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9 août 2024 5 09 /08 /août /2024 11:36
C'est la romance de Paris...

 

Une chanson célèbre, associée à la ville de Paris : on la doit à Charles Trenet... elle est l'un des plus grands succès de son  répertoire, ainsi que l'un des classiques de la chanson française, des valses musettes et des chansons sur Paris.

 

La chanson commence avec l'évocation d'un couple d'amoureux totalement anonymes, désignés simplement par le pronom "ils". On peut ainsi facilement s'identifier à ces personnages qui ne sont pas décrits. On apprend que leur amour vient d'éclore "depuis deux jours à peine", mais cet amour semble voué à se prolonger, comme le suggère l'imparfait à valeur durative : "Ils s'aimaient."

Leur amour est associé au bonheur, à des images valorisantes qui font songer à autant de clichés : "un rêve bleu comme les anges... un vrai printemps"... l'occasion d'évoquer la jeunesse de ces amoureux :  "leurs tendres vingt ans." Et cet amour efface aussi toutes les peines et tous les malheurs.

On a là une vision totalement idyllique, ce que suggère bien d'ailleurs le refrain de la chanson : "C'est la romance de Paris"... le terme de romance désignant souvent une "bluette sentimentale d’inspiration populaire et naïve".

Une romance qui se répand comme le suggère bien une image encore conventionnelle : celle de la romance qui "fleurit, au coin des rues."

Une romance qui fait du bien, malgré tout, même si c'est du rêve et une illusion :

"Ça met au coeur des amoureux
Un peu de rêve et de ciel bleu"

On retrouve le cliché du "ciel bleu" déjà utilisé.

Et on retrouve aussi une idéalisation dans les vers qui suivent, l'adverbe "gentiment" étant souligné par un intensif, et un vocabulaire hyperbolique étant associé à l'amour :

"Ce doux refrain de nos faubourgs
Parle si gentiment d'amour
Que tout le monde en est épris"

Et la vision idyllique se poursuit dans le couplet suivant qui décrit "la fin de semaine des amoureux" : on les voit "partir en banlieue, cueillir du muguet dans les bois, naviguer, boire du vin blanc dans les guinguettes, et s'embrasser"... Les verbes à l'imparfait : "ils partaient, ils buvaient, il lui prenait un baiser" traduisent un bonheur qui s'éternise et se répète inlassablement.

Trop beau pour être vrai !

Et le narrateur de jouer avec la belle histoire qu'il nous raconte, intervenant même en employant la première personne et interpellant l'auditeur :

"C'est ici que s'arrête mon histoire
Vous aurez de la peine à me croire?"

D'autant que le poète évoque ensuite un amour éternel malgré le temps qui passe : "il s'aimèrent chaque jour... ils vieillirent avec leur tendre amour". On retrouve l'emploi de termes hyperboliques : "ils fondèrent une famille admirable, ils eurent des enfants adorables."

Et même la mort des amoureux se déroule "gentiment." Une vraie romance ! Un beau conte de fées qui nous transporte dans un monde idéal fait de ciel bleu, de bonheur intangible...

Mais qui peut y croire ? C'est la romance de Paris qui nous fait rêver ! Et ce n'est déjà pas si mal !

Peut-être aussi une façon très moderne de tourner en dérision la romance dont on nous berce souvent...

 

La mélodie elle-même nous fait rêver : emplie de douceur, de gaieté, et de charme...

 

Pour mémoire :

"Influencé par l'important succès populaire des accordéons, des flonflons des guinguettes et bals musettes parisiens d'alors, et par le style fleur bleue des années 1930, Charles Trenet évoque avec sa chanson composée en 1941 (en pleine période très sombre et très grave de guerre mondiale, d'occupation nazie, et de film noir) la romance amoureuse idyllique heureuse de deux jeunes amoureux parisiens, qui s'aimèrent toute leur vie."

 

 



 

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4 août 2024 7 04 /08 /août /2024 13:55
Arbres de Provence...

 

Arbres du sud, arbres de Provence, cyprès fuseaux sombres sur l'azur, pins tout en rondeurs, cèdres aux tourbillons de verdure...

 

 

 

Micocouliers aux frondaisons ondoyantes... oliviers, bouquets argentés rayonnants sur un ciel bleu lavande...

 

 

 

Oliviers encore aux feuillages luminescents sous le soleil du midi...

 

 

 

Ombrages apaisants des micocouliers au tronc massif où l'on découvre, parfois, avec émerveillement des mues de cigales aux teintes nacrées...

 

 

 

 

Tandis qu'un vent léger fait danser les feuillages sombres  des micocouliers, douces caresses du vent, douce brise d'été si apaisante...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 août 2024 5 02 /08 /août /2024 10:58
Douce France... un bel hommage au pays natal...

 

Un bel hommage à la France, empli de nostalgie, un bel hommage aussi à l'enfance, au pays natal... On le doit à Charles Trénet...

La chanson s'ouvre justement sur des souvenirs d'enfance pleins de simplicité : le statut "d'écolier, le vêtement, la blouse noire, le chemin de l'école..."

L'emploi de l'imparfait à deux reprises "j'étais écolier... je chantais" indique bien ce retour dans un passé bienheureux... que le poète semble vouloir prolonger grâce à ces imparfaits à valeur durative...

"Il revient à ma mémoire
Des souvenirs familiers
Je revois ma blouse noire
Lorsque j'étais écolier..."

Le poète évoque là des souvenirs qui l'ont marqué, et qui restent très présents dans sa mémoire : on relève une perception visuelle avec la blouse noire et aussi une perception auditive, puisque le poète se souvient aussi des chansons qu'il fredonnait sur le chemin de l'école : "Des romances sans paroles, Vieilles chansons d'autrefois."

 

Commence alors un bel hommage à la France magnifiée par des adjectifs valorisants : "Douce France, Cher pays.", la France associée bien sûr à l' insouciance de l' enfance...

Et le poète s'adresse à elle en employant la deuxième personne du singulier, en la personnifiant dans une véritable déclaration d'amour: "Je t'ai gardée dans mon coeur..." et plus loin "je t'aime."

Les douces sonorités de sifflantes, de voyelles nasalisées viennent souligner cette déclaration.

 

Le poète évoque alors ce qui constitue son attachement à la France : le village natal esquissé en quelques mots simples et les amis d'enfance :

"Mon village au clocher aux maisons sages
Où les enfants de mon âge
Ont partagé mon bonheur."

 

La déclaration d'amour est ensuite réitérée de manière directe, avec insistance : "Oui, je t'aime." et elle s'accompagne d'une offrande : le poème, la chanson elle-même que le poète dédie à la France.

"Oui, je t'aime
Dans la joie ou la douleur.", insiste le poète.

L'antithèse vient ici souligner cet amour absolu à l'égard de la France...

 

Et le poète d'évoquer alors "de lointains voyages", avec des "soleils merveilleux." Mais rien de comparable avec ce que représente pour lui la France : un univers familier qu'il connaît si bien, un univers auquel il est viscéralement attaché, ce que suggère bien la répétition de l'adjectif possessif de la première personne :

"Mon ciel bleu mon horizon
Ma grande route et ma rivière
Ma prairie et ma maison."

On aime ici  la simplicité des décors évoqués sans fioriture...

 

La mélodie très douce, lumineuse est une merveille d'émotions et de sensibilité...

 

Pour mémoire :

"Douce France est une chanson française écrite et interprétée par Charles Trenet en 1943, composée avec Léo Chauliac, un des grands succès de son répertoire et de la chanson française."

"La date n’est pas anodine. La France, comme beaucoup d’autres pays, vit au rythme de l’occupation depuis trois ans. S’inspirant d’une tirade de la « Chanson de Roland » où ce dernier, mourant, s’adresse à sa Dulce France, Charles Trenet interprète ce titre pour la première fois sur la scène des Folies Bergère. En temps de guerre, cette chanson est reçue par beaucoup comme un acte de résistance. Autrement dit, une ode à une France non occupée qui manque à son peuple."

 

Les paroles :

 

http://www.charles-trenet.net/chansons/doucefrance.html

 

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28 juillet 2024 7 28 /07 /juillet /2024 12:50
Eclats de feux d'artifice !

 

Des éclats de feux d'artifice dans l'obscurité de la nuit...

 

 

Des girandoles, des explosions colorées qui traversent le ciel, des fontaines de lumières, des myriades d'étoiles...

 

 

Des envolées d'éclairs, des tableaux colorés qui enflamment les ténèbres.

 

 

 

Comment ne pas être ébloui par ces flammèches qui semblent  surgir du monde de la nuit ?

 

 

 

Des bouquets de couleurs vives dans le ciel sombre : rouge vif, guirlandes d'or, rayons de lumières...

 

 

 

Magie de la nuit qui sublime tous ces bouquets ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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26 juillet 2024 5 26 /07 /juillet /2024 11:51
Volare, cantare : une chanson qui donne des ailes...

 

Une chanson qui donne des ailes...

Une chanson d'amour qui commence avec l'évocation d'un rêve, une vision onirique : Voler dans le ciel infini, emporté par le vent... voler comme un oiseau, le rêve de bien des humains...

Et pour rejoindre le ciel, le personnage qui parle à la première personne auquel on peut donc facilement  s'identifier dit : "J'ai peint mes mains et mon visage en bleu"

Et voilà notre personnage kidnappé par le vent, en train de voler et chanter son bonheur de s'évader "Plus haut que le soleil et plus haut encore
Tandis que le monde disparaissait lentement, loin là-bas".

 

On perçoit là un besoin d'oublier tous les tracas de ce monde pour rejoindre le bleu du ciel, comme une envie de liberté, de joie de vivre, ce que suggère bien cette "douce musique" qui accompagne le personnage...

Le verbe "voler" associé au verbe "chanter" évoque bien ce bonheur retrouvé dans le ciel... et le poète insiste sur cette idée de bonheur, grâce à la répétition insistante de l'adjectif "felice, heureux."

 

Mais ce rêve de bonheur s'évanouit bien vite avec l'aube et l'explication qui est alors donnée est pleine de poésie :

"Mais tous les rêves à l'aube s'évanouissent parce que
Quand elle se couche, la lune les emmène avec elle"

Voici la lune personnifiée qui emporte les rêves des humains...

 

Et la chanson pourrait s'arrêter là mais elle rebondit avec une nouvelle évocation : celle du rêve que procurent les yeux bleus de la femme aimée :

"Mais je continue à rêver dans tes beaux yeux
Qui sont bleus comme un ciel étoilé
Voler, oh oh...
Chanter, ohhhh...
Dans le bleu de tes yeux bleus
Heureux d'être ici
Et je continue à voler heureux
Plus haut que le soleil et plus haut encore
Alors que le monde disparaît lentement dans tes yeux bleus
Ta voix est une douce musique..."

La chanson devient, alors, une belle déclaration d'amour directe avec l'emploi de la deuxième personne du singulier : "tes beaux yeux bleus" qui sont comparés à "un ciel étoilé."

Des yeux qui font rêver encore, qui prolongent le bonheur de voler dans un plaisir absolu...et dans un oubli total du monde extérieur...

Un bonheur qui se prolonge à l'infini, avec la voix de l'être aimé qui devient "une douce musique", un bonheur qui se traduit encore par la répétition insistante de l'adjectif "felice, heureux"... 

 

La mélodie rayonnante, vive, exaltée traduit bien tout le bonheur éprouvé par le personnage...

 

Pour mémoire :


"Volare est l'une des chansons italiennes les plus connues au monde, composée pour le Festival de San Remo en 1958, pour lequel elle obtient le 1er Prix par l'auteur compositeur interprète Domenico Modugno...

 La version originale s’est classée 3e à l’édition 1958 du concours Eurovision de la chanson et a connu un succès commercial plus foudroyant que le titre gagnant de cette année, à savoir Dors mon amour d’André Claveau (sur une musique de Franck Pourcel) et qui fit remporter le concours à la France.

La chanson, reprise dans le monde entier, avait valu à Modugno _ fait rarissime _ de remporter en 1959 le Grammy Award, l'oscar du disque, aux Etats-Unis, où Dean Martin l'avait adaptée avec un immense succès."

 

Les paroles :

 

https://www.lacoccinelle.net/245490-domenico-modugno-nel-blu-dipinto-di-blu-volare-feat-johnny-dorelli.html

 

Domenico Modugno :

https://www.arte.tv/fr/videos/117835-001-A/volare-l-hymne-solaire-venu-des-pouilles/


 

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21 juillet 2024 7 21 /07 /juillet /2024 13:13
Voici l'heure des cigales...

 

Voici l'heure des cigales, l'heure où elles entonnent leurs chants avec encore plus de force et d'entrain...

 

 

Quand le soleil est au zénith, que la chaleur se fait plus pesante encore, voici l'heure des cigales...

 

 

On recherche alors les ombrages les plus épais pour se protéger des ardeurs du soleil...

 

 

 

Un chat s'est réfugié sous les micocouliers du jardin.... il s'endort peu à peu, bercé par la douce chanson des cigales...

 

 

Quelle splendeur ! Quel joli tableau !

 

 

 

Moment de paix infini... alors que les oliviers scintillent sous les rayons du soleil, formant des bouquets argentés et que les grands pins s'élancent sur l'azur...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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14 juillet 2024 7 14 /07 /juillet /2024 12:09
Paysages méditerranéens...

 

Pins, cyprès, cèdres se dessinent et s'entremêlent sur l'azur... longs fuseaux des cyprès, rondeurs des pins, cèdres équilibristes...

 

 

Somptueux arbres du sud aux teintes nuancées de verts : vert pâle, vert sombre et profond, vert anis...

 

 

 

Plus loin, de vieilles pierres patinées par le temps, une colonne de temple antique... un palmier solaire inondé de lumières....

 

 

 

Sans oublier une statue du Dieu Pan au doux sourire, Pan divinité de la nature, Pan, le protecteur des bergers et des troupeaux...

 

 

 

Des vasques irradiées de lumières aux teintes éclatantes...

 

 

 

Et bien sûr le Nymphée, source sacrée, eau vivifiante... reflets ondoyants de l'eau sur les vasques...

 

 

 

 

 

 

 

 

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7 juillet 2024 7 07 /07 /juillet /2024 12:41
Merveilleuses fleurs de platycodon !

 

Merveilleuses fleurs de platycodon ! Si délicates, ces campanules originaires d'Extrême-Orient, dignes d'estampes japonaises, nous font rêver...

 

 

 

Quelle élégance, quelle discrétion dans les teintes, les formes étoilées de la fleur !

 

 

 

Les boutons floraux se gonflent en ballons avant de s'ouvrir et de dévoiler des pétales veinés de rose, de mauve, de bleu...

 

 

 

Des fleurs à admirer, aux tons pastels, blanches comme lys ou d'un rose pâle subtil...

 

 

 

Fleurs élancées, aériennes, légères sur leurs hautes tiges...

 

 

 

 

Fleurs mystérieuses dont le feuillage s'évanouit en hiver et réapparaît comme par magie, dès qu'arrive le doux printemps...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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30 juin 2024 7 30 /06 /juin /2024 12:21
La douce chanson des cigales dans les grands pins...

 

Les voici de retour, quand arrivent les chaleurs accablantes de l'été... les voici qui murmurent doucement dans les pins du midi...

 

 

 

Et tout le paysage environnant résonne de leurs chants...

 

 

 

Cicada, tettix, cigales, aux voix douces comme le miel...

 

 

 

Les grands pins retentissent de leurs paroles mélodieuses, et enchanteresses...

 

 

 

Les grands pins vibrent sous le soleil et répandent des parfums chaleureux...

 

 

 

 

Cachées sous les branches, les cigales nous disent tous les bonheurs de l'été rayonnant...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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28 juin 2024 5 28 /06 /juin /2024 12:35
Pour fêter la poésie et la musique avec Eléon Daniel...

 

La poésie est musique, la musique est poésie : on ne peut pas les dissocier... La poésie dit souvent l'essentiel : la beauté du monde, sa fragilité, l'amour, l'amitié, mais aussi les détresses, les malheurs, le désarroi, la souffrance.

A l'occasion de la Fête de la Musique, Eléon Daniel la chante et la met à l'honneur avec un choix de merveilleux poèmes à découvrir ou redécouvrir...

D'abord, le célèbre Dormeur du Val de Rimbaud :

"C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons."

Comment mieux évoquer les splendeurs rayonnantes de la nature ? On sait comment s'achève ce poème : avec une dénonciation des horreurs de la guerre...

Et l'interprétation d'Eléon Daniel vient souligner ce contraste.

 

Puis, on écoute avec délice ce poème plein de fraîcheur de Victor Hugo : La coccinelle... l'histoire d'un rendez-vous manqué...

"Elle me dit : Quelque chose
Me tourmente. Et j'aperçus
Son cou de neige, et, dessus,
Un petit insecte rose.

J'aurais dû - mais, sage ou fou,
A seize ans on est farouche,
Voir le baiser sur sa bouche
Plus que l'insecte à son cou.

On eût dit un coquillage ;
Dos rose et taché de noir.
Les fauvettes pour nous voir
Se penchaient dans le feuillage.

Sa bouche franche était là :
Je me courbai sur la belle,
Et je pris la coccinelle ;
Mais le baiser s'envola.

- Fils, apprends comme on me nomme,
Dit l'insecte du ciel bleu,
Les bêtes sont au bon Dieu,
Mais la bêtise est à l'homme."

 

On aime aussi ce bel hommage aux femmes dans ce texte de Victor Hugo : Les femmes sont sur la terre...
 

"Les femmes sont sur la terre
Pour tout idéaliser ;
L’univers est un mystère
Que commente leur baiser.

C’est l’amour qui pour ceinture
A l’onde et le firmament,
Et dont toute la nature,
N’est, au fond, que l’ornement.

Tout ce qui brille, offre à l’âme
Son parfum ou sa couleur ;
Si Dieu n’avait fait la femme,
Il n’aurait pas fait la fleur.

À quoi bon vos étincelles,
Bleus saphirs, sans les yeux doux ?
Les diamants, sans les belles,
Ne sont plus que des cailloux ;"

 

Et encore cet autre hommage aux femmes de Gérard de Nerval :

 

"Une femme est l’amour, la gloire et l’espérance ;
Aux enfants qu’elle guide, à l’homme consolé,
Elle élève le coeur et calme la souffrance,
Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.

Courbé par le travail ou par la destinée,
L’homme à sa voix s’élève et son front s’éclaircit ;
Toujours impatient dans sa course bornée,
Un sourire le dompte et son coeur s’adoucit.

Dans ce siècle de fer la gloire est incertaine :
Bien longtemps à l’attendre il faut se résigner.
Mais qui n’aimerait pas, dans sa grâce sereine,
La beauté qui la donne ou qui la fait gagner ?
"

 

Puis, c'est une invitation au voyage avec Le Relais de Gérard de Nerval... Bonheurs, mélancolie au programme...

"En voyage, on s’arrête, on descend de voiture ;
Puis entre deux maisons on passe à l’aventure,
Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,
L’oeil fatigué de voir et le corps engourdi.

Et voici tout à coup, silencieuse et verte,
Une vallée humide et de lilas couverte,
Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, –
Et la route et le bruit sont bien vite oubliés !

On se couche dans l’herbe et l’on s’écoute vivre,
De l’odeur du foin vert à loisir on s’enivre,
Et sans penser à rien on regarde les cieux…
Hélas ! une voix crie : « En voiture, messieurs ! »"

 

On écoute encore une magnifique évocation du printemps, toute en nuances, avec ce poème de Nerval : Avril...

Déjà les beaux jours, – la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; –
Et rien de vert : – à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !

Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
– Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l’eau.

 

On est ébloui par ce poème de Victor Hugo, qui raconte l'émerveillement des enfants pour la lecture... Victor Hugo a découvert, très jeune, le bonheur de la lecture : il raconte cette expérience, dans un de ses poèmes les plus connus, extrait des Contemplations, intitulé Aux Feuillantines.
Les Feuillantines étaient un ancien couvent désaffecté où résida la mère de Hugo de 1809 à 1812... Ce poème nous replonge dans le monde merveilleux de l'enfance : Victor Hugo évoque ses deux frères, sa mère, dans une scène familière...


"Nous grimpâmes un jour jusqu'à ce livre noir ;
Je ne sais pas comment nous fimes pour l'avoir,
Mais je me souviens bien que c'était une Bible.

Ce vieux livre sentait une odeur d'encensoir.
Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Des estampes partout ! quel bonheur ! quel délire!

Nous l'ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Et dès le premier mot il nous parut si doux
Qu'oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire."

Et comment ne pas être ému par le personnage du mendiant décrit par Hugo ?

"Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.
Je cognai sur ma vitre; il s’arrêta devant
Ma porte, que j’ouvris d’une façon civile.
Les ânes revenaient du marché de la ville,
Portant les paysans accroupis sur leurs bâts.
C’était le vieux qui vit dans une niche au bas
De la montée, et rêve, attendant, solitaire,
Un rayon du ciel triste, un liard de la terre,
Tendant les mains pour l’homme et les joignant pour Dieu.
Je lui criai : – Venez vous réchauffer un peu."

 

On écoute encore un des plus célèbres sonnets de Verlaine : Mon rêve familier..., une vision onirique de la femme...

"Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend..."

 

On aime la sensualité entre désir et retenue de ce poème de Rimbaud : Première soirée :

Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

 

On découvre la Chanson des Ingénues de Verlaine :
 

"Nous sommes les Ingénues
Aux bandeaux plats, à l'oeil bleu,
Qui vivons, presque inconnues,
Dans les romans qu'on lit peu.
Nous allons entrelacées,
Et le jour n'est pas plus pur
Que le fond de nos pensées,
Et nos rêves sont d'azur ;
Et nous courons par les prés
Et rions et babillons
Des aubes jusqu'aux vesprées,
Et chassons aux papillons ;
Et des chapeaux de bergères
Défendent notre fraîcheur
Et nos robes - si légères -
Sont d'une extrême blancheur ;"

 

Comment ne pas apprécier la fraîcheur de ce poème de Rimbaud ?

"On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
− Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
− On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, − la ville n’est pas loin -,!
A des parfums de vigne et des parfums de bière…"

 

On est ému par la douce mélancolie de ces vers célèbres de Verlaine :

"Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme!
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit,
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

- Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?"

 

La jeunesse encore chantée par Tristan Corbière :

"Elle était riche de vingt ans,
Moi j'étais jeune de vingt francs,
Et nous fîmes bourse commune,
Placée, à fonds perdu, dans une
Infidèle nuit de printemps...

La lune a fait [un] trou dedans,
Rond comme un écu de cinq francs,
Par où passa notre fortune :
Vingt ans ! vingt francs !... et puis la lune !"

 

On est séduit par ce poème intitulé Impression fausse de Verlaine, entre prison et rêve de liberté :
 

"Dame souris trotte,
Noire dans le gris du soir,
Dame souris trotte
Grise dans le noir.
 
On sonne la cloche,
Dormez, les bons prisonniers !
On sonne la cloche :
Faut que vous dormiez.
 
Pas de mauvais rêve,
Ne pensez qu’à vos amours.
Pas de mauvais rêve :
Les belles toujours !
 
Le grand clair de lune !
On ronfle ferme à côté.
Le grand clair de lune
En réalité !
 
Un nuage passe,
Il fait noir comme en un four.
Un nuage passe.
Tiens, le petit jour !
 
Dame souris trotte,
Rose dans les rayons bleus.
Dame souris trotte :
Debout, paresseux !"

 

Et quelle fraîcheur dans ce texte de Hugo: La pauvre Fleur disait au papillon céleste !

 

Enfin, un bel hymne à la nature, limpide, empli de simplicité, avec un poème de George Sand : A Aurore...

"La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même."

 

 

Bravo et merci à Eléon Daniel pour ce joli moment, pour la mise en musique et l'interprétation de toutes ces poésies, dans des conditions difficiles : le vent, le bruit de la circulation, les passants de la rue...

 

 

 

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