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24 février 2025 1 24 /02 /février /2025 12:50
Nous vivons pour la guerre...

 

Terrible constat fait par l'écrivain Pierre Michon, lors de l'émission La Grande Librairie : "Nous vivons pour la guerre...", dit l'écrivain.

Et il ajoute : "L'Iliade est le premier texte de la littérature écrite européenne et à ce titre, il représente toute la littérature européenne. D'ailleurs, c'est le scénario de toute la littérature, et même de toute l'humanité, c'est à dire les deux ingrédients que sont la guerre et l'amour...

Michel Serres disait que toute la littérature est née d'une jupe soulevée dans les murs de Troie, par un combat sous cette jupe... celle d'Hélène.

Nous, nous vivons encore, comme au temps d'Homère, malgré tous nos dénis, nous vivons pour la guerre. Regardez les choses comme elles sont : toutes les avancées technologiques sont faites dans le but d'être les plus puissants, d'être l'état le plus puissant pour la guerre..."

 

Et on ne peut qu'acquiescer à ce constat de Pierre Michon... on le voit de plus en plus : partout sur la planète, éclatent des conflits meurtriers, souvent entre pays voisins et même entre pays frères. Destructions, mort de civils, exodes massifs pour fuir la guerre et ses horreurs.


De nombreux pays se lancent aussi dans une course effrénée aux armements...

L'armée russe dispose elle-même d'armes à la pointe de la technologie : par exemple, des missiles hypersoniques indétectables qui peuvent faire des dégâts considérables.

Dès que la guerre a été initiée par Vladimir Poutine, la plupart des pays ont décidé d'augmenter leur budget militaire.

Lors d’une session extraordinaire au Bundestag, à Berlin, le chancelier Olaf Scholz a annoncé un effort exceptionnel de l’Allemagne en matière de Défense. La crise russe change toute la doctrine tenue jusqu’ici. Olaf Scholz, le Chancelier, avait annoncé 100 milliards d’euros pour moderniser son armée.

Des sommes colossales englouties pour fabriquer des armes !

 De nombreux pays de l'Union européenne ont décidé d'augmenter très sensiblement leurs dépenses militaires.

"La Russie et les Etats-Unis se sont lancés depuis un certain temps dans une course aux armements nucléaires, mettant au point de nouvelles machines d'apocalypse qui menacent de ruiner les gains chèrement acquis des dernières décennies et de nous ramener au bord de l'anéantissement nucléaire..." nous rappelle l'historien Harari.

La France est devenue le deuxième pays exportateur d'armes, derrière les États-Unis, selon le rapport annuel de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Au cours des cinq dernières années, soit entre 2019 et 2023, les États-Unis ont représenté 41,7 % du total de la valeur des exportations d'armes dans le monde, la France 10,9 % et la Russie 10,5 %. La Chine (5,8 %) et l'Allemagne (5,6 %) complètent le top 5.

Triste record !

 

Pourquoi la guerre ? La guerre a toujours été et reste donc la grande affaire des hommes : volonté de domination, guerres économiques, commerciales, psychologiques, informatiques, conflits de pouvoir, d'intérêts, conflits de civilisation...

La guerre toujours recommencée... 

 

 

Source : à 1 heure, 1 minute, 38 secondes

 

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-17/6893329-emission-du-mercredi-12-fevrier-2025.html

 

 

 

Nous vivons pour la guerre...
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30 septembre 2017 6 30 /09 /septembre /2017 14:23
Un extrait de l'Odyssée : une scène familière au bord de l'eau...

 

 


On connaît certains épisodes célèbres de l'Odyssée : les sirènes, le cyclope Polyphème, la magicienne Circé, mais on connaît moins certains passages plus intimistes de cette épopée primitive...

 

Notamment cet extrait du Chant VI où l'on voit la jeune Nausicaa aller laver du linge au bord d'un fleuve... Une scène familière et si précieuse pour comprendre la vie quotidienne à l'époque d'Homère...

 

La scène se situe en Phéacie, une sorte d'utopie, un pays d'abondance où échoue Ulysse, après une tempête, déchaînée par le dieu Poseidon.

 

La jeune Nausicaa, fille du roi Alkinoos, pressée par un songe envoyé par Athéna, se rend, avec ses suivantes, au bord d'un fleuve afin de laver son linge...

 

C'est là, en jouant à la balle après le labeur qu'elle aperçoit Ulysse.

 

La description du fleuve est élogieuse grâce à l'emploi d' un équivalent de superlatif : "périkaléa, très beau..."

Un monde d'abondance est évoqué : les lavoirs sont intarissables, l'eau est abondante... et le champ lexical de l'eau est particulièrement développé : "le courant, le fleuve, les lavoirs, l'eau..."

 

Homère décrit, dans cet extrait, un univers paradisiaque, quasi-divin : la scène est pleine de gaieté et d'harmonie, Nausicaa et ses compagnes agissent ensemble, elles sont associées dans l'énoncé.

 

Homère nous fait voir, aussi, une scène de la vie quotidienne : on apprend comment on lavait le linge, à cette époque lointaine...

Au bord d'un fleuve, ce sont les femmes qui foulent le linge dans des bassins, puis elles l'étendent sur la grève.

Elles en profitent aussi pour se laver elles-mêmes et oindre leur corps d'huile...

 

On perçoit ici une scène de la vie quotidienne, une succession de gestes simples : on dételle les mules, on leur fait brouter l'herbe, on sort les vêtements, on les lave, avec empressement et ardeur à la tâche.

 

La Phéacie apparaît comme un pays civilisé, où la propreté est essentielle : celle du linge et celle des corps, un pays d'abondance, également : l'eau coule à flots, l'herbe y est "douce comme le miel".

 

Après avoir travaillé, les jeunes filles se détendent, prennent un repas, puis jouent à la balle, dans une harmonie parfaite. C'est alors que Nausicaa aperçoit Ulysse qu'elle ramène au palais de son père.

 

Ainsi, l'épopée n'est pas faite seulement d'épisodes héroïques, mettant en valeur le courage des personnages, l'épopée restitue aussi la vie ordinaire et quotidienne...

 

C'est ce qui en fait toute la valeur : on aime cette scène empreinte de simplicité et de vie.

On aime la poésie des épithètes homériques : "le fleuve au beau cours, "l'herbe douce comme le miel", "Nausicaa, aux bras blancs"...

 

Nausicaa est dans l'Odyssée une figure de la séduction  : c'est une princesse à la figure d'immortelle et Homère la compare, après cet extrait, à la déesse Artémis.

 

 

 

Le texte :

 

 Αἱ δ᾽ ὅτε δὴ ποταμοῖο ῥόον περικαλλέ᾽ ἵκοντο, 85
ἔνθ᾽ ἦ τοι πλυνοὶ ἦσαν ἐπηετανοί, πολὺ δ᾽ ὕδωρ
 καλὸν ὑπεκπρόρεεν μάλα περ ῥυπόωντα καθῆραι,
ἔνθ᾽ αἵ γ᾽ ἡμιόνους μὲν ὑπεκπροέλυσαν ἀπήνης.
Καὶ τὰς μὲν σεῦαν ποταμὸν πάρα δινήεντα
 τρώγειν ἄγρωστιν μελιηδέα· ταὶ δ᾽ ἀπ᾽ ἀπήνης 90
εἵματα χερσὶν ἕλοντο καὶ ἐσφόρεον μέλαν ὕδωρ,
στεῖβον δ᾽ ἐν βόθροισι θοῶς ἔριδα προφέρουσαι.
Αὐτὰρ ἐπεὶ πλῦνάν τε κάθηράν τε ῥύπα πάντα,
ἑξείης πέτασαν παρὰ θῖν᾽ ἁλός, ἧχι μάλιστα
 λάιγγας ποτὶ χέρσον ἀποπλύνεσκε θάλασσα. 95
Αἱ δὲ λοεσσάμεναι καὶ χρισάμεναι λίπ᾽ ἐλαίῳ
 δεῖπνον ἔπειθ᾽ εἵλοντο παρ᾽ ὄχθῃσιν ποταμοῖο,
εἵματα δ᾽ ἠελίοιο μένον τερσήμεναι αὐγῇ.
Αὐτὰρ ἐπεὶ σίτου τάρφθεν δμῳαί τε καὶ αὐτή,
σφαίρῃ ταὶ δ᾽ ἄρ᾽ ἔπαιζον, ἀπὸ κρήδεμνα βαλοῦσαι· 100


 

Traduction :

 

"On atteignit le fleuve aux belles eaux courantes, près duquel sont des lavoirs où monte en toute saison une eau claire et abondante, telle qu'il faut pour blanchir même le linge le plus souillé. Les femmes détachèrent les mules de la charrette et les poussèrent le long des rapides du fleuve pour y paître l’herbe douce comme le miel. Puis, à pleins bras, elles enlevèrent le linge de la charrette et le portèrent dans l’eau sombre des bassins, où elles le foulèrent, rivalisant entre elles d’activité. Quand elles l’eurent bien lavé et qu'il ne resta plus aucune tache, elles l’étendirent sur la grève, là où la mer forme une ligne épaisse de galets rejetés. Puis elles se baignèrent, s'oignirent d'huile brillante et prirent leur repas au bord du fleuve, tandis que les vêtements séchaient au grand soleil. Après qu'elles se furent rassasiées, elles ôtèrent leurs voiles pour jouer à la balle."

 


 


  Une conférence de Luc Ferry sur L'Odyssée :

 

https://youtu.be/RzjVWUjRYLA

 
 

 

Un extrait de l'Odyssée : une scène familière au bord de l'eau...
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4 avril 2015 6 04 /04 /avril /2015 16:09
Dès que, fille du matin, parut l'aurore aux doigts de rose...

 


Homère, un des premiers poètes de l'humanité, utilise quelques vers formulaires dont celui-ci, le plus célèbre : Ἦμος δ᾽ ἠριγένεια φάνη ῥοδοδάκτυλος Ἠώς,  "émos d'ériguéneia phané rhododactulos éos ..." "Dès que, fille du matin, parut l'aurore aux doigts de rose...", un vers d'une extraordinaire poésie.

 

Ce vers, qui introduit de nombreux épisodes de l'Odyssée, nous permet de comprendre l'essentiel, l'essence même de la poésie. En effet, tout l'art du poète consiste à créer une harmonie, une fusion parfaite de mondes, ici, celui de la nature et celui des hommes.


L'aurore, présentée comme une entité vivante, était considérée par les grecs comme une véritable divinité, dotée d'attributs humains.


On perçoit l'assimilation de l'aube à une personne, une jeune fille, dans une métaphore : elle devient "fille du matin", elle apparaît, aussi, personnifiée dans l'expression "aux doigts de rose". L'aurore est, ainsi, dotée de vie, de volonté... la pensée grecque percevait, partout, dans la nature, les arbres, les fleurs, les fleuves, l'aurore, le soleil, la mer, une présence divine animée et vivante.


De plus, l'aube nous fait admirer, aussi, l'image d'une fleur, la plus belle des fleurs, une "rose", et on voit aussitôt se dessiner, sous nos yeux, les tendres couleurs de l'aurore, un début de journée où le soleil commence à poindre...


La couleur "rose" définit bien aussi, à travers cette sensation visuelle, le début d'une journée, aux tons pleins de douceurs.


La poésie est la recréation d'un langage, une harmonie retrouvée entre le monde humain et la nature, souvent.


Le seul mot composé,"rhododactulos", "aux doigts de rose" transforme l'aurore en une jeune fille, dont les doigts évoquent les couleurs atténuées de l'aurore.


La poésie, dès les origines, associée à la musique, était chantée avec accompagnement d'un instrument, le plus souvent une lyre. Ainsi, ce vers formulaire revient dans l'Odyssée, comme un refrain qui scande le texte.


Les sonorités, aussi, sont sources de musicalité. Le vers grec révèle des échos sonores : le début et la fin se rejoignent, avec un effet de rime intérieure, le son "os" répété ( bien que la rime n'existe pas en grec) : émos, rhododactulos, éos... La voyelle "o" revient à plusieurs reprises dans ce seul vers... et peut traduire l'émerveillement du poète face à ce spectacle renouvelé de l'aurore. Les dentales "d" et "t" éclatantes donnent une certaine densité au texte.


Ce simple vers d'Homère nous permet de déceler toutes les richesses du langage poétique : il s'agit d'introduire le lecteur dans un monde différent, de le faire rêver grâce à une harmonie de sons, de mots, de sensations.


La traduction du texte ne permet pas de retranscrire fidèlement les sonorités du texte initial, mais on y retrouve les procédés essentiels utilisés par Homère : double personnification, sensation visuelle, douceur de la couleur associée à une fleur.

 

 

 

 

 

L'aurore  Tableau de Fragonard

L'aurore Tableau de Fragonard

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