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18 avril 2025 5 18 /04 /avril /2025 11:34
A l'ombre bleue du figuier...

 

Une merveilleuse chanson interprétée par Jean Ferrat, ainsi qu'un bel hommage à la nature déjà présente dans le titre : A l'ombre bleue du figuier...

 

Une chanson sur le temps qui passe irrémédiablement... Pour souligner la fuite du temps, le verbe "passer" est réitéré à cinq reprises dans le refrain... employé au présent, puis au passé composé, il marque une fuite inéluctable... Le poète évoque une saison particulière qui les résume toutes : "Passent, passent les étés"... C'est la saison par excellence du bonheur, de l'épanouissement comme le suggère bien l'indication de lieu : "À l'ombre bleue du figuier", image de beauté, de réconfort.

C'est la saison où l'on peut plus intensément communier avec la nature symbolisée ici par l'ombre apaisante d'un figuier. C'est la saison sans doute qui marque le plus la fuite du temps, car elle est associée plus particulièrement à la nature qui, elle, est immuable.

Mais on perçoit un bonheur devant l'évocation de ce passé, une joie épicurienne bien restituée par ce cadre magnifique : A l'ombre bleue du figuier...

 

Dans le premier couplet, le poète s'exprime à la première personne : J'étais comme les bergers, Un chien fou sur les talons
J'étais comme les bergers, Moitié blé moitié chardon".

L'imparfait vient encore mettre en évidence le thème de la fuite du temps, signalant un passé révolu... comparé à un berger, le poète se présente encore comme proche de la nature, communiant avec elle... on retrouve là les attributs d'un berger : "un chien fou" qui l'accompagne, et une nature complice " Moitié blé, moitié chardon", qu'elle soit cultivée ou sauvage. On peut percevoir une sorte de bonheur à parler de la jeunesse dans l'évocation de ce "chien fou".

 

Ainsi, la nature occupe une place essentielle dans les chansons de Jean Ferrat. L'espoir est aussi un de ses thèmes de prédilection, et on le retrouve dans cette chanson avec la vision du jour qui se lève, l'aurore symbolisant un renouveau : on entrevoit un enthousiasme qui caractérise la jeunesse dans cette expression :

"Voyant se lever le jour, j'y croyais à chaque fois"

Et l'espoir est aussi un rêve d'amour partagé, nous dit le poète, et il donne tant de bonheurs au point de se voir comme un "prince", puis un "roi".

 

On retrouve la présence de la nature dans le couplet suivant ainsi que l'élan de la jeunesse symbolisé par cette belle image de l'ivresse des oiseaux qui donne une impression de liberté infinie :

"Ivre comme les oiseaux, J'étais poussé par le vent
Ivre comme les oiseaux, Je me suis cogné souvent"

Le vent, les oiseaux permettent d'atteindre un monde céleste, fait de bonheurs mais aussi d'incertitudes, de douleurs, comme le suggère le verbe "cogner".

Et le poète était alors à la recherche d'une lumière représentée par "une lampe", et d'un idéal qui peut être symbolisé par "un drapeau" :

Non sans humour, il évoque ses déboires : la perte de "quelques plumes", de quelques illusions sans doute, mais "j'ai gardé mon chapeau", dit-il, signifiant qu'il a su garder la tête droite, fidèle à ses idées.

 

Dans le dernier couplet, c'est le Ferrat chanteur qui est dépeint, un Ferrat pour qui l'amour est essentiel :

"A la bouche une chanson
Dans mon cœur un amour fou"

On perçoit aussi un rêve, un désir de laisser une empreinte dans la mémoire... Le poète imagine que, plus tard, son identité sera sujet de conversation ou de curiosité. Il imagine aussi un hommage empli de délicatesse avec la belle image de "roses-thé" lancées en son souvenir.

La chanson s'achève sur l'idée d'une paix intérieure, d'une complète sérénité, d'un destin accompli :

"Moi je dormirai tranquille
Heureux d'avoir pu chanter"

 

La mélodie pleine de tendresse restitue la douceur et le bonheur des souvenirs : si on perçoit un peu de nostalgie dans les paroles, la musique et la beauté des évocations de la nature nous font percevoir gaieté et enchantement.

 

Pour mémoire :

Cette chanson sortie en 1972 a été écrite par Michelle Senlis, la musique a été composée par Jean Ferrat.

 

Les paroles :

https://genius.com/Jean-ferrat-a-lombre-bleue-du-figuier-lyrics

 

 

 

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4 avril 2025 5 04 /04 /avril /2025 11:43
Mon pays était beau...

Encore une belle célébration du pays natal et de la vie rurale d'autrefois dans cette chanson de Jean Ferrat : Mon pays était beau... un titre et un texte empli de lyrisme, de nostalgie...

Le refrain qui ouvre la chanson oppose un passé fait de beauté, de simplicité, d'harmonie à un présent devenu invivable... L'imparfait suggère ce passé qui semblait immuable, éternel, alors que le présent vient rompre cette illusion...

L'harmonie qui régnait parvenait à rassembler "l'homme le cheval et le bois et l'outil" : l'humain, l'animal, l'arbre, l'objet étaient réunis, mis sur le même plan, comme unis par un lien indéfectible... L'homme et la nature ne pouvaient être dissociés, ils étaient intimement liés, comme le suggère bien l'énumération...

Mais de manière allusive, le poète évoque un "grand saccage" et fait ce constat amer :

 "Personne ne peut plus simplement vivre ici"

L'adverbe "simplement" est à prendre sans doute aussi dans son sens fort : avec simplicité... La vie simple a disparu, l'harmonie est rompue, sans doute en raison de la modernité qui s'est installée, qui a "saccagé" les paysages, fait fuir les gens...

Mais rien n'est dit explicitement : tout est suggéré...

L'évocation du présent se poursuit dans les vers suivants :

"Il pleut sur ce village
Aux ruelles obscures
Et rien d'autre ne bouge"

La pluie, l'obscurité, le vide, l'absence de mouvements, de vie restituent une ambiance faite de tristesse et de désolation... quoi de plus triste qu'un village abandonné ? On songe au roman de Giono : Regain... , Giono décrit lui aussi dans son oeuvre une harmonie, une véritable fusion de l'homme et de la nature. L'histoire est celle d'un village abandonné : Aubignane. Tous sont partis. Panturle se retrouve seul dans ce village de Haute-Provence battu par les vents au milieu d’une nature âpre et sauvage. 

 

Autre marque de désolation dans la chanson de Jean Ferrat : le silence qui règne dans ce village abandonné.

Et le poète en appelle à ce silence dans une apostrophe solennelle, avec des métaphores emplies de poésie :

"O silence
Tendre et déchirant violon
Gaie fanfare"

Associé paradoxalement à un instrument de musique, et à une fanfare, ce silence semble curieusement à la fois pénible et réconfortant... pénible car il marque une absence, une beauté disparue,  réconfortant parce qu'il permet un repli intérieur capable de préserver le souvenir de cette beauté passée essentielle...

Le poète en appelle même à ce silence comme une ultime protection, il devient un "grand manteau de nuit", il devient un refuge pour oublier la réalité présente trop déchirante... dans une vision onirique,il devient un oiseau aux "ailes géantes", magnifique image empruntée au monde de la nature et qui renvoie bien à cette "beauté sauvage" que regrette et désire le poète...

 

La mélodie douce restitue une harmonie et une mélancolie face à un monde qui semble perdu... elle se ralentit et devient plus triste encore lors de l'évocation du présent.

 

Pour mémoire : cette chanson sortie en 1980  a été écrite et composée par Jean Ferrat...

 

Les paroles :

https://genius.com/Jean-ferrat-mon-pays-etait-beau-lyrics

 


 

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28 mars 2025 5 28 /03 /mars /2025 12:44
Mon chant est un ruisseau...

 

Une chanson de Jean Ferrat qui, dès les premiers vers, fait le pari d'une utopie : 

"Quand le monde sera une étable comblée
Quand les guerres seront finies"

L'emploi du futur de l'indicatif marque une forme de certitude heureuse : un jour, le monde connaîtra l'abondance symbolisée par une belle image, celle d'une "étable comblée", un jour, le monde connaîtra la paix...

 

Dès lors, le poète invite les auditeurs avec un impératif : "buvez mon chant" comparé à "du thé au lait", donc à une boisson apaisante, réconfortante... et le récipient "des tasses myosotis" évoque un monde de beauté, d'harmonie...

 

Le poète s'adresse dans le refrain aux gens les plus humbles, les plus démunis : "Vous affamés d'hier ombres maigres et dures", leur apportant un peu d'espoir par son chant... l'esquisse qui est faite de ces pauvres gens est saisissante, elle se réduit à des "ombres maigres et dures"... comme s'ils n'avaient déjà plus d'existence, bien qu'étant endurcis par leur vie de labeur. Et le chant du poète est là pour leur apporter un réconfort.

Ce chant devient ainsi "un ruisseau", "une mûre", de belles images poétiques empruntées au monde de la nature, qui sont destinées à étancher la soif et la faim de ceux qui souffrent.

 

Dans le deuxième couplet, on retrouve l'emploi du futur :

"Quand le choeur des humains fera sonner le monde
Comme un atelier de potier"

Le poète imagine les humains réunis dans un choeur harmonieux, tout en étant au travail, un travail créatif qui leur permet de s'épanouir, comme dans "un atelier de potier"...

Et il invite les humains à "manger son chant", avec un impératif, une belle image suggérant que son oeuvre peut être un soutien pour tous ceux qui souffrent en ce monde.

L'image se développe avec cette précision : "dans une assiette ronde Ornée d'un motif d'oignon bleu..." ce qui évoque encore un monde de beauté...

 

Dans le couplet suivant, le poète compare le monde à une "barque qui penche", pour en suggérer toute l'incertitude, et c'est l'occasion d'une nouvelle injonction grâce à un impératif " Mordez dans mon chant travailleurs". Ce chant est assimilé à du "pain blanc à la fraîche odeur.", magnifique comparaison qui suggère une nourriture essentielle... 

 

Le dernier couplet s'ouvre sur une invocation solennelle : "O ma patrie de monts et de rivières vertes", et le poète se présente alors "comme le coq dressant au ciel sa crête", le coq symbole de la France, affirmant "Je chante et chante tout le temps..." Le verbe "chanter" répété traduit cette volonté de se faire le porte-parole et le soutien de tous ceux qui sont malheureux.

 

On retrouve dans cette chanson un Jean Ferrat engagé pour défendre le monde des travailleurs... On aime dans ce texte les nombreuses références à la nature, fleur, fruit, ruisseau, monts, rivières... La mélodie qui coule comme une source nous emporte dans ses notes radieuses et limpides !

 

Pour mémoire : 

Les paroles de cette chanson sortie en 1975 ont été écrites par Henri Gougaud, d'après un poème de Vítězslav Nezva, la musique a été composée par Jean Ferrat.

 

Les paroles :

 

https://www.frmusique.ru/texts/f/ferrat_jean/monchantestunruisseau.htm

 

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21 mars 2025 5 21 /03 /mars /2025 12:41
D'où que vienne l'accordéon...

 

Une magnifique ode à cet instrument de musique : l'accordéon, dans cette chanson composée et interprétée par Jean Ferrat...

L'instrument est personnifié  et donc magnifié dès les premiers mots de la chanson, il est présenté comme un instrument voyageur d'Amsterdam à la Baltique... un instrument empli de savoirs puisqu' "Il connaît toutes les musiques Il connaît toutes les chansons"... le verbe "connaître" répété et l'emploi du pluriel insistent bien sur ce savoir universel.

 

La personnification se poursuit, se développe même dans le premier couplet : doté d'une "âme sentimentale", d'un "coeur international", l'accordéon est humanisé et associé à notre affectivité...

Instrument populaire, ce piano du pauvre qui se joue dans les "vieux faubourgs" exprime des sentiments divers : "la peine, l'amour"...

Le procédé de personnification s'intensifie encore dans les vers suivants où le son de cet instrument est assimilé à la voix humaine, il devient un chant qui a traversé toute l'Europe :

"Il a chanté à Varsovie
En Ukraine et en Roumanie
Il a bercé la vieille Europe"

Instrument populaire par excellence, c'est "Devant un verre ou une chope" qu'on l'a souvent écouté et apprécié. L'accordéon suggère ainsi une convivialité.

 

Ce piano à bretelles délivre aussi un magnifique message d'unité, d'harmonie universelle : 

"Il dit encore il dit quand même
Que le sang qui bat dans nos veines
Que le sang qui bat dans nos cœurs
A partout la même couleur"

Le message est pacifiste dans les vers suivants : est convoquée alors l'évocation d'une des plus grandes batailles de l'histoire, Waterloo :

"Lui qui sait combien de drapeaux
Se sont couchés à Waterloo
Et que la chanson des soldats
Finit souvent la tête en bas"

Une bataille incertaine où nombre de drapeaux ont vacillé... l'accordéon connaît le prix de la guerre : le bonheur anéanti est symbolisé par "la chanson des soldats qui finit la tête en bas"... une image frappante par le contraste qu'elle révèle...

 

L'accordéon en vient à délivrer un beau message d'amour, un message qu'il "crie" pour en montrer toute l'importance : 

"Et c'est pour ça qu'il crie si fort Que rien n'est plus beau que l'amour".

La musique devrait ainsi servir de rempart contre les guerres et les haines... C'est un langage universel. La musique nous rassemble, dans un monde où règnent une compétition acharnée, des luttes d'influence féroces...

 

Et le poète de souhaiter "Que tous les gens de la planète Qu'ils soient de Chine ou de perpette Reprennent en chœur la chanson Que chantent les accordéons"

Le poète rêve d'une harmonie universelle : le mot "accordéon" lui-même n'est-il pas forgé sur le mot "accord" ? Il contient même le nom latin "cor, cordis", "le coeur"...et il est empli de générosité.

Quel instrument pourrait sceller mieux cette harmonie, cette union que l'accordéon ? 

 

La mélodie chantante nous fait entendre ce besoin d'harmonie, elle devient plus forte, plus insistante à la fin, quand l'accordéon se fait "cri" pour lancer son message d'amour.

 

Pour mémoire : 

Les paroles de cette chanson sortie en 1976 ont été écrites par Claude Delécluse, la musique composée par Jean Ferrat.

Les paroles :

 

https://genius.com/Jean-ferrat-dou-que-vienne-laccordeon-lyrics

 

 


 

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14 mars 2025 5 14 /03 /mars /2025 12:53
Les belles étrangères qui vont aux corridas...

 

Une chanson qui évoque la corrida, toute en nuances... une chanson interprétée par Jean Ferrat...

La mélodie joyeuse nous entraîne, dès le début, dans l'ambiance festive d'une corrida... un sifflet empli de gaieté, d'enthousiasme ouvre la chanson.

 

Le regard se porte alors sur "Les belles étrangères Qui vont aux corridas", une vision idyllique d'un spectacle qui attire un public de choix, des femmes venues sans doute de loin pour assister à la corrida, des femmes riches puisque le regard s'attarde aussi sur "leur chapeau huppé". La corrida est ainsi associée à la beauté, à la musique, elle est aussi présentée comme un loisir pour touristes riches.

On  voit même ces belles étrangères "se pâmer d'aise devant la muleta", une expression très forte, une hyperbole qui traduit un ravissement infini, une admiration sans bornes.

 

Et, pourtant, la fin du premier couplet révèle une autre réalité : soudain, ces belles étrangères "Ont le teint qui s'altère À l'heure de l'épée".

Sous les apparences festives, elles découvrent l'horreur de la corrida simplement suggérée par l'évocation de l'épée destinée à tuer le taureau... tout un art de la suggestion !

 

Et soudain, on entend une voix qui pourrait être celle d'un défenseur et d'un amateur de la corrida, qui se moque de la sensibilité des détracteurs de ce spectacle : 

"Allons, laissez-moi rire
On chasse on tue on mange
On taille dans le cuir
Des chaussures, on s'arrange"

L'emploi du pronom indéfini "on" suggère que tous les hommes s'accommodent bien de la mort des animaux, dans d'autres circonstances : la chasse, la nourriture, l'utilisation du cuir...

Et l'évocation des "abattoirs" vient compléter cet argumentaire, d'autant que les boeufs y sont "traînés"... et alors "La mort ne vaut guère mieux Qu'aux arènes le soir"...

 

Mais le regard se porte à nouveau sur les belles étrangères, alors que "montent les clameurs de la foule"... on retrouve une ambiance festive et voilà que ces étrangères "se lèvent les premières En se tenant le coeur..."

Le coeur symbole qui représente traditionnellement le centre des émotions, de l'affectivité est évoqué pour mettre en évidence le trouble produit par le spectacle qui se déroule dans les arènes.

Et dès lors, plus question pour elles de rêver  au plus célèbre des toreros, Ordóñez.

 

Et voici que s'élève, cette fois, la voix d'un opposant à la corrida, répondant à l'amateur de ce spectacle... on retrouve la même formule de dérision au début :

"Allons laissez-moi rire
Quand le toro s'avance
Ce n'est pas par plaisir
Que le torero danse"

Cet opposant fustige le principe même de la corrida : le danger, la mort érigés en spectacle de "danse".

L'explication qui est donnée de cet engouement pour la corrida, c'est qu'elle a une dimension sociale : en Espagne, on envoie des enfants risquer leur vie dans les arènes pour essayer d'échapper à la misère...

Le choix qui leur est donné se résume alors à cette alternative scandaleuse : "La faim ou le toro".

 

Dans les derniers vers, on voit "Les belles étrangères Quitter leur banc de pierre Au milieu du combat".

On perçoit là tout un art du sous entendu : elles ne peuvent supporter la violence et l'horreur de ce spectacle sanguinolent et elles quittent les arènes.

Le narrateur ne décrit pas l'horreur de ce spectacle mais en suggère ainsi d'autant mieux toute la brutalité et l'ignominie...

Et comment ne pas voir une note d'humour dans cette qualification appliquée aux belles étrangères : "Végétariennes ou pas" ?

C'est là comme un écho contre les arguments des défenseurs de la corrida qui se moquent de la sensibilité des anti corridas...

Sans être végétarien, on peut percevoir l'horreur de ce spectacle où la mort est longuement préparée et mise en scène...

 

La mélodie emplie de gaieté nous transporte dans l'ambiance d'une corrida, mais elle se ralentit et s'interrompt même lors de l'évocation de la mort dans les arènes et lors du rappel de la misère sociale qui pousse le torero à combattre des toros.

 

Magnifique chanson qui met en évidence le fait que, sous des apparences clinquantes (beauté, richesse, musique) se cachent la mort, la peur, l'horreur, la misère de la corrida...

 

Pour mémoire : 

Les paroles de cette chanson sortie en 1965 ont été écrites par Michelle Senlis, la musique composée par Jean Ferrat.

 

Les paroles : 

https://genius.com/Jean-ferrat-les-belles-etrangeres-lyrics

 

Vidéo :

https://youtu.be/Gf-UmwOAHpE?si=isopkn1OqjXO52-_

 

D'autres chansons sur la corrida : 

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/ces-chansons-qui-font-l-actu/ces-chansons-qui-font-l-actu-le-taureau-ou-le-torero-de-quel-cote-est-la-chanson_4366563.html

 

 Et d'autres belles chansons de Ferrat :

 

https://rosemar.over-blog.com/search/ferrat/

 

 

https://rosemar.over-blog.com/2016/09/pourtant-que-la-montagne-est-belle.html

 

https://rosemar.over-blog.com/2016/03/vos-siecles-d-infini-servage-pesent-encore-lourd-sur-la-terre.html

https://rosemar.over-blog.com/2018/01/je-n-en-finirai-pas-d-ecrire-ta-chanson-ma-france.html

 

https://rosemar.over-blog.com/2020/03/deux-branches-de-tilleul-entrent-par-la-fenetre.html

 

https://rosemar.over-blog.com/article-les-saisons-122821567.html

 

https://rosemar.over-blog.com/article-j-ai-froid-114968871.html

 

https://rosemar.over-blog.com/2024/11/l-amour-est-cerise.html

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7 mars 2025 5 07 /03 /mars /2025 12:44
Restera-t-il un chant d'oiseau ?

 

Une chanson interprétée par Jean Ferrat qui évoque la disparition possible des oiseaux, un sujet dont on parle peu face aux menaces de guerres qui envahissent la planète...

Prête-t-on encore la moindre attention aux oiseaux ? Dans nos villes, leurs chants s'effacent déjà dans le bruit des moteurs de voitures... De nombreuses espèces disparaissent aussi, on ne les voit plus...

 

Dès le début de la chanson, une question désabusée nous est posée :

"Que restera-t-il sur la terre
Dans cinquante ans"

Et les constats qui suivent sont effrayants : la pollution est partout dans "les rivières, les fleuves, les océans", et nous l'acceptons, comme le suggère l'emploi du pronom indéfini "on" et du présent de l'indicatif :

"On empoisonne les rivières
Les océans
On mange des hydrocarbures
Que sais-je encore"

Le verbe "empoisonner" est particulièrement fort et souligne comme une volonté d'anéantir et de détruire cette ressource si précieuse : l'eau... Le problème, c'est que les hommes en sont eux-mêmes victimes en "mangeant des hydrocarbures"...

Et de citer un exemple concret : 

"Le Rhône charrie du mercure
Des poissons morts"

Toute la chaîne alimentaire est ainsi saccagée...

 

Le refrain vient alors s'inquiéter de l'avenir sombre réservé aux "enfants des temps nouveaux" : "Restera-t-il un chant d'oiseau". Telle est la question désabusée que pose le poète se souciant de la planète et de l'avenir des enfants...

 

Une expression familière vient ensuite souligner encore la folie de nos sociétés : 

"Le monde a perdu la boussole".

Le "pétrole, l'atome" règnent en maîtres : l'un pollue nos "plages", l'autre s'impose comme un nouveau Dieu, "un Seigneur", à qui l'on voue un culte...

Et le poète s'inquiète de cette prolifération de l'atome : 

"Qu'en ferons-nous c'est une affaire
Qui me fait peur"

 

Le constat qui suit est désolant : 

"A peine le malheur des hommes
Est-il moins grand
Que déjà pourrissent les pommes
Des nouveaux temps"

Et le dernier couplet est un appel insistant aux enfants grâce au procédé de répétition et à l'emploi de l'impératif :

"Enfants enfants la terre est ronde
Criez plus fort
Pour que se réveille le monde
S'il n'est pas mort"

Mais ce dernier vers démontre encore l'apathie de notre monde face au désastre écologique que nous connaissons.

 

Magnifique chanson mise en valeur par la voix chaleureuse de Jean Ferrat ! La mélodie lancinante se fait plus douce et flûtée dans le refrain avec l'évocation du chant des oiseaux menacé de disparition...

 

Pour mémoire :

Les paroles de cette chanson sortie en 1962 ont été écrites par Claude Delécluse...

 

Les paroles :

 

https://genius.com/Jean-ferrat-restera-t-il-un-chant-doiseau-lyrics


 

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6 décembre 2024 5 06 /12 /décembre /2024 13:20
Un grillon dans ma cheminée...

 

Une merveilleuse chanson d'espoir où le poète fait appel à une métaphore : celle du grillon qui se met à chanter, au coeur de l'hiver, dans une cheminée...

Et la chanson commence justement avec une belle évocation de l'hiver personnifié :

"Quand l'hiver a pris sa besace
Que tout s'endort et tout se glace
Dans mon jardin abandonné"

L'hiver est décrit dans toute sa rigueur : météorologique, d'abord avec le froid, la glace, le vent, en l'occurrence "la burle", vent d'hiver soufflant en Ardèche et sa violence : on voit le vent qui "secoue les portes, En balayant les feuilles mortes", et aussi dans sa dimension quasi psychologique avec l'idée d'abandon, de solitude, de sommeil que connaît la nature... alors que "les fantômes envahissent" la "solitude des allées" dans le jardin du poète... soulignant une impression de mélancolie, et de tristesse...

Mais le refrain vient soudain rompre cette impression avec l'évocation du chant d'un grillon : 

"Un grillon un grillon
Un grillon dans ma cheminée
Un grillon un grillon
Un grillon se met à chanter"

Le mot "grillon" répété à six reprises, avec ses sonorités de palatale et de voyelle nasalisée "on", nous fait entendre cette chanson pleine de gaieté... une chanson qui envahit la maison du poète, car le grillon se trouve au coeur même de lu logis : "dans la cheminée." La répétition du mot grillon traduit bien aussi cet envahissement et cette présence. Ce chant est comme un message qu'il faut savoir écouter...

 

Et le poète d'insister sur le dénuement du grillon qui est humanisé et personnifié, lui qui "n'a rien dans son assiette Pas la plus petite herbe verte La plus fragile graminée" : le grillon apparaît ainsi très proche des humains.

Les superlatifs viennent souligner son indigence et la famine qu'il doit subir. Ce grillon peut être aussi l'image de toute une humanité pauvre et souffrante.

Et le poète s'interroge sur le sort de ce grillon et le considère comme son égal, capable de "rêver, de croire", d'espérer peut-être, une façon de magnifier la nature, de la respecter...

 

Le chant devenu un "cri" sous la plume du poète n'est sans doute qu'une façon pour le grillon de manifester "son refus de disparaître", une façon de lutter contre l'hiver et ses intempéries, une façon de survivre malgré tout dans "cet univers désolé", imagine l'auteur.

 

Dans les derniers vers, le poète utilise une comparaison qui l'associe et l'assimile au grillon : ainsi l'insecte devient l'image même du poète qui essaie de survivre, malgré tout, malgré les malheurs du monde :

"Pour le meilleur et pour le pire
Il chante comme je respire
Pour ne pas être asphyxié"

Et le texte s'achève sur une nouvelle image : celle de l'aube qui se lève "du coeur de la nuit noire" : message d'espoir porté par le grillon qui chante au coeur de l'hiver glacial... Belle image de l'aurore rayonnante qui naît de la nuit...

"Sait-il au fond de sa mémoire
Que c'est du cœur de la nuit noire
Qu'on peut voir l'aube se lever"

 

La mélodie entraînante, douce, chaleureuse  restitue merveilleusement cet espoir...

 

Pour mémoire : cette chanson, sortie en 1991, a été écrite, composée et bien sûr interprétée par Jean Ferrat...

 

Les paroles :

 

https://www.frmusique.ru/texts/f/ferrat_jean/grillon.htm


 

 

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22 novembre 2024 5 22 /11 /novembre /2024 13:51
L'amour est cerise...

 

Une chanson d'amour sensuelle et même charnelle : un texte de Jean Ferrat empli d'audace et de charme... L'amour est cerise...

 

Le poète s'adresse à une "Belle fiancée", une jeune femme à la fois "Rebelle et soumise"... une antithèse qui souligne la jeunesse de cette fiancée : elle fait preuve d' un esprit de liberté et aussi d'une certaine docilité et de pudeur, ce que suggère aussi l'expression "Paupières baissées."

Avec un impératif, le poète invite la jeune fille à "quitter sa chemise", car "L'amour est cerise", phrase qui donne son titre à la chanson : l'amour est ainsi associé à une cerise, fruit rouge de la passion ardente et impatiente... comme le montre aussi la formule suivante : "Et le temps pressé..."

Tout le reste importe peu dans l'instant... et "C'est partie remise Pour aller danser."

 

Dans la strophe suivante, l'emploi du futur : "Nous irons ensemble", les impératifs "Prête-moi ta bouche, Ouvre-moi ta couche" traduisent encore une urgence de l'amoureux et des prières insistantes, soulignées par l'expression "Pour l'amour de Dieu".

Des prières et aussi des promesses d'aller "ensemble Au-delà de tout"..., promesses de bonheur, d'exaltation, de folie.

Et le poète d'évoquer avec sensualité les plaisirs de l'amour, il s'agit de boire aux plaisirs de l'amour jusqu'à l'ivresse dans ces vers audacieux :

"Laisse-moi sans crainte
Venir à genoux
Goûter ton absinthe
Boire ton vin doux"

L'attitude est humble, celle d'un poète courtois "à genoux", mais l'amour est ici surtout une communion charnelle, pleine de sensualité et de volupté.

 

Et l'amour charnel est fait de contradictions où se mêlent "rires et plaintes", des "mots insensés"...

Peu importent les interdits, les amants se vouent aux plaisirs partagés  de l'amour dans une scène intime de sexe : le vocabulaire hyperbolique traduit une intensité de plaisir dans une sorte d'extase : "Ton plaisir inonde Ma bouche ravie" jusqu'à l'accomplissement de l'acte sexuel.

De quoi atteindre la stratosphère, les astres, la lune avec ces exclamations : "Ô Pierrot de lune Ô monts et merveilles"...

 

Et c'est alors que le sommeil peut gagner les deux amoureux : la plume du poète "tombe de sommeil"... une magnifique comparaison permet d' évoquer la nuit qui protège les amants :

"Et comme une louve
Aux enfants frileux
La nuit nous recouvre
De son manteau bleu"

L'amour est ainsi présenté comme un trésor fragile et précieux à préserver...

 

Cette merveilleuse ballade, sensuelle, délicate et coquine à la fois a été écrite et composée par Jean Ferrat...La mélodie est emplie de douceur, d'entrain, de charme, de poésie...

 

Les paroles :

 

http://www.chansons.lespassions.fr/chanson-ferrat-85.html

 

 

 

 

 

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15 novembre 2024 5 15 /11 /novembre /2024 13:20
Tout ce que j'aime...

 

Un bel hymne à la beauté de la nature et à l'espoir en ce monde : on le doit à Philippe Pauletto qui a écrit le texte de cette chanson composée et magnifiquement interprétée par Jean Ferrat... Tout ce que j'aime.

 

Dès la première strophe, le poète fait appel à des images poétiques pour évoquer les splendeurs et les merveilles de la nature : "La mer et les oiseaux envolés du sommeil" "Roses d'écumes et fruits vermeils", "L'or des poissons".

On peut alors imaginer et  admirer de magnifiques envols d'oiseaux, des éclats dorés qui nimbent les fruits et les poissons...

 

Mais l'homme est aussi présent dans cette première strophe : il est même intimement lié à la nature.... d'abord dans cette expression : "les oiseaux envolés du sommeil", l'envol ayant toujours été un des rêves de l'humanité... puis dans ce vers :  "La pierre du seuil usée par le pas des saisons"... où les saisons sont personnifiées, assimilées à des êtres humains et encore dans cette belle évocation : "Le vent rêvant sur ma maison" où les vents sont ainsi humanisés et associés à la maison du poète.

Enfin, "le soleil", "les moissons" humaines sont cités en fin de strophe, étant indissociables... une façon de souligner toute l'importance de la nature pour notre humanité.

Le mode énumératif utilisé dans la première strophe crée un effet d'abondance, de générosité, de plénitude que l'on trouve illustré dans le refrain :

"Tout ce que j'aime
Tout ce que j'aime au creux des mains"

Et l'on retrouve aussi dans ces vers l'idée que toutes ces merveilles sont offertes et accessibles à l'homme.

 

La deuxième strophe déroule une nouvelle thématique chère à Jean Ferrat : celle du combat pour une vie toujours meilleure... Le mot est ainsi utilisé au pluriel à deux reprises : "Combats d'hier combats toujours recommencés...", une lutte qui se perpétue..., un espoir pour l'avenir restitué par cette belle image : "graines de l'avenir".

Et le but reste le même : "Un pas de plus vers la beauté...", une beauté faite de "rêves qui vont fleurir", une beauté faite d'espoir, d'union, de bonté... On perçoit là tout un humanisme cher à Jean Ferrat.

Et le refrain vient scander cet espoir :

"Tout ce que j'aime
Tout ce que j'aime mène à demain"

 

La dernière strophe égrène encore sur le mode de l'énumération les bonheurs de la vie : "Le goût de vivre sans mesure... l'amour... Deux bras qui s'ouvrent comme un grand livre, une chanson", bien sûr, qui pourra évoquer de "Justes colères" mais aussi la beauté du monde et ses "mystères : la lumière, l'infini"...

Le refrain qui suit apparaît comme une offrande faite à chacun d'entre nous :

"Tout ce que j'aime
Tout ce que j'aime t'appartient"

 

Indéniablement, avec cette chanson on fait un pas de plus vers la beauté et l'harmonie du monde...

La mélodie emplie de douceur invite à la rêverie, et nous entraîne dans son sillage de notes alanguies...

 

Au sujet de Tout ce que j'aime, le biographe Robert Belleret écrit qu'il :

« [...] "est très joliment construit selon une métrique descendante ; à chacun des trois couplets on retrouve deux alexandrins, deux octosyllabes, puis deux vers de quatre pieds et enfin deux de trois."

Ainsi, le poème dessine trois triangles, le triangle est souvent considéré comme une figure divine évoquant l’harmonie, la sagesse...

Pour mémoire :

C'est pour Jean Ferrat que Philippe Pauletto écrit, en 1969, sa chanson Tout ce que j'aime. Cette chanson est enregistrée en décembre de la même année et aussitôt publiée en disque 33 tours, puis en 45 tours en janvier 1970.

 

Les paroles :

 

https://genius.com/Jean-ferrat-tout-ce-que-jaime-lyrics

 

 

 

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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 12:38
Ouralou...

 

Une chanson dédiée à un animal familier, comme un hommage, c'est assez rare et émouvant. Jean Ferrat évoque ainsi dans un de ses textes son chien Oural, et restitue, avec tant de poésie, toute la noblesse de cet animal.

Le texte est écrit sous la forme d' un véritable discours adressé à ce compagnon fidèle : la deuxième personne du singulier alterne avec la première... le chien est ainsi personnifié et magnifié.

 

Le poème s'ouvre sur une indication temporelle et une référence poétique : "c'est dans l'aube chère à Verlaine"... Associé d'emblée à un verbe de mouvement "tu courais", le chien apparaît comme un symbole de liberté, d'autant plus qu'il est présenté dans un cadre naturel, lié aux "quatre saisons".

L'animal fait alors vivre cette nature, car "sous ses pattes", il révèle des "odeurs de thym et de bruyère".

Il lui donne même une dimension mystique, puisque les odeurs de thym et de bruyère s'élèvent "comme une oraison."

Des qualités humaines sont attribuées à l'animal " tu vivais digne et solitaire", "animal doué de raison"...

Le poète intervient alors en employant la première personne : "j'écris ce jour anniversaire Où tu reposes sous la terre". L'animal n'est plus là, mais il en reste un souvenir si vivace.

Le refrain joue sur le nom de l'animal, 

"Hourrah oural ouralou
Oural ouralou
Hourrah oural ouralou
Oural ouralou"

Le son "ou" répété crée un effet d'harmonie, mêlant une interjection à valeur de cris d'acclamation, et le mot loup.

Et Jean Ferrat n'oublie pas de rappeler que l'animal domestique avait aussi une sorte de pouvoir sur son maître..., comme le suggère cette image :


"On voit souvent des souveraines
A la place des rois qui règnent
Rien qu'en posant leurs yeux dessus..."

L'animal a aussi suivi le chanteur dans ses tournées : il est associé, cette fois, à la ville de Paris, aux quais de Seine, aux  music-halls... L'animal est à nouveau personnifié dans cette expression : 

"Et cette vie qui fut la mienne
Il me semble que tu l'entraînes
A la semelle de tes souliers..."

Le dernier couplet s'ouvre sur un triste constat :

"Jour après jour il faut l'admettre
Voir ceux qu'on aime disparaître
C'est ce qui fait vieillir trop tôt".

Mais le poète se console en imaginant l'animal "Au paradis des chiens, son long museau à la fenêtre..."

Il le voit alors, en mouvement, dans une nature sauvage, dans un décor où se mêlent de manière onirique la terre et le ciel. La vision se précise avec quelques détails : l'animal retrouve toute sa vitalité, son énergie et s'envole dans les nuées. Le vent l'accompagne dans sa course...

Magnifique vision de l'animal en liberté, comparé à un "loup sauvage" !

La mélodie emplie de douceur souligne la beauté et l'élégance de l'animal...


 

 

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