Maman, papa !

Une chanson de Georges Brassens qui nous touche tous parce qu'elle évoque l'amour filial, les souvenirs des parents qui nous sont chers...

De plus, cette chanson prend la forme d'un discours direct adressé familièrement à "maman, papa" où le poète évoque son enfance et comme par magie, le voici "redevenu petit garçon".

Et chacun peut alors se reconnaître dans les propos adressés à "Maman", avec tous les indices du discours : l'emploi de la première et de la deuxième personne du singulier, le temps du présent :

"Alors je suis sage en classe
Et, pour te faire plaisir
J'obtiens les meilleures places
Ton désir"

De jolies résolutions qu'on a tous un jour voulu tenir pour "faire plaisir"...

De la tendresse encore dans les vers suivants avec un besoin de proximité, tendresse de la voix féminine de la maman et de ses "refrains charmants", proximité avec cette volonté de "demeurer sur ses genoux" plutôt que se livrer à "des jeux fous".

La répétition du mot "maman", ce mot d'enfant restitue aussi tout l'amour du monde : c'est bien le premier mot qui vient à la bouche des enfants, le premier mot que l'on apprend à écrire, aussi. C'est un doux murmure apaisant, un mot empli d'échos sonores : labiale "m" réitérée, voyelle "a" redoublée d'une voyelle nasalisée "an".

Et papa n'est pas oublié, un papa bienveillant qui cherche à donner du réconfort et "du courage" à ses enfants quand gronde "l'orage", en déployant "tout son humour".

Un père protecteur est ainsi évoqué, une image traditionnelle...

Et là encore, le mot "papa" est réitéré, un mot d'enfant pour mieux restituer ce retour dans le passé... comme un besoin de nostalgie...

On perçoit aussi une certaine pudeur, et retenue dans cette relation au père, encore une vision traditionnelle du père : 

"Papa, papa, il n'y eut pas entre nous
Papa, papa, de tendresse ou de mots doux"

La chanson débouche sur une prise de conscience face aux "sacrifices" accomplis par les deux parents, une forme de reconnaissance et de gratitude... 

La chanson s'achève sur des regrets :

"Maman, papa, toujours je regretterai
Maman, papa, de vous avoir fait pleurer
Au temps où nos coeurs ne se comprenaient encore pas"

Et là encore, comment ne pas être touché par ces regrets ? Car nous avons tous pu éprouver ce sentiment d'avoir un jour blessé nos parents, de n'avoir pas su les comprendre...

La mélodie légère, au swing sautillant nous transporte dans le monde de l'enfance... Un bijou !

Pour mémoire :

Cette chanson fut interprétée en duo avec Patachou le 23 décembre 1952.
Composée au camp de Basdorf en 1943  alors que Brassens effectue son STO et jamais interprétée sur scène, cette chanson fut la première véritable composition du grand Georges...

Les paroles :

https://www.musixmatch.com/fr/paroles/Patachou-Georges-Brassens/Maman-papa

Comments

[LH]

À l'occasion de cette belle chanson, j'ai fait connaissance avec Patachou et son cabaret, merci. Quelle belle viix la dame.

J'ai voulu savoir ce que sont les STO... Il a travaillé en Allemagne !
https://www.travail-force.fr/un-celebre-poete-parmi-les-sto/

Bon weekend les amis

[rosemar]

Merci, AJE, pour ces liens et ces infos... j'avais oublié cette polémique entre Goldman et Brassens...

[rosemar]

Merci, LH, pour ce lien intéressant sur Brassens, le poète...

Bon week-end, LH

[LH]

Je venais justement de voir il y a deux jours un film espagnol actuellement à l'affiche qui parle des espagnols ayant été recrutés pour travailler en Allemagne.
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=320613.html

[LH]

Qui peut en vouloir à Bassens, il nous a légué un répertoire immortel pour les générations à venir

[ALEA JACTA EST]

Petit commentaire personnel au sujet de la mini-polémique Goldman/Brassens.
Je comprends et respecte complètement ce qui a indigné Goldman mais je suis très sensible aussi au message de Brassens qui nous met en garde contre des dirigeants politiques ( et aujourd'hui on peut y ajouter des intégristes religieux) toujours prêts à nous envoyer à la boucherie pour des idées qui ne le méritent vraiment pas. Si on ne respecte pas la vie c'est qu'on ne respecte rien. C'est ma façon de comprendre Brassens...

[ALEA JACTA EST]

Cette affaire de STO créera une mini-polémique quelques décennies plus tard. JJ Goldman considérait que la chanson de Brassens MOURIR POUR DES IDEES était un peu obscène de la part de quelqu'un qui s'était "planqué"...Goldman avait dit un truc du genre: " On ne lui demande pas d'être un héros mais qu'il ne salisse pas la mémoire de ceux qui ont eu le courage de mener un combat nécessaire et salvateur...".

https://www.philippebilger.com/blog/2023/08/brassens-ou-goldman-qui-a-raison-.html

A noter qu'il y aura une autre polémique avec Georges Marchais, ex-secrétaire général du PCF, qui avait fait le STO...L'a t-il fait de son plein gré ou parce qu'il y était forcé par les lois de l'époque...?

https://www.slate.fr/story/153941/georges-marchais-communisme-pcf

[ALEA JACTA EST]

Très sympathique cette chanson. Le rythme jazzy et enjoué évite de lui donner un côté mièvre...A noter que les deux syllables PA-PA sonnent aussi comme les onomatopées très prisées dans la musique jazz.
C'était aussi l'époque où, autorité oblige, les papas n'étaient pas encore devenus, pour reprendre l'expression d'André Comte-Sponville, comme des 2 ème mamans et il y avait plus de retenue et pudeur dans la communication avec les enfants qu'aujourd'hui.
Bonne journée

[rosemar]

Une des premières chansons de Brassens ! Sur la deuxième vidéo, on peut voir ses parents, c'est émouvant...
Une chanson qui appartient à une autre époque, certes : "les nouveaux pères" n'étaient pas encore advenus... mais une chanson pleine de nostalgie et de tendresse, qui m'émeut.

Belle soirée, AJE