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19 avril 2024 5 19 /04 /avril /2024 12:01
Le fabuleux destin de Jean-Baptiste Tavernier...

 

Un homme qui cultivait l'exotisme, qui aimait bien se mettre en scène dans les tenues des pays qu'il fréquentait... un garçon très peu connu, une sorte de Marco Polo ignoré... Il s'appelle Jean-Baptiste Tavernier...

Pierre Ménard est venu présenter son ouvrage intitulé Le chasseur de diamants. Les fabuleuses aventures de Jean-Baptiste Tavernier, lors du Festival de la Biographie :

"Un homme connu seulement des connaisseurs de diamants... mais qui a vie assez fascinante. C'est un libraire au départ, fils de graveur qui a un inconvénient pour un libraire, ce qui lui rendait la vie très dure, c'est qu'il détestait lire...

Il était tout de même fasciné par les livres de voyage et un jour, dès qu'il a terminé sa période chez le libraire qui l'employait, il s'est dit : plutôt que lire des livres de voyages, je vais voyager moi-même.

Il est né en 1605, et en 1623, sous Louis XIII, il part avec son petit baluchon pour l'Europe, il découvre un monde qui est en pleine mutation, notamment en Hollande : il y a énormément d'échanges, beaucoup de richesses qui arrivent d'un peu partout dans le monde...

C'est quelqu'un qui navigue à vue : il se laisse porter par les événements, il fait des rencontres, il tombe à moitié amoureux de la femme d'un colonel de l'armée allemande, il s'engage dans l'armée, il combat d'abord les catholiques, après il va chez les protestants, puis il repasse chez les catholiques...

C'est l'époque de la guerre de Trente ans : tout le monde se bat en permanence...

Lui a des formules assez amusantes : il raconte que la guerre est bonne, il voit des personnages qui se font étriper devant lui, tout le monde se fait tuer, mais ça l'amuse beaucoup. Il combat dans énormément d'armées et à un moment, il rencontre le père Joseph qui est le bras droit de Richelieu. Et très vraisemblablement, le père Joseph souhaite l'employer comme espion, parce que la France a un grand projet : depuis des années, la France se fait sortir du commerce oriental qu'elle contrôlait en partie puisqu'elle avait un gros avantage en Méditerranée, et donc Richelieu souhaite absolument remettre la main sur ce commerce qui est pris par les Anglais et les Hollandais...

Tavernier, sans doute en tant qu'espion, est chargé d'aller voir un peu ce qui se passe en Perse.

Tavernier voyage absolument partout, il voyage à cheval, il voyage à pied, il voyage en bateau, il lui arrive chaque fois des aventures extraordinaires... dans les montagnes, les chevaux crèvent sous lui, il voit des Tartares qui se jettent sur la carcasse de son cheval, c'est le premier steak tartare qui est décrit dans la littérature !

Il raconte avec délectation des scènes de combat où les gens s'étripent devant lui, on voit des Tartares en train de dépecer le cheval et de le mettre sous leur selle et il dit qu'il est alors incapable de manger de la viande pendant une semaine.

A cette époque, la Perse est redevenue un grand empire, la Perse est une plaque tournante du commerce oriental très important notamment pour les épices, ce qui permet d'accumuler des fortunes phénoménales, donc la Perse est une route d'entrée terrestre vers les Indes. D'où cette idée d'aller remettre la main sur le commerce persan qui a été trusté par les Anglais et les Hollandais.

Honnêtement, on ne sait pas exactement ce qu'a fait Tavernier à ce moment-là. Il raconte qu'il a écrit des rapports... j'ai regardé aux archives, je ne les ai pas trouvés.

Tavernier a écrit un livre qui n'est pas vraiment merveilleux, en fait, ce n'est pas lui qui l'a écrit... mais c'est quand même mal écrit. Louis XIV lui a demandé d'écrire ses mémoires pour donner le goût du commerce aux Français. C'est une sorte de guide Michelin de l'époque, de guide du routard. C'est honnêtement assez mal écrit avec beaucoup d'erreurs, tout est faux... quand on est biographe, on se demande s'il a voulu nous nuire... je ne sais pas si c'est un mensonge ou si c'est son nègre qui a voulu se venger puisqu'ils ont été beaucoup en conflit, mais tout est faux partout : il n'y a aucune date qui coïncide, il se trompe d'année à chaque fois.

On arrive à retracer son parcours parce qu'il a été suivi de près par des espions, notamment par des Hollandais.

Après la Perse, il arrive en Inde, et ensuite il va descendre jusqu'à Ceylan, il passe toute sa vie à voyager, il revient de temps en temps en France, il a besoin d'accumuler de l'argent pour investir dans ses voyages, notamment racheter des diamants. Il a parcouru à peu près les deux tiers de la distance de la terre à la lune.

Effectivement, il parcourt les Indes, c'est là qu'il découvre les diamants et il ira jusqu'à Ceylan où il retrouvera son frère qu'il avait envoyé là-bas en éclaireur. Tavernier veut participer à la création de la Compagnie française des Indes qui était, en fait, en concurrence avec lui. Lui faisait ses petits trafics, il était très content qu'il n'y ait pas de Français, il a tout fait pour les discréditer, la moitié de son livre raconte des horreurs sur les envoyés de la Compagnie des Indes qui sont radins, qui sont tous alcooliques, dépressifs, qu'on va ramasser dans les caniveaux au petit matin parce qu'ils sont complètement saouls... il envoie ça à Louis XIV pour se faire bien voir...

On connaît surtout Tavernier pour ses diamants, dans ses voyages, il trafiquait beaucoup de diamants, il a trafiqué d'absolument tout, des métaux, de l'opium même, et le gros avantage des diamants, c'est que vous transportez d'énormes sommes d'argent de manière très discrète.

Il voyageait souvent avec une vingtaine d'hommes armés étant donné les quantités de biens précieux qu'ils convoyaient. Les diamants, ça se mettait dans la doublure d'un manteau, ça passait complètement inaperçu.

Il en a rapporté notamment de son sixième voyage- il vient de se marier, il a alors 58 ans, c'est son premier mariage avec la fille d'un joailler qui s'appelle Jean Goisse, ça prédestine le voyage ! et le voyage se passe assez mal, il force sa femme à venir, elle était assez âgée et assez laide...

Il parle avec vraiment beaucoup de compliments des femmes orientales, on peut imaginer qu'il s'est passé quelque chose, même s'il dit le contraire. On a des témoignages de Boileau, de gens qui l'ont connu à Paris, à son retour, et qui racontent qu'il était extrêmement graveleux, désinhibé par les 50 ans de voyages qu'il avait faits et qu'effectivement il racontait ses aventures avec des femmes aux Indes.

Aventurier, découvreur, trafiquant, il est tout ça, mais il n'est pas écrivain... c'est quelqu'un qui était extrêmement libre, il avait le goût du voyage et le goût de l'argent puisqu'il a fait une fortune abyssale.

Dans son dernier voyage, quand il a épousé la fille de Jean Goisse, il la kidnappe un peu, il l'emmène avec lui, elle arrive à s'échapper dès qu'ils arrivent dans l'empire Ottoman, elle rentre à Paris, et lui poursuit jusqu'aux Indes, il veut faire la plus belle cargaison de diamants qui ait jamais été faite, et donc il rassemble mille diamants là-bas, les plus beaux diamants. Il était encore en concurrence avec les Hollandais qui lui ont fait de mauvais coups puisqu'ils l'ont dénoncé aux douanes, donc il fait tout pour s'échapper et il arrive à rentrer en France avec un millier de diamants.

Et si vous avez vu le film Titanic, il y a un diamant bleu, c'est inspiré du diamant bleu qui a été rapporté par Tavernier.

Tavernier revend ses mille diamants à Louis XIV qui aime beaucoup les diamants. Il a fait une fortune immense, il a pris goût au luxe : il s'est acheté un immense hôtel particulier à Paris, il a fait construire un grand château en Suisse avec une sorte de bulbe oriental.

Au bout d'un moment, il s'ennuie un peu, Louis XIV lui ordonne d'écrire ses mémoires, et Tavernier force un collaborateur (qui écrit d'ailleurs très mal) à écrire...

Comme il veut continuer à commercer, il met tous ses efforts sur son neveu, il lui donne la moitié de sa fortune, et puis le neveu est victime d'une attaque, on sait qu'il arrive en Perse, et après, plus de nouvelles... le neveu, en fait, est parti avec la caisse ! Lui qui a passé sa vie à tromper tout le monde se fait encore berner par un aventurier qui se fait passer pour le fils caché du shah de Perse et qui lui dit : "Moi je vais chercher la fortune qui vous a été volée, donnez-moi donc le reste de votre fortune et je vais vous aider à l'attraper." Et évidemment, il part avec l'argent à Moscou, et Tavernier qui a plus de 80 ans part chercher cet aventurier et son neveu, mais il meurt en cours de route."

 

Un personnage célèbre en son temps qui a sombré complètement dans l'oubli... un personnage d'aventurier optimiste qui a toujours eu confiance en lui... un personnage haut en couleurs qui mérite d'être redécouvert...

 

 

L'histoire du diamant bleu :

https://www.lavoixdunord.fr/900843/article/2020-11-30/titanic-la-veritable-histoire-du-coeur-de-l-ocean-connu-sous-le-nom-de-hope

 

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8 mars 2024 5 08 /03 /mars /2024 12:45
Itinéraire d'un enfant des Trente Glorieuses...

 

Le célèbre paléoanthropologue Pascal Picq est venu présenter son livre : Itinéraire d'un enfant des Trente Glorieuses, lors du Festival de la Biographie.

Il est né en 1954, il fait donc partie de la génération des babyboomers. Et c'est la première fois qu'il publie une autobiographie.

"La génération des babyboomers a-t-elle vécu une parenthèse enchantée de l'histoire récente de l'humanité ?
Le célèbre paléoanthropologue, qui est l'un d'entre eux, entreprend ici de raconter l'histoire de l'évolution à l'échelle de leur vie. C'est un recul historique très court pour un préhistorien, prévient l'auteur, mais il est éloquent tant a été spectaculaire le progrès de nos connaissances de la lignée humaine et des sciences de l'évolution en général. Ainsi, jamais l'humanité n'a connu de tels changements, qui ont trait à la fois aux vies des personnes et aux sociétés, à l'environnement, au climat et à la Terre."

 

"J'ai eu l'idée de revenir à ce que j'ai connu dans mon enfance, explique Pascal Picq : mes parents étaient maraîchers à Gennevilliers, qu'on appelle la Petite Couronne. La banlieue n'existait pas, vous aviez Paris, les faubourgs et ensuite tout autour, c'était la ceinture verte.

Mes parents étaient des provinciaux (on a oublié cela : toutes les migrations internes qu'il y avait en France, en Europe, alors bien sûr, on a eu les Italiens, les Espagnols, mais avant ça ou même en même temps, on a oublié comment les gens du Limousin- c'est ma famille- du Cantal, du Morvan ont quitté leur région, comment il y a eu tous ces mouvements de populations, parce qu'il fallait quitter la misère de la campagne, c'était compliqué, c'était dur.) Donc, tous ces gens convergeaient plus ou moins sur Paris.

Moi, je suis né dans ce grand terrain maraîcher, l'école était juste à côté, et, petit à petit, on voyait arriver des immeubles par ci par là jusqu'au jour où nous avons été expropriés, chassés parce qu'il fallait construire l'habitat.

Ce que je rappelle au début du livre, c'est que je suis né une semaine avant l'appel de l'abbé Pierre, en janvier 54 et ce fut l'hiver le plus froid du 20ème siècle.

Mes parents me disaient (parce qu'à l'époque il n'y avait pas de supermarché, c'étaient les petites épiceries du coin) d'aller chercher du lait dans la casserole, et le lait gelait...

Ma mère vendait ses radis aux Halles de Paris... depuis ces années-là, l'évolution a été considérable, comme elle n'avait jamais été auparavant.

Vous vous rendez compte : mes parents -ils travaillaient dur bien sûr- mais ils gagnaient bien leur vie en vendant des radis, des salades, des blettes, des poireaux... maman avait son permis de conduire, pour une femme des années 50, ce n'était pas quand même la généralité et en plus de ça, elle avait son permis poids lourd et c'est elle qui allait aux Halles, dès fois, elle nous emmenait, parfois moi, parfois ma soeur. Et moi, j'ai connu les anciennes Halles de Paris : vous aviez les carabins, les étudiants en médecine, vous aviez les bourgeois qui venaient s'encanailler, vous aviez les artistes, vous aviez les paysans, tout ce monde là se retrouvait à 5 heures du matin, on mangeait la soupe à l'oignon et, pour les plus costauds, une bonne entrecôte, et sur la table à côté, vous pouviez voir les grands artistes, comme Lino Ventura, c'est un monde complètement dingue, quand on y pense...

Petite anecdote : je me retrouve aux Halles, il n'y a pas très longtemps, dans un restaurant du Châtelet, avec mes enfants et ma petite fille qui se prénomme Julia, elle est d'origine à moitié brésilienne, dans le restaurant, il y avait des livres qui étaient là, avec un livre sur les Halles de Paris. Je prends le livre et je dis : "peut-être que je vais voir maman..." c'est bête, mais... alors tout est gris, à l'époque. Paris est gris, la banlieue est grise, tout le monde est habillé en gris... Ma petite fille s'écrie : "Papy, c'est tout gris !" et je dis : "Oui, pour toi qui est brésilienne, évidemment c'est un peu surprenant."

"Mais pourquoi tu regardes ça ?" interroge la fillette. Et je lui réponds :"Peut-être qu'on va voir mamie Ginette..." 

"Moi, j'étais très ému... alors évidemment, on ne la voit pas du tout, mais il y a une autre histoire pour moi qui a été très émotionnelle :

Il y a une vingtaine d'années maintenant, je présidais les bars des Sciences de Paris, c'était dans un café à côté des Halles, qui s'appelle Le Père Tranquille, et cela se passe à l'étage, et j'étais près de la verrière de l'étage, j'étais là en train de regarder un coin de trottoir... c'était là que maman "plaçait", comme on disait et pendant la nuit on vendait les récoltes... alors évidemment, je pars dans mes souvenirs et puis il y a un ami qui me dit : "Pascal, Pascal, on t'attend !", parce que j'étais plus là, quoi.

Il me dit :"Qu'est-ce qui t'arrive?" et je réponds : "Je peux pas te raconter."

Vous vous rendez compte : c'est l'histoire de ma génération, ce petit garçon qui était là en culottes courtes, à 8-9 ans dans le frimas de la nuit, qui vendait des radis auprès de sa maman et qui était fasciné de voir cette espèce de ballet incroyable de la société parisienne, et qui, quand même, 40 ans plus tard était président du bar des Sciences...

Alors, ce n'est pas ma réussite, c'est comment en fait -on a oublié aujourd'hui- comment les réformes de l'Education Nationale à la fin des années 50 et 60, le collège unique qui était tant décrié, l'accès aux études supérieures, ont permis cette réussite (les enfants des classes populaires n'accédaient pas au lycée, à l'époque)...

Il y a eu une ouverture incroyable, notamment pour les femmes, déjà avec les lois Neuwirth, De Gaulle était plus moderne qu'on ne le pense, à bien des égards, ensuite c'est mai 68, c'est l'accès aux études supérieures.

Alors, les gens me disent : "Vous les babyboomers, vous avez tout eu !" Alors je leur dis :"Attendez ! L'ascenseur, il fallait le choper ! Il nous attendait pas, il n'y avait pas un liftier qui disait : "On vous attend."

Donc, ça fait des tas de bouleversements, moi, j'ai fait mon service militaire évidemment, vous savez, on dit ça aujourd'hui, mais en 74, l'Amérique venait de connaître une défaite au Vietnam et l'Union Soviétique était une menace encore incroyable et qui ressurgit d'un seul coup."

Le journaliste qui interroge Pascal Picq intervient alors et commente son livre : "C'est en fait un ouvrage de sociologie, vous racontez dans le détail : la première douche, l'album Tintin que l'on attend avec précipitation, le dessin animé... évidemment, il n'y a pas de téléphone, encore moins de téléphone portable. C'est un portrait de notre société qui est revigorant."

Pascal Picq évoque ensuite le destin de sa mère : "Maman était "placée", comme on disait, on naissait dans une ferme, et après, on était placé dès l'âge légal, à la sortie de l'école, vous alliez gagner votre croûte, et elle s'est retrouvée comme "la bonniche" chez les Picq, c'est là qu'elle a rencontré mon père, et maman a accepté d'épouser mon père (ce n'était pas vraiment un mariage d'amour) à une condition, lui dit-elle : "si nous avons des enfants, qu'ils fassent des études." ça, elle l'a jamais lâché là dessus."

Le journaliste rappelle aussi cette anecdote : "Et quand vous passez en sixième, vous êtes fier, heureux comme tout, en disant : "Papa ! j'ai mon passage en sixième !" Mais lui, ça le laisse de marbre et après c'est pareil."

"Je n'ai jamais eu un seul compliment de mon père, même le jour de la soutenance de ma thèse, il se permet aussi de me dénigrer, je ne veux pas trop en parler de ce personnage.", rétorque Pascal Picq.

"Vous rendez hommage aux femmes dans cet ouvrage." intervient alors le journaliste. "Votre mère devient veuve et elle dit : "Enfin ! Je suis libre..."

"A 80 ans, vous vous rendez compte !" réplique Pascal Picq, "et il est vrai que j'ai dédicacé ce livre à ma mère, elle nous a quittés il y a deux mois, et c'est une combattante de la vie qui nous quitte, et les femmes sont des combattantes de la vie."

 

A travers cette anecdote, on perçoit la dépendance des femmes, leur soumission à leur mari, à cette époque où a vécu la mère de Pascal Picq. Heureusement, la condition des femmes s'est améliorée dans notre pays, même s'il reste encore des progrès à accomplir.

Avec ce témoignage de Pascal Picq, on voit aussi que l'école était encore un ascenseur social, dans les années 50-60, ce qui hélas n'est plus vraiment le cas à notre époque car le niveau d'exigence s'est considérablement réduit : programmes rabotés, suppression du redoublement, réformes improvisées, absurdes, etc.

 

 

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1 mars 2024 5 01 /03 /mars /2024 13:12
Gustave Caillebotte, l'impressionniste inconnu...

À la fois collectionneur, mécène et peintre, Gustave Caillebotte a été un personnage central du mouvement impressionniste. Grâce à des archives familiales inédites, Stéphanie Chardeau-Botteri nous emmène sur la piste d’un homme qui a marqué le milieu artistique du XIXe siècle, symbole d’un Paris en proie au renouveau.
 

Invitée lors du Festival de la Biographie, Stéphanie Chardeau-Botteri a présenté son ouvrage : Gustave Caillebotte, l'impressionniste inconnu...

"Gustave Caillebotte a aidé énormément le mouvement impressionniste et 130 ans après, très peu de personnes le connaissent, donc je me suis dit : Il faut absolument que j'écrive sa biographie, je suis une des descendantes de Caillebotte par son frère parce que l'artiste n'a pas eu d'enfant.

 

Sa vie m'a été racontée par sa nièce, Geneviève Caillebotte (Caillebotte avait 3 frères, l'ainé était un prêtre, le deuxième est mort à 25 ans, très jeune donc sans enfant, et le dernier, c'était mon arrière arrière grand-père qui a eu deux enfants, le premier est mort pendant la guerre de 14, donc il ne restait plus que Geneviève...) Geneviève que j'ai connue jusqu'à mes 14 ans, et qui nous a baignés d'histoires impressionnistes, jusqu'à ce qu'elle décède à à peu près cent ans. C'est elle la principale source, relayée par mon grand-père qui était très proche de sa maman et qui nous a baignés aussi dans cet univers impressionniste.

 

Gustave Caillebotte avait plusieurs casquettes, il n'est pas qu'un peintre impressionniste, mais aussi un très grand collectionneur (Monet, Manet, Renoir, Sisley, Pissarro, Cézanne), il était  un grand régatier, un grand horticulteur, et un philatéliste renommé.

Il a suivi les cours des beaux arts, c'est là qu'il a peint ses Raboteurs de parquet, il a présenté cette oeuvre au Salon officiel, le tableau a été refusé, parce qu'il choquait trop. Donc, à partir de ce moment-là, il s'est dit : "Je vais me tourner vers de nouveaux peintres, la nouvelle peinture et là, il a rencontré Degas qui lui a permis de rencontrer Renoir, Manet, Cézanne et tous les autres. Il est devenu très ami avec Renoir et Monet.

 

Caillebotte avait hérité jeune de son papa, il était relativement aisé, il n'avait pas besoin de vendre ses tableaux, il était très peu vendu à l'époque, il offrait beaucoup de ses tableaux, les oeuvres offertes au Musée d'Orsay sont souvent des cadeaux qui ont été faits à ses descendants. Pendant cent ans, son oeuvre a été oubliée parce qu'il est mort très jeune à 45 ans et qu'il n'a pas cherché à vendre...

 

Ses sources d'inspiration ? D'abord, la nature, avec les régatiers, les rameurs, un sport qui commençait à devenir à la mode, Caillebotte était lui-même un grand régatier, il a gagné énormément de régates, il a construit ses propres bateaux, et aussi le Paris d'Hausman, les rues, les pavés, la pluie qui tombe, les ponts, tout ce qui était moderne. Il a voulu montrer le nouveau Paris, la gare Saint-Lazare, le Pont de l'Europe, il était très attiré par la nouveauté...

 

Il était très proche de sa famille, mais malheureusement, son père, sa mère, son frère sont morts en trois ans à la suite. Avec un autre frère, ils ont vendu leur maison en Essonne, et leur maison rue de Miromesnil à Paris, après ces trois décès, ils ne pouvaient plus vivre dans cette maison, c'était trop triste. Donc, ils ont habité tous les deux ensemble, boulevard Haussmann, ils louaient un appartement très moderne. Après, mon arrière grand-père s'est marié, et Caillebotte est parti vivre au Petit Gennevilliers, et là il vivait avec sa compagne Charlotte.

 

Il a peint environ 500 tableaux... à sa mort, les oeuvres n'étaient pas vendues, elles n'étaient pas sur le marché. La famille ne cherchait pas à les vendre, il n'était pas connu du marché de l'art. Il avait beaucoup aidé Monet, Renoir, Pissarro en leur donnant beaucoup d'argent et en achetant leurs oeuvres. A cette période, il est très connu parmi le mouvement impressionniste, mais quand il est mort, avec les années, on l'a un peu oublié...

 

Caillebotte avait une vision très moderne de la vie : les peintures en perspective, peintes de haut, en haut des toits de Paris, avec de nouveaux points de vue... Pour lui, c'était important d'innover, il a beaucoup influencé les peintres actuels.

 

Je suis moi-même experte en tableaux et cela vient de la famille, j'ai été bercée dans cet univers-là. Mon grand-père m'emmenait voir des expositions. Il nous expliquait tout, tous les mouvements, j'ai fait des études de droit et rapidement, je me suis dit : "Non, ce n'est pas pour moi..."

Caillebotte a peint aussi des nus, mais ça ne plaisait pas du tout, c'était beaucoup plus rude, sans aucune mythologie...

 

Le journaliste qui interroge Stéphanie Chardeau-Botteri lui pose alors cette question : "Est-ce qu'on ne peut pas dire aujourd'hui que le marché de l'art est devenu un peu fou ?", le journaliste citant alors l'exemple d'un peintre qui a mis une merde, un étron dans un tube, qui s'est vendu une fortune. "ça, moi je sais le faire.", commente le journaliste.

"Un petit peu, le marché de l'art accepte trop de choses", répond la jeune femme.

Le journaliste insiste : "L'art est devenu un marché spéculatif."

"Oui, un  peu plus... je pense que l'histoire de l'art fera son travail, et à la fin, ne resteront que les bons.", répond Stéphanie Chardeau-Botteri.

"Est-ce que le truc qu'on a payé 300 millions de dollars, demain ça vaudra des cacahuètes ?"

Réponse : "Je pense peut-être. L'histoire de l'art va choisir certains artistes et d'autres seront éjectés."

 

 

 

 

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6 mars 2020 5 06 /03 /mars /2020 10:52
Marlène Dietrich, la scandaleuse...

 

 

Jean-Paul Bled, auteur d' une biographie intitulée "Marlène Dietrich, la scandaleuse de Berlin", est venu présenter son ouvrage lors du Festival de la Biographie, à Nîmes, au Carré d'Art...

 

"J'en suis venu à ce sujet par la fascination que Marlène Dietrich exerçait sur moi...

J'ai d'abord été fasciné par sa voix, qui est une voix tout à fait particulière, féminine, mais aussi masculine, un mélange des deux, un mélange qu'on retrouve d'ailleurs dans sa vie...

Elle-même détestait qu'on écrivît sur elle... 

Elle avait écrit ses mémoires, donc c'était la vérité obligatoire... pour elle, en dehors de ses mémoires, rien n'existait. D'ailleurs, pour sa dernière apparition à l'écran, elle a tourné un documentaire avec Maximilian Schell... celui-ci lui pose une série de questions, et elle lui répond à chaque fois : "C'est dans mes mémoires... j'en ai déjà parlé."

Quelques dates...

Elle naît avec le siècle, en 1901 et elle meurt en 1992, à Paris.

Entre ces deux dates, elle est orpheline de son père à 7 ans, et là, elle a une passion pour sa grand-mère maternelle : ce versant de la famille est le versant aisé. Cette grand-mère possède une bijouterie-horlogerie réputée à Berlin... l'horlogerie de référence à Berlin, c'est l'horlogerie de la famille Felsing.

Cette grand-mère a le goût du luxe, de la beauté, et elle en instruit sa petite fille.

 

Ensuite, différentes étapes dans sa carrière...

D'abord, en 1930, bien sûr L'Ange Bleu... Sternberg, l'ère Sternberg... ça c'est fondamental pour comprendre sa carrière, pour comprendre sa personnalité, le corps, l'allure, le cinéma...

Jusqu'en 1929-30, elle a acquis une certaine notoriété à Berlin, mais elle ne figure pas dans le Panthéon des actrices ou comédiennes allemandes... et puis, arrive à Berlin ce metteur en scène austro-américain Josef von Sternberg qui a été chargé de tourner L'Ange Bleu, il lui faut trouver une actrice pour jouer le rôle féminin principal, le rôle de Lola Lola...

Il n'en a pas, il la recherche et un beau jour, sans prévoir qu'il va découvrir Marlène Dietrich, il se rend dans un théâtre de Berlin pour assister à une revue, et là, il découvre Marlène Dietrich qui danse, qui chante et il est immédiatement fasciné.

 

Alors, c'est une fascination à la fois, parce qu'il a trouvé l'actrice qu'il cherchait, et aussi une fascination personnelle : c'est un véritable coup de foudre.

Immédiatement, il tombe amoureux de cette femme qu'il n'avait jamais vue auparavant.

 

Il va tourner avec elle 6 films en dehors de L'Ange Bleu et il va y avoir un travail de transformation qu'on va voir se dessiner au cours des prochains films.

Par exemple, une silhouette beaucoup plus fine : Marlène Dietrich qui était une femme superbe, certes, mais un peu boulotte... cela disparaît car Sternberg lui donne pour ordre de perdre plusieurs kilos, et elle suit à la lettre ses instructions."

 

"Le cahier-photos est magnifique, commente le journaliste qui interroge l'auteur... Le corps qu'elle a, elle sait ou ils savent l'habiller...

Les robes que portaient Marlène Dietrich donnaient l'impression qu'elle est nue sous sa robe, ce qui est très érotique...

On a l'impression que la couleur des robes correspond au corps."

 

"Elle ne part pas pour Hollywood par opposition à Hitler : lorsqu'elle part pour Hollywood, nous sommes en avril 1930, Hitler ne représente pas à ce moment-là une menace. C'est quelques mois plus tard qu'il y aura des élections, le parti nazi fera alors 18%, et là, la menace deviendra tout à fait réelle.

 

En revanche, lorsqu'en 31, elle rentre en Allemagne pour voir ses amis, célébrer la Noël, puis en 32, c'est là un moment décisif, elle refuse de revenir en Allemagne, parce que la menace hitlérienne est devenue une réalité très forte, et elle ne rentrera plus en Allemagne, à Berlin, qu'en 45, après la chute de Berlin.

 

Et, entre temps, jusqu'en 1938, il y aura toute une série de tentatives d'approches du régime, notamment par Goebbels pour tenter de la convaincre de revenir en Allemagne.

Là, on lui propose des ponts d'or évidemment, et à chaque fois, elle refuse...

 

Il y a une seule fois, où elle peut donner l'impression qu'elle va accepter, mais elle met une condition, évidemment irréalisable, elle dit : "D'accord, je rentre, mais à une condition, c'est que : je choisirai mon metteur en scène, et dans ce cas ce sera Josef Sternberg, or, il faut savoir que Sternberg était juif, donc par définition, c'était une demande qui ne pouvait pas être réalisée par le régime nazi.

Bon, en d'autres termes, elle a toujours refusé."

 

"Marlène Dietrich (1901-1992) incarne la femme fatale, sensuelle, sophistiquée et libre – une liberté dont témoignent ses multiples expériences artistiques comme ses nombreuses relations avec les hommes et les femmes qui ont traversé sa vie. L’immense artiste se métamorphose aussi en symbole politique."

 

 

 

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2 mars 2020 1 02 /03 /mars /2020 11:25
Robespierre, la chute...

 

"Juillet 1794. Thermidor an II. Idole encensée du club des Jacobins, orateur acclamé de la Convention, inspirateur du redoutable Comité de salut public, Robespierre est à l’apogée de son pouvoir. En deux ans, il a tout conquis ; en trois jours, il va tout perdre."

Avec tout le talent narratif qui l’a rendu célèbre, Jacques Ravenne évoque les derniers jours et la chute d’un homme, la fin d’un régime dans un récit à suspense où, à chaque page, la réalité dépasse la fiction.

 

Invité du festival de la biographie, à Nîmes, Jacques Ravenne raconte le personnage de Robespierre, et on découvre une personnalité étonnante...

 

"Un homme qui se maquillait, habillé en bas de soie, avec des souliers à boucles d'acier, et toujours avec des vêtements extrêmement travaillés, des chemises bouffantes...

 

Il a toujours été un défenseur du peuple, tout au moins, il s'est proclamé comme tel, mais dans son apparence physique, il a toujours appartenu à la classe dominante.

 

Je suis allé aux archives et je suis allé voir le lycée parisien dans lequel Robespierre jeune a fait ses études, et c'est très curieux : quand on voit la signature, il signe à 17 ans : Maximilien de Robespierre.

La particule a quelque peu disparu, vous imaginez, au fur et à mesure des événements."

 

"Quels sont ses amis, dans ces journées là ?"

"Le premier jour, tout le monde, et à la fin,  quasiment personne, il reste Saint-Just qui aura été sans doute l'ami le plus fidèle, même s'il y a eu quelques divergences...

 

Les modérés vont se coaliser contre lui, ainsi que les représentants en mission qui, souvent, ont beaucoup plus de sang sur les mains que Robespierre, et ceux qui se sont enrichis et qui ne veulent pas perdre leurs privilèges.

 

Il y a une scène qui est absolument hallucinante : quand on le conduit à la guillotine, il a déjà la mâchoire fracassée parce qu'il a pris une balle dans la mâchoire, le député qui est juste derrière, c'est Carrier : il a sur la conscience à peu près deux à trois mille morts à Nantes.

 

En fait, tout le monde s'est refait une virginité, je ne dirais pas sur le dos de Robespierre, mais sur la tête tranchée de Robespierre.

 

Quand sa tête tomba, une femme qui ne l'avait pas quitté des yeux, cria : "Bis !"

Les gens étaient tellement heureux de le voir guillotiné que cette femme a prononcé cette prière : "Bis" ou selon certains, "encore !"

"Un livre qui se lit d'une traite : un talent d'écriture et de progression dramatique", commente le journaliste qui interroge Jacques Ravenne. "C'est écrit comme avec une caméra : vous avez restitué l'ambiance, la période, la cruauté, la trahison..."

"Qu'est-ce qu'on lui reprochait de plus violent ?" interroge le journaliste.

"On lui reprochait trois choses, d'abord sa froideur, puis on lui reproche le fait qu'il est en train de transformer la république en théocratie... il a fait rentrer dans la loi la croyance en l'être suprême...

Imaginez, aujourd'hui, un président de la République qui dit : "Ben écoutez, la République reconnaît l'existence d'un Dieu"... imaginez ce qui se passerait ! Robespierre, lui, l'a fait.

Et puis, il y a une ambiguïté : pratiquement tous les gens de la Révolution, quand on voit les portraits qu'on en fait scolairement, ce sont des vertueux, et ce n'est absolument pas le cas, ce sont des gens qui dépensent des fortunes dans des maisons de jeux, qui fréquentent les maisons de prostitution, le problème de Robespierre, c'est qu'on ne lui connaît aucun vice.

Et au niveau des hommes, le fait que Robespierre soit un homme qui n'a même pas une maîtresse, on se méfie horriblement de ce personnage vertueux."

 

 

 

 

Robespierre, la chute...
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28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 12:00
Jean-Pierre Marielle, un comédien si attachant...

 

 

Un acteur très secret qui n'a jamais aimé qu'on parle de ses histoires personnelles... c'est Jean Pierre Marielle.

 

L’essayiste et romancier Stéphane Koechlin vient de publier une biographie de l'acteur intitulé "Jean-Pierre Marielle- Le lyrique et le baroque".

Invité lors du Festival de la Biographie à Nîmes, il a présenté son ouvrage :

"Il m'a fallu quatre ans pour cerner ce grand acteur qui finalement fait partie de l'histoire... il n'est pas qu'un acteur de cinéma, il a fait une grande carrière théâtrale, il a été au début de la télévision, et il a vraiment marqué l'histoire du théâtre, du cinéma, de la télévision, au vingtième siècle."

 

"Jean-Pierre Marielle est mort, il y a quelques mois. On n'a pas l'impression que vous l'ayez rencontré" ? demande le journaliste qui interviewe l'auteur.

"Les gens croient que je suis un vil opportuniste, parce que le livre sort juste après sa mort, mais j'avais commencé le livre il y a 4 ans, et à l'époque, j'espérais le rencontrer, mais finalement, je ne l'ai pas rencontré parce que j'ai appris qu'il avait des problèmes de mémoire... vous savez, il y a une espèce de voile pudique autour de la maladie d'Alzeimher...

 

Et il ne fallait pas le dire parce qu'il tournait encore à l'époque... les assureurs, quand un acteur est malade, ne veulent plus engager l'acteur... donc, il fallait suggérer de manière très délicate qu'il avait peut-être des problèmes de mémoire.

 

Et au moment où je termine le livre, il meurt, ce qui m'a permis finalement d'ajouter un malheureux dernier chapitre.

 

Au début des années 60, il doit tourner un film avec Marina Vlady, il doit jouer un rôle de jeune premier, il renonce alors à un film avec Belmondo, Cartouche, il devait jouer le rôle d'un lieutenant de Belmondo, un second rôle...

 

Et là il a enfin la possibilité de jouer un rôle de séducteur, qui est déchiré entre trois femmes, et il se dit : "C'est le moment où jamais, je vais devenir le nouveau Gérard Philippe, ça va être génial..."

 

Malheureusement, le film est un flop, et on trouve que Jean-Pierre Marielle est dans ce rôle-là d'un ennui abyssal, on le traite de "cow-boy de Bougival", bref, il se fait dégommer par la critique.

 

Et, là, ça va repousser son accession aux premiers rôles de 10 ans en arrière parce que les producteurs penseront que Jean-Pierre Marielle n'est pas capable d'assumer un premier rôle.

Par la suite, Marielle a refusé de jouer un certain nombre de navets : il sélectionnait ses films, à la différence de Galabru, par exemple.

 

Il y a eu des films qui ont marqué, "Les galettes de Pont-Aven", dont la qualité a été reconnue bien des années plus tard, parce que sur le moment, la critique était parfaitement acerbe, et puis, il y a eu cette consécration, alors qu'il est une personne âgée, sur un rôle qu'il ne devait pas avoir, c'est : "Tous les matins du monde..."

"Les Galettes de Pont-Aven", c'est quand même un film assez cru, c'est l'histoire d'un représentant de commerce qui plaque tout pour devenir peintre, il va à Pont-Aven, la capitale de la peinture, et il devient obsédé par les culs de femmes, la première scène est remarquable : il se réveille, il dégage délicatement les fesses de sa femme, il met une lampe et il peint le cul de sa femme...

A l'époque, le film a été très mal reçu, éreinté par la critique.

 

Ce film a tout de même permis à Marielle de s'épanouir artistiquement, mais il faudra effectivement attendre "Tous les matins du monde" pour qu'il soit consacré comme un très grand acteur.

 

Marielle s'est toujours défini comme un acteur de théâtre avant d'être un acteur de cinéma... c'était peut-être une coquetterie, parce que le cinéma n'était pas très gentil avec lui, donc, il s'est dit : bon, je suis acteur de théâtre, et effectivement, très tôt il a commencé à avoir de très bons rôles au théâtre.

C'est lui qui, le premier, a interprété Beckett, tout le théâtre anglais, Harold Pinter....

Il a joué Clérambard de Marcel Aymé, et, là, le succès était énorme.

 

Et Marielle, alors, a toujours dit qu'il ne pensait pas au cinéma. Il y songeait de temps en temps parce que le cinéma lui permettait de mettre du beurre dans les épinards.

Mais le théâtre était pour lui quelque chose de très important.

 

Et d'ailleurs, au Conservatoire, quand un apprenti acteur faisait du cinéma, il était très mal vu... C'était un prostitué, une prostituée parce que le cinéma était assez méprisé dans les années 50, c'était quelque chose de  superficiel, de frivole...

 

Marielle, c'est le rôle du grand imbécile du cinéma français : pathétique, se croyant génial, alors que c'est un crétin fini... il a très bien joué ce rôle, cela lui a plu pendant un certain temps, puis il en en a eu un peu marre de jouer ce type de rôle."

 

L'auteur de sa biographie a rencontré ses femmes, ses proches, son fils... ce qui lui a permis d'approcher mieux le personnage.

 

 

 

 

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17 février 2020 1 17 /02 /février /2020 09:25
Tina Modotti... profession : les hommes...

 

Tina Modotti : quel destin étonnant ! Quelle vie éphémère !

La jeune Tina nait en 1896 près de Venise, à Udine, dans une famille très pauvre qui se voit contrainte d'émigrer aux États-Unis pour survivre. Tina fascine très tôt par sa beauté et sa forte personnalité.

Pour ma part, je ne connaissais même pas le nom de cette femme photographe : j'ai découvert sa vie d'errances au cours du festival de la Biographie à Nîmes.

Gérard de Cortanze, invité du festival, a écrit une biographie intitulée : "Moi Tina Modotti, heureuse parce que libre..."

L'auteur est interrogé par un journaliste : "Comment Tina Modotti est-elle arrivée dans votre vie ?"

 

"En fait, j'ai écrit beaucoup de livres sur Frida Kahlo, je connais bien le Mexique... et quand vous travaillez sur Frida Kahlo, vous tombez automatiquement sur Tina Modotti.

 

Tina Modotti a quelques années de plus que Frida. Elle a eu comme amant Diego Rivera.

Lorsque Tina Modotti vit au Mexique, elle dirige une sorte de salon, elle reçoit tout Mexico, et un jour, elle reçoit une très jeune fille qui a 16 ans : elle s'appelle Frida Kahlo. Elle va l'initier à la politique... et surtout, elle va lui présenter son ex amant : Diego Rivera, et on connaît la suite de l'histoire : Diego Rivera et Frida Kahlo se marieront deux fois...

"Mon amie Tina a changé ma vie", disait Frida...

En effet, c'est elle qui lui présente son premier mari, c'est elle aussi qui lui a donné l'idée de son engagement politique.

 

Il y a deux types d'engagement dans le couple Rivera-Frida Kahlo : il y a le côté dogmatique de Diego Rivera, ils s'engagent tous les deux dans le parti communiste mais Diego est un homme d'appareil, Frida Kahlo, elle, n'est pas une femme d'appareil...

 

Ce qui l'intéresse, c'est de se battre pour les démunis, pour les pauvres, pour les ouvriers. Il y a un vrai engagement politique, c'est l'aube du parti communiste en quelque sorte... c'est là où il y a des liens avec le christianisme, c'est à dire l'amour des autres.

 

Et on retrouve ce même combat chez Tina Modotti... Lorsqu'elle s'engage au parti communiste mexicain, elle est très jeune. Elle ne s'engage pas pour des raisons de dogme, elle n'est pas stalinienne. Elle s'engage pour les pauvres et ça, ça va la suivre toute la vie.

 

Elle a d'abord travaillé dans une usine de filature, dès l'âge de 10 ans. A l'âge de 17 ans, elle va retrouver son père qui est parti aux Etats-Unis, afin de reconstruire la ville de San Francisco qui avait été détruite par un tremblement de terre.

San Francisco a été reconstruit en partie par une colonie italienne...

 

La première chose étonnante de cette biographie, c'est ce voyage qu'entreprend cette jeune fille... il faut imaginer : elle a 17 ans, elle part à San Francisco avec une petite valise, 50 dollars en poche, un petit chapeau, parce qu'on lui a dit : "Si tu vas aux Etats-Unis, il faut que tu aies un chapeau..."

Elle part en carriole de Udine à Gênes, en bateau de Gênes à New-York, en train de New-York à San Francisco... 45 jours de voyage...

 

Sa vie, ce sont des voyages incessants...

 

Une fois qu'elle est arrivée à San Francisco, elle est très jolie, magnifique, totalement charismatique, elle intègre une troupe de théâtre italien, elle devient une vedette, actrice de cinéma, car le cinéma hollywoodien va pomper des acteurs dans les troupes italiennes... les hommes sont des bellâtres, les femmes sont des séductrices qui brisent les couples...

 

Mais très vite, elle en a absolument marre de cette vie là... au fond, ça pourrait être une vie mondaine, mais elle va très vite abandonner ce côté mondain, totalement superficiel qu'elle ne peut pas supporter.

 

Elle part au Mexique où elle apprend le métier de photographe, elle devient une immense photographe, elle s'inscrit au parti communiste, elle est expulsée des Etats-Unis, elle va faire le coup de poing contre les nazis à Berlin, puis elle va à Moscou, elle fait toute la guerre d'Espagne comme infirmière, elle revient en 42 au Mexique, puis aux Etats-Unis, puis à Barcelone : c'est une des dernières à fuir Barcelone encerclée par les franquistes.

 

On perçoit chez elle une hésitation permanente entre l'art et la vie...

Elle a réussi dans la photographie puisque c'est une grande photographe de son temps, elle a fait des émules, il y a des expositions partout, sauf en France, autour de Tina Modotti.

 

Elle ne cesse de relier la politique à l'esthétique, c'est ce qui va créer la séparation inéluctable avec son amant Edward Weston un immense photographe américain qui, lui, ne fait que des photos esthétiques et des photos de nus.

 

Elle une vie courte, elle est morte à l'âge de 45 ans : elle a une mort tragique, elle meurt seule dans un taxi à Mexico, en pleine nuit.

 

Elle a une vie compliquée : on n'a cessé de traîner cette femme dans la boue... parce qu'elle était libre. 

 

Pourquoi la connaît-on aussi mal ? Parce que c'est une femme photographe... un homme photographe, on en parlerait beaucoup plus.

 

Le problème de Tina Modotti, comme d'un certain nombre de femmes de cette époque qui sont libres, sexuellement, économiquement, qui sont tout à fait scandaleuses, c'est que ce sont des femmes.

 

On lui a reproché d'être trop belle... une femme si elle est trop belle, c'est qu'elle est idiote, bien entendu... donc, elle a passé sa vie à être rejetée par tout le monde.

 

Quand on lui demandait : "Quelle est votre profession ?" Elle répondait : "Les hommes"...

Il y a deux idées là dedans : la première, c'est "les hommes" parce qu'elle a eu beaucoup d'amants, et pourquoi n'en aurait-elle pas ?

C'est bien connu : les hommes qui ont des amantes, ce sont des Don Juan, les femmes qui ont beaucoup d'amants, ce sont des putes...

Mais il faut entendre aussi, derrière cette réponse de Tina Modotti : "Les hommes", "l'humanité", son engagement politique, elle aimait l'être humain."

 

 

 

 

https://www.albin-michel.fr/ouvrages/moi-tina-modotti-heureuse-parce-que-libre-9782226439765

 

https://www.franceculture.fr/photographie/tina-modotti-et-edward-weston-lhistoire-dune-rencontre-photographique

 

 

 

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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 09:10
Napoléon sur le divan... première psychanalyse de l'Empereur...

 

 

Lors du Festival de la Biographie, à Nîmes, Dimitri Casali a présenté son tout dernier livre "Napoléon sur le Divan"  première psychanalyse de l’Empereur comme s’il s’allongeait sur le divan… avec toutes ses facettes : les plus obscures comme les plus lumineuses, bref l’homme comme vous ne l’avez jamais vu...

 

Dimitri Casali rappelle d'abord qu'il a été professeur d'histoire en Zone d'éducation prioritaire, pendant 10 ans :

"J'ai cette envie de transmettre l'histoire au plus grand nombre et surtout aux jeunes qui n'y ont pas accès.... vous savez, aujourd'hui, l'histoire tombe en désuétude... il y a une véritable répulsion que les moins de 18 ans éprouvent envers l'histoire, et mon âme de professeur d'histoire en ZEP est complètement scandalisé par ce fait...

 

J'ai écrit aussi de nombreux manuels scolaires, et ce livre "Napoléon sur le divan" présente ma façon d'apprendre l'histoire, c'est à dire comme disait Hérodote, l'histoire, c'est avant tout des histoires... c'est raconter des histoires..."

 

Dimitri Casali rappelle à l'occasion qu'il a été l'élève de Jean Tulard, le plus grand spécialiste napoléonien :

"Il a toujours su raconter l'histoire... Je me souviens de ses cours à la Sorbonne : c'était extraordinaire quand il nous faisait Robespierre, il n'hésitait pas à monter sur sa chaise et à déclamer les discours de Robespierre, d'une manière unique... et hélas, cette manière d'enseigner l'histoire part en lambeaux, a disparu aujourd'hui.

La plupart des historiens sont des spécialistes et l'histoire est devenue ennuyeuse et poussiéreuse."

 

"Comment écrit-on un ouvrage de vulgarisation ?", interroge alors le journaliste qui mène l'interview.

"Je suis un vulgarisateur dans le sens noble... le mot n'est pas très beau mais je le revendique et je l'accepte, parce qu'aujourd'hui, il faut savoir passer la transmission de notre histoire aux nouvelles générations."

"Napoléon était un insaisissable caméléon,  quel homme Napoléon était-il vraiment ? Était-il raciste ? Homophobe ? Mégalomane ? Pillard ? Islamophile ? Anglophobe ? Restaurateur de l'esclavage ?" 

"200 ans après sa mort, ce livre passe au crible toutes les facettes du personnage."

 

"Napoléon est le français le plus populaire au monde, encore aujourd'hui. Le seul pays où il n'est pas en odeur de sainteté, c'est la France, alors que les Chinois, les Coréens, les Américains sont fous de notre Napoléon... seule la France le boude.

76 000 livres ont été écrits depuis 1821 date de sa mort, un livre par jour !

C'est un personnage qui fascine le monde entier.

 

J'ai décidé d'écrire ce livre pour essayer de mieux le comprendre, de mieux le cerner, avec toutes ses faces sombres, tous ses défauts et il  en a beaucoup, mais aussi toutes ses faces lumineuses et géniales, et il en a beaucoup aussi.

Tous les grands hommes ont ainsi une face sombre et une face lumineuse."

Dimitri Casali évoque ensuite une scène drôle et rigolote : "Napoléon arrive à son mariage avec Joséphine à la mairie du 2ème arrondissement, il arrive avec 4 heures de retard, le maire s'est endormi, le chandelier est sur le point de s'éteindre, tout le monde en a marre, il arrive comme une furie, comme il est toujours extrêmement dynamique, il réveille tout le monde, il dit au maire : "Réveillez-vous, mon brave !"

Le maire sursaute, se réveille et va marier Napoléon.

Il s'est vieilli pour que sa femme Joséphine qui a 7 ans de plus que lui ne paraisse pas si vieille, il a rajeuni Joséphine dans l'acte de mariage et il s'est vieilli..."

Dimitri Casali évoque aussi le traumatisme de son divorce avec Joséphine, cette femme qu'il a tant aimée.

"Il a aimé deux femmes dans sa vie Joséphine et Marie Walewska, il a dû se séparer de Joséphine parce qu'elle ne pouvait pas lui donner l'héritier qu'il espérait tant. Il fallait absolument un héritier pour lui succéder sur le trône impérial.

Et, pendant longtemps, Joséphine a fait croire que c'était lui qui était stérile. Elle disait parfois : "Le sperme de l'empereur, c'est de l'eau." Elle avait cette formule assassine, pour essayer de conserver son rang d'impératrice.

Napoléon se laissait un peu embobiner par Joséphine, il a fini par le croire.

Mais, un beau jour d'octobre 1806, une de ses nombreuses maîtresses (car le pouvoir agit comme un aphrodisiaque... au début, Napoléon ne s'intéressait pas au sexe, et à la fin de sa vie, il était pratiquement obsédé par le sexe...) une de ses maîtresses Eléonore Denuelle lui a donné un fils, le comte Léon, c'est le fils de la chanson :

"Napoléon est mort à Sainte Hélène,
Son fils Léon lui a crevé l'bidon.
On l'a r'trouvé, assis sur une baleine,
En train d'bouffer les fils de son caleçon."

 

Il a compris alors qu'il n'était pas stérile et là, le sort de Joséphine fut scellé.

Napoléon fut bien sûr un grand génie militaire, mais ce qui compte le plus, ce sont les institutions qu'il va donner à la France, les institutions dont  la République va se saisir : le conseil d'état, les préfets, la légion d'honneur, le code du commerce, le code civil...

On ne réalise pas tout ce que Napoléon a apporté à l'Europe, à la France.

C'est aussi Napoléon III son neveu qui a instauré le droit de grève..."

Dimitri Casali rappelle enfin que l'iconographie qui accompagne son livre est capitale : il a utilisé des tableaux, des oeuvres de Picasso, de Salvador Dali, de Magritte, de Turner... Napoléon est ainsi le personnage le plus représenté dans les arts, après le Christ...

 

 

 

 

https://www.souvenirnapoleonien.org/evenements/gretz-armainvilliers-napoleon-sur-le-divan-dimitri-casali/

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10 février 2020 1 10 /02 /février /2020 12:40
Anna Gould et Boni de Castellane... vous connaissez ?

 

Anna Gould, jeune héritière américaine, qui épousa le comte Boniface de Castellane, un dandy désargenté de l'aristocratie française... vous connaissez ? C'est la rencontre improbable de deux êtres que tout sépare...

La rencontre et le choc de deux cultures, si différentes, de deux caractères bien trempés, de deux milieux contrastés, de deux personnalités.

 

Boni de Castellane issu d'une illustre et antique lignée originaire de Provence (la Maison de Castellane) est né en 1867... Anna Gould, elle, est une richissime orpheline, la fille de l'homme le plus riche d'Amérique, elle est née en 1875. Ils se marient en 1895.

 

Laure Hillerin a consacré un ouvrage à ces deux vies tumultueuses.

Invitée lors du festival de la Biographie à Nîmes, Laure Hillerin évoque d'abord le Palais Rose...

Quand elle était jeune, elle passait souvent devant le Palais Rose, à Paris, avant sa destruction... "c'est un magnifique hôtel particulier dont la construction a été lancée par Boni de Castellane, à l'angle de l'avenue Foch et de l'avenue Malakoff, dans le 16ème arrondissement... il a été détruit en 1969. C'est une des hontes de l'époque de l'avoir détruit."

 

Ce qui a intéressé aussi Laure Hillerin, "c'est cette espèce de choc entre deux cultures, la culture française dans le sens le plus traditionnel et classique et la culture américaine du self-made man : le père d'Anna Gould était un véritable brigand, il avait fait sa fortune en une génération, ce qui est quand même assez exceptionnel... c'était quelqu'un qui n'avait pas le moindre scrupule. Anna Gould avait été élevée dans ce culte de l'argent et le mépris de tous ceux qui n'étaient pas capables de gagner de l'argent.

 

Lui était l'héritier d'une vieille famille française, il était passionné par l'art et par la politique et il s'était un peu trompé de siècle puisque son siècle de prédilection était le 17 ème siècle, le siècle d'or, le siècle de Louis XIV.

 

Boni de Castellane était un dandy dans le sens héroïque du terme, ces dandys qui font face en toutes circonstances et qui continuent à porter haut, c'était aussi un homme politique puisqu'il a été député pendant 4 mandatures.

Et puis, il avait le culte de l'art et de la beauté. Comme sa famille était ruinée, il avait cherché à épouser une riche américaine, pas vraiment par amour de l'argent mais pour assouvir sa passion de l'art, ses rêves de beauté, d'architecture.

 

A l'époque, on se moque souvent d'Anna Gould, de sa laideur avec ce bon mot : "Elle est plus belle vue de dot".

 

Boni de Casttellane a commencé par acheter un magnifique château dans les Yvelines, le château du Marais. Il avait été élevé dans le goût de la beauté classique, il avait beaucoup d'admiration pour Versailles et ses jardins.

La première chose qu'il a faite, après son mariage, c'est d'acheter des terrains pour faire construire le Palais Rose avec l'argent de sa femme...

L'idée était de ressusciter le Trianon et en même temps d'y loger l'escalier des ambassadeurs de Versailles, construit par Louis XIV."

 

Le mariage, d'intérêt et non d'amour, ne fut jamais heureux.

 

Anna Gould, bientôt lassé des frasques de son mari quitte le Palais Rose, avec ses 3 enfants. En janvier 1906, elle demande la séparation de corps. Le divorce est prononcé le 5 novembre 1906.

Boni quitte aussi le palais Rose inachevé, et il n'y remettra plus les pieds. Il devient courtier en objets d’art où son goût inné fait merveille...

Anna Gould se remarie civilement le 7 juillet 1908 avec un cousin de son premier mari, Hélie de Talleyrand-Périgord (1859-1937), prince de Sagan, puis duc de Talleyrand. Elle meurt en 1961, à l'âge de 86 ans.

Boni de Castellane meurt à Paris en 1932, à l'âge de 65 ans.

"On évoque souvent les relations de Boni avec Marcel Proust : l'écrivain avait besoin de lui pour certains aspects du personnage de Charlus, car Boni était un grand spécialiste de la politique étrangère, c'était une amitié téléguidée, ils ont échangé une vingtaine de lettres et se sont vus pendant deux ans...

Faut-il lire les mémoires de Boni de Castellane ? Il a écrit ses mémoires en deux tomes, le premier : Comment j'ai découvert l'Amérique ? Ce volume là est très drôle...

Dans le second dont le titre est formidable : L'art d'être pauvre et c'est vrai qu'il a eu l'art d'être pauvre, car après, il s'est retrouvé sans un rond, séparé de ses enfants, il a rebondi en faisant l'antiquaire parce qu'il avait un goût extraordinaire, le second volume est assez prudent et moins amusant. Comme disait un de ses amis, "l'humour est resté dans l'encrier"...

Anna Gould, elle, avait un gros problème avec l'écriture. Elle a beaucoup écrit à ses fils pendant la guerre, mais elle écrivait à peu près comme une enfant de 6 ans, elle avait un vocabulaire très limité."

 

Donc, ils étaient on ne peut plus mal assortis : lui était un homme très élégant, très cultivé, elle est toujours resté avec son côté très fière d'être américaine... "personne n'arrive à la cheville des américains, ceux qui n'ont pas d'argent sont méprisables..."

 

Etonnante rencontre de deux êtres que tout séparait ! La culture, l'aspect physique, l'argent... deux mondes si différents !

 

 

 

 

 

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7 février 2020 5 07 /02 /février /2020 11:35
Un couple mythique : Scott et Zelda Fitzgerald...

 

 

Une histoire qui peut faire rêver, tout en étant tragique et sulfureuse, c'est bien celle du couple que formaient Scott et Zelda Fitzgerald...

 Ils ont tout : la beauté, la gloire, l’amour, l’argent et pourtant, la fin de leur vie a été particulièrement sinistre.

Invité au festival de la biographie, Stéphane Maltère a présenté le livre qu'il a consacré à ce couple célèbre.

 

"Quand on parle de Scott Fitzgerald, on ne peut que parler de Zelda : c'est son inspiratrice première. C'est elle qui fournit, par ses lettres, par ses carnets, par sa manière de parler, l'inspiration à son époux, Scott.

 

Ils se mariés en avril 1920, donc il y a bientôt cent ans. Ils sont bien assortis physiquement, mais leur rencontre fait qu'ils vont se détruire l'un et l'autre..."

"C'est bonheur et destruction", commente le journaliste qui interroge l'auteur.

 

"Il flotte dans l'existence du couple un air de fête permanent qui scandalise et qui fascine, en même temps.

Zelda est scandaleuse, dès son enfance : elle vit dans une famille assez rigide, assez froide, son père est juge d'instruction. Elle, c'est la petite dernière, capricieuse, elle se fait remarquer... elle fait des sports pour garçons, elle saute nue de plongeoirs... elle a une attitude de scandaleuse.

Elle est l'incarnation de la garçonne, celle qui va se moquer des convenances, des conventions, celle qui va vivre librement sa vie de femme.

 

Scott, lui, rêve de devenir un écrivain coûte que coûte et de séduire les plus belles filles par tous les moyens. Etre romancier est pour lui un atout supplémentaire de séduction.

Zelda est attiré par ce garçon qui est beau physiquement, qui fait penser à un ange quand il apparaît pour la première fois. Elle voit en lui aussi un auteur, elle se voit la femme d'un écrivain prometteur.

Scott et Zealda se marient en 1920 et 5 ans après, il publie son best-seller : "Gatsby le magnifique"...

C'est son livre le plus fulgurant, le plus court, le mieux construit, c'est celui qui va droit au but, il ne s'est pas perdu dans des méandres comme dans d'autres romans... c'est un roman plutôt classique par rapport à ses autres romans qui sont assez composites.

Le couple qu'il forme avec Zelda est un couple libre... c'est une fête permanente, constituée de bonheurs éphémères, d'extravagances...

Par exemple, un jour, elle parcourt les rues de New-York sur le capot d'une voiture, elle finit avec une douche de champagne dans les fontaines de la ville...

Leur fille est confiée très rapidement à l'agent de Fitzgerald qui va l'éduquer plus que son père et sa mère.

 

Comment expliquer la descente aux enfers de ce couple ?

Zelda se rend compte qu'elle est sous l'influence ou la coupe de Scott, qu'elle ne peut pas s'épanouir dans aucun art, elle aimerait écrire, elle va finalement choisir une discipline qui est la danse.

Sur la côte d'azur, elle rencontre un bel aviateur français, pendant que Scott est en train d'écrire "Gatsby".

Scott fait une crise de jalousie, il est prêt à l'enfermer... pourtant  jusqu'alors tous les flirts qu'ils ont pu avoir l'un et l'autre ont été acceptés.

Là, il sent un danger : que Zelda, son inspiratrice, sa muse lui échappe.

A partir de là, Zelda va sombrer peu à peu dans la folie, dans l'alcool. Elle va faire tout un parcours dans les asiles psychiatriques de l'époque.

Pour Scott, la descente aux enfers est lié principalement à l'alcool... il se sent dépossédé de son oeuvre, il ne peut pas être écrivain, car il doit écrire des articles, des nouvelles pour financer les séjours de sa femme à l'hôpital.

Scott meurt en 1940 à l'âge de 44 ans : une courte vie, une courte carrière."

Il est le symbole d'une génération perdue d'entre les deux guerres.

Sa femme Zelda meurt quelques années plus tard en 1948.

En écoutant le récit de ces deux vies, on se dit que la quête de la gloire et de l'argent peut conduire au pire. Quels destins tragiques ! Des vies si éphémères !

 

 

 

http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio-biographies/Scott-et-Zelda-Fitzgerald

 

http://madame.lefigaro.fr/celebrites/scott-et-zelda-fitzgerald-rencontre-mariage-histoire-du-couple-maudit-decrivains-190619-165675

 

 

 

 

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