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25 avril 2025 5 25 /04 /avril /2025 11:45
Méditerranéenne...

 

Une belle déclaration d'amour à la Méditerranée et aux femmes du sud dans cette chanson interprétée par Hervé Vilard...

Les premiers mots sont un aveu d'amour total et éternel, avec l'emploi du futur de l'indicatif, et l'équivalence établie entre "ma vie" et "la tienne".

L'apostrophe qui suit : "Méditerranéenne" évoque l'origine de la femme aimée, comme étant une identité forte et importante, comme si la Méditerranée laissait son empreinte sur la personnalité.

Le lieu d'origine est ensuite précisé : "Aux Saintes-Maries que j'aime...", la capitale de la Camargue est ainsi célébrée. 

Pourtant,  dit l'amoureux : "Y a danger pour l'étranger", comme si la femme ne pouvait être approchée par un inconnu... passion et prudence étant soulignées dans cette déclaration.

 

Le poète décrit alors la jeune femme dans un discours qui lui est adressé, ce qui donne au texte ardeur et vivacité :

"T'as sur le front la croix de ton village
Et deux grands yeux noirs qui me dévisagent"

Son visage est marqué par une forme de sainteté qui contraste avec son regard effronté : et ce contraste ne peut que susciter la curiosité et l'attention.

 

La femme est aussi associée à la nature grâce à un champ lexical amplement développé : "les vignes et les champs d'oliviers, les orages, les flamants roses et les chevaux sauvages", et à la fin de la chanson "la mer qui est dans la plaine", autant de détails qui font penser à la beauté de la Camargue...

 

L'amoureux admire encore le "déhanché" de la belle..., la comparant ainsi à une oeuvre d'art.

Le portrait se précise dans les vers suivants tout en restant assez vague, ce qui lui confère une valeur universelle :

"Éparpillée, ensoleillée, ensorcelée
Comme le sont tous les gens du voyage"

Associée au soleil, à la sorcellerie, la belle gitane apparaît d'autant plus mystérieuse...

 

Et l'amoureux n'hésite pourtant pas à l'inviter,  de manière audacieuse, avec un impératif  : "Viens me rejoindre à la nuit", tout en lui signifiant tout de même d'être prudente car son frère veille face à l'étranger...

 

Les compliments se multiplient, magnifiant la beauté de la jeune femme, dans un style exclamatif : "Mais qu'est-ce que tu es belle". Et le poète va même jusqu'à évoquer "ce parfum de bohème", cet esprit de liberté qu'il aime et aimera grâce à une réciprocité dans l'amour.

Ainsi l'amoureux est lui-même saisi d'une envie folle de liberté au point d'avoir "envie de courir dans les vagues", "Et de crier sous le ciel de Camargue". Les verbes "courir", "crier" viennent souligner par leur intensité ce désir de liberté.

 

Et les compliments reviennent pour magnifier la jeune femme : l'amoureux évoque sa "majesté D'être nu-pied au milieu des gitanes". Le contraste entre le terme "majesté" et le fait d'être "nu-pied" vient renforcer le compliment.

 

Et la chanson s'achève sur un magnifique tableau nocturne d'un feu de camp où "les flammes
Raniment l'amour dans le cœur des femmes", un tableau accompagné par des musiciens "un guitariste, un violoniste" qui "jouent du vague à l'âme" : la musique au coeur de ce tableau apparaît comme une source de réconfort. Et on sait l'importance de la musique dans la culture gitane et méditerranéenne.

 

La mélodie rythmée, joyeuse, pleine d'entrain nous entraîne vers les rives ensoleillées de la Méditerranée...

 

Pour mémoire : 

La musique de cette chanson sortie en 1983 a été composée par Toto Cutugno sous le titre L'Italiano, les paroles écrites par Didier Barbelivien et Hervé Vilard.

 

Les paroles :

https://www.paroles.net/herve-vilard/paroles-mediterraneenne

 

 

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13 septembre 2024 5 13 /09 /septembre /2024 12:35
J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main...

 

Une bien jolie déclaration d'amour dans cette chanson de Georges Brassens : La non-demande en mariage... le texte commence par une tendre apostrophe : "Ma mie", une formule ancienne, un peu désuète, aux douces sonorités de labiales, images mêmes du baiser amoureux.

Le poète adresse une curieuse supplique à sa dame de coeur :

"Ma mie, de grâce, ne mettons
Pas sous la gorge à Cupidon
Sa propre flèche"

Il est question d'amour bien sûr avec cette référence mythologique à  la flèche de Cupidon, une flèche qui devient une menace pour Cupidon lui-même... un tue-l'amour, en quelque sorte, comme le prouvent les vers suivants et l'expérience de "tant d'amoureux" : le pluriel vient ici souligner les conventions auxquelles se conforment la plupart des gens... alors que le "bonheur" n'est pas au rendez-vous.

Par un renversement amusant, le mariage conventionnel n'est plus alors un sacrement, mais il devient un "sacrilège"...

Même renversement amusant dans le refrain : les formules traditionnelles sont corrigées avec l'emploi de la négation à deux reprises :

"J'ai l'honneur de
Ne pas te de-
Mander ta main
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin"

L'important, c'est la liberté représentée par l'image de l'oiseau dans le couplet suivant, la liberté et la confiance en l'autre, avec l'importance de la parole donnée.  Le mariage est vu, lui, comme une véritable prison, particulièrement pour les femmes, réduites à des rôles domestiques, symbolisés par "des casseroles".

 

L'image de la déesse Vénus qui perd ses attraits et vieillit face aux tâches ménagères est encore une dénonciation du mariage qui impose à la femme le rôle de cuisinière, comme le montre le champ lexical de la cuisine : " maîtresses queux, des casseroles, la lèchefrite, le pot-au-feu." On apprécie au passage l'humour de l'expression "Vénus... perd son latin devant la lèchefrite."

 

L'image de "la marguerite effeuillée dans le pot au feu" est encore à la fois amusante et dénonciatrice : elle  renvoie encore à cette image de la femme mariée, avant tout bonne cuisinière, vouée à des tâches domestiques.

Brassens fait ensuite référence littéraire à la légende de Mélusine : Brassens indique ainsi que selon lui, l'amour ne peut durer qu'en respectant le jardin secret de l'autre... et il revient sur l'idée que l'amour s'étiole dans la routine de la vie quotidienne, quand la femme mariée est cantonnée le plus souvent au rôle de cuisinière.

Encore une référence littéraire, biblique, cette fois, dans la strophe suivante :

"Il peut sembler de tout repos
De mettre à l'ombre, au fond d'un pot
De confiture
La jolie pomme défendue
Mais elle est cuite, elle a perdu
Son goût "nature""

Le mariage est présenté à nouveau comme un enfermement avec l'image de "la jolie pomme défendue, mise à l'ombre, au fond d'un pot."

Et le dernier couplet insiste encore sur le rôle que joue souvent la femme dans le mariage, devenue une "servante" dévolue au ménage et aux soins de la maison... Brassens refuse cette servitude imposée aux femmes depuis des siècles. La femme doit rester une "éternelle fiancée" aux yeux de son amoureux, une bien jolie expression qui suppose de conserver toujours la fraîcheur du sentiment amoureux. La femme idéalisée suscite un amour fait de respect... L'expression "la dame de mes pensées" fait songer à l'amour courtois, tel qu'il était pratiqué au Moyen -Age.

"De servante n'ai pas besoin
Et du ménage et de ses soins
Je te dispense...
Qu'en éternelle fiancée
À la dame de mes pensées
Toujours je pense..."

 

Voilà un bel hymne à l'amour, une magnifique ode à la femme soulignée par le son mélodieux et tendre de la contrebasse.

On découvre aussi dans ce texte une pensée non conformiste, et résolument féministe : Brassens apparaît soucieux de l'émancipation de la femme, de son bonheur, de sa liberté.

 

 

Hélas ! On peut constater que les mentalités n'ont guère évolué : la femme mariée reste encore très souvent vouée aux tâches ménagères, la cuisine, le ménage, les soins aux enfants....

 

Les paroles :

 

https://genius.com/Georges-brassens-la-non-demande-en-mariage-lyrics

 

Un article sur la charge mentale qui pèse encore sur les femmes :

https://www.huffingtonpost.fr/life/article/pour-ces-meres-les-grandes-vacances-ont-ete-si-epuisantes-que-la-rentree-est-presque-bienvenue_238942.html

 

 

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26 février 2024 1 26 /02 /février /2024 13:32
Une journaliste face à la guerre...

 

Quel courage !

Elle s'appelle Patricia Allémonière, elle est reporter de guerre, elle est venue présenter un de ses ouvrages, intitulé Au coeur du chaos,  lors du Festival de la Biographie. Grand reporter au service international de TF1  pendant trente ans, Patricia Allémonière a couvert les guerres contemporaines les plus meurtrières. 

Elle raconte alors son parcours :

"J'ai commencé comme pigiste dans de petites rédactions, puis très vite j'ai eu beaucoup de chance, je suis rentrée à TF1 et là, d'abord, j'ai fait des petits boulots, mon premier reportage, c'était l'histoire de la pomme Golden... donc très loin du grand reportage...

Et puis après, je suis arrivée dans un service économique, parce que j'avais fait sciences Po, section Eco, on m'a casée là en tant que pigiste, et très vite ils ont vu que France 2 employait des filles grands reporters, ils se sont dit : ce n'est pas possible, à TF1, il nous faut aussi des filles. Donc, ils ont lancé un appel d'offres, et je suis rentrée comme ça à TF1.

Et très vite, je suis partie sur les terrains de guerre... premier terrain de guerre : Le Mozambique, une guerre civile qui a fait un million de morts, dont personne n'a jamais parlé, dont tout le monde s'est moqué.

Deuxième terrain de guerre : le Tchad, l'armée française, l'armée libyenne, et très vite, j'ai été confrontée aux premières horreurs, il n'y avait pas d'école pour nous former à ça... et puis j'ai continué jusqu'à ce que j'aie un enfant.

Aujourd'hui, il y a plus de femmes grands reporters ; en fait, on les remarque davantage que les hommes. Au moment de la guerre du Golfe, il y a eu beaucoup plus de femmes, ils se sont aperçus que l'audience était beaucoup plus forte quand il y avait des femmes, donc c'était intéressant d'employer des femmes. D'autant qu'on savait parler de la guerre, comme les hommes, et on savait être courageuse, comme les hommes.

Et à un moment, il y avait plus de femmes effectivement que d'hommes, ils se sont dit : "Non, ce n'est pas possible." Ils ont rééquilibré et aujourd'hui, à TF1, il y a plus d'hommes que de femmes mais pas à LCI.

Je n'ai pas souffert du fait d'être une femme, je n'ai pas fait partie des femmes qui ont eu à subir un ostracisme masculin... mais il a fallu se battre, et à partir du moment où on se bat, on ne sent pas forcément l'ostracisme... simplement, il fallait toujours être disponible et comme on voulait vraiment se faire reconnaître, on était toujours disponible.

Disponibilité, qualité du travail : c'est tout ce qui compte.

Quand j'ai eu un enfant, j'avais déjà été en poste à Jérusalem comme correspondante permanente, et là j'étais à Londres, et voilà qu'avec mon enfant nous voulions rentrer avec le père de l'enfant qui est Britannique, diplomate, lui rentrait à l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris, et moi à Paris avec un bébé.

Une femme, avec un bébé, là ce n'était pas possible... alors, je ne dis pas du tout que c'était de l'ostracisme, c'est qu'ils étaient inquiets. Je leur ai dit : "En quoi la mort d'une maman est plus grave que la mort d'un papa ? Un papa, cela compte autant qu'une maman..."

Donc, ils n'étaient pas très contents, on ne m'a pas mis de bureau pendant trois mois, on m'envoyait pour la quatrième ou la cinquième relève... à la cinquième relève, tous les reportages ont été faits, donc il n'y avait plus grand chose à faire...

Pendant la guerre civile d'Algérie, personne ne voulait y aller, alors, je me suis portée volontaire... on ma dit : "Mais dis donc, ta fille, elle a quel âge ?" (Elle avait alors un an et demi)...Une guerre à connotation de massacres et on ne savait pas qui tue qui... c'étaient ou les djihadistes ou l'armée, les militaires. Donc, comme moi je ne savais pas dire, j'avais décidé de parler d'actes terroristes mais pas de terroristes, les dits terroristes, je les appelais "groupes armés", ne sachant pas qui tuait...

On a l'air de dire aujourd'hui : "C'est terrible, il n'y a jamais eu autant de conflits", mais en fait, il y a toujours eu autant de conflits. Ce qui est étonnant, c'est que tous les conflits dont je parle dans mon livre perdurent, ils sont devenus des conflits de basse intensité : Irak, Syrie, Iran, Afrique, Kosovo. Tout est là.

Mais, aujourd'hui, ce qui est très intéressant, ce qui nous passionne nous, ce sont les gros conflits où le bon et le méchant s'affrontent. Vous voyez qui je veux dire ? Les Américains et les Russes, les bons et les méchants... il faut des conflits où il y a les bons et les méchants et où l'un des grands protagonistes est impliqué... les petits conflits, on s'en moque, on s'en fout, on s'en tape... ils peuvent crever, ce n'est pas notre problème. Je dis ça vulgairement...

La guerre terrible du Yémen n'intéresse que depuis qu'ils bombardent la Mer Rouge... une guerre qui dure depuis 1994 ! Les Iraniens s'intéressent au Yémen depuis 2003-2004. Les Américains, eux, avaient sous-traité le conflit aux Saoudiens. : "Vous gérez le conflit avec les Houthis, nous, on s'en n'occupe pas, ce n'est pas intéressant."

Et pourquoi ce n'est pas intéressant ? Parce que ni les Russes, ni les Chinois n'étaient dans le coin. Ce qu'ils avaient oublié, c'est que l'Iran, lui, était dans le coin, ils commençaient à fournir des armes. Comme les Houthis avaient une position très anti-américaine et très anti-israélienne, ils sont rentrés dans le conflit... comme il était question d'Israël, les Américains sont intervenus et maintenant tout le monde s'intéresse aux Houthis, alors qu'avant, personne ne s'y intéressait et pourtant il y a eu une sale guerre, avec de nombreux morts, et de nombreux enfants sont morts de faim."

Patricia Allémonière évoque ensuite ses relations avec sa fille, alors qu'elle était reporter de guerre...

Puis, elle aborde la façon de traiter les informations dans les rédactions :

"Il y a des fake news, et des images détournées : on a appris à déchiffrer ces images... il y a aussi les deepfakes où on fait dire à n'importe qui des choses qu'il n'a jamais dites..."

Le journaliste qui interroge Patricia Allémonière lui pose alors cette question : "Est-ce que le manichéisme, les gentils d'un côté, les méchants de l'autre, ça ne s'est pas un peu aggravé avec le temps ?" 

Réponse : "Alors, aujourd'hui, on ne s'intéresse qu'aux gros conflits qui opposent dans la tête de la plupart des gens le bon et le méchant. Et chacun souvent se retrouve plus du côté de l'un ou du côté de l'autre... parce que le bon et le méchant ne sont pas les mêmes pour tout le monde...

Par exemple, prenons le conflit israélo-palestinien, si vous êtes hors de l'occident, le bon, ce n'est pas l'Amérique, ce n'est pas nous, nous, nous sommes presque des terroristes... Les perceptions varient complètement, en fonction de l'endroit où on est.

Mais il est vrai qu'en ce moment, notre monde a tendance à une simplification, on simplifie tout.

Et pourquoi ces conflits bons et méchants qui vont dans notre simplification quotidienne ? Parce que c'est simple à comprendre, donc facile, on ne va pas se casser la tête pour comprendre la complexité, il faut aller vite et comme ces bons et ces méchants, c'est ce qui nous plaît, les médias ne traitent que les bons et les méchants, c'est à dire qu'on va traiter les gros conflits, parce que ces conflits attirent de l'audience, donc entraînent une rentabilité... parce que, sans argent, on ne fait pas de couverture... c'est vous qui sanctionnez les médias, les journaux et internet. Si vous ne regardez pas, ils vont se dire : "Pourquoi ils ne regardent pas ?"

Par exemple, le Pape ne fait pas d'audience, alors que Poutine, lui, il cartonne ! Donc on va beaucoup plus traiter ce genre de sujet. Parce que les chaînes ont besoin d'argent, internet a besoin d'argent, les petites chaînes sur internet ont besoin de pubs..."

Patricia Allémonière évoque ensuite les risques de son métier : elle a été blessée le 7 septembre 2011 alors qu'elle suivait une opération de l'armée française dans la vallée d'Alasay, en Afghanistan. Malgré ses blessures, rester sur le terrain s'est imposé comme une évidence afin de poursuivre son travail.

'L'information des grandes chaînes comme TF1 et France 2, ce sont des chaînes qui doivent avoir le maximum d'audiences... qui dit maximum d'audiences dit ne pas cliver, donc en faire le minimum sur les sujets qui clivent, pas de position vous apporte le maximum d'audiences...

Sur les autres chaînes (et cela nous vient des Etats-Unis), il y a un public à prendre du côté de ceux qui aiment le buzz et les chaînes d'opinion, ils adorent le buzz, il y a une audience, un marché à capter.

BFM qui voulait faire du factuel baisse, LCI a fait un tournant éditorial avec l'Ukraine : ils ont traité l'Ukraine comme une série, c'est à dire : attendez, vous allez voir ce qui se passe ! L'information est traitée comme une série : on vous accroche et on vous dit : "Tout à l'heure, on va vous parler de Poutine ou de Wagner..." Donc, comme dans un bon film policier, vous voulez voir la suite... Ils traitent beaucoup plus l'Ukraine que le conflit israélo-palestinien... pourquoi ? Parce que ce conflit israélo-palestinien clive...

Il faut savoir que ce qui s'est passé là à Gaza se passe encore aujourd'hui tous les jours en Afrique et bien pire : femmes éventrées, etc."

Enfin, une spectatrice pose une question à la journaliste : "Est-ce que vous êtes prête à repartir en reportage ?"

Et Patricia Allémonière de répondre : "Je repars bientôt en Afrique, au Sahel..."  Le journaliste qui l'interroge ironise alors : "C'est bien, parce que les Français sont très bien vus, en ce moment... vous serez bien accueillie."

On ne peut qu'admirer le courage de ces femmes reporters de guerre, confrontées à des massacres, à l'horreur absolue...

 

 

 

 

 

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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 11:59
Fascinante Cléopâtre !

 

Qui était Cléopâtre ? Christian-Georges Schwentzel, historien spécialiste de l'Orient hellénistique et romain était invité au Festival de la Biographie... pour présenter son livre sur une des plus grandes légendes féminines  de l'histoire de l'humanité : Cléopâtre : La déesse-reine...

 

"Cléopâtre est tout à fait Egyptienne, c'est ce qui est peut-être difficile à comprendre aujourd'hui parce qu'on est un peu les héritiers des idéologies nationales ou nationalistes du 19ème siècle. On a l'impression qu'on ne peut avoir qu'une seule identité...

Cléopâtre en a deux voire trois : elle descend des conquérants gréco-macédoniens qui sont arrivés en Egypte avec Alexandre le Grand en 332-331 avant JC. Donc, elle a cette identité politique et culturelle grecque, mais elle règne sur l'Egypte, la majorité de ses sujets sont Egyptiens.

 

Et elle réussit parfaitement à s'inscrire dans la continuité des reines pharaoniques. C'est donc aussi une Egyptienne.

Et d'ailleurs le mot Pharaone est employé à cette époque, il apparaît dans des textes de démotique, elle a une titulature de Pharaone complète, comme on le voit très bien sur les bas-reliefs des temples égyptiens.

C'est une reine double dans un royaume double, biculturel, bilingue.

 

Et, en plus, elle est même Romaine : elle est la fille de Ptolémée XII qui était un roi client de Rome, son royaume n'est pas indépendant, il est sous la domination de la puissance romaine.

Or, on sait que les rois clients avaient la citoyenneté romaine, donc, en tant que fille d'un citoyen romain, elle est Romaine aussi...

 

Elle est donc Egyptienne, Grecque et Romaine et c'est ce qui fait la richesse de ce personnage...

L'une des richesses, parce que c'est bien plus que cette question des identités, elle est aussi la plus grande femme de pouvoir de toute l'histoire de l'humanité.

 

Cela fait plus de deux mille ans qu'on parle d'elle : tout le monde la connaît, le nom est universellement connu pas seulement en France. Dans le monde entier, elle fascine depuis 2000 ans.

Quelle a été sa politique dans ce contexte de domination romaine ? Elle s'en est sortie très bien...

Pourquoi, ensuite, on a fantasmé sur elle ? Pourquoi elle est devenue ce grand mythe féminin ?

Des papyrus, des documents épigraphiques, des pièces de monnaie qu'elle a fait frapper en grand nombre ou encore des représentations sur les tombes égyptiennes, dans la sculpture, des représentations de type grec aussi bien que des représentations de type égyptien : tout cela nous permet de voir comment elle-même voulait se présenter, comment elle voulait apparaître aux yeux de ses sujets...

Rien à voir avec ce qu'on a pu dire par ailleurs c'est à dire que c'était une femme fatale, un monstre féminin, une prostituée, une nymphomane qui soi disant s'offrait à son harem d'esclaves et qui n'était jamais satisfaite...

Autant de calomnies inventées par les ennemis romains : son malheur est d'avoir été vaincue à la bataille d'Actium, en 31 avant JC par Octave, le romain qui va devenir ensuite l'empereur Auguste, fondateur de l'empire romain.

Un Romain très misogyne comme beaucoup de Romains : c'est insupportable pour les Romains le pouvoir féminin.

Donc, les Romains vont salir la mémoire de Cléopâtre et vont plaquer tous les stéréotypes possibles de la misogynie, de la phallocratie romaine sur cette figure.

C'est devenu aussi un mythe pour cette raison-là : les Romains, à force de dire du mal d'elle, ont fait d'elle la plus grande légende féminine de l'histoire de l'humanité.

Elle a fait fantasmer pendant 2000 ans depuis l'antiquité où elle fait déjà fantasmer...

Lucain, qui écrit à l'époque de l'empereur Néron, fantasme déjà : il condamne Cléopâtre mais il ne peut pas s'empêcher d'être attiré par cette beauté nocive, il parle de ses seins qu'on voit sous son vêtement transparent. C'est un concentré d'érotisme et d'exotisme, déjà dans l'antiquité romaine...

Ensuite on passe par le Moyen Age : Boccace, par exemple, fantasme sur la mort de Cléopâtre, et d'autres auteurs ensuite.

Elle entre dans la peinture et jusqu'au cinéma aujourd'hui... Sa mort est fortement érotisée avec ce serpent, elle s'est sans doute suicidée au moyen d'un serpent.

Elle se suicide parce que le vainqueur Octave veut l'exhiber dans les rues de Rome : ce sera le clou de son spectacle triomphal. Il aurait remporté un immense succès s'il avait pu traîner cette prostituée.

Et elle ne veut pas être humiliée... elle se suicide selon un scénario prévu à l'avance, elle se fait apporter par un paysan un serpent caché sous un panier de figues, un serpent probablement endormi. Elle avait fait des essais, elle connaissait les poisons, elle connaissait les venins. Et c'est tout de même atroce, elle avait fait des essais sur des condamnés à mort, nous dit Plutarque..."

 

 

 

 

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18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 15:40
Dangereuse burqa...

 

 

 

Dangereuse burqa !


Après un double attentat suicide qui a fait 33 morts, lundi, à N'Djamena, le gouvernement du Tchad  a pris des mesures drastiques : il a décidé d'interdire, purement et simplement, le port de la burqa.

On peut rappeler que le Tchad est un pays majoritairement musulman. Le chef du gouvernement a déclaré notamment : "Le port de la burqa doit cesser immédiatement à compter de ce jour, non seulement dans les lieux publics et les écoles mais sur toute l'étendue du territoire."
Ces attaques n'ont pas été revendiquées, mais le Tchad les a attribuées au groupe islamiste nigérian Boko Haram. 


 Considérée comme un véritable camouflage, la burqa présente un danger indéniable : ce vêtement qui ne laisse voir que les yeux permet à quiconque de se cacher, de dissimuler des armes, de maquiller son identité....

La burqa, avec ses plis amples, ses formes incertaines, peut envelopper un corps d'homme et tromper son monde.

En France, la burqa est normalement interdite dans les lieux publics, mais, de fait, on en voit de plus en plus dans les rues, dans les magasins, dans l'espace public.

Pour des raisons de sécurité évidente, il est urgent de mettre en oeuvre des mesures efficaces, pour interdire de tels vêtements qui ne permettent pas de discerner l'identité de celui ou celle qui le porte.

La burqa, c'est l'opacité totale : on ne voit pas le corps, on ne voit pas le visage, on ne voit rien de la personnalité.

Le voile intégral n'est-il pas, en lui-même, une marque d'intégrisme ? Il est excessif, démesuré et contraire au droit des femmes : pourquoi les femmes seules devraient-elles occulter leur visage, leurs cheveux ?

On perçoit, là, une sorte d'apartheid sexuel et en plus, ce vêtement peut dissimuler des intentions malveillantes...
Par ailleurs, la burqa qui vise à cacher est, aussi, terriblement voyante : elle flotte autour de la personne, elle s'épanouit, se répand.

Les femmes doivent être, enfin, libérées de ce carcan imposé par des croyances religieuses d'un autre temps. La burqa enferme la femme, la sépare du monde et l'empêche de profiter de l'air du temps.

Dangereuse burqa ! Pour les femmes qui ne peuvent s'épanouir, prisonnières de traditions et de vêtements encombrants, gênants...

Dangereuse burqa ! Car elle rend impossible le reconnaissance de l'identité des gens.

Lourde burqa ! Symbole du droit des femmes bafoué, signe de l'asservissement de la femme qui ne peut même pas se vêtir comme elle le souhaite, mais comme le désire son père ou son mari.

Encombrante burqa ! Dans un monde moderne, la femme ne devrait pas être considérée comme un être différent, ayant l'obligation de porter certaines tenues plutôt que d'autres.

La burqa appartient à un monde d'autrefois, où la femme, soumise à des lois d'un autre temps, n'avait pas sa place dans la société, devait vivre enfermée et prisonnière de ses vêtements.

Oui, la burqa devrait appartenir au passé, elle paraît totalement inadaptée dans un monde moderne, où la femme doit accéder aux mêmes droits que les hommes, où la femme ne doit plus être considérée comme un être à part.

La burqa, faite pour voiler et couvrir le corps (telle est l'étymologie du terme) est un vestige d'un passé révolu où la femme, asservie, soumise, devait se plier à des codes vestimentaires d'un autre âge...


 

 

 

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/video/2015/03/05/afghanistan-des-hommes-defilent-en-burqa-dans-les-rues-de-kaboul_4588231_3216.html

 

 

 

 

 

Dangereuse burqa...
Dangereuse burqa...
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6 mars 2015 5 06 /03 /mars /2015 13:01
Et toi, pauvre fou, tu l'aimes...

 

 

Cette chanson intitulée "Coucouroucoucou", pleine de charme, et de drôlerie, évoque le roucoulement du pigeon destiné à séduire une "belle" : imitant le cri répété du pigeon, le refrain nous entraîne dans une mélodie lancinante et amusante, à la fois...

"Coucouroucoucou !" : on entend, d'abord, une colombe chanter sur une branche ... Et, à côté, un voit un pigeon énamouré, dont on comprend le désarroi : il bat de l'aile, et il roucoule en vain...

 

Une situation typique de l'amoureux éconduit nous est présentée ici. Soudain, on perçoit l'emploi de la première personne : "et moi, je pense à elle, si peu fidèle..." Le personnage qui s'exprime se confond, en fait, avec le pigeon du premier tableau...

 

Le vocabulaire de l'amour apparaît : "fidèle, mon coeur, aime"... Des clichés sont utilisés : "la blanche colombe", l'image du "printemps qui bourgeonne", les filles et les pigeonnes qui ont la même attitude, qui semblent volages !

 

"Coucouroucoucou"! Le roucoulement s'impose, alors, entremêlé de cris d'oiseaux. L'apostrophe "méchante" souligne le comportement indigne de la pigeonne infidèle qui, en plus, chante de bonheur, car elle a trouvé un nouvel amour.

Des cris de détresse, "aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe" ponctuent le texte, soulignant le désarroi de l'amoureux éconduit.

 

Le personnage s'invective lui-même, familièrement, comme s'il se dédoublait : "Et toi, pauvre fou, quand même, tu l'aimes." Les tourments de l'amour sont évoqués, de manière amusante et drolatique, avec des images conventionnelles...

 

On retrouve des clichés, la fragilité d'une pigeonne, la beauté d'une autre, sa coquetterie... Un dialogue s'instaure avec un interlocuteur, comme le suggère l'emploi de la deuxième personne : "ta pigeonne, la tienne", encore des clichés, puisque la femme semble appartenir à l'homme, être sa propriété...

 

Les deux acolytes pourront mêler leur chagrin, se raconter leurs déconvenues. Le texte s'achève sur ce cri d'espoir et avec un impératif : "fais qu'elle revienne !", comme si le personnage implorait le ciel.

 

Voilà une jolie parodie de chanson d'amour : constitué de clichés, le texte nous fait sourire souvent et le refrain nous emporte dans un tourbillon de cris d'oiseaux...

La mélodie, pleine de gaieté, souligne bien la parodie..

 

Cette chanson a été composée par Tomas Mendez, un chanteur d'origine mexicaine.

 

 

 

 

 

Pour rejoindre l'actualité : dans le cadre de la journée de la femme, des hommes posent non pas avec une pigeonne, mais avec une poule... http://www.aufeminin.com/news-societe/sexisme-des-hommes-posent-avec-une-poule-pour-le-denoncer-s1276398.html

 

http://youtu.be/tMl5WXxGjgs

 

 

 

Et toi, pauvre fou, tu l'aimes...
Et toi, pauvre fou, tu l'aimes...
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