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5 mars 2025 3 05 /03 /mars /2025 10:35
Faire deux choses en même temps...

 

Notre monde moderne est trépidant : il nous entraîne dans un flux d'activités incessant...

Il n'est pas rare de voir dans la rue des gens manger en marchant, consulter leur smartphone en marchant, ou encore téléphoner en marchant...

Il y aussi ceux qui vapotent en marchant ou pire encore, ceux qui fument ou téléphonent en conduisant...

Ceux qui lisent avec la télévision ou la radio allumée... Il m'arrive à moi aussi de manger en regardant la télévision...

STOP !

 

Il est temps de se concentrer sur ce que l'on fait... Souvenons-nous de la sagesse des anciens, de ce proverbe latin : "Age quod agis" "Fais ce que tu fais".

 

Comme l'écrit Frédéric Lenoir, "la seule condition pour que notre cerveau produise les principales substances à notre bien-être et à notre équilibre émotionnel, c'est d'être pleinement attentif à ce que l'on fait. Une personne qui effectue une tâche en pensant à autre chose, ou qui fait plusieurs choses à la fois, sera en déficit de dopamine ou de sérotonine.

 

En revanche, un individu concentré sur son travail ou sur une activité quelconque, attentif à ce qu'il regarde ou écoute, aura un bon équilibre en neuromédiateurs, ce qui augmentera son plaisir et son sentiment de bien-être.

 

Force est pourtant de constater que notre attention est souvent dispersée...

Cette dispersion d'attention est certainement une des causes de la prolifération de l'anxiété, du stress, des burn-out et des dépressions puisqu'elle entraîne un déséquilibre biochimique qui perturbe notre humeur et nos émotions.

Plutôt que de prendre des antidépresseurs, il serait tellement plus efficace de changer notre manière de vivre, de prendre le temps de faire les choses, de savourer chaque menu plaisir du quotidien, de redevenir présent et attentif à soi, aux autres et à tout ce que nous faisons."

"Carpe diem, Cueille le jour", écrivait le poète Horace...

Et n'oublions pas la sagesse de Montaigne qui dans les Essais nous conseillait aussi de savourer les moments de bonheur : "Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors..."

 

Plus que jamais, nous sommes entraînés dans un flux de distractions, d'activités, d'informations, il nous faut retrouver le bonheur de nous concentrer sur ce que nous faisons... c'est essentiel ! Pour ce faire, la lecture peut nous aider à rester attentifs et concentrés : elle aiguise l'esprit, enrichit le vocabulaire et l'imagination...

 

 

 

 

 

Faire deux choses en même temps...
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24 février 2025 1 24 /02 /février /2025 12:50
Nous vivons pour la guerre...

 

Terrible constat fait par l'écrivain Pierre Michon, lors de l'émission La Grande Librairie : "Nous vivons pour la guerre...", dit l'écrivain.

Et il ajoute : "L'Iliade est le premier texte de la littérature écrite européenne et à ce titre, il représente toute la littérature européenne. D'ailleurs, c'est le scénario de toute la littérature, et même de toute l'humanité, c'est à dire les deux ingrédients que sont la guerre et l'amour...

Michel Serres disait que toute la littérature est née d'une jupe soulevée dans les murs de Troie, par un combat sous cette jupe... celle d'Hélène.

Nous, nous vivons encore, comme au temps d'Homère, malgré tous nos dénis, nous vivons pour la guerre. Regardez les choses comme elles sont : toutes les avancées technologiques sont faites dans le but d'être les plus puissants, d'être l'état le plus puissant pour la guerre..."

 

Et on ne peut qu'acquiescer à ce constat de Pierre Michon... on le voit de plus en plus : partout sur la planète, éclatent des conflits meurtriers, souvent entre pays voisins et même entre pays frères. Destructions, mort de civils, exodes massifs pour fuir la guerre et ses horreurs.


De nombreux pays se lancent aussi dans une course effrénée aux armements...

L'armée russe dispose elle-même d'armes à la pointe de la technologie : par exemple, des missiles hypersoniques indétectables qui peuvent faire des dégâts considérables.

Dès que la guerre a été initiée par Vladimir Poutine, la plupart des pays ont décidé d'augmenter leur budget militaire.

Lors d’une session extraordinaire au Bundestag, à Berlin, le chancelier Olaf Scholz a annoncé un effort exceptionnel de l’Allemagne en matière de Défense. La crise russe change toute la doctrine tenue jusqu’ici. Olaf Scholz, le Chancelier, avait annoncé 100 milliards d’euros pour moderniser son armée.

Des sommes colossales englouties pour fabriquer des armes !

 De nombreux pays de l'Union européenne ont décidé d'augmenter très sensiblement leurs dépenses militaires.

"La Russie et les Etats-Unis se sont lancés depuis un certain temps dans une course aux armements nucléaires, mettant au point de nouvelles machines d'apocalypse qui menacent de ruiner les gains chèrement acquis des dernières décennies et de nous ramener au bord de l'anéantissement nucléaire..." nous rappelle l'historien Harari.

La France est devenue le deuxième pays exportateur d'armes, derrière les États-Unis, selon le rapport annuel de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Au cours des cinq dernières années, soit entre 2019 et 2023, les États-Unis ont représenté 41,7 % du total de la valeur des exportations d'armes dans le monde, la France 10,9 % et la Russie 10,5 %. La Chine (5,8 %) et l'Allemagne (5,6 %) complètent le top 5.

Triste record !

 

Pourquoi la guerre ? La guerre a toujours été et reste donc la grande affaire des hommes : volonté de domination, guerres économiques, commerciales, psychologiques, informatiques, conflits de pouvoir, d'intérêts, conflits de civilisation...

La guerre toujours recommencée... 

 

 

Source : à 1 heure, 1 minute, 38 secondes

 

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-17/6893329-emission-du-mercredi-12-fevrier-2025.html

 

 

 

Nous vivons pour la guerre...
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1 janvier 2025 3 01 /01 /janvier /2025 12:51
Bonne année à tous...

 

 

De la beauté, de la beauté, encore de la beauté pour cette nouvelle année !

 

 

 

La beauté des saisons qui se renouvellent... la beauté de la musique que l'on redécouvre sans cesse...

 

 

 

 

La beauté du monde, des arbres, des fleurs, des oiseaux et de tous les êtres vivants qui peuplent cette planète...

 

 

 

 

De la beauté, encore de la beauté pour tous !

 

 

 

Une très bonne année à tous...

 

 

 

Quelques citations sur la beauté : 

 

"La beauté est la plus certaine des consolations, le plus immédiat des bonheurs.... La splendeur du monde est là, à portée de regard, et c'est l'une des dernières raisons d'espérer." Laurence Devillairs, La Splendeur du Monde.

 

"A chaque fois que l'on accomplit le bien, on ajoute de la beauté au monde. On prouve qu'il existe en nous une largeur de coeur qui ne se plie pas à nos intérêts égoïstes, et qui est même capable de venir déranger notre confort." Laurence Devillairs.

 

"L'époque est réaliste, la beauté nous rappelle que le merveilleux existe. L'époque est au blasement, mais la beauté est là, partout, qui nous appelle, nous propose de troquer l'ironie contre l'éblouissement... Elle nous donne tant et nous demande si peu : juste d'ouvrir les yeux et de contempler." Charles Pépin, Quand la Beauté nous sauve.

 

 

 

 

 

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27 novembre 2024 3 27 /11 /novembre /2024 10:39
Lire est bon pour la santé...

 

Lire, c'est d'abord un temps de repos, de détente, et aussi un moment essentiel d'attention et de concentration qui permet d'oublier le monde extérieur, ses soucis, ses dangers, ses dérives multiples...

 

Lire un livre, c'est retrouver le temps d'avant, loin de l'agitation incessante du monde moderne, loin des écrans, loin des images qui défilent trop rapidement... C'est en lisant que l'on réapprend la lenteur qui fait défaut dans notre monde où tout s'accélère...

 

Comme l'écrit Antoine Compagnon dans son ouvrage La littérature, ça paye ! "Le temps est venu de défendre la lenteur, non pas la nonchalance, l'indolence, l'apathie mais l'investissement à long terme dans la langue, la littérature et la lecture... Or, notre monde est de plus en plus réticent à l'attente, à la durée, au retard, qui est le temps naturel de la langue et de la littérature. Nous appuyons sur la touche entrée du clavier... et nous attendons la réponse instantanée  du moteur de recherche ou de l'intelligence artificielle générative."

 

Et il est vrai que les écrans de toutes sortes qui nous envahissent sont des concurrents féroces du livre... Les jeunes lisent de moins en moins alors qu'ils passent de plus en plus de temps devant des écrans récréatifs : réseaux sociaux, jeux vidéos, films, etc.

Michel Desmurget, lui, fait l'éloge des vertus du livre papier en comparaison des écrans pour l'apprentissage cognitif : "En termes d'impact sur le langage, les capacités de lecture, la réussite scolaire et l'intelligence, tout ne se vaut pas. Les recherches montrent que les livres au sens classique exercent une influence fortement bénéfique. A l'inverse, les mangas, les bandes dessinées et les applications de partage de contenus oscillent entre une influence nulle et négative."

 

C'est en lisant que l'on découvre le plaisir et le bonheur des mots, de leur saveur, de leur expressivité... c'est aussi le plaisir d'une évasion vers d'autres vies, d'autres mondes...

C'est en lisant que l'on arrive plus facilement à trouver le sommeil le soir au coucher... car la lecture apaise à la différence de la fréquentation des écrans lumineux...

C'est en lisant que l'on enrichit son vocabulaire, que l'on stimule le cerveau, que l'on cultive son esprit et sa mémoire...

C'est en lisant que l'on développe sa curiosité, une soif de connaissances et d'ouverture sur les autres et le monde...

On se souvient aussi de ce qu'écrivait Montesquieu à propos de la lecture : "Je n'ai jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture n'ait dissipé."

 

Il est temps de redonner toute sa valeur à la lecture, et la littérature ! Offrons des livres pour Noël !

Bonnes lectures à tous !

 

 

Lire est bon pour la santé...
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11 novembre 2024 1 11 /11 /novembre /2024 13:00
Quinze heures de cours seulement !

 

Quinze heures de cours ! C'est le service dévolu à un agrégé qui enseigne... cela paraît peu face aux 35 heures ou plus auxquels sont astreints nombre de salariés...

Et les gens ne voient pas, n'arrivent pas à percevoir tout le travail en amont que nécessite le métier d'enseignant : préparations des cours, préparations des devoirs, correction des copies très lourdes notamment en lycée, réunions, rencontres avec les parents, préparations des conseils de classe...

Il n'est pas rare pour un enseignant de passer un week-end à corriger des paquets de copies.

 

Il est curieux de voir comment dans nos sociétés les professions intellectuelles sont mal perçues.

"Des fainéants, des paresseux, trop de vacances...", ce sont des propos qu'on entend souvent...

Pourtant, la culture est essentielle, c'est elle qui nous bâtit, c'est elle qui nous construit...

 

Les jeunes lisent de moins en moins de livres : et aussitôt on accuse l'école, les profs qui seraient responsables de cette désaffection.

On oublie alors le rôle des parents, de l'éducation dans la famille, on oublie l'importance croissante que prennent internet, les réseaux sociaux auprès des jeunes.

Lire demande du temps, beaucoup de temps et les jeunes saturés d'images, de discussions sur internet ne prennent plus le temps de lire. La concurrence d'internet est féroce...

 

Antoine Compagnon raconte cette anecdote dans son livre intitulé La littérature, ça paye ! :

"Je me rappelle une conversation avec le coiffeur chez qui je me rendais fidèlement durant plusieurs années. Que je puisse prendre rendez-vous à toute heure, que je fusse maître de mon emploi du temps, cela le déconcertait. Un jour qu'il me questionnait sur mes activités, je lui appris que mon obligation de travail au Collège de France s'élevait à treize heures de cours... Mon coiffeur tomba des nues; il se demandait et me demanda ce que je faisais du reste de mon temps. Or, je travaille tout le temps.

Lui, bronzé de la tête aux pieds, revenait tout juste d'une semaine de vacances sur une plage d'Indonésie, moi, blanc comme un cachet d'aspirine, je ne prends jamais de vacances, et je ne connais pas les 35 heures...."

Et Antoine Compagnon ajoute plus loin : 

"L'incompréhension du travail intellectuel est l'une des choses les plus répandues au monde. D'ailleurs, rien de mieux dissimulé que leur travail par les écrivains eux-mêmes qui n'aiment pas trop étaler leurs brouillons... Au cours des siècles, diverses doctrines de l'inspiration poétique se sont chargées auprès du commun des mortels qu'écrire, ça ne demandait pas un immense travail..."

 

Il est temps de reconnaître le travail colossal accompli par les enseignants : eux aussi sont des travailleurs de l'ombre, on ne les voit pas en train de lire, de préparer leurs cours, en train de corriger leurs copies...

 

Voici un exemple récent de mépris affiché à l'égard des enseignants : lors d'une conférence à Saint-Raphaël, Nicolas Sarkozy, l’ancien chef de l’État a ironisé sur les heures de travail des professeurs des écoles et a affirmé que la France comptait trop d’enseignants.

 Nicolas Sarkozy s'est ainsi livré à  une violente charge contre les enseignants : "Le statut de professeur des écoles (...) c’est 24 heures par semaine, mais ce qu’on ne dit pas, six mois de l’année", a déclaré l’ancien président de la République, condamné récemment pour "corruption  et trafic d’influence". Avant d’ironiser et de provoquer les rires de l’assistance :  "Entre les vacances, et les week-ends… Alors je sais bien il faut préparer les cours : maternelle et grande section ".

Une honte ! C'est méconnaître totalement la lourde charge de travail que constitue l'enseignement auprès de très jeunes enfants.

 

Source :

https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/nicolas-sarkozy-livre-une-lourde-charge-contre-les-enseignants-et-se-fait-reprendre-de-volee_242032.html

 

 

 

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9 octobre 2024 3 09 /10 /octobre /2024 09:24
"Le présent, il ne s'appelle pas pour rien le présent : c'est un cadeau..."

 

Kamel Daoud, invité de l'émission La Grande librairie, le mercredi 18 septembre, a délivré un message essentiel...

"Je ne crois pas que le passé existe, je crois à des récits sur le passé et j'ai envie d'avoir le mien... donc, quand on est né dans un pays comme l'Algérie, c'est une véritable question. Est-ce que c'est le passé qui doit vivre, ou est-ce que c'est moi ?"

"Est-ce que c'est une douleur de le regarder, parfois ?" interroge alors Augustin Trapenard.

"Non, c'est de la colère. Les morts prennent parfois trop de place, les sépultures, les monuments... alors que le présent, il ne s'appelle pas pour rien le présent : c'est un cadeau..."

 

Le présent, un cadeau : voilà une magnifique leçon de vie !

Et honorer les ancêtres, tous ceux qui nous ont précédés, c'est vivre avec amour ce présent... habiter pleinement le présent.

"Ma maison, c'est le présent" dit encore Kamel Daoud.

Et il ajoute : "Les morts sont morts pour que nous vivions deux fois, trois fois, quatre fois, dix mille fois, ils ne sont pas morts pour que nous les imitions, ils nous regardent peut-être de l'autre côté pour que nous menions la fête jusqu'au bout, pour qu'on fasse des cérémonies, qu'on fasse des jeux, que l'on boive, que l'on vive, que l'on aime et que l'on se dépense... c'est fait pour ça, et nous devons mener deux vies, chaque fois que l'on perd quelqu'un."

Carpe diem, Cueille le jour ! disaient les anciens... profite de l'instant présent... car seul le présent existe vraiment, le passé est révolu, le futur n'est pas accompli.

"Age quod agis, Fais ce que tu fais..." disaient encore les Romains...

 

 Habiter le présent, n'est-ce pas là une des clefs du bonheur ?

L'habiter avec attention, bien sûr et non pas se laisser aller à l'accélération du temps, à cette frénésie du monde moderne qui nous emporte vers de vaines distractions, des jeux vidéo sans intérêt, des publicités, des films violents, des écrans factices, une consommation débridée...

 

Habiter le présent, c'est sans doute, s'étonner, s'émerveiller devant la nature, se livrer à la contemplation des êtres et des choses qui nous entourent.

Retrouver le bonheur de toutes les sensations visuelle, olfactive, auditive, tactile, gustative... bien souvent, nous nous contentons de la sensation visuelle, en oubliant les autres...

 

Goûter le bonheur de l'instant, savoir savourer une lecture, lire, relire, savoir apprécier une musique, une chanson, un spectacle, un paysage, une oeuvre d'art, prendre le temps de savourer les petits plaisirs de la vie.

S'intéresser aux merveilles de la vie...

 

Source :

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-17/6457532-emission-du-mercredi-18-septembre-2024.html

 

 

 

"Le présent, il ne s'appelle pas pour rien le présent : c'est un cadeau..."
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25 septembre 2024 3 25 /09 /septembre /2024 09:43
"Des peuples malheureux parce que les femmes sont malheureuses"...

 

Invité de l'émission La Grande Librairie, Kamel Daoud est venu présenter son ouvrage Houris... 

L'Algérie pendant les années de plomb, l'Algérie durant sa guerre civile. Ses victimes, ses bourreaux, la condition de la femme, c'est un peu tout cela que raconte Kamel Daoud dans Houris.

Son héroïne, Aube, est une miraculée. Petite fille à moitié égorgée le jour de l'an 2000, elle est recueillie par Khadija. Aube entame alors un long monologue avec celle qui pousse dans son ventre, qu'elle dénomme Houri...

 

Interrogé par Augustin Trapenard, Kamel Daoud évoque alors la condition des femmes musulmanes et dresse un vibrant réquisitoire contre le sort qui leur est réservé :

 

"Je crois profondément, je le crois sincèrement, ce n'est pas une pose, que dans le monde qu'on appelle arabo musulman, nous avons des peuples malheureux parce que les femmes sont malheureuses...

Comment voulez-vous qu'on ait des enfants élevés avec l'idée du bonheur par des femmes battues, enfermées ? Comment voulez-vous avoir des pays arabes développés lorsque la moitié de la population est enfermée à partir de 18 ans ?

Comment voulez-vous qu'on puisse nous enrichir, nous mettre debout, qu'on soit une civilisation, quand nous marions nos Marie Curie à 18 ans pour les enfermer ?

Comment voulez-vous qu'on avance si la femme n'est pas réparée ?"

Augustin Trapenard évoque ensuite une phrase terrible du livre de Kamel Daoud :

"Je t'évite de naître pour t'éviter de mourir à chaque instant."

La mort à petit feu, tel est le sort réservé aux musulmanes...

 

Delphine Minoui franco iranienne témoigne aussi :

"C'est la malédiction de naître au mauvais endroit, au mauvais moment et c'est le cas des femmes iraniennes, de femmes qui vivent au Moyen Orient, je pense aux Afghanes aujourd'hui, en particulier. Vous naissez, vous vous sentez condamnée d'avance, parce que vous savez que vous n'êtes pas du bon côté de l'histoire. Comment se construire dans l'effacement ? Comment se reconstruire dans l'oubli ?

Et ces femmes là n'ont que ce seul choix, dire : résister, c'est exister..."

Et Kamel Daoud rajoute :

"La femme n'est pas propriétaire de son corps, son corps appartient à tout le monde, au mari, au père, au plus fort dans le quartier, à l'histoire collective, aux divinités... mais vous vous rendez compte ? Habiter dans une maison qui n'est pas à vous, dans un corps qui n'est pas à vous, et on vous force à porter des vêtements qui ne sont pas vous..."

Delphine Minoui intervient alors :

"Corps prison, corps territorialisé, colonisé par ceux qui ont décidé à votre place..."

 

Des femmes réduites à néant, qui n'ont même plus le droit de parler, de chanter, de vivre, d'exister... des femmes muselées, prisonnières, victimes des hommes et de leur barbarie.

Quand cessera cette malédiction qui pèse sur les femmes ? 

 

 

Sources :

 

https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-17/6457532-emission-du-mercredi-18-septembre-2024.html

 

 

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-monde-est-a-nous/parole-vetements-hygiene-regards-la-vie-des-femmes-afghanes-est-desormais-legalement-sous-le-controle-des-talibans_6693240.html

 

 

"Des peuples malheureux parce que les femmes sont malheureuses"...
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19 juillet 2024 5 19 /07 /juillet /2024 11:55
Piano à quatre mains : RAVEL, GERSHWIN...

 

Deux pianistes de talent pour ce spectacle musical dans le cadre des Jeudis de Nîmes : Muriel Bonijol, et Cosima Guelfucci... 

On écoute d'abord plusieurs pièces extraites de Ma Mère l'Oye de Ravel.

Pour mémoire :

 Maurice Ravel a composé cette oeuvre  d'après des contes de Charles Perrault (La Belle au bois dormant et Le Petit Poucet extraits des Contes de ma mère l'Oye, 1697), de Madame Leprince de Beaumont (La Belle et la Bête, 1757) et de Madame d'Aulnoy (Le Serpentin vert, 1697). Il existe trois versions principales de cette suite : la première, à l'origine de l'œuvre, est écrite pour piano à quatre mains (entre 1908 et 1910), la deuxième est une partition pour orchestre symphonique (1911), la dernière, plus étoffée, est une adaptation pour ballet, avec une chorégraphie de Jane Hugard. Le compositeur cite d’ailleurs les passages qu’il a précisément illustrés sur la partition. Ravel dédia Ma Mère l’Oye à deux enfants, Jean et Marie Godebski, enfants de ses fidèles amis d’origine polonaise Cipa et Ida. 

 


Thierry Guelfucci présente, au début du spectacle, la Pavane de la Belle au bois dormant avec un extrait du conte de Perrault :


"Il était une fois un Roi et une Reine, qui étaient si fâchés de n'avoir point d'enfants, si fâchés qu'on ne saurait dire. Ils allèrent à toutes les eaux du monde ; voeux, pèlerinages, menues dévotions, tout fut mis en oeuvre, et rien n'y faisait. Enfin pourtant la Reine devint grosse, et accoucha d'une fille : on fit un beau Baptême; on donna pour Marraines à la petite Princesse toutes les Fées qu'on put trouver dans le Pays (il s'en trouva sept), afin que chacune d'elles lui faisant un don, comme c'était la coutume des Fées en ce temps-là, la Princesse eut par ce moyen toutes les perfections imaginables. Après les cérémonies du Baptême toute la compagnie revint au Palais du Roi, où il y avait un grand festin pour les Fées. On mit devant chacune d'elles un couvert magnifique, avec un étui d'or massif, où il y avait une cuiller, une fourchette, et un couteau de fin or, garni de diamants et de rubis. Mais comme chacun prenait sa place à table, on vit entrer une vieille Fée qu'on n'avait point priée parce qu'il y avait plus de cinquante ans qu'elle n'était sortie d'une Tour et qu'on la croyait morte, ou enchantée. Le Roi lui fit donner un couvert, mais il n'y eut pas moyen de lui donner un étui d'or massif, comme aux autres, parce que l'on n'en avait fait faire que sept pour les sept Fées. La vieille crut qu'on la méprisait, et grommela quelques menaces entre ses dents. Une des jeunes Fées qui se trouva auprès d'elle l'entendit, et jugeant qu'elle pourrait donner quelque fâcheux don à la petite Princesse, alla dès qu'on fut sorti de table se cacher derrière la tapisserie, afin de parler la dernière, et de pouvoir réparer autant qu'il lui serait possible le mal que la vieille aurait fait. Cependant les Fées commencèrent à faire leurs dons à la Princesse. La plus jeune lui donna pour don qu'elle serait la plus belle personne du monde, celle d'après qu'elle aurait de l'esprit comme un Ange, la troisième qu'elle aurait une grâce admirable à tout ce qu'elle ferait, la quatrième qu'elle danserait parfaitement bien, la cinquième qu'elle chanterait comme un Rossignol, et la sixième qu'elle jouerait de toutes sortes d'instruments dans la dernière perfection. Le rang de la vieille Fée étant venu, elle dit, en branlant la tête encore plus de dépit que de vieillesse, que la Princesse se percerait la main d'un fuseau, et qu'elle en mourrait. Ce terrible don fit frémir toute la compagnie, et il n'y eut personne qui ne pleurât. Dans ce moment la jeune Fée sortit de derrière la tapisserie, et dit tout haut ces paroles : "Rassurez-vous, Roi et Reine, votre fille n'en mourra pas; il est vrai que je n'ai pas assez de puissance pour défaire entièrement ce que mon ancienne a fait. La Princesse se percera la main d'un fuseau; mais au lieu d'en mourir, elle tombera seulement dans un profond sommeil qui durera cent ans, au bout desquels le fils d'un Roi viendra la réveiller." Le Roi, pour tâcher d'éviter le malheur annoncé par la vieille, fit publier aussitôt un Edit, par lequel il défendait à toutes personnes de filer au fuseau, ni d'avoir des fuseaux chez soi sur peine de la vie."
 

On est alors séduit par une douce mélodie : Pavane de la Belle au bois dormant, une magnifique invitation à la rêverie... Cette pavane, danse ancienne, noble et lente, nous présente la fée Bégnine berçant de contes le sommeil de la princesse et évolue sur une mélodie transparente. Magnifique !
 

Puis, c'est le Petit Poucet qui nous est conté par Thierry Guelfucci :

"Il était une fois un Bûcheron et une Bûcheronne qui avaient sept enfants tous Garçons. L'aîné n'avait que dix ans, et le plus jeune n'en avait que sept. On s'étonnera que le Bûcheron ait eu tant d'enfants en si peu de temps; mais c'est que sa femme allait vite en besogne, et n'en faisait pas moins que deux à la fois. Ils étaient fort pauvres, et leurs sept enfants les incommodaient beaucoup, parce qu'aucun d'eux ne pouvait encore gagner sa vie. Ce qui les chagrinait encore, c'est que le plus jeune était fort délicat et ne disait mot : prenant pour bêtise ce qui était une marque de la bonté de son esprit. Il était fort petit, et quand il vint au monde, il n'était guère plus gros que le pouce, ce qui fit que l'on l'appela le petit Poucet. Ce pauvre enfant était le souffre-douleur de la maison, et on lui donnait toujours le tort. Cependant il était le plus fin, et le plus avisé de tous ses frères, et s'il parlait peu, il écoutait beaucoup. Il vint une année très fâcheuse, et la famine fut si grande, que ces pauvres gens résolurent de se défaire de leurs enfants. Un soir que ces enfants étaient couchés, et que le Bûcheron était auprès du feu avec sa femme, il lui dit, le coeur serré de douleur :

Tu vois bien que nous ne pouvons plus nourrir nos enfants ; je ne saurais les voir mourir de faim devant mes yeux, et je suis résolu de les mener perdre demain au bois, ce qui sera aisé, car tandis qu'ils s'amuseront à fagoter, nous n'avons qu'à nous enfuir sans qu'ils nous voient."

Plus tard :
"Le Petit Poucet croyait trouver aisément son chemin par le moyen de son pain qu’il avait semé partout où il avait passé ; mais il fut bien surpris lorsqu’il n’en put retrouver une seule miette : les oiseaux étaient venus et avaient tout mangé."

On écoute alors la musique de Ravel pleine de mélancolie... Les enfants du bûcheron errent dans le soir tombant. On reconnaît les pas dans l’accompagnement musical du début. Leurs hésitations sont illustrées par des changements de mesures constants (2/4, 3/4, 4/4, 5/4…) et leurs angoisses sont décrites par un dessein sinueux de tierces...

 

Thierry Guelfucci évoque alors une autre histoire moins connue : Laideronnette, Impératrice des Pagodes, d’après le conte Le Serpentin vert (1697) de la comtesse d’Aulnoy.

Laideronnette raconte l'histoire d'une princesse chinoise tombée sous une malédiction qui la transforma en une petite fille laide. Embarrassée par son apparence, Laideronnette s'exile elle-même de sa famille et de son pays. Lors de son voyage, elle est sauvée par un serpent vert. Comme leur amour grandit l'un pour l'autre, la malédiction est levée, et ils vécurent ensuite heureux sur l'île des Pagodes.

" Il était une fois une grande reine qui donna naissance à deux filles jumelles. Toutes les fées du voisinage se retrouvèrent autour du berceau pour les doter de toutes les qualités possibles. Malheureusement Magotine arriva ; c’était la sœur de Carabosse, aussi méchante qu’elle. Elle s’approcha du berceau et dit à l’une des petites filles :
« Tu seras parfaite, mais en laideur ».
« Nous ne pouvons pas changer ce mauvais sort, dirent les autres fées à la reine, mais nous pouvons vous assurer qu’elle sera très heureuse ». La reine appela donc une de ses filles Laideronnette et l’autre Bellotte. Laideronnette était si affreuse qu’il était impossible de la regarder.
Quand elle eut douze ans, elle voulut partir dans un château éloigné, le cœur rempli de tristesse. Dans la forêt, elle rencontra un gros serpent vert qui lui dit : « Laideronnette, tu n’es pas seule malheureuse, vois mon horrible figure ».
Un soir, elle se promenait au bord de la mer, quand elle vit une barque toute dorée s’approcher du bord. Elle y monta, perdit la terre de vue et bientôt, une tempête se leva. Le serpent vert réapparut et lui proposa de la sauver.
Laideronnette s’évanouit et se réveilla dans un merveilleux palais en entendant de la musique.

Les jardins étaient remplis de fleurs, de fontaines, d’arbres rares. Elle vit venir à elle de petits personnages couverts d’or et de pierres précieuses pour la divertir et la servir. Tous les jours à son lever, elle avait de nouveaux habits, de nouvelles dentelles. Elle se déshabillait le matin pour aller au bain. Aussitôt Pagodes et Pagodines se mettaient à chanter et à jouer des instruments. Tels avaient des théorbes faits d’une coquille de noix... tels avaient des violes faites d’une coquille d’amande, car il fallait bien proportionner les instruments à leur taille."
 


Ce conte inspire à Ravel une page séduisante aux sonorités raffinées et surprenantes... Fasciné par l’Orient, Ravel recrée ici une ambiance  exotique en composant un thème bâti sur 5 sons (qui correspondent aux touches noires d’un piano). Ces sons génèrent un mode dit "pentatonique", très fréquent dans les musiques d’Extrême-Orient. Cette couleur particulière fera peut-être dire aux enfants qu’ils ont l’impression d’entendre une musique "chinoise".


 

Thierry Guelfucci  et Muriel Bonijol nous lisent ensuite un passage de Conte mis en musique par Maurice Ravel : Entretiens de la Belle et la Bête...


"Premier entretien :
La Belle : Quand je pense à votre bon cœur, vous ne me paressez pas si laid.
La Bête : Oh, dame oui, j’ai le cœur bon mais je suis un monstre.
La Belle : Il y a bien des hommes qui sont plus monstres que vous.
La Bête : Si j’avais de l’esprit je vous ferais un grand compliment pour vous remercier, mais je ne suis qu’une bête. La Belle, voulez-vous être ma femme ?
La Belle : Non, la bête !
 

Deuxième entretien :
La Bête : Je meurs content puisque j’ai le plaisir de vous revoir encore une fois.
La Belle : Non, ma chère bête, vous ne mourrez pas, vous vivrez pour devenir mon époux…
La Bête avait disparu et elle ne vit plus à ses pieds qu’un prince plus beau que l'Amour qui la remerciait
d'avoir fini son enchantement." Mme Leprince de Beaumont

 


C'est sans doute le moment le plus poétique et le plus descriptif de l’œuvre, Ravel y fait s’entretenir sur un
rythme de valse lente, un dialogue amoureux au cours duquel la Belle  finit par céder aux supplications de la Bête, et se laisse séduire...

 

Enfin, le Jardin Féerique de Maurice Ravel  est l’une des plus belles œuvres classiques inspirées par la nature...  pour la dernière pièce de ce conte musical où se mêlent les personnages de la Belle et la Bête, d’une impératrice chinoise et du Petit Poucet, il nous faut imaginer un matin de printemps où la nature triomphe...

Maurice Ravel a décrit lui-même la scène qui se joue dans nos oreilles :

"Petit jour. Chants d’oiseaux. Entre le prince charmant, guidé par un Amour. Il aperçoit la princesse endormie. Elle s’éveille en même temps que le jour se lève. Tous les personnages se regroupent autour du prince et de la princesse unis par l’Amour. Apothéose.
D’un baiser, le Prince Charmant a réveillé la princesse, le couple est béni par la fée devant tous les personnages…"
Le Jardin Féérique n’est autre qu’un lent et admirable crescendo interrompu par un palier central. Ravel semble y avoir mis toute sa nostalgie secrète d’un monde de féerie enfantine…


 

Dans une deuxième partie du spectacle, les deux pianistes interprètent la célèbre Rhapsodie in Blue de George GERSHWIN : on se laisse alors emporter par cette mélodie qui combine des éléments de musique classique et de jazz... une musique emplie de lyrisme, entraînante, envoûtante qui nous emmène dans un monde de rêves... un beau moment d'évasion et de pur bonheur...

 

 

 

https://pad.philharmoniedeparis.fr/0933850-ma-mere-loye-de-maurice-ravel.aspx?_lg=fr-FR

 

https://www.orchestredijonbourgogne.fr/downloads/pdf/ODB_DP_Ma-m%C3%A8re-l-oye_Thierry-Weber.pdf

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28 juin 2024 5 28 /06 /juin /2024 12:35
Pour fêter la poésie et la musique avec Eléon Daniel...

 

La poésie est musique, la musique est poésie : on ne peut pas les dissocier... La poésie dit souvent l'essentiel : la beauté du monde, sa fragilité, l'amour, l'amitié, mais aussi les détresses, les malheurs, le désarroi, la souffrance.

A l'occasion de la Fête de la Musique, Eléon Daniel la chante et la met à l'honneur avec un choix de merveilleux poèmes à découvrir ou redécouvrir...

D'abord, le célèbre Dormeur du Val de Rimbaud :

"C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons."

Comment mieux évoquer les splendeurs rayonnantes de la nature ? On sait comment s'achève ce poème : avec une dénonciation des horreurs de la guerre...

Et l'interprétation d'Eléon Daniel vient souligner ce contraste.

 

Puis, on écoute avec délice ce poème plein de fraîcheur de Victor Hugo : La coccinelle... l'histoire d'un rendez-vous manqué...

"Elle me dit : Quelque chose
Me tourmente. Et j'aperçus
Son cou de neige, et, dessus,
Un petit insecte rose.

J'aurais dû - mais, sage ou fou,
A seize ans on est farouche,
Voir le baiser sur sa bouche
Plus que l'insecte à son cou.

On eût dit un coquillage ;
Dos rose et taché de noir.
Les fauvettes pour nous voir
Se penchaient dans le feuillage.

Sa bouche franche était là :
Je me courbai sur la belle,
Et je pris la coccinelle ;
Mais le baiser s'envola.

- Fils, apprends comme on me nomme,
Dit l'insecte du ciel bleu,
Les bêtes sont au bon Dieu,
Mais la bêtise est à l'homme."

 

On aime aussi ce bel hommage aux femmes dans ce texte de Victor Hugo : Les femmes sont sur la terre...
 

"Les femmes sont sur la terre
Pour tout idéaliser ;
L’univers est un mystère
Que commente leur baiser.

C’est l’amour qui pour ceinture
A l’onde et le firmament,
Et dont toute la nature,
N’est, au fond, que l’ornement.

Tout ce qui brille, offre à l’âme
Son parfum ou sa couleur ;
Si Dieu n’avait fait la femme,
Il n’aurait pas fait la fleur.

À quoi bon vos étincelles,
Bleus saphirs, sans les yeux doux ?
Les diamants, sans les belles,
Ne sont plus que des cailloux ;"

 

Et encore cet autre hommage aux femmes de Gérard de Nerval :

 

"Une femme est l’amour, la gloire et l’espérance ;
Aux enfants qu’elle guide, à l’homme consolé,
Elle élève le coeur et calme la souffrance,
Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.

Courbé par le travail ou par la destinée,
L’homme à sa voix s’élève et son front s’éclaircit ;
Toujours impatient dans sa course bornée,
Un sourire le dompte et son coeur s’adoucit.

Dans ce siècle de fer la gloire est incertaine :
Bien longtemps à l’attendre il faut se résigner.
Mais qui n’aimerait pas, dans sa grâce sereine,
La beauté qui la donne ou qui la fait gagner ?
"

 

Puis, c'est une invitation au voyage avec Le Relais de Gérard de Nerval... Bonheurs, mélancolie au programme...

"En voyage, on s’arrête, on descend de voiture ;
Puis entre deux maisons on passe à l’aventure,
Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,
L’oeil fatigué de voir et le corps engourdi.

Et voici tout à coup, silencieuse et verte,
Une vallée humide et de lilas couverte,
Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, –
Et la route et le bruit sont bien vite oubliés !

On se couche dans l’herbe et l’on s’écoute vivre,
De l’odeur du foin vert à loisir on s’enivre,
Et sans penser à rien on regarde les cieux…
Hélas ! une voix crie : « En voiture, messieurs ! »"

 

On écoute encore une magnifique évocation du printemps, toute en nuances, avec ce poème de Nerval : Avril...

Déjà les beaux jours, – la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; –
Et rien de vert : – à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !

Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
– Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l’eau.

 

On est ébloui par ce poème de Victor Hugo, qui raconte l'émerveillement des enfants pour la lecture... Victor Hugo a découvert, très jeune, le bonheur de la lecture : il raconte cette expérience, dans un de ses poèmes les plus connus, extrait des Contemplations, intitulé Aux Feuillantines.
Les Feuillantines étaient un ancien couvent désaffecté où résida la mère de Hugo de 1809 à 1812... Ce poème nous replonge dans le monde merveilleux de l'enfance : Victor Hugo évoque ses deux frères, sa mère, dans une scène familière...


"Nous grimpâmes un jour jusqu'à ce livre noir ;
Je ne sais pas comment nous fimes pour l'avoir,
Mais je me souviens bien que c'était une Bible.

Ce vieux livre sentait une odeur d'encensoir.
Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Des estampes partout ! quel bonheur ! quel délire!

Nous l'ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Et dès le premier mot il nous parut si doux
Qu'oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire."

Et comment ne pas être ému par le personnage du mendiant décrit par Hugo ?

"Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.
Je cognai sur ma vitre; il s’arrêta devant
Ma porte, que j’ouvris d’une façon civile.
Les ânes revenaient du marché de la ville,
Portant les paysans accroupis sur leurs bâts.
C’était le vieux qui vit dans une niche au bas
De la montée, et rêve, attendant, solitaire,
Un rayon du ciel triste, un liard de la terre,
Tendant les mains pour l’homme et les joignant pour Dieu.
Je lui criai : – Venez vous réchauffer un peu."

 

On écoute encore un des plus célèbres sonnets de Verlaine : Mon rêve familier..., une vision onirique de la femme...

"Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend..."

 

On aime la sensualité entre désir et retenue de ce poème de Rimbaud : Première soirée :

Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

 

On découvre la Chanson des Ingénues de Verlaine :
 

"Nous sommes les Ingénues
Aux bandeaux plats, à l'oeil bleu,
Qui vivons, presque inconnues,
Dans les romans qu'on lit peu.
Nous allons entrelacées,
Et le jour n'est pas plus pur
Que le fond de nos pensées,
Et nos rêves sont d'azur ;
Et nous courons par les prés
Et rions et babillons
Des aubes jusqu'aux vesprées,
Et chassons aux papillons ;
Et des chapeaux de bergères
Défendent notre fraîcheur
Et nos robes - si légères -
Sont d'une extrême blancheur ;"

 

Comment ne pas apprécier la fraîcheur de ce poème de Rimbaud ?

"On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
− Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
− On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, − la ville n’est pas loin -,!
A des parfums de vigne et des parfums de bière…"

 

On est ému par la douce mélancolie de ces vers célèbres de Verlaine :

"Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme!
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit,
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

- Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?"

 

La jeunesse encore chantée par Tristan Corbière :

"Elle était riche de vingt ans,
Moi j'étais jeune de vingt francs,
Et nous fîmes bourse commune,
Placée, à fonds perdu, dans une
Infidèle nuit de printemps...

La lune a fait [un] trou dedans,
Rond comme un écu de cinq francs,
Par où passa notre fortune :
Vingt ans ! vingt francs !... et puis la lune !"

 

On est séduit par ce poème intitulé Impression fausse de Verlaine, entre prison et rêve de liberté :
 

"Dame souris trotte,
Noire dans le gris du soir,
Dame souris trotte
Grise dans le noir.
 
On sonne la cloche,
Dormez, les bons prisonniers !
On sonne la cloche :
Faut que vous dormiez.
 
Pas de mauvais rêve,
Ne pensez qu’à vos amours.
Pas de mauvais rêve :
Les belles toujours !
 
Le grand clair de lune !
On ronfle ferme à côté.
Le grand clair de lune
En réalité !
 
Un nuage passe,
Il fait noir comme en un four.
Un nuage passe.
Tiens, le petit jour !
 
Dame souris trotte,
Rose dans les rayons bleus.
Dame souris trotte :
Debout, paresseux !"

 

Et quelle fraîcheur dans ce texte de Hugo: La pauvre Fleur disait au papillon céleste !

 

Enfin, un bel hymne à la nature, limpide, empli de simplicité, avec un poème de George Sand : A Aurore...

"La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même."

 

 

Bravo et merci à Eléon Daniel pour ce joli moment, pour la mise en musique et l'interprétation de toutes ces poésies, dans des conditions difficiles : le vent, le bruit de la circulation, les passants de la rue...

 

 

 

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29 avril 2024 1 29 /04 /avril /2024 12:14
Les jeunes lisent de moins en moins...

"Les jeunes lisent de moins en moins : une enquête réalisée par Ipsos sur les pratiques en matière de lecture chez les 7-19 ans pointe un décrochage préoccupant de la lecture chez les jeunes. Ainsi, plus de 20% des jeunes ne lisent plus dans le cadre de leurs loisirs, alors que les temps d'écrans augmentent..."

TikTok, Youtube, les réseaux sociaux : une déferlante qui emporte les jeunes loin de l'univers de la lecture... Quel gâchis !

Pourtant, la lecture permet plus que tout autre vecteur de structurer le langage, d'enrichir le vocabulaire, la perception du monde... Elle est une ouverture sur les autres.

La lecture est un apaisement, un temps de réflexion, de concentration... une concentration qui se perd et se délite, de nos jours, devant les écrans.

On ne réfléchit plus, on éructe, on invective, on insulte et bien sûr, au bout du compte, on agresse, on use de violences au lieu d'utiliser des mots pour argumenter et discuter avec autrui. D'autant que les images violentes sont particulièrement présentes sur les réseaux sociaux et les vidéos.

 "Les 16-19 ans consacrent 1h25 par semaine à la lecture contre 5h10 par jour sur les écrans. Quotidiennement, chez les 7-19 ans, le contraste est encore plus éloquent puisque pour 3h11 passées sur les écrans, cette tranche d'âge consacre seulement 19 minutes à la lecture, soit quatre minutes de moins qu'en 2022.

Un jeune sur cinq serait incapable de lire plus de quinze minutes d'affilée...

On constate une forme de parasitage de l'activité lecture, beaucoup de sondés expliquant effectuer d'autres choses en même temps : envoi de textos, écoute de podcasts, vidéos en toile de fond... Et la tendance s'accentue à mesure que les jeunes vieillissent (69% des 16-19 ans sont concernés par ces pluriactivités)."

Il est temps de remettre le livre au centre de notre système éducatif !

Comme l'écrit Pascal Bruckner, dans son ouvrage intitulé Une brève éternité, "La démocratie du clic n'est qu'une démocratie d'ignares... Nous revenons de ces chimères d'autant que de nombreux grands patrons de la Silicon Valley interdisent à leurs propres enfants l'accès aux iPads, tablettes, et autres ordinateurs qui nuisent à la concentration et à la créativité.

Les écrans isolent les jeunes, les rendent parfois dépressifs, agressifs, moins attentifs... moins empathiques. Les écrans les rendent obèses.

Les écrans font perdre le contact avec la réalité...

Redonnons aux jeunes le goût de la lecture et de l'effort !

Les bienfaits de la lecture sont innombrables :

"La lecture rend beau", écrit Sylvain Tesson... Comme il a raison ! Le livre est une ouverture sur le monde, sur les autres.

Le livre apporte une sérénité, des bonheurs : bonheurs des mots, des idées, d'une forme d'intériorité... bonheur de la lenteur, de la réflexion...

Comme le dit Michel Desmurget, "La lecture est une machine à fabriquer de l'intelligence, cela comprend la dimension intellectuelle, parce que la lecture fait du bien au langage, aux connaissances générales, elle a des effets positifs sur la concentration, sur la créativité, elle nous aide à mieux structurer nos pensées, à mieux organiser nos idées, ce qui a des effets sur notre capacité à écrire, à communiquer à l'écrit mais aussi à l'oral.

Il y aussi toute l'intelligence émotionnelle et sociale : la lecture est très liée à l'empathie, elle nous permet de mieux nous comprendre, de mieux comprendre les autres.

Elle nous permet de mieux interagir avec les autres parce que  le livre, notamment le livre de fiction, est le seul support dans lequel vous pouvez rentrer dans la tête des personnages. Vous rentrez dans la mécanique intellectuelle des personnages, dans leurs contradictions, leur psychologie. Vous éprouvez les mêmes sentiments.

 

Le livre est un simulateur social. La lecture a des effets positifs sur tout ce qui fait notre humanité : elle va nourrir les trois piliers fondamentaux de notre humanité : notre intelligence, notre intelligence émotionnelle et aussi nos compétences sociales. Je ne sais pas si on peut trouver un meilleur rapport qualité/ prix."

 

Source :

https://www.lepoint.fr/education/chute-du-temps-de-lecture-des-jeunes-la-degradation-est-tres-brutale-s-alarme-la-presidente-du-cnl-10-04-2024-2557341_3584.php

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