
La coupe du monde de football attire et draine des millions de spectateurs : c'est indéniable, on sent une ferveur des fans de foot, une fierté nationale, une envie de se réunir derrière l'équipe de son pays, notamment en France...
"On a gagné !", c'est ce que l'on entend dire lorsque la France remporte un match... comme si chacun avait participé à la victoire !
Certains se passionnent pour cette coupe du monde : ce sont des connaisseurs, ils ont, parfois, pratiqué ce sport et en gardent de bons souvenirs.
Pour autant, peut-on oublier tout ce qui entoure l'organisation de ces coupes du monde ? Peut-on oublier et occulter le désespoir des Brésiliens dont les manifestations ont été virulentes contre les nombreuses expulsions qui ont précédé cette "fête" du football ? Pour construire des stades, le gouvernement brésilien a délogé nombre de pauvres gens...
Peut-on oublier la colère des Brésiliens ? Au lieu de consacrer de l'argent à des infrastructures utiles et indispensables à ce pays, dans le domaine de la santé, de l'éducation, de la sécurité, on a préféré privilégier la coupe du monde.
A qui va profiter cette coupe du monde ? Aux Brésiliens ? Qui peut le croire ? Le prix des transports n'a cessé d'augmenter dans ce pays... Qui en supporte les conséquences ?
On peut aimer le football, mais peut-on refuser de voir les réalités et toutes les conséquences que subissent les populations dont les pays organisent ces coupes du monde ?
On peut être un passionné de ce sport mais on ne peut occulter tout le reste : les Brésiliens eux-mêmes sont de fervents adeptes de ce sport, mais ils ne peuvent accepter tous les sacrifices qui leur sont demandés...
Nombre de brésiliens se sont élevés ces dernières semaines contre les dépenses exorbitantes du gouvernement brésilien pour accueillir l’événement, étant donné la situation économique très difficile de certains habitants de ce pays.
Comment ne pas voir l'excès, la démesure qui entourent ce sport ? Certains supporters, eux-mêmes, passent de la haine à l'adulation...
Le football, en tant que sport ne mérite aucune haine : c'est ce qui entoure le football qui est, parfois, haïssable, c'est l'hybris qui l'accompagne.
On a beaucoup parlé de la prochaine organisation de la coupe du monde par le Qatar, une affaire d'argent marquée par la corruption... La préparation de cette coupe du monde nécessite de gigantesques travaux. En septembre 2013, 44 ouvriers népalais sont morts en travaillant sur des chantiers dédiés à la coupe du monde dans des conditions proches de l'esclavage...
Au Brésil, huit ouvriers sont morts lors de la construction des stades.
Vive la coupe du monde ! Mais, si de pauvres ouvriers doivent mourir pour que des supporters vibrent de passion, devant des équipes adulées, peut-on l'accepter ?
Comment fonctionnent nos sociétés ? Il s'agit de procurer du plaisir à des foules en délire... Mais peut-on ne pas voir tout ce qui se cache derrière ces héros, ces idoles qui caracolent sur les terrains de foot ?
Peut-on accepter que l'organisation de coupes du monde aggrave la misère, le désarroi, entraîne la mort même de gens humbles et modestes ? Peut-on l'oublier ?
Mais comment peut-on, dans ces conditions, parler de l'héroïsme des joueurs de football ?
A lire 2 articles sur le sujet :
http://www.courrierinternational.co...
http://www.lemonde.fr/sport/article...