Un début d'hybridation : c'est le constat que fait Raphaël Gaillard dans son ouvrage, L'homme augmenté...
Nos smartphones ne nous quittent plus : ils nous accompagnent dans nos déplacements, et il nous est difficile de nous en passer... Ils deviennent notre mémoire : nous y stockons tous nos numéros de téléphone, et nous perdons ainsi l'habitude d'utiliser notre propre mémoire...
De plus en plus, on voit des jeunes, dans la rue, leur portable à la main... certains marchent même en le consultant, au risque d'avoir un accident...
Le smartphone devient le prolongement de leur corps, de leur bras, de leur main, de leur cerveau...
Des objets qui font partie de nous-mêmes. Qui peut se passer maintenant d'un portable ?
On voit même des gens dans la rue qui semblent parler tout seuls... la miniaturisation des oreillettes nous donnent cette impression.
Désormais, la plupart des adolescents possèdent un téléphone portable... qui ne leur sert plus à téléphoner.
Cet objet semble avoir perdu parfois sa fonction première : il devient appareil-photo, ordinateur, téléviseur, baladeur pour écouter de la musique.
Il devient outil de divertissement, où l'adolescent capte essentiellement des images, de la musique.
Bien sûr, cet outil permet d'accéder à toutes sortes de connaissances, il peut favoriser aussi la création, l'imagination.
Mais il comporte des risques et on en voit déjà les effets...
L'attention se disperse, elle ne peut pas se maintenir au delà de quelques secondes devant ce flot d'images qui se renouvellent... Les messages se réduisent comme peau de chagrin, avec l'usage des SMS... La communication s'atrophie.
La mémoire elle aussi devient superflue puisqu'on trouve tout sur la mémoire illimitée du Web.
Le vocabulaire s'appauvrit ainsi que la syntaxe... et quand le langage s'appauvrit, on peut redouter que la pensée elle-même soit fortement limitée.
Et n'oublions pas les effets émotionnels de ces outils :
On connaît ces cas de suicides d'adolescents harcelés sur internet par des messages liés à la dépression, au suicide.
Internet peut créer aussi des frustrations, des envies face à l'opulence qu'affichent certains internautes...
Et la connexion à une multitude d'amis (ce terme est-il vraiment adapté ?) rend l'adolescent encore plus vulnérable à leur jugement.
On peut redouter encore les effets de bulle créés par les réseaux sociaux...
Et que dire de la violence des propos favorisée par l'anonymat ?
Ainsi, au bout du compte, l'homme augmenté court le risque d'être, en fait, diminué...
Source :
https://www.babelio.com/livres/Gaillard-Lhomme-augmente/1589806
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