter" répété traduit cette volonté de se faire le porte-parole et le soutien de tous ceux qui sont malheureux.

 

On retrouve dans cette chanson un Jean Ferrat engagé pour défendre le monde des travailleurs... On aime dans ce texte les nombreuses références à la nature, fleur, fruit, ruisseau, monts, rivières... La mélodie qui coule comme une source nous emporte dans ses notes radieuses et limpides !

 

Pour mémoire : 

Les paroles de cette chanson sortie en 1975 ont été écrites par Henri Gougaud, d'après un poème de Vítězslav Nezva, la musique a été composée par Jean Ferrat.

 

Les paroles :

 

https://www.frmusique.ru/texts/f/ferrat_jean/monchantestunruisseau.htm

 

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commentaires

L
Je commence à adorer Ferrat grâce à tes posts.<br /> <br /> Je vous ai envoyé l'article du Le Monde...
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R
Merci, LH, pour cette ferveur à l'égard des chansons de Ferrat, et merci pour l'article du Monde.
A
A LHatem<br /> Merci du partage. Je suis en plein milieu du roman que je trouve assez passionnant car résumant bien les différentes attitudes possibles face à une catastrophe annoncée, à la fois chez les chercheurs, mais aussi chez ceux pour qui le message est destiné...
A
"Mon chant est un ruisseau..." Une belle métaphore qui résume ce que rêve de produire tout poète .<br /> <br /> Le texte est très emblématique de l'optimisme généré par les idées socialistes du XX ème siècle...La chanson est sortie dans les années 70, et c'est précisément durant ces années-là que l'utopie a pris fin et que l'humanité a compris que demain ne sera pas forcément meilleur qu'hier, que le capitalisme n'est pas le seul responsable de tous malheurs écologiques à venir...<br /> <br /> D'ailleurs je suis en train de lire CABANES d' Abel Quentin, un excellent roman inspiré du vrai rapport Meadows qui a été publié en 1972.. . Dans ce rapport 4 scientifiques du MIT prédisaient la fin du monde tel que nous le connaissons, un effondrement économique et démographique total si la croissance continue de façon exponentielle.<br /> <br /> https://www.babelio.com/livres/Quentin-Cabane/1683489<br /> <br /> Je ne suis pas abonné au MONDE et je n'ai pas accès à la critique du livre par Emmanuel Carrère. Dommage !<br /> <br /> https://www.lemonde.fr/livres/article/2024/09/04/cabane-d-abel-quentin-les-cassandres-et-les-somnambules_6304032_3260.html
Répondre
R
On est bien loin de cette belle utopie, en effet... on a l'impression que tout s'effrite, mais la chanson de Ferrat nous fait du bien, malgré tout : sa voix chaleureuse, sa façon de mettre à l'honneur les plus humbles, la mélodie si bien adaptée au texte...<br /> <br /> Merci pour ce conseil de lecture et pour les liens, AJE
P
Bien das le style de Ferrat.
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R
Ferrat n'a pas écrit les paroles de cette chanson, mais il a composé la mélodie qui est superbe !

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