Une belle chanson d'amour mélancolique, car c'est un amour perdu qui est évoqué à travers ce refrain lancinant : "Elle m'oublie..."
Elle est déjà partie loin, et l'amoureux ne peut s'empêcher de penser à celle qui l'a quitté : on entend alors son monologue où il s'exprime à la première personne :
"A l'heure qu'il est je sais qu'il est déjà trop tard
Elle aura sûrement pris le premier autocar"
On entre ainsi dans la peau et les pensées du personnage, il nous paraît d'autant plus familier, proche de nous.
Et à quoi pense-t-il ? Bien sûr, à celle qu'il aime toujours et qui est partie... il imagine alors ce qu'elle fait, ce qu'elle voit, ce qu'elle a en tête...
Et de dérouler les paysages qu'elle contemple : "sur la nationale sur les bords de Loire".
La chanson nous fait voir le départ et le voyage de la jeune femme comme dans un film, et c'est d'autant plus poignant.
L'emploi du pronom "elle" sans que soient cités le prénom ou le nom de la jeune femme donne une valeur universelle à ce thème d'un amour perdu...
Le refrain réitéré à trois reprises : "Elle m'oublie, elle m'oublie, elle m'oublie" vient souligner le désarroi du personnage qui ne peut s'empêcher d'imaginer le voyage et le trajet de son amoureuse perdue.
Il la revoit alors : "Ses cheveux blonds serrés dans un chignon mal fait", le portrait reste vague et s'attache à un détail intime et poursuivant son monologue, l'amoureux imagine la suite de son voyage, une façon de la rendre présente malgré son absence :
"Elle pense à Dieu sait quoi, le soleil disparaît
Et la nuit va venir, le chauffeur fatigué
Cherche un vieux restaurant et elle voudra dîner"
Dans le couplet suivant, le personnage évoque sa solitude, comme le souligne l'emploi du pronom mis en relief "Et moi", au début de vers. On le voit en train de vouloir noyer son chagrin dans l'alcool : "je vais finir cette bouteille de vin"
Et ce ne sont pas de beaux paysages qu'il regarde mais seulement la table qui est devant lui, "en se tordant les mains", geste qui traduit son désarroi. Le contraste est saisissant entre celle qui est partie en mouvement, et celui qui reste seul, figé, passif, abandonné, malheureux.
Le voilà seul dans le jardin, à compter les étoiles comme pour se consoler et il essaie même de se persuader que "ça ira mieux demain..."
Mais l'imagination galope inévitablement et le personnage poursuit son monologue et ses pensées : il imagine le retour de la jeune femme à Paris, et la voici entourée de "ses parents, de ses amis", encore un contraste saisissant avec la solitude du narrateur.
Il va jusqu'à l'imaginer à nouveau "amoureuse" et "heureuse" ! On perçoit toute la cruauté de ces pensées.
Dans le dernier couplet, le personnage en vient à évoquer d'autres préoccupations liées à un travail agricole avec ses soucis, ses contraintes :
"Il y a un champ de blé à faner quelque part
Le tracteur est cassé, ça fait tout une histoire
Il faudrait bien penser à soigner ce cheval"
Et là encore ces évocations de soucis agricoles liées à la fin de l'été peuvent être aussi des images de la fin de la relation amoureuse.
Et aussitôt reviennent la pensée obsédante de l'absente et l'expression d'une souffrance infinie :
"C'est la fin de l'été, elle m'oublie et j'ai mal"
La mélodie mélancolique devient un lamento rempli d'émotion dans les refrains, notamment grâce à l'interprétation sensible et incarnée de Johnny Halliday.
Pour mémoire :
Cette chanson, sortie en 1978, a été écrite et composée par Didier Barbelivien.
Les paroles :
https://www.paroles.net/johnny-hallyday/paroles-elle-m-oublie
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